Musée du Prado

Le musée du Prado (en espagnol : Museo Nacional del Prado) à Madrid (Espagne) est l'une des plus grandes et des plus importantes pinacothèques du monde. Il présente principalement des peintures européennes (flamandes, espagnoles, françaises, italiennes et allemandes) du XIVe siècle au début du XIXe siècle, collectionnées par les Habsbourg et les Bourbons.

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Les œuvres des peintres Diego Vélasquez, Francisco Goya, et Jérôme Bosch sont les plus célèbres et les plus nombreuses mais il y a aussi celles de El Greco, de Pierre Paul Rubens, Anton van Dyck, Raphaël, Titien, Antonio Moro, Tintoretto, Bartolomé Esteban Murillo, Francisco de Zurbarán, José de Ribera, ainsi que des tableaux de Fra Angelico, Botticelli, Andrea Mantegna, Véronèse, Le Caravage, Albrecht Dürer, Rembrandt, Nicolas Poussin, Claude Gellée, Watteau, etc.

Le musée détient aussi des collections de dessins et d'estampes (quelque 6 400 dessins et 3 000 estampes), un fonds d'un millier de sculptures (dont une importante collection de sculptures gréco-romaines) et un grand nombre d'objets décoratifs et de documents historiques. Après les travaux d'agrandissement dirigés par Rafael Moneo, il expose en permanence une collection de 1 300 œuvres dans son siège, plus 3 000 prêtées pour être exposées dans d'autres galeries et institutions officielles.

Histoire

L'édifice central qui sert aujourd'hui de siège au musée national du Prado est construit à l'initiative de José Moñino y Redondo, comte de Floridablanca et principal ministre de Charles III. Il est dessiné par l'architecte Juan de Villanueva en 1785 comme cabinet de sciences naturelles. À cause des événements qui arriverent pendant l'époque, la construction ne sera toutefois achevée que sous Ferdinand VII, petit-fils de Charles III.

Poussé par son épouse, la reine Marie-Isabelle de Portugal (1797-1818), le roi prend la décision de destiner cet édifice à la création d'un musée royal de peintures et de sculptures. Le musée se nourrit dans un premier temps des collections royales, d'où sa première dénomination de musée royal. Il est bientôt renommé « Musée national de peinture et de sculpture » et, par la suite, « musée national du Prado », il ouvre pour la première fois au public en 1819. Son premier catalogue se compose de 311 peintures, même si le musée conserve déjà 1 510 œuvres originaires des collections royales. En 1868, après la chute de la reine Isabelle II d'Espagne, les œuvres d'art de la monarchie deviennent patrimoine de la nation espagnole.

En plus des collections royales, le musée reçoit de nombreuses œuvres d'art par suite du désamortissement de 1836 qui oblige l'Église à vendre une grande part de ses possessions. Par ailleurs, le musée bénéficie des dons très importants de collectionneurs privés dont Francesc Cambó, Pablo Bosch et Ramón d'Errazu, ainsi que les œuvres apportées par la Fundación Amigos del Museo del Prado (es) (fondation des amis du musée).

Édifice

Le bâtiment initial, de style néoclassique, fait l'objet de réaménagements en 1913, 1946, 1953, 1968 et 1983[2]. En 1998, Rafael Moneo remporte un concours destiné à agrandir les espaces du musée. Les travaux consistent à relier l'ancien cloître des Jeronimos, restauré, situé de l'autre côté de la rue Ruiz-de-Alarcón, afin d'en faire une galerie de sculptures tout en créant de nouveaux locaux en sous-sol pour des expositions. Le nouvel aménagement est inauguré le [2].

