Sviatoslav Ier

Sviatoslav Igorevitch (en vieux russe : С~тославъ / Свѧтославъ Игорєвичь[note 1], en russe : Святослав Игоревич[note 2], en ukrainien : Святослав Ігорович[note 3], en bulgare : Светослав[note 4], et en grec moderne : Σφενδοσθλάβος)[note 5], dit Sviatoslav le Brave, est un grand-duc de la Rus' de Kiev, de la dynastie des Riourikides, né en 942 et mort en sur l'île de Khortytsia sur le Dniepr et qui régna de 962 à 972.

Sviatoslav le Brave

Sviatoslav Ier le Brave portant la vyshyvanka
Titre
Grand-duc de Kiev
Prédécesseur Igor de Kiev
Successeur Iaropolk Ier
Biographie
Dynastie Riourikides
Nom de naissance Sviatoslav Igorevitch
Date de naissance
Lieu de naissance Kiev
Date de décès
Lieu de décès Île de Khortytsia, Dniepr (Rus' de Kiev)
Père Igor de Kiev
Mère Olga de Kiev
Conjoint Predslava
Maloucha
Enfants Iaropolk (950-980)
Oleg (?-977)
Vladimir (958-1015)
Religion Paganisme

Fils d’Igor de Kiev et de sainte Olga, il est connu pour ses conquêtes territoriales rapides autour de la Volga, de la Steppe pontique, des Balkans, lors de campagnes incessantes à l'est et au sud qui précipitèrent la chute de deux des plus grandes puissances d'Europe de l'Est, l'État khazar et le premier Empire bulgare, ainsi que pour la soumission de nombreuses tribus slaves orientales (il battit également les Alains et le Khanat bulgare de la Volga)[1].

À la fin de sa courte vie, Sviatoslav s'était constitué un des plus grands États d'Europe, déménageant sa capitale de Kiev (dans l'actuel Ukraine) à Pereïaslavets (en) (en actuelle Bulgarie) sur le Danube en 969. En contraste avec la conversion au christianisme de sa mère Olga de Kiev (plus tard appelée sainte Olga), Sviatoslav restera sa vie durant un païen convaincu.

Biographie

La Rus' de Kiev au début du règne de Sviatoslav's (en rouge), avec sa sphère d'influence en 972 (en orange).

Les sources ne mentionnent pas son enfance et le début de sa vie, mais Sviatoslav, décrit comme ayant très peu de patience, est le premier des dirigeants de la Rus' à être appelé par la Chronique de Nestor sous un nom slave, et non plus nordique comme l'étaient ses aïeux.

Son père, le grand-duc de Kiev Igor, meurt tué par la tribu des Drevliens aux alentours de 945. Sa mère Olga Prekrasa, première dirigeante de la Rus' à s'afficher officiellement chrétienne (elle s'est convertie au christianisme à la cour de Byzance de Constantin VII Porphyrogénète), dirige alors la principauté en tant que régente jusqu'à la majorité de Sviatoslav, en 962. Son tuteur est un varègue nommé Asmund, la tradition d'avoir un tuteur varègue perdurant jusqu'au XIe siècle chez les jeunes princes riourikides prétendants au trône de Kiev.

Il entre en guerre contre les Khazars en 964 (ce peuple est connu pour être un des plus puissants d'Europe de l'Est depuis des siècles), puis finit par conquérir le cours inférieur de la Volga. Les origines du conflit entre Sviatoslav et les Khazars ne sont pas claires, certains pensent qu'il était dans l'intérêt de Kiev de se défaire de la tutelle khazare, qui contrôlait une partie de la route commerciale de la Volga, tandis que d'autres pensent que Byzance aurait incité Sviatoslav à les attaquer après que les Khazars furent entrés en conflit avec l'empereur Romain Ier Lécapène suite aux persécutions sur les juifs.

Le site de la forteresse khazare de Sarkel, pillée et détruite par Sviatoslav vers 965 (photo aérienne de Mikhaïl Artamonov datant des années 1930).

Après avoir réduit les Khazars au rang de vassaux (tout comme les Viatitches, à qui il s'était présenté, avant de leur demander de se soumettre, avec ce message : « Je veux marcher contre vous ! », en vieux-slave : хочю на вы ити[2]), Sviatoslav entre ensuite en campagne sur le Danube en 967, où il défait les Bulgares, en accord avec le général byzantin Nicéphore II Phocas, et tue leur roi. Il est accompagné, en plus de ses troupes, de mercenaires oghouzes et petchénègues, sans doute pour contrer les puissantes cavaleries bulgare et khazare. Sviatoslav détruit la ville de Sarkel vers 965, puis celle de Kertch en Crimée, avant de détruire la capitale khazare Itil vers 968 ou 969 (mentionnée dans les ouvrages du voyageur et chroniqueur arabe Ibn Hawqal).

