Synagogue de Schirmeck

La synagogue de Schirmeck est un monument historique situé à Schirmeck, dans le département français du Bas-Rhin.

Synagogue de Schirmeck
Présentation
Protection  Inscrit MH (1999, synagogue)
Géographie
Pays France
Région Alsace
Département Bas-Rhin
Commune Schirmeck
Coordonnées 48° 28′ 39″ nord, 7° 13′ 08″ est
Géolocalisation sur la carte : Bas-Rhin
Géolocalisation sur la carte : France

Localisation

Ce bâtiment est situé dans la rue des Écoles, à Schirmeck.

Historique

L'édifice fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis 1999[1],[2].

1860 marque l’arrivée des premiers Juifs à Schirmeck et dans ses environs (communes de La Broque et de Wisches, au total 88 personnes au recensement de 1882). Ils viennent du Piémont des Vosges. Avant cette date, aucun Juif ne semble avoir résidé dans la haute vallée de la Bruche, même si des colporteurs juifs fréquentaient de manière assidue la vallée de la Bruche[3].

La famille, juive, des Simonin, est la première à s’installer en provenance de Thann. Elle comprend Camille Simonin, futur maire de la ville, bienfaiteur de la synagogue, et député du Bas-Rhin de 1919 à 1924. Dans les trente ans qui suivent ces arrivées, un cimetière juif est aménagé rue Douar[4], contigu au cimetière chrétien, tandis que les inhumations avaient également lieu à Romanswiller. La plus ancienne tombe date de 1898. Le cimetière contient 48 tombes[5] et sera profané et dégradé au moins deux fois, en 1905 et en 1907[6].

La communauté israélite de Schirmeck fut rattachée au rabbinat d’Epinal puis, à partir de 1874, à celui de Mutzig.

Wisches disposait d’un oratoire, fermé avant 1900. La communauté israélite de Schirmeck s'était également dotée d’un premier petit lieu de culte. Peut-être était-il considéré comme incommode, puisque le Kaiser (Empereur) Guillaume II lui-même accorda, en , 7000 marks de subvention pour la construction d’un édifice – l’Alsace étant allemande après la guerre de 1870.

Si les fidèles juifs ont uniquement besoin d’un lieu de réunion pour se retrouver et prier ensemble, n’importe quelle pièce d’habitation faisant l’affaire, les communautés juives aspirent dans la seconde moitié du XIXe siècle à être « comme les autres» et vont se doter de synagogues de plus en plus monumentales, visibles.

Le terrain pour édifier la synagogue de Schirmeck fut fourni par Camille Simonin. Deux ans plus tard la synagogue était achevée sur les plans (1906) des architectes strasbourgeois David Falk et Emile Wolf et quelque 78 personnes allaient pouvoir célébrer bar mitzvah, mariages et prier. La veille de la cérémonie d’inauguration, en , une soirée culturelle fit la part belle à un chanteur d’opéra du théâtre de Mulhouse, L. Loeb. Le lendemain, un dernier culte fut célébré dans l’ancienne synagogue et les Juifs de Schirmeck (70 personnes au recensement de 1910) se dirigèrent vers la nouvelle synagogue, où un premier office de prière se déroula au cours duquel le rabbin Goldstein de Mutzig prit la parole. Cette journée se termina par un bal[7].

Jusqu’en 1940, la communauté fut en activité (35 personnes au recensement de 1936). À partir de 1946 , elle alla décroissant (25 personnes au recensement de 1953) pour ne plus recevoir après 1978 que les enfants de la colonie de vacances Henry Lévy[8],[9] (industriel, homme politique, juif engagé, homme d’ouverture ayant œuvré pour le monument aux morts de Strasbourg, place de la République)[10],[11],[12].

Architecture

Tables de la Loi sur la façade de l'édifice
Arche Sainte sur le mur oriental de la salle de prière
Vitrail situé au-dessus de l'Arche Sainte

La synagogue actuelle, construite entre 1906 et 1909, est l’œuvre des architectes strasbourgeois David Falk et Emile Wolf.

La synagogue est construite en moellons de grès enduit et modénature dans la même pierre. Elle est couverte d'une toiture en tuile plate. La parcelle est close au niveau de la rue, par une clôture en pierre de taille et fer forgé. Le bâtiment, de plan centré, se compose d'un vaisseau unique, plafonné et éclairé au nord et au sud par deux grandes baies de type thermal.

