Maison de la Radio et de la Musique
La maison de la Radio et de la Musique, surnommée « maison ronde », parfois appelée « maison de l'ORTF »[1] puis « maison de Radio France » est un bâtiment conçu par l’architecte Henry Bernard pour accueillir la radio-télévision publique française, inauguré le . Elle est constituée d'une couronne de 700 mètres de circonférence et, en son centre, d'une tour de 68 mètres de hauteur. Elle abrite 1 000 bureaux et 63 studios d'enregistrement constituant un important site d’attractivité économique.
Pour les articles homonymes, voir Maison de la Radio.
Située avenue du Président-Kennedy, dans le 16e arrondissement de Paris, elle est depuis 1975 le siège de la société Radio France et également le siège social de FR3 puis France 3 de 1975 à 1998. Radio France internationale a eu son siège social dans cette maison entre 1987 et 2013.
Le bâtiment a été inscrit au titre des monuments historiques en 2018.
Le , le bâtiment prend l’appellation « maison de la Radio et de la Musique »[2].
Histoire
La construction d’un édifice pour les services de radio-télévision est décidée dans les années 1950. L’État acquiert en 1952 le terrain du 16e arrondissement de Paris en bordure de Seine, où se situait auparavant une usine à gaz, désaffectée en 1928, puis un stade. En , un concours est lancé pour le projet architectural du bâtiment. Il fut remporté par Henry Bernard dont la proposition est basée sur la circularité de l'édifice entourant une tour de 68 mètres de haut. L'implantation du bâtiment est envisagée dans un premier temps quai Branly. Le conseil de Paris finit par céder à l’État un terrain de 38 000 m2 situé 116 quai de Passy afin de centraliser les multiples installations de la Radiodiffusion-télévision française (RTF). L'espace est bien desservi par les principaux axes de transports, tout en restant à bonne distance notamment du métro et de ses vibrations potentiellement nuisibles à la qualité acoustique des enregistrements[3].
La maison de la Radio est inaugurée le par Charles de Gaulle[4],[5], président de la République française, en présence d'André Malraux, ministre d’État chargé des Affaires culturelles[6].
La maison est successivement le siège de la RTF de au , puis de l’Office de radiodiffusion télévision française (ORTF) jusqu’au . Elle abrite alors la direction, les services et les studios de radio de l’Office, ainsi que quelques auditoriums souvent utilisés comme studios de télévision.
Lors de l’éclatement de l’ORTF le , la maison est attribuée à Radio France et prend le nom de « maison de Radio France ». La société nationale FR3 siège également dans le bâtiment jusqu'à son transfert rive gauche chez France Télévisions en 1998.
Les cinquante ans de la maison de Radio France sont fêtés le avec une allocution du président de la République française, et un spectacle avec notamment Eddy Mitchell[7].
Le , la maison de la Radio est touchée par un grave incendie. Les locaux des septième et huitième étages du côté de la porte F sont concernés ; étages qui étaient alors en réhabilitation dans le cadre des travaux de modernisation de la maison de la Radio. Les programmes des stations de Radio France sont suspendus à la suite de l'évacuation du personnel[8] durant près de deux heures vers 13 h, au cours desquelles les stations diffusent un programme musical.
Le , un arrêté est publié confirmant l'inscription partielle de la maison de la Radio au titre des monuments historiques[9],[10],[11].
En , Radio France décide de se doter d'une technologie IP de nouvelle génération pour la production et la diffusion à la maison de la Radio, d'une façon inégalée en Europe[12].
Du au , du fait de la pandémie de coronavirus touchant la France, la maison de la Radio ferme ses portes au public[13].
À compter du 10 janvier 2021 la maison de la Radio change de nom pour devenir la maison de la Radio et de la Musique.
Architecture et équipements
Description
Le bâtiment est constitué d'une couronne de 500 mètres de circonférence, avec une tour de 68 mètres de hauteur en son centre. Sa forme très particulière a inspiré les logotypes successifs de Radio France, logotypes surnommés « Poêle à frire », du fait de la forme même de la maison de la radio et cette excroissance formée par la tour.
Outre les services centraux de Radio France, tout comme les services et studios de plusieurs de ses stations, ainsi que de RFI, la maison accueillait (jusqu'à leur fermeture pour travaux en 2007) un musée consacré à la radiodiffusion, à la télévision et aux techniques d'enregistrement du son, une soixantaine de studios d'enregistrement et deux studios de télévision, le studio 101 et le célèbre « studio 102 » ou ont été enregistré de nombreuses émissions grand public comme Cadence 3 présenté par Guy Lux, mais aussi Ça se discute ou encore l'ancienne version de C'est mon choix au début des années 2000. Elle possède une salle de concert symphonique, la « salle Olivier-Messiaen ». Depuis elle dispose d'un auditorium de 1 461 places (à l'emplacement des anciens studios 102 et 103) et d'une salle de 856 places (le studio 104 rénové).
