Traité de La Jaunaye

Le traité de La Jaunaye est un accord de paix signé le au manoir de La Jaunaye, à Saint-Sébastien[1], près de Nantes, par Charette, assisté de Sapinaud et de plusieurs autres chefs vendéens et chouans, et une délégation de représentants de la Convention menée par Ruelle, représentant en mission.

Contexte

En , Turreau, commandant de l'Armée de l'Ouest, est rappelé et la pratique des colonnes infernales prend fin ; après la chute de Robespierre, Hoche est nommé à la tête de l'Armée des Côtes de Brest () et Canclaux à la tête de l'Armée de l'Ouest () ; ces deux généraux sont partisans d'une politique de pacification. Des contacts sont pris avec les chefs insurgés, par l'intermédiaire de Mme de Gasnier-Chambon, une créole de Saint-Domingue et de Mlle de Charette, sœur du chef insurgé.

Les négociations et le traité

Les contacts vont aboutir à une conférence qui a lieu tout près de Nantes, mais dans une commune insurgée, Saint-Sébastien. Les négociations durent du 12 au , avec la participation de Canclaux qui y rencontre Charette.

Signatures des représentants de la Convention nationale.

Le traité est signé,

Il accorde de nombreuses satisfactions aux insurgés, qui se voient accorder l’amnistie et le libre exercice du culte, sont dispensés du service militaire, tout en conservant leurs armes ; leurs biens leur sont restitués, ils bénéficient d’indemnités en cas de vente ou d’incendie, même s’ils sont portés sur la liste des émigrés, ainsi que du remboursement des bons et des assignats ; enfin, les troupes républicaines se retirent de la zone insurgée.

Stofflet, arrivé à Nantes le 18, refuse d'abord le traité ; il signe la paix seulement le 2 mai à Saint-Florent-le-Vieil.

Suites du traité

Le traité de La Jaunaye ne met pas totalement fin à la première guerre de Vendée, puisque plusieurs des signataires reprennent les armes dans les mois qui suivent.

La paix est en effet rompue par Charette le , il croit la mort effective de Louis XVII le 8 juin mais rien est prouvé, une clause secrète lui en avait promis la libération. Après l'échec du débarquement des émigrés à Quiberon, le , Charette est poursuivi, arrêté le à Saint-Sulpice-le-Verdon (Vendée) et fusillé à Nantes le 29.

Sapinaud reprend à son tour les armes en octobre, mais fait reddition dès à Nantes.

Stofflet rompt en janvier 1796, sur ordre du comte d'Artois[3], qui le nomme lieutenant général. Il est rapidement pris et exécuté à Angers le .

Malgré tout, au cours des années 1796 et 1797, la zone insurgée revient peu à peu à une vie à peu près normale (par exemple: l'état-civil de Saint-Sébastien, interrompu en , reprend en ).

« Lors de l'entrevue de la Jaunais, à l'exception de quelques hommes qui n'avaient jamais porté les armes, nous étions tous partisans de la guerre. L'orgueil que nous avaient inspiré plusieurs victoires successives, la haine envers la République, à laquelle nous nous excitions mutuellement depuis si longtemps, la honte de céder à nos ennemis sans venger la mort de nos parents et les désastres de notre pays toujours présens à nos yeux, le peu de foi que l'on pouvait accorder aux promesses de gens qui avaient agi envers nous comme des barbares, mais surtout l'horreur que nous inspiraient les patriotes que nous regardions comme les auteurs de tous nos maux : tant de motifs joints aux discours de de Launay avaient monté les têtes au point que nous ne désirions que la rupture subite des conférences, et dés le premier jour nous nous fussions volontiers mesurés avec l'escorte des représentans. Aussi, comme au sortir de la tente nos généraux parurent peu satisfaits des républicains, nos cavaliers se mirent à crier : « Vive le Roi ! » et montrèrent leur satisfaction du peu de succès de l'entrevue.
Au moment de notre rappel à Belleville, les esprits étaient bien changés ; sous l'influence des plaisirs que nous avions retrouvés à la ville, des jouissances dont nous étions privés depuis si longtemps, de toutes les douceurs de la paix, de nos liaisons avec plusieurs républicains qui nous firent perdre l'opinion que tous étaient des bêtes féroces, enfin des discours de nos anciens amis, qui avaient souffert encore plus que nous et cependant nous invitaient à mettre bas les armes, nos cœurs s'étaient amollis. Notre misère passée ne nous paraissait plus supportable, nous commencions à voir que nos faibles moyens seraient bientôt épuisés par les efforts de la République, puisqu'il était vrai qu'elle avait vaincu toutes les nations coalisées, ce que nous n'avions jamais voulu croire[4]. »

 Mémoires de Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière

Le lieu du traité

Les sources indiquent : manoir de la Jaunaye (ou Jaunaie) ou de la Grande Jaunaie ou de la Petite Jaunaie.

Il existait en effet à Saint-Sébastien, et il existe toujours, deux manoirs très proches l'un de l'autre  : un de construction ancienne, la Petite Jaunaie (aujourd'hui : demeure particulière, rue Charette de la Contrie) ; un plus récent, la Grande Jaunaie, construit aux XVIIIe siècle par le Nantais Claude de Monti, après qu'il eut acheté le très vaste domaine de la Jaunaie (aujourd'hui : Foyer départemental de l'Enfance, rue de la Jaunaie).

