SNCASE SE.2010 Armagnac

Le SE-2010 Armagnac est un avion de ligne quadrimoteur fabriqué par SNCASE à la fin des années 1940. Les performances et l'autonomie peu convaincantes de l'appareil en ont fait un échec commercial. Et si la carrière de l'Armagnac ne fut pas un succès, l’aménagement du compartiment passager est plus spacieux et présente une plus grande capacité, ce qui préfigure les futurs gros-porteurs.

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SE-2010 Armagnac

Un Armagnac des Transports aériens intercontinentaux en vol vers 1953

Rôle Avion de ligne
Constructeur SNCASE
Équipage 4
Premier vol
Mise en service
Retrait 1975
Premier client Transports aériens intercontinentaux
Production 9
En service 0
Dimensions
Motorisation
Moteurs 4 moteurs à piston Pratt & Whitney R-4360-B

Conception et développement

L'appareil fut conçu par l'ingénieur Pierre Satre d'après une demande française datant de 1942 d'un avion de 87 passagers à long rayon d'action, le SE-2000, qui devait être motorisé avec quatre Gnome et Rhône 18R de 2 100 chevaux. Rapidement, le SE-2000 fut abandonné au profit d'une version plus grande, le SE-2010 Armagnac. L'Armagnac est un monoplan à ailes médianes équipé d'un train tricycle rétractable, conçu pour le vol transatlantique.

Après un retard dû à la guerre, la production se déroula rapidement à Toulouse, Marseille et Paris, où plusieurs composants sont fabriqués et testés. Le premier vol est réalisé le , avec le chef pilote de la SNCASE Pierre Nadot aux commandes. L'appareil fut détruit pendant un essai en vol le . Le premier appareil de production (F-BAVD) vole le . Des présentations ont été réalisées au Grand Palais en 1951 et en 1953.

Bien que le SE-2010 soit motorisé par le Pratt & Whitney R-4360 B13, le moteur à combustion le plus puissant conçu pour une utilisation aéronautique, la crainte que la conception initiale soit sous-motorisée a conduit à une re-conception. Le dernier appareil produit (le 15e) devait être motorisé par des Allison T40 de 5 400 chevaux, mais la production fut arrêtée au huitième exemplaire et la version la plus avancée de l'appareil ne fut jamais construite.

Histoire opérationnelle

À son époque, l'Armagnac était un des plus grands avions civils jamais construits, avec une envergure d'aile de près de 50 mètres et une masse de plus de 77 tonnes. La vaste cabine pressurisée était conçue pour accueillir un espace de couchage, mais cette configuration ne fut finalement installée sur aucun exemplaire.

La production initiale de 15 exemplaires prévoyait que Air France soit la compagnie de lancement. Après évaluation du prototype par la compagnie, évoquant des performances insuffisantes, Air France a renoncé à leur livraison, en 1952, alors que le premier exemplaire était prêt. Malgré une conception pour un service transatlantique, le rayon d'action de l'appareil (5 000 km) était en deçà des 6 500 kilomètres nécessaires pour cette utilisation. De plus, l'appareil était trop gros pour être assigné à des routes plus courtes, en étant rentable.

En comptant le prototype, seuls neuf appareils furent produits, avec TAI (Transports Aériens Intercontinentaux, qui devint plus tard UTA) qui prit livraison du premier appareil de production en . Un total de 4 SE-2010 furent livrés en à TAI, qui les utilisa pendant huit mois avant de les retirer car ils n'étaient pas rentables. Les appareils furent transférés à la SAGETA (la Société Auxiliaire de Gérance et d'Exploitation de Transport Aériens) en 1953, qui en utilisa sept exemplaires pour du transport de fret, de courrier et de troupes entre Toulouse et Saigon, en Indochine française.

F-BAVI, un des appareils qui se rendirent aux Jeux olympiques de 1956 à Melbourne, et le dernier à être démantelé.

La plupart des Armagnac ont été démantelés en 1955, et deux furent utilisés par la délégation française pour se rendre aux Jeux olympiques d'été de 1956 à Melbourne (Australie). Jack Russell, un contrôleur aérien australien, explique que l'Armagnac est l'appareil le plus reconnaissable qui ait visité l'Australie pour les Jeux. Il le décrit comme « un avion de 80 tonnes qui ressemble à deux conteneurs soudés ensemble sur la longueur avec une aile et deux moteurs sous-puissants de chaque côté ». Ces deux appareils furent transférés à l'aéroport de Mangalore. Alors qu'il volait à destination de Mangalore, et passait au-dessus d'un Armagnac, un pilote de Trans Australia Airlines à qui il était demandé de reporter sa position par rapport au SE-2010, répondit : « S'il s'agit de l'immeuble en dessous de nous, on le passe maintenant ! ».

F-BAVI, l'un des appareils qui se rendirent à Melbourne, fut le dernier Armagnac en état de vol. Il fut détruit à Bordeaux-Mérignac en 1975, après avoir été laissé à l'abandon pendant plusieurs années.

Opérateurs

France

Incidents et accidents

  •  : le prototype (F-WAVA), piloté par Pierre Nadot et Léopold Galy pour un vol d'essai, est détruit quand il s'enflamme au décollage et s'écrase après que le bord d'attaque d'une aile se soit détaché. L'accident a tué deux personnes à bord, à savoir les membres d’équipage Leroy et Clerc, et une personne au sol, un ouvrier[1].
  •  : F-BAVG de la SAGETA en provenance de Tunis s'écrase à Orly à cause d'intempéries, faisant deux morts.
  •  : F-BAVH de la SAGETA en provenance d'Oran avec 96 personnes à bord est endommagé en vol quand une bombe du Front de libération nationale algérien explose dans les toilettes à hauteur de Clermont-Ferrand, faisant un trou de plusieurs mètres carrés dans le fuselage. Malgré les dégâts, un atterrissage d'urgence a été réalisé à 18 h 15 plusieurs dizaines de minutes plus tard à l'aéroport de Lyon-Bron[2], en toute sécurité[3].

Voir aussi

Aéronefs comparables

Références

  1. « Le 30 juin 1950 dans le ciel : Le vol d’essai du SE2010-01 « Armagnac » tourne mal », sur www.air-journal.fr, (consulté le ).
  2. Paul Mathevet, Drames aériens dans le département du Rhône, , 10 p., PDF (lire en ligne), p. 5.
  3. Pierre Mathieu, « ATTENTAT À LA BOMBE À BORD DU VOL AIR-FRANCE ORAN-PARIS », sur Histoire d'aviateurs, (consulté le ).

Bibliographie

  • Laurent Gruz, SE-2010 Armagnac : le géant oublié, Bergisch Gladbach, www.livres.aero, , 192 p. (ISBN 978-2-9537763-0-0)
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