Rue Raynouard

La rue Raynouard est une rue du 16e arrondissement de Paris.

16e arrt
Rue Raynouard

La rue Raynouard vue de la place de Costa-Rica.
Situation
Arrondissement 16e
Quartier Muette
Début Place de Costa-Rica
Fin 2, place du Docteur-Hayem
Morphologie
Longueur 880 m
Largeur 14 m
Historique
Dénomination 1867
Ancien nom Rue Basse
Géocodification
Ville de Paris 8068
DGI 8066
Géolocalisation sur la carte : 16e arrondissement de Paris
Géolocalisation sur la carte : Paris
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Situation et accès

La rue Raynouard parcourt 880 mètres de la place de Costa-Rica jusqu'à la place du Docteur-Hayem. Elle est en sens unique jusqu'au croisement avec l'avenue de Lamballe, puis en double sens jusqu'à son extrémité sud.

Les premiers numéros de la rue sont desservis par la ligne , à la station Passy, ainsi que par la ligne de bus RATP 32. La gare de l'avenue du Président-Kennedy de la ligne C se situe à l’autre extrémité de la rue, du côté de la Maison de la Radio.

Cette rue étant à flanc de coteaux, de nombreuses voies en descendent vers la Seine par des escaliers (rue des Eaux, avenue du Parc-de-Passy, etc.).

Origine du nom

Buste de Raynouard.

La rue Raynouard tient son nom de François Just Marie Raynouard (1761-1836), écrivain et membre de l'Académie française, mort à Passy (Seine).

Historique

La rue Raynouard est avec la rue de Passy la plus ancienne de l'ancien village de Passy, reliant la demeure seigneuriale dont le domaine était situé entre la rue des Vignes et la rue des Tombereaux (rue de l'Annonciation) à celle d'Auteuil. Étant la plus importante jusqu'au XVIIe siècle, elle s'appelait « Grande rue » puis « rue Haute » avant de prendre au cours du XVIIIe siècle le nom de «rue Basse » qu'elle garde jusqu'en 1867, l'actuelle rue de Passy devenue la principale prenant le nom de « Grande rue[1] ».

Des plans de 1720 et 1730 montrent les parcs et jardins qui descendent vers la Seine et donnent le nom des propriétaires des 22 maisons entre la rue Raynouard et la rue Berton.

La vogue des eaux de Passy au XVIIIe siècle va attirer des écrivains et artistes. De grandes propriétés se construisent le long de la rue, château de Boulainvilliers succédant au château de Passy, hôtel de Valentinois (à l'angle de l'actuelle avenue du Colonel-Bonnet).

Après la Révolution les anciennes demeures aristocratiques sont mal entretenues, leurs parcs sont vendus et lotis (domaine de Boulainvilliers en 1827, parc de l'hôtel de Valentinois en 1836).

Au début du XIXe siècle Benjamin Delessert et ses frères construisent leurs hôtels particuliers aux nos 19 à 21 et exploitent des usines (raffinerie de sucre et filature de coton) entre la rue Raynouard, la rue des Eaux et l'emplacement de l'actuel square de l'Alboni jusqu'au quai[2].

Benjamin Delessert fait construire vers 1824 le premier pont suspendu en France, passerelle piétonnière reliant son hôtel particulier à son usine enjambant le ravin à l'emplacement de l'actuelle rue de l'Alboni.

La rue surplombe le parc thermal, prospère au XVIIIe siècle, situé entre la rue des Eaux et la rue d'Ankara. Les thermes fermés à la Révolution sont rouverts par Benjamin Delessert après son acquisition des terrains du parc mais cette activité périclite et disparaît en 1868. L'industriel fait construire des chalets en 1844 en bordure de la rue Raynouard dans ce parc qui sera nommé « parc Delessert  » jusqu'au début du XXe siècle.

Après l'incorporation de Passy à la ville de Paris, par la loi du , la voie est incorporée officiellement à la voirie parisienne en 1863.

Elle prend sa dénomination actuelle par un décret du .

Jusqu'au début du XXe siècle, la rue était bordée de maisons basses.

Avant la guerre de 1914, les architectes, les entrepreneurs et la ville de Paris décident de reconstruire la rue. Les immeubles en bordure du square de l'Alboni sont édifiés vers 1900, ceux entre la rue Singer et la rue des Vignes vers 1910 après le départ de l'école des frères des écoles chrétiennes, ceux de la partie nord côté pair aux appartements spacieux de 1909 à 1914 puis ceux majestueux du côté impair, qui nécessitent des travaux de confortement préalables en bordure du parc, entre 1932 et 1934 après l'immeuble construit par Auguste Perret de 1928 à 1932 aux nos 51-55. De ce côté, l'immeuble des nos 19-21 édifié vers 1952 est le plus récent.

Au cours de la première moitié du XXe siècle, la population de la rue Raynouard était très cosmopolite avec de nombreux étrangers originaires d'Amérique du Nord et du Sud, d'Angleterre, de Russie, d'Europe centrale. Les artistes et professeurs de musique étaient également nombreux et la population représentait encore une relative mixité sociale avec des employés, des vendeurs mais déjà un grand nombre de membres de professions libérales[3].