Il semble[5] que la conférence préparatoire au traité ait eu lieu dans le manoir de la Grande Jaunaie et que la signature, sous une tente placée dans le parc, ait eu lieu non loin de l'autre manoir, ce qui explique cette imprécision.

Commémoration du traité

Fresque commémoratif du Traité de la Jaunaye réalisé par l'artiste Diana Taubin

La paix de la Jaunaye a été signée le à Saint-Sébastien-sur-Loire, qui alors s'appelait Saint-Sébastien. Ce traité entre Républicains et Insurgés Vendéens devait mettre un terme à une guerre fratricide qui durait depuis le mois de .

Pour célébrer les 220 ans de la Paix de la Jaunaye, Joël Guerriau, maire de Saint-Sébastien-sur-Loire, a demandé à Diana Taubin Stvolinsky, peintre d'origine argentine vivant à Barcelone, une peinture murale rappelant ce moment méconnu de l'histoire locale et de l'histoire de France. Il n'existe qu'une seule image de ce traité, une gravure imprimée sous l'Empire. Cette gravure situe bien la scène dans le parc de la Jaunaye, mais le dessinateur ne connaissait pas la topographie des lieux car il représente des montagnes en arrière-plan. En outre, les arbres ont un feuillage fourni alors qu'on est en février et tous les protagonistes sont en habit républicain. Il fallait donc corriger ces erreurs. Grâce à l'association «les Amis de Saint-Sébastien» et à l'ouvrage de Jean Pageot et de Jean Bruneau «la Vendée Militaire» les républicains et les vendéens ont retrouvé leurs costumes d'époque.

La peinture murale de Diana Taubin est un panneau de 5 m par 3,70 m. À droite sous la tente se trouvent les républicains. Près de la table, Ruelle Représentant en Mission est accompagné de plusieurs généraux. Derrière la tente une troupe de soldats républicains présente les armes. 

À gauche de la table, le chef vendéen Charette signe le traité et derrière lui se trouve Sapinaud un autre chef vendéen. Près de lui, on distingue un porte-drapeau, un tambour-major vendéens. En arrière-plan, des chevaux sont retenus par la bride et une troupe de vendéens dont un membre tient le drapeau de Charette font pendant au groupe de républicains. Tous les vendéens sont identifiés par un cœur vendéen de toile accroché à gauche sur la poitrine.

Le travail de Diana a été long et difficile. Résidant à Barcelone, elle a dessiné plusieurs ébauches du tableau grâce à des échanges par internet avec «les Amis de Saint-Sébastien». Un projet définitif a été adopté début en concertation avec Monsieur Guerriau. Diana Taubin a commencé le dessein et la peinture le sur un panneau synthétique  préparé par les Ateliers Municipaux. Elle a commencé par peindre en arrière- plan le ciel et les arbres de la forêt qui existait à l'époque, puis la tente où a été signé le traité. La grande difficulté de cette peinture a été la réalisation des différents personnages dans leurs attitudes et surtout dans leurs costumes. Les détails de ces costumes, les couleurs s'inspirent du livre de Jean Pageot et de Jean Bruneau. Une fois terminée la peinture, Diana Taubin met trois couches de vernis acrylique sur l'ensemble du panneau ce qui le protège des intempéries pour de nombreuses années.

Voir aussi

Bibliographie

  • Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Quadrige/PUF, 1989
  • Jean-Clément Martin, Contre-Révolution, Révolution et Nation en France, 1789-1799, Le Seuil, collection Points, 2005, p. 242-243
  • Robert Durand, Didier Guyvarc'h, François Macé et autres, Du village à la cité-jardin. Saint-Sébastien-sur-Loire depuis ses origines, Editions Arts-Culture-Loisirs, Nantes, 1986.
    Ouvrage réalisé dans le cadre de l'association Les amis de Saint-Sébastien avec le concours d'historiens reconnus (R. Durand, ancien professeur de l'Université de Nantes ; D. Guyvarc'h, spécialiste de l'histoire de Nantes...)
  • Entre Sèvre et Loire. A l'aube du 3e millénaire, publication de la Mairie de Saint-Sébastien-sur-Loire, 2000, pages 84 et 85. (ISBN 2-9515069-0-2).
    Partie historique contrôlée par l'association mentionnée ci-dessus.
  • Martin Jean-Clément: Blancs et Bleus dans la Vendée déchirée. Découvertes Gallimard .
  • Pageot Jean et Bruneau Jean: Vendée Militaire éditions Pierre Gauthier 1980.
  • Regouby Alain. Historique du Château de la Jaunaye et le traité de paix entre les Républicains et les Vendéens en 1795 Association Jeunesse et Avenir 28 avenue de la Mer. La Baule .
  • Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière, Lucas de La Championnière, Mémoires d'un officier vendéen 1793-1796, Les Éditions du Bocage, .

Articles connexes

Notes et références

  1. aujourd'hui : Saint-Sébastien-sur-Loire
  2. Patrick Huchet, Georges Cadoudal et les Chouans, Éditions Ouest-France, , p. 193-194.
  3. Il y a des désaccords de détail avec la page Stofflet qui indique : décembre 1795 ; comte de Provence.
  4. Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière, Mémoires d'un officier vendéen, p. 114-115.
  5. Entre Sèvre et Loire, publication de la Mairie de Saint-Sébastien, 2000, page 85. (ISBN 2-9515069-0-2).
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