Théo Van Rysselberghe

Théo Van Rysselberghe[1], né à Gand le et mort à Saint-Clair au Lavandou (Var) le , est un peintre belge, connu pour avoir été l'un des principaux représentants du divisionnisme en Belgique.

Pour les articles homonymes, voir Famille Van Rysselberghe.

Acquis aux idées anarchistes, ami intime d’Élisée Reclus et de Paul Signac, il donne des dessins à la presse libertaire dont Les Temps nouveaux de Jean Grave de 1897 à 1911[2].

Biographie

Théo Van Rysselberghe, de la famille Van Rysselberghe, est le frère de Charles Van Rysselberghe et Octave Van Rysselberghe, tous les deux architectes. Il épouse Maria Monnom en 1889. Ils ont une fille, Élisabeth (née en 1890), qui sera la mère de Catherine, l'unique enfant d'André Gide. Elle a neuf ans lorsque ses parents deviennent des proches d'André Gide. Un double coup de cœur réciproque s'établit entre Maria et Gide d'une part, et entre Élisabeth et le même Gide d'autre part[3].

Après ses études à l'Académie des beaux-arts de Gand et à l'Académie de Bruxelles sous la direction de Jean-François Portaels et de Léon Herbo, Théo Van Rysselberghe participe à une exposition au Salon de Bruxelles pour la première fois en 1881. Vers 1886-1887, il découvre l'œuvre de Georges Seurat en compagnie d'Émile Verhaeren. Ami d'Octave Maus, il est un des membres fondateurs en 1883 du groupe bruxellois d'avant-garde Les Vingt. À la fin du XIXe siècle, le pointillisme de ses peintures fait place à une composition à larges touches allongées. Comme Georges Seurat et Paul Signac, il réalisa de nombreux paysages marins. Il a aussi réalisé des gravures qui sont moins connues.

Voyages au Maroc

L'année suivante, il voyage (en suivant les traces de Jean-François Portaels) en Espagne et au Maroc avec son ami Frantz Charlet et le peintre asturien Dario de Regoyos. Il admirait tout particulièrement les « vieux maîtres » au musée du Prado. À Séville, ils rencontrent Constantin Meunier, et son fils Charles, dit Karl, qui peignait une copie de la Descente de la Croix de Pedro de Campaña. De ce voyage en Espagne, il ramène les portraits suivants : Femme espagnole (1881) et La Sévillane (1882). Il reste quatre mois à Tanger, pour y pratiquer le dessin et la peinture des scènes pittoresques de la rue, de la kasbah et des souks : Cordonnier de la rue arabe (1882), Garçon arabe (1882), Repos de garde (1883).

Il y retournera à deux reprises, en 1883-1884 puis en 1887-1888.

Retour en Belgique

De retour en Belgique, il montre environ trente œuvres de son voyage au Cercle Artistique Littéraire et à Gand. Elles rencontrent un succès instantané, en particulier Les Fumeurs de kif, Le Vendeur d'oranges et un Paysage marin du détroit (soleil couchant), Tanger (1882). En , il expose ces scènes de la vie quotidienne méditerranéenne au salon de L'Essor à Bruxelles devant un public enthousiaste. À cette même époque, il se lie d'amitié avec l'écrivain et poète Émile Verhaeren qu'il allait plus tard représenter à plusieurs reprises. En , van Rysselberghe se rend à Haarlem afin d'étudier la lumière dans les œuvres de Frans Hals. Le rendu précis de la lumière continuera à occuper son esprit. Là, il a également rencontré le peintre américain William Merritt Chase

    .

    Retour en France

    Il peint alors ses premières œuvres pointillistes sur le modèle de Georges Seurat. Il fait ensuite partie du groupe La Libre Esthétique pour lequel il exécute une affiche (1896). Il s'installe à Paris en 1898 au 59, rue Scheffer, qu'il quitte en 1901 pour s'installer à la Villa Aublet au 44, rue Laugier, dont l'architecte Louis Bonnier (1856-1946) réalisera l'installation. En 1913, il fait construire à Auteuil un hôtel particulier au 14, rue Claude-Lorrain par Auguste Perret[4].