Le , dans l’après-midi, trois explosions se succèdent dans la rue Raynouard ou à proximité immédiate en l’espace d’une quarantaine de minutes. Plusieurs immeubles sont soufflés ou gravement endommagés, et notamment celui situé à l’angle de l’avenue du Colonel-Bonnet. Le bilan humain est lourd : 12 morts et 60 blessés. À la suite de ces explosions, dues au gaz, un millier d’habitants sont relogés dans des hôtels de la capitale et ne retrouvent leur domicile que trois jours plus tard[4].

La rue au XXIe siècle

Assez peu d'immeubles ont été construits après les années 1930. La Maison de la Radio est la plus remarquable des constructions récentes.

La majorité des immeubles datent de la période de 1900 au début des années 1950.

Contrairement à la rue de Passy et à la rue de l'Annonciation, la rue Raynouard qui ne comprend pratiquement ni commerce, ni service, est surtout un axe de circulation automobile assez peu animé en dehors des heures de sortie du lycée Saint-Jean de Passy. À l'opposé de beaucoup d'autres quartiers de Paris, la population a augmenté depuis les années 1930. Les immeubles sont habités par une population conservatrice avec une forte implantation catholique et très aisée comprenant de nombreux membres de professions libérales, médecins, architectes, avocats, experts-comptables, professions para-médicales dont beaucoup ont leur cabinet près de leur logement[5].

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

  • Cette voie rejoint la rue Berton, en contrebas, à la fois par le réseau viaire traditionnel et par un escalier.
  • Nos 16-20 : entrée du square Raynouard, dû à l'architecte Albert Vêque (1913).
  • Nos 19-21 : à cet endroit se trouvait autrefois la propriété de la famille Delessert, qui acquit progressivement plusieurs terrains, à partir de la fin du XVIIIe siècle. Cet immeuble édifié en 1952 est le plus récent de ceux surplombant le parc de Passy.
  • No 21-25 : immeuble de 1933 construit par l’architecte Léon Nafilyan[8].
  • No 24 : Pierre-Louis-Napoléon Chernoviz y a été propriétaire de 1855 à 1905. Remplacé par un immeuble de 1924. Au coin de la rue actuellement à son nom.
  • No 27 : ancien emplacement de l'hôtel Lauzon, acheté par le banquier et homme politique François Delessert[9].
  • No 37 : immeuble de 9 étages composé d’une surélévation moderne (1976) posée sur une structure ancienne ; architectes : Raymond Ichbiah et Lionel Schein[10].
  • No 40 : presbytère de l'église Notre-Dame-de-Grâce de Passy, construit au XVIIe siècle, agrandi en 1827 et restauré en 1843[11].
  • No 42 : demeure du chansonnier Pierre-Jean de Béranger entre 1833 et 1835[12].
  • No 45 : c'est à cette adresse qu'est domicilié un temps l'architecte de la ville de Paris Louis Faure-Dujarric.
  • No 47 : en contrebas de l'entrée du no 47 se trouve l'ancienne Maison de Balzac aujourd'hui transformée en musée ; on y accède par son second étage tandis que, deux étages plus bas, on se retrouve au niveau d'une cour donnant sur la rue Berton.
La maison de Balzac, côté rue Raynouard


Lieu de fiction

Dans le roman de Louis Aragon Aurélien, le couple Barbentane est domicilié rue Raynouard.

Maurice Leblanc a souvent mentionné la rue Raynouard (813, Les confidences d'Arsène Lupin, Le triangle d'or). Sa sœur Georgette y a vécu avec Maurice Maeterlinck en 1900.

Tatiana de Rosnay a écrit une nouvelle intitulée La Brune de la rue Raynouard, publiée dans son recueil Son carnet rouge (Héloïse d'Ormesson, 2014).

À proximité

Notes et références

  1. Auguste Doniol, « Notes sur les rues et avenues de Passy », Bulletin de la Société historique d'Auteuil et de Passy, , p. 220 (lire en ligne).
  2. Françoise Campagne et Annie Flandreau, Le 16e. Chaillot, Passy, Auteuil. Métamorphose des trois villages, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, , 284 p. (ISBN 2-905118-39-3), p. 77.
  3. Maurice Garden et Jean-Luc Pinol, Seize promenades historiques dans Paris, Paris, éditions du Détour, , 270 p. (ISBN 979-10-97079-16-1), p. 37-38.
  4. « Faits divers », Journal de l’année, Larousse, 1978.
  5. Maurice Garden et Jean-Luc Pinol, Seize promenades historiques dans Paris, Paris, éditions du Détour, , 270 p. (ISBN 979-10-97079-16-1), p. 39-43.
  6. Maurice Barrois, Le Paris sous Paris, Hachette, 1964, p. 73.
  7. « 13-17, rue Raynouard », www.pss-archi.eu.
  8. Protections patrimoniales, 16e arrondissement, Ville de Paris, Règlement du PLU, tome 2, annexe VI, p. 340 à 432.
  9. Philippe Landru, « DELESSERT famille », sur landrucimetieres.fr (consulté le ).
  10. « 37, rue Raynouard », , www.pss-archi.eu.
  11. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Éditions de Minuit, septième édition, 1963, tome 2 (« L-Z »), « Rue Raynouard », p. 324.
  12. « Béranger Pierre-Jean de », www.parisrevolutionnaire.com.
  13. « Lieux de mémoire américains à Paris », sur usembassy.gov (consulté le ).
  14. Julien Green, Journal, 22 septembre 1935.

Annexes

Lien externe

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