Deux Tables de la Loi, appelées aussi Tables de l’Alliance, symbole religieux juif de référence en Europe, sont visibles sur la façade. Depuis un siècle et demi, elles sont généralement présentes sur la façade des synagogues et indiquent la destination de l’édifice. Des inscriptions en hébreu, à lire de droite à gauche, signifient le début de chacun des Dix commandements.

L'Arche sainte hors-œuvre contre le mur-pignon nord possède un petit oculus et est surmontée d'une baie cintrée. Le vestibule donne accès à la salle de prière, ainsi qu'à un escalier menant à une petite tribune, éventuellement conçue pour accueillir un chœur et peut-être un orgue..

Le bâtiment est, à l’instar des autres synagogues bâties à partir de 1860, construit sur un plan basilical. À l’intérieur, l’officiant s’y plaçait à l’est de la pièce, où il disait les prières à l’avant des fidèles et devant un pupitre, face à l’Arche Sainte ou Aron haKodesh. L'Arche Sainte, armoire aménagée dans le mur oriental, abritait les rouleaux de la Torah (Pentateuque). Ces rouleaux de la Torah ou Sifré Torah, manuscrits sur parchemin, étaient sortis et lus pour partie devant les fidèles si un quorum de dix hommes de plus de 13 ans était réuni.

On note la présence d’un harmonium, qui atteste d’offices de prière proches du judaïsme libéral, puisque la présence d’un orgue ou autre instrument de musique est exclue par les Juifs de stricte observance.

Autre marque d’un bâtiment sous le signe d’une volonté d’intégration, les femmes y sont proches des hommes. La séparation des hommes et des femmes dans une synagogue doit empêcher tout contact physique ou verbal lors de la prière. Ici, la solution adoptée, assez rare, consiste à mettre les femmes sur le côté. La hauteur de la séparation (1,5 m côté hommes) est considérée comme suffisante par les rabbins. Les femmes sont en hauteur, ce qui leur permet de bien voir et entendre.

Baie de type thermal en façade

La restauration de la synagogue

Le bâtiment, très endommagé, est restauré à la fin de la guerre de 1939-1945. Le culte peut à nouveau y être célébré en 1946 par Fernand Bloch, ministre-officiant et président des communautés juives de la vallée de la Bruche. Le mobilier d’origine a été conservé. Après cette rénovation, la synagogue se dégrade de nouveau car sa toiture n’est pas adaptée aux intempéries. La charpente menace ruine. Des infiltrations apparaissent. Une intervention provisoire a lieu dans les années 1980. Le , le Ministère de la Culture et de la Communication inscrit la synagogue sur l’inventaire des monuments historiques.

Une restauration complète des toitures et façades, incluant les vitraux, a lieu en 2007.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Références

  1. « Synagogue de Schirmeck », notice no PA67000033, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Notice no IA67013058, base Mérimée, ministère français de la Culture Synagogue
  3. Georges Weill., Les familles juives en France XVIème s. – 1815., Archives nationales 1990
  4. Cimetière israélite
  5. Isabelle Meidinger. Enquête commandée par la DRAC
  6. Journal « Der Israelit » du 20 juin 1907, repris sur le site www.alemannia-judaica.de
  7. Marie-Thérèse et Gérard Fischer, « La synagogue de Schirmeck classée monument historique », L’Essor, no 214, , p. 5
  8. « Henry Lévy, Initiateur du Monument aux morts place de la République à Strasbourg », sur Site du Judaïsme d'Alsace et de Lorraine
  9. Jean Daltroff, Henry Lévy, industriel, conseiller général et vice-président du consistoire israélite du Bas-Rhin in Archives Juives 2005/1 Vol.38, Les Belles Lettres (lire en ligne)
  10. « La colonie Henry Lévy à Schirmeck », sur Site du Judaïsme d'Alsace et de Lorraine
  11. « La Colonie Henry Lévy à Schirmeck, Années 1962-1963 », sur Site du Judaïsme d'Alsace et de Lorraine
  12. « Schirmeck en 1939-1945 », sur Anonymes, Justes et Persécutés durant la période Nazie dans les communes de France
  13. Notice no IM67015246, base Palissy, ministère français de la Culture Ensemble du mobilier liturgique
  14. Notice no IM67015245, base Palissy, ministère français de la Culture Arche sainte
  15. Notice no IM67015244, base Palissy, ministère français de la Culture Présentation du mobilier de la synagogue
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