Il libère ensuite Kiev, assiégée par les Petchenègues, puis s'installe en Bulgarie, s'avance jusqu'à Andrinople et menace Byzance. Mais l'empereur byzantin Jean Ier Tzimiskès annexe ensuite la Bulgarie orientale et chasse les Russes de Sviatoslav (réinstallant les rois bulgares), le forçant à demander la paix après le siège de Durostorum en 971. La scène de la reddition de Sviatoslav, qui le représente arrivant en bateau devant Jean Tzimiskès, est restée célèbre. L'apparence physique de Sviatoslav nous est connue grâce à cette rencontre, décrite par le chroniqueur Léon le Diacre (qui assista à la rencontre entre Sviatoslav et l'empereur Jean Ier Tzimiskès). Selon lui, Sviatoslav était un homme musclé et vigoureux de taille moyenne, blond aux yeux bleus et bien plus imposant que Tzimiskès. Il avait la barbe et le crâne rasés, mais portait une longue moustache touffue et une (ou deux) tchoupryna (longue mèche de cheveux noués), un signe de noblesse. Il était vêtu de blanc et bien plus propre que ses hommes, bien qu'il eût beaucoup de choses en commun avec eux, et portait également une boucle d'oreille en or en forme d'anneau. Sviatoslav et ses hommes jurent devant l'empereur, sur les dieux Péroun et Vélès (Sviatoslav était resté païen bien que sa mère fût devenue chrétienne)[3] de quitter alors les terres conquises. Selon la Chronique de Nestor, Sviatoslav croyait que ses guerriers finiraient par lui manquer de respect et se moquer de lui s'il devenait chrétien.

Craignant que la paix avec Sviatoslav le Brave ne dure pas, l'empereur byzantin complote alors pour le tuer et s'allie avec le Khan des Petchénègues, Kurya, mentionné dans l'ouvrage De Administrando Imperio. Sviatoslav meurt finalement dans une embuscade dressée par les Petchénègues sur l'île fluviale de Khortytsia, au milieu du Dniepr. Son vainqueur Kurya, guerrier farouche et audacieux vêtu d'une peau d'ours, convertit son crâne en hanap. À cause de sa mort prématurée, les frontières de son État ne seront pas consolidées, ce qui amorcera les problèmes de succession.

Postérité

De ses trois fils, deux légitimes se partagent la principauté. À l'aîné Iaropolk Ier est dévolu Kiev, au second Oleg les territoires conquis sur les Drevlianes. À Vladimir Ier, bâtard conçu avec une servante, Maloucha, fut concédé à la demande des gens de Novgorod l'ancienne capitale de la principauté [4].

Famille

Unions et descendances

Les sources divergent sur sa vie familiale, mais le traité russo-byzantin de 945 mentionne tout d'abord comme épouse une certaine Predslava, noble russe et femme de Volodislav (d'origine hongroise selon l'historien russe Vassili Tatichtchev). Avec elle, il a :

Avec Maloucha, servante de sa mère, il a :

L'empereur byzantin Jean Tzimiskès affirme que Sviatoslav était accompagné d'un fils appelé Sfengus, lorsqu'il le rencontra, bien que certaines sources affirment que Sfengus était en réalité le fils que Maloucha avait eu lors d'un précédent mariage.

Ancêtres

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
4. Riourik
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
2. Igor de Kiev
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1. Sviatoslav Ier le Brave
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
6. Oleg le Sage
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
3. Olga de Kiev
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
7. Hélène
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Galerie

Notes et références

Notes

  1. Se prononce Sventoslavŭ / Svantoslavŭ Igorevičǐ.
  2. Se prononce Sviatoslav Igorevich.
  3. Se prononce Sviatoslav Ihorovych.
  4. Se prononce Svetoslav.
  5. Se prononce Sphendosthlabos.

Références

  1. (en) Khazarian state and its role in the history of Eastern Europe and the Caucasus A.P. Novoseltsev, Moscou, Nauka, 1990.
  2. Chronique des temps passés (ПСРЛ. — Т. 2. Ипатьевская летопись. — СПб., 1908, http://litopys.org.ua/ipatlet/ipat03.htm)
  3. (en) Marjorie Mandelstam Balzer (Sous la direction de, Introduction) (trad. Ronald Radzai), Russian traditional culture : religion, gender, and customary law, Marjorie Mandelstam Balzer, Books.google.com, , 320 p. (lire en ligne), p. 4
  4. Bernard Féron, La Galerie des tsars, Éditions Noir sur Blanc 2004, p. 25

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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