    Son amitié avec Paul Signac porte aussi sur les idées anarchistes. Il participe à la presse libertaire et notamment régulièrement au journal Les Temps nouveaux de Jean Grave, à qui il donne des œuvres de 1897 à 1911. Il fréquente le géographe Élisée Reclus et le peintre Camille Pissarro, ainsi que Camille Platteel (1854-1943), amie de sa famille depuis de longue date, et maîtresse de Félix Fénéon[5]. En 1899, il réalise la couverture de La Morale anarchiste de Pierre Kropotkine[6],[7].

    Provence

    À la fin des années 1890, il s'établit en Provence à Saint-Clair[8] près du Lavandou et retourne vers une certaine forme de classicisme.

    Sa fille Élisabeth, après avoir eu une fille, Catherine, avec André Gide, épouse en 1931 le romancier dunkerquois Pierre Herbart.

    Ses principaux thèmes

    Il peint de nombreux portraits qu'il consacre essentiellement à ses proches, dont celui d’Alice Sèthe[9]. Ce dernier met en valeur le décor, peint avec précision, ce qui contraste avec la volonté synthétique des pointillistes français[10]. Ses personnages n'ont pas l'« hiératisme » de ceux de Seurat comme le souligne Émile Verhaeren[11].

    Outre le post-impressionnisme, le peintre sera également influencé par le japonisme, admirateur, en particulier d'Hiroshige. Ses paysages maritimes se simplifient, contrastant avec le luxe de détails de ses portraits[12].

    Il a peint un certain nombre de groupes de nus féminins dont il fait son thème de prédilection à partir de 1910 : L'Heure embrasée (1897), Baigneuse autour d'un rocher (1910), Baigneuses à Cavalière (1910). Il peint également quelques nus isolés (Nageuse au repos : 1922, L'Ablution ou Vénus accroupie : 1922). L'érotisme ne semble cependant peu présent, du moins pour l'écrivain André Gide qui parle à ce propos de « nus hygiéniques »[13]. Cette période voit la transition entre l'influence post-impressionnisme et une tendance vers le classicisme.

    Théo van Rysselberghe a également illustré des livres, comme le recueil de textes d'Émile Verhaeren, l'Almanach en 1895, dessinant lettrines, arabesques et illustrations. Il décore ainsi certains catalogues d'exposition du groupe des XX.

    Œuvres dans les collections publiques

    En Belgique

    En France

    Aux Pays-Bas

    • Otterlo, Kröller-Müller Museum (16 oeuvres, dont 4 pointillés)
    • Musée de Gouda (pointillé)
    • Musée Boymans van Beunigen
    • Rijksmuseum, Amsterdam.
    • Centraal Museum Utrecht (pointillé)
    • Museum Singer Laren

    En Suisse

    • Genève, musée du Petit Palais : Portrait de la violoniste Irma Sèthe, 1894, huile sur toile ; Maria van Rysselberghe et ses enfants, 1903 ; Maria van Rysselberghe aux tulipes, 1918 ; Nu au repos, 1914.

    En Italie

    • Uffizi Florence
    • Musée d'art moderne Rome

    Aux États-Unis

    • New York, Museum of Modern Art (MOMA) (autoportrait 1888-1889, Gros Nuages sur Christiana Fjord 1893, le café-concert 1896, ...)
    • Springfield Museum (anna Boch)
    • Clark Art Institute, Williamstown, Massachusetts
      • Sylvie Descamps Monnom, 1900, huile sur toile[14]
      • Portrait d'André Gide, 1915, plume et encre brune[15]

    En Allemagne

    • Musée de Weimar (l'Heure Embrasée, œuvre majeure)
    • Walraf-Richartz Museum, (3 van Rysselberghe et Heymans donné pour un van Rysselberghe))
    • Musée de Dresde (la belle Juliette)
    • Musée de Folkwang (le port de Boulogne la nuit)
    • Musée de Bremen (1)

