Severiano de Heredia

Severiano de Heredia, né le à Matanzas à Cuba, pendant la domination espagnole, et mort le à Paris en France, est un homme politique français. Il fut député, ministre, et président du conseil municipal de Paris[1],[2],[3].

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Severiano de Heredia
Fonctions
Ministre des Travaux Publics
Gouvernement Maurice Rouvier
Prédécesseur Édouard Millaud
Successeur Émile Loubet
Député de la Seine
Gouvernement IIIe République
Groupe politique UR (1881-1885)
GR (1885-1889)
Président du Conseil municipal de Paris
Prédécesseur Jules-Antoine Castagnary
Successeur Léopold Cernesson
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Matanzas (Cuba)
Date de décès (à 64 ans)
Lieu de décès Paris (France)
Enfants Marcelle Lapicque

Biographie

Severiano de Heredia est le fils de Henri de Heredia et de Beatrice de Cardenas, tous deux gens de couleur libres[4]. Il est baptisé en tant que « mulâtre, né libre ». Son parrain, Ignacio Heredia y Campuzano, marié à Madeleine Godefroy, serait d'après certaines sources[5] son père naturel, ce qui ferait de lui le cousin germain direct du poète cubain José María Heredia et le cousin issu de germain du poète français José-Maria de Heredia.

À l'âge de dix ans, son parrain l'envoie en France. Severiano de Heredia fait de brillantes études au lycée Louis-le-Grand, où il reçoit en 1855 le grand prix d'honneur du lycée. Il compose plusieurs nouvelles et essais poétiques. Son parrain fait de lui son héritier, le mettant à l'abri du besoin.

Il épouse Henriette Hanaire à Paris, le [6], avec qui il a deux enfants : un fils, mort accidentellement à l'âge de douze ans, et une fille. Sa fille, Marcelle Lapicque, sera neurophysiologiste, au côté de son mari Louis Lapicque ; leur neveu et fils adoptif, Charles Lapicque, sera un peintre de la nouvelle École de Paris.

Severiano de Heredia demande la nationalité française « pour montrer qu'il reconnaissait ce qu'il devait à la France en ces temps difficiles et pour lui être utile[6]. » Il obtient sa naturalisation par un décret du [7].

Franc-maçon, il est initié en 1866 à la loge « L’Étoile polaire » du Grand Orient de France, et en devient par la suite le Vénérable[8].

Carrière politique

En 1873, Severiano de Heredia est élu au conseil municipal de Paris pour le quartier des Ternes (17e arrondissement de Paris). Il est républicain de tendance radicale. En 1879, il devient président du conseil municipal de Paris[9].

En 1881, il est élu à la Chambre des députés. Il effectue son premier mandat sous l'étiquette de l'Union républicaine, et son second sous celle de la Gauche radicale[10].

En 1887, il est nommé ministre des Travaux publics dans le premier gouvernement de Maurice Rouvier. Il lutte pour réduire la journée de travail en usine à dix heures pour les enfants de moins de douze ans, se prononce contre le général Boulanger et intervient dans le vote des lois sur le réseau métropolitain de Paris. « Écologiste avant l'heure », comme le présente la Mairie de Paris, il contribue au développement de la voiture électrique[11],[12]

L'Exposition coloniale de 1886 coïncide avec le début du déclin de sa carrière. Il perd l'élection législative de 1889 et celle de 1893 face au candidat boulangiste Charles Le Senne[10]. Il se retire de la scène politique pour se consacrer à l'histoire de la littérature.

Fin de vie

Chapelle funéraire au cimetière des Batignolles.

Severiano de Heredia meurt le , terrassé par une méningite[13], en son domicile parisien de la rue de Courcelles[14]. Il est enterré au cimetière des Batignolles à Paris dans une concession à perpétuité (division 8, ligne 1, numéro 39). Sa famille l'y rejoint dont Louis et Marcelle Lapicque.

Hommages

Le , à l'initiative de l'élu socialiste Lamine Ndaw et avec le soutien du maire Bertrand Delanoë, son nom est associé à une voie du 17e arrondissement, dans le cadre d'une opération visant à améliorer la diversité et la parité des personnalités remarquables dans l'espace public[15]. La rue Severiano-de-Heredia se trouve dans le quartier des Batignolles.

Notes et références

  1. Suite à la Commune, le président du conseil de Paris est désigné au suffrage indirect, par les conseillers et pour une durée d'un an. Ce mandat n'est pas comparable à celui d'un maire et a un caractère honorifique.
  2. Bien qu’il soit métis, durant l’époque coloniale, les personnes métisses étaient considérées comme des personnes noires.
  3. « Severiano de Heredia a-t-il été le premier maire de Paris noir ? », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  4. Acte de baptême du , paroisse San Jesus del Monte de La Havane, 9e livres des baptêmes des pardos
  5. Historia de familias cubanas par el conde de Jaruco, 1940.
  6. « Paris 1879 : Severiano de Heredia, le mulâtre dans les hautes sphères de la République », huffingtonpost.fr, (consulté le )
  7. Adolphe Crémieux, « Bulletin des lois de la République française », Imprimerie nationale, (consulté le ) : « N° 48. – DÉCRET (signé par le membre et délégué du Gouvernement de la Défense nationale, garde des sceaux, ministre de la justice) qui admet à jouir des droits de citoyen français le sieur de Heredia (Severiano), né le 8 novembre 1836, à la Havane (île espagnole de Cuba), sans profession, demeurant à Paris. (Tours, 28 septembre 1870.) », p. 35
  8. « mvmm.org », mvmm.org (consulté le ).
  9. Véronique Chalmet, « Severiano de Heredia. Quand le Maire de Paris était noir », Ça m'intéresse Histoire, vol. Mars/avril, no 59, , p. 24, 25 (ISSN 2117-9468 et 2111-4579)
  10. « Severiano DE HÉRÉDIA », sur assemblee-nationale.fr (consulté le ).
  11. James Michael Laux, In first gear : the French automobile industry to 1914, Liverpool, UK, Liverpool University Press, , 239 p. (ISBN 978-0-7735-0264-2, lire en ligne), p. 91
    « An 1891 graduate of the Ecole Centrale des Arts et Manufacturers, Krieger and Severiano de Heredia formed a company to make electric cars in 1895, the Société Civile des Voitures Électriques, Système Krieger. »
  12. Nick Baldwin, The world guide to automobile manufacturers, New York, USA, Facts on File Publications, (ISBN 978-0-8160-1844-4, lire en ligne), p. 268
    « In 1895 he formed the Societe Civile des Voitures Electriques, Systeme Krieger, in partnership with Severiano de Heredia, a wealthy Cuban- born, French-naturalized politician. »
  13. « Échos » [« Echos »], Le Figaro, no 41, , p. 1 (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le ) :
    « Nous apprenons la mort de M. S. de Hérédia, emporté hier soir presque subitement par une méningite. »
  14. « Severiano DE HÉRÉDIA », sur Base de données historique des anciens députés – Assemblée nationale, Paris, France, Secrétariat générale de l'Assemblée nationale, (consulté le )
  15. Site paris.fr, 9 septembre 2013

Voir aussi

Bibliographie

Sources

Liens externes

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