Principales œuvres exposées

Peinture espagnole

Le musée possède la plus grande collection au monde de peintures espagnoles. Elle comprend des œuvres qui s'étendent de l'art roman du XIIe jusqu'à la fin du XIXe siècle. La collection de peintures gothiques présente des auteurs anonymes mais aussi des toiles de Bartolomé Bermejo, Juan de Flandes, Fernando Gallego et Berruguete ; la renaissance espagnole est notamment représentée par Pedro Machuca, Juan de Juanes, Fernando Yáñez de la Almedina ou Juan Correa de Vivar. Elle comprend également la plus importante collection d'œuvres du Greco. La plupart des artistes de la période la plus brillante de la peinture espagnole, l'époque baroque, sont représentés, parmi lesquels Zurbarán, Ribera, Murillo, Juan de Valdés Leal, Juan Bautista Maino, Alonso Cano, Carreño, Bartolomé Román, José Antolínez, Antonio de Pereda, Francisco Ricci, Herrera el Mozo, et, pour couronner l'ensemble, les principaux chefs-d'œuvre de Velázquez, dont Les Ménines, Les Fileuses et La Reddition de Breda. Pour le XVIIIe siècle, les œuvres de Goya couvrent toutes les périodes et facettes de son art, qu'il s'agisse de dessins et croquis ou de peintures, avec notamment les Dos de Mayo et Tres de Mayo, La Maja nue et La Maja vêtue et les fameuses Peintures noires. On peut aussi admirer des œuvres de Luis Meléndez et de Luis Paret, célèbre représentant de l'art rococo. Le musée travaille également depuis longtemps à la mise en valeur de la peinture espagnole du XIXe siècle, postérieure à Goya avec des artistes comme Mariano Fortuny. Le fonds comprend près de 3 700 œuvres de cette époque, soit presque la moitié des peintures du musée. Cet effort s'est traduit par l'ouverture en de douze nouvelles salles qui présentent 176 pièces montrées pour la première fois depuis 1896.

Peinture italienne

La collection de peinture italienne est la seconde collection du musée, même si elle est relativement pauvre en œuvres antérieures au XVIe siècle. Les œuvres du Trecento sont peu nombreuses et circonscrites à des auteurs mineurs, comme Giovanni del Ponte. La peinture du Quattrocento ne présente également qu'un panorama limité, mais comprend quelques chefs-d'œuvre tels que le Retable de l'Annonciation de Fra Angelico, La Mort de la Vierge de Mantegna, les Historias de Nastagio degli Onesti de Botticelli ou le magnifique Le Christ mort soutenu par un ange de Antonello da Messina.

Mais c'est à partir du XVIe siècle que la collection italienne du Prado prend toute sa dimension avec neuf œuvres majeures de Raphaël (dont La Vierge à la rose, Portrait d'un cardinal ou Lo Pasmo di Sicilia). Parmi les autres grands noms de la renaissance italienne, on trouve Sebastiano del Piombo, Le Corrège, Andrea del Sarto et Federico Barocci, auteur situé à la transition du maniérisme, lui-même bien représenté par des œuvres de Parmigianino, Bronzino ou Francesco Salviati. La peinture vénitienne du XVIe siècle mérite une mention particulière, avec un fonds qui en fait la première collection hors de l'Italie. L'artiste principal de l'école vénitienne, Le Titien, était le peintre favori de Charles Quint et de Philippe II d'Espagne pour lesquels il a réalisé certaines de ses œuvres majeures, comme le Charles Quint à la bataille de Mühlberg ou la Danaé. Le Tintoret, Paul Véronèse, Lorenzo Lotto, les Bassano et quelques précurseurs comme Vincenzo Catena sont également représentés.

La peinture baroque italienne est certainement l'un des principaux centres d'intérêt des collections du Prado par la variété des artistes et la qualité des œuvres qui peuvent être admirées. Les deux grandes tendances picturales de l'époque, le ténébrisme et le classicisme bolonais, sont représentées. Pour la première, la collection offre une palette complète depuis Le Caravage (David et Goliath) jusqu'à ses successeurs, comme Orazio Gentileschi (Moïse sauvé des eaux), sa fille Artemisia Gentileschi, Giovanni Battista Caracciolo ou Bernardo Cavallino. Les œuvres du classicisme bolonais sont également très fournies, avec des œuvres de Annibale Carracci (Vénus et Adonis, L'Assomption de Marie), Domenico Zampieri, Guido Reni (Hippomène et Atalante), Guercino, ou Giovanni Lanfranco. On trouve aussi des représentants de l'école baroque décorative avec Pietro da Cortona et Luca Giordano, qui a travaillé en Espagne pour le roi Charles II d'Espagne. À ces grands noms du baroque, il faut ajouter des auteurs moins connus, comme Francesco Furini, Salvatore Rosa, Orazio Borgianni, Mattia Preti ou Alessandro Magnasco. La figure de Giovanni Battista Tiepolo (avec sa fameuse Immaculée Conception) clôt ce survol de la collection italienne du Prado, aux côtés d'autres artistes venus en Espagne pour décorer le palais royal de Madrid, comme son fils Giandomenico Tiepolo et Corrado Giaquinto.

