Simone Lagrange

Simone Lagrange, née Simy Kadosche[1] le à Saint-Fons (Rhône) et morte le à La Tronche (près de Grenoble), est une résistante et ancienne déportée française, témoin-clé lors du procès de Klaus Barbie.

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Biographie

Simy Kadosche naît au sein d’une famille juive originaire du Maroc. Ses parents, Rachel et Simon Kadosche, sont originaires de Mogador. Ils ont rejoint la France dans les années 1920. Le couple a cinq enfants. Simon travaille dans la chimie à Vénissieux.

Pendant l’Occupation, Simon Kadosche aide au transfert de réfugiés de la zone occupée et transporte des armes. Simy profite des alertes aériennes pour diffuser des tracts de la Résistance[2]. Dénoncés comme résistants par une personne que la famille hébergeait, les Kadosche sont arrêtés le avec deux de leurs filles et embarqués au siège de la Gestapo, place Bellecour, puis incarcérés à la prison Montluc. Simy est torturée durant plusieurs jours par Klaus Barbie pour savoir où sont cachés ses frères et sœurs.

Elle raconte cet épisode au procès Barbie :

« Barbie voulait l'adresse des enfants. À 9 heures, il m’a emmenée dans sa voiture à la Gestapo. J’y suis restée toute la journée, il arrivait avec son sourire mince comme une lame de couteau. Cela a duré sept jours, coups de pied, coups de poing sur les plaies mal refermées de la veille. Le premier soir, il m’a ramenée lui-même à Montluc, j’étais comme un pansement sanguinolent. Il m’a jetée dans les bras de ma mère en lui disant : ”Voilà ce que tu as fait de ta fille.” Après une semaine, il m’a mise dans une autre cellule, pendant quinze jours. Ma mère a cru que j’avais été tuée[3],[4]. »

Transférée à Drancy le avec sa mère, elles sont déportées au camp de concentration et d'extermination d' Auschwitz-Birkenau par le convoi 76 le . Simon Kadosche sera déporté avec ses deux neveux âgés de 5 et 7 ans par le convoi 78 qui quitte Lyon le . Rachel est gazée dès le .

Le , Simy entame une marche de la mort en direction de Ravensbrück. Elle croise alors une colonne de prisonniers en partance également et y reconnaît son père, Simon, à qui elle fait signe. Un officier SS s'approche alors d'elle lui demandant si elle le connaissait. « C'est mon père », répondit-elle. Le SS le fit alors sortir du rang et l'abattit d'une balle dans la nuque devant sa fille pétrifiée d'horreur[5].

Simy rentre en France fin , et retrouve son jeune frère et sa jeune sœur qui avaient été cachés dans une institution religieuse[6].

Membre du comité du Musée de la Résistance et de la Déportation de Grenoble à partir de 1980, Simone Lagrange témoigne en 1987 lors du procès Barbie devant la Cour d’assises de Lyon[7]. Elle est présidente de l’Amicale des déportés d'Auschwitz-Birkenau et des camps de Haute-Silésie[8]. Elle a également participé à la création du Mémorial des enfants d’Izieu[9].

Toute sa vie, Simone Lagrange témoigna sur la Shoah, « contre le racisme, l'antisémitisme et l'oubli »[10], dans les établissements scolaires de sa région. Elle publia un livre en 1997. Elle est morte le à La Tronche, entourée de sa famille, à l’âge de 85 ans[11]. Elle est inhumée au cimetière intercommunal de Poisat[10].

Hommages et distinctions

Bibliographie

  • J'ai vécu les camps de concentration, la Shoah : témoignages de Simone Lagrange, Cristina Szenberg, André Migdal, recueillis par Véronique Guillaud[13],[14].
  • Simone Lagrange, Coupable d'être née, Adolescente à Auschwitz, préface de Elie Wiesel (Prix de Nobel de la Paix)[9], 1997, 202 pages. (ISBN 2-7384-5430-5).

Notes et références

  1. « Carnet », L'Humanité, (lire en ligne, consulté le )
  2. Gérard Darcueil et Denis Cugnod, « Entretien avec Simone Lagrange», USC Shoah Foundation, Institut français de l’éducation, 14 octobre 1995.
  3. « Procès de Klaus Barbie, Lyon 1987 », enregistrement audiovisuel et transcriptions des audiences. Archives nationales, Paris BB301891–1987.
  4. Jean-Baptiste Harang, « Simone Lagrange, déportée à 13 ans à Auschwitz », Libération, 25 mai 1987
  5. Pascal Ory, Voyage dans la France occupée, octobre 2014, Place des éditeurs, 279 p.
  6. AFP, « Décès de Simone Lagrange, la femme qui a témoigné contre Barbie », Le Point, 17 février 2016.
  7. « Décès de Simone Lagrange, survivante d'Aushwitz et témoin-clé dans le procès Barbie », Le Figaro, 17 février 2016
  8. Ève Moulinier, « Le discours choc de Simone Lagrange, survivante d’Auschwitz », Le Dauphiné, 30 janvier 2012.
  9. « Une femme libre | Gre.mag, le webzine de la Ville de Grenoble », sur www.gre-mag.fr (consulté le )
  10. Xavier Schmidt et Frédéric Pasquette, « “Éloge de la femme vaillante ” , aux obsèques de Simone Lagrange, survivante d’Auschwitz et témoin du procès Barbie », francetvinfo.fr, 19 février 2016,
  11. Xavier Demagny, « Simone Lagrange, déportée, victime de Klaus Barbie, est décédée à l’âge de 85 ans », France bleue, 17 février 2016.
  12. Prix décerné conjointement par le CRIF Grenoble Dauphiné et la ville de Grenoble.
  13. « Simone Lagrange (1930-2016) - Auteur - Ressources de la Bibliothèque nationale de France », sur data.bnf.fr (consulté le )
  14. Lagrange, Simone (1930-2016). Auteur du texte et Lagrange, Simone (1930-2016), « BnF Catalogue général », sur catalogue.bnf.fr, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Coupable d'être née adolescente à Auschwitz, préf. de Élie Wiesel, postf. de Bertrand Poirot-Delpech Éditions L’Harmattan, 2000 (ISBN 2738454305)
  • Shoah, rescapés des camps d'extermination sous la direction de Véronique Guillaud, avec Cristina Szenberg André Migdal, Bayard jeunesse 2004. (ISBN 274701441X)

Filmographie

Vidéogramme

Liens externes

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