    Galerie

    Annexes

    Bibliographie

    • « La villa Théo dans la lumière », Revue du Conseil départemental du Var, n°4, hiver 2017-2018.
    • Robert Hoozee et Helke Lauwaert, Théo van Rysselbergue néo-impressionniste, Pandora éditions, 1993.
    • Ronald Feltkamp, Théo van Rysselberghe 1862-1926, catalogue raisonné, Paris, Les éditions de l'amateur, Bruxelles, Éditions Racine, 2003.
    • Ronald Feltkamp, Théo van Rysselberghe : monographie, Bruxelles, Éditions Racine, 2003.
    • Théo van Rysselbergue, Belgian Art Research Institute, Bozar Books, Mercatorfonds, Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, 2006.

    Iconographie

    Articles connexes

    Notes et références

    1. Le nom officiel de cette famille pour l'état-civil est Van Rysselberghe. Remarquons aussi que la coutume en Belgique au XIXe siècle était d'écrire les Van avec majuscule au contraire de la Hollande où il était plus perçu comme une particule. En Belgique l'usage du petit van date du XXe siècle avec la fausse idée que cela est plus distingué. C'est aussi à partir du XXe siècle qu'on donne dans les publications un petit van à van Rysselberghe. Force est de constater que les publications faites de leur vivant usaient d'un grand Van et que le peintre signait ainsi également (voir passim la revue L'art moderne). Pour l'orthographe du nom dont usait le peintre lire : Théo Van Rysselberghe Catalogue raisonné, Ronald Feltkamp, éd. Racine) catalogue raisonné Théo van Rysselberghe Edition Racine Bruxelles 2003 ainsi que Monographie Théo van Rysselberghe Édition Racine Bruxelles 2003 l'on voit que Théo Van Rysselberghe usait tantôt de monogrammes avec grand Van tantôt de signatures avec grand Van et une ou deux signatures avec petit van : Signature Théo Van Rysselberghe. Dans sa préface Catherine Gide écrit toujours le nom de son grand-père avec grand Van.
    2. Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social', « Le Maitron » : notice biographique.
    3. Fabrice Picandet, Gide et les femmes : Élisabeth, sur e-gide.blogspot.fr.
    4. Philippe Thiébaut, « Art nouveau et néo-impressionnisme, les ateliers de Signac », La Revue de l'Art, 1991-92, p. 72-78 note 34.
    5. Jean-Didier Vincent : Élisée Reclus : géographe, anarchiste, écologiste, Robert Laffont, 2010, page 346.
    6. Dictionnaire des anarchistes, 2014, notice biographique.
    7. Jean-Baptiste Baronian, Dictionnaire amoureux de la Belgique, Plon, 2015, page 450.
    8. Van Rysselberghe à Saint-Clair, Var-Matin,
    9. Portrait d'Alice Sèthe, sur le site du musée départemental Maurice Denis
    10. N. Tamburini, « Van Rysselberghe ou la promesse du bonheur », L'Objet d'Art, hors-série no 62, juin 2012, p.  16-25.
    11. Cité par N. Tamburini dans, « Saisir les nuances de la pensée », L'Objet d'Art, hors-série no 62, juin 2012, p.  30-37.
    12. N. Tamburini, « Van Rysselberghe paysagiste : hymnes à la lumière », L'Objet d'Art, hors-série no 62, juin 2012, p.  42-50.
    13. N. Tamburini, « Van Rysselberghe peintre de nus : un “prétexte à lignes et gammes joyeuses” », L'Objet d'Art, hors-série no 62, juin 2012, p.  42-50.
    14. « Clark Art - Sylvie Descamps Monnom », sur www.clarkart.edu (consulté le )
    15. « Clark Art - Portrait of André Gide », sur www.clarkart.edu (consulté le )
    16. 1886
    17. 193.190.214.119
    18. 193.190.214.119
    19. mskgent.be

    Liens externes

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