Peintures flamande et hollandaise

Artémise de Rembrandt (1634).

La collection de peintures flamandes figure également parmi les toutes premières d'Europe, depuis les primitifs flamands, avec des œuvres de Robert Campin (trois pièces parmi la vingtaine qui lui est attribuée), Rogier Van der Weyden (La Descente de Croix), Dieric Bouts (Retable de la Vierge), Petrus Christus ou Hans Memling (Triptyque de l'Adoration des mages), jusqu'à la plus remarquable collection de tableaux de Jérôme Bosch. Les œuvres de Patinier, Mabuse, Jan van Scorel, Pieter Brueghel l'Ancien (en particulier Le Triomphe de la Mort), Quentin Metsys (Vieille s'arrachant les cheveux, Tentation de Saint-Antoine Abbé) et Pieter Coecke sont également de tout premier plan. La peinture flamande du XVIIe siècle est également particulièrement bien représentée avec une collection considérable de peintures de Rubens, plus de 25 tableaux de van Dyck, plusieurs de Jacob Jordaens (en particulier l'Autoportrait avec sa femme et sa fille Elisabeth) et la série des Allégories des cinq sens réalisée par Jan Brueghel l'Ancien (Brueghel de Velours) et Pierre Paul Rubens. La peinture hollandaise occupe une place plus modeste avec une centaine de pièces, toutes du XVIIe siècle, dont une œuvre majeure de Rembrandt (Artémise). Le fonds comprend toutefois également des pièces de Gabriel Metsu, Willem Claeszoon Heda, Adriaen van Utrecht, Adriaen van Ostade, Mathias Stomer, Jacob van Ruisdael et Philips Wouwerman.

Peinture française

La collection de peintures françaises comprend principalement des œuvres des XVIIe et XVIIIe siècles avec des pièces majeures de Poussin, comme Le Triomphe de David et Le Parnasse, ou de Claude Gellée et deux tableaux de Simon Vouet. Le ténébrisme est également représenté avec Georges de La Tour et Valentin de Boulogne. Des portraitistes de la cour d'Espagne, comme Jean Ranc et Van Loo, ou Hyacinthe Rigaud et Antoine-François Callet côtoient aussi des maîtres du rococo comme Watteau, Boucher et Hubert Robert. Le musée présente enfin quelques peintres du XIXe siècle, tels que Ernest Meissonier et Paul Baudry.

Peinture allemande

La collection de peintures allemandes est réduite mais de grande qualité. Elle comprend en premier lieu un ensemble de quatre œuvres majeures de Albrecht Dürer, dont son Autoportrait aux gants de 1498. Parmi les autres œuvres, on trouve notamment une Vierge à l'enfant de Lucas Cranach l'Ancien, deux allégories de Hans Baldung, une petite peinture de Adam Elsheimer et, pour le XVIIIe siècle, un ensemble de portraits et dessins de Raphaël Mengs.

Peinture anglaise

Une petite collection de peintures anglaises est également présentée avec des œuvres de Thomas Gainsborough, Joshua Reynolds, Thomas Lawrence, David Roberts, Lawrence Alma-Tadema ou John Closterman (en), peintre d'origine allemande ayant fait pratiquement toute sa carrière à Londres, avec son Portrait de nain au perroquet[3].

Galerie

Notes et références

  1. (es) « El Museo del Prado en cifras. Ejercicio 2011 », Museo Nacional del Prado, (consulté le )
  2. Frédéric Edelman, « Le public, principal bénéficiaire de l'agrandissement du Prado », Le Monde, 9 mai 2007
  3. Portrait de nain au perroquet sur le site catalogue du peintre John Closterman.

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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