Depuis sa construction, ses 100 000 m2 bénéficient d'un forage de 600 mètres de profondeur, lui permettant de se chauffer grâce à l'énergie géothermique. L'eau extraite du bassin de l'Albien à une température de 27 °C alimente l'ensemble du système de chauffage. L'eau, avant d'être rejetée à 7 °C dans les égouts publics, sert à l'alimentation du système de climatisation des grands studios de radio et de télévision situés dans la « petite couronne » du bâtiment.
La Maison de la Radio et de la musique fait partie des quelques bâtiments parisiens disposant d'un abri anti-atomique, au même titre que le palais de l'Élysée, le ministère de l'Economie et des Finances dans le quartier de Bercy (12e arrondissement), ou le bâtiment de l'ancien ministère de l’Air situé à la Cité de l'Air sur le Boulevard Victor.
Éléments protégés au titre des monuments historiques
Les parties suivantes de la Maison de la radio font l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du [11] :
- l’emprise totale au sol de l’édifice incluant les circulations à ciel ouvert ;
- la totalité des façades et toitures de l’édifice ;
- la bordure extérieure en comblanchien au droit des vitrages du grand hall public situé côté Seine ;
- les terrasses qui encerclent le bâtiment avec leurs murs de soutènement ;
- le hall public situé côté Seine (niveau rez-de-chaussée et galerie supérieure dite Seine), avec ses deux escaliers situés aux extrémités ainsi que les œuvres de François Stahly (Portiques, Totems et Papillons) ;
- le studio 104 en totalité, incluant les bas-reliefs de Louis Leygue ;
- le foyer 101 et le foyer 105, avec l’œuvre de Georges Mathieu ;
- l’ensemble de la circulation au premier niveau dans la grande couronne, incluant
- les quatre foyers et leurs liaisons,
- l'œuvre de Jean Bazaine dans le foyer B
- l'œuvre de Gustave Singier dans le foyer E
- les quatre circulations radiales
- la petite galerie circulaire des techniciens ;
- le bureau de la présidence, avec ses boiseries en palissandre, portes et placards intégrés et la cloison donnant sur le couloir de circulation ;
- les cinq escaliers de service dits « Chambord », situés dans la couronne périphérique.
Réhabilitation du bâtiment
En 2003, le Préfet de police de Paris ordonne l'évacuation de la tour centrale qui n'était plus aux normes anti-incendie, une étude ayant montré qu'elle résistait à un sinistre entre seulement 11 et 40 minutes. En 2003, un rapport de la commission de sécurité constate une insuffisance de résistance au feu des structures du bâtiment. Le rapport ordonne alors une mise aux normes des 110 000 m2 du bâtiment, sous peine de fermeture immédiate. Plusieurs rapports ont alors envisagé le déménagement des différentes radios publiques vers un autre site. La maison de la radio aurait alors été revendue ou aurait, après travaux, hébergé un autre service de l'État. Le ministère des Affaires étrangères et le Tribunal de grande instance de Paris avaient été évoqués. Ces solutions étaient jugées moins coûteuses que la réhabilitation du bâtiment, surtout si les différents services de Radio France devaient toujours occuper les locaux pendant ces travaux.
En 2005 L'Etat optera pour l'option d'un maintien sur place pour éviter un déménagement lourd à mettre en œuvre[14], et aussi en partie pour des raisons politiques[15]. Le chantier de réhabilitation pour l'ensemble de la maison de la Radio est attribuée aux cabinets Architecture-studio en maître d'œuvre, « Changement à vue » pour la scénographie et Nagata Acoustics et Lamoureux pour l'acoustique.
Equipements
Outre une mise aux normes anti-incendies et un désamiantage de tout le bâtiment, il fut décidé de profiter du chantier pour la construction d'une nouvelle salle de concert symphonique de 1 400 places, d'un parking souterrain et du remplacement du parking actuel de surface par des jardins. L'auditorium est inauguré le .
Depuis 2009 un tronçon du mur de Berlin se trouve dans les jardins du bâtiment (côté Seine). Il s'agit d'un cadeau de la Deutschlandradio[16].
France Inter réintègre la maison de la Radio le .
Le la maison de Radio France est rouverte au public, et un grand concert de l'Orchestre national de France et de l'Orchestre Philharmonique de Radio France inaugure en grande pompe le nouvel auditorium[17]. À partir de cette date, de nombreuses émissions publiques sont enregistrées, et il se met en place une programmation de concerts le soir mais aussi en journée et à destination du jeune public. Enfin, Radio France accueille de grands événements culturels comme les Journées du patrimoine ou la FIAC. De plus, à partir d', une fois par mois, la Maison de la Radio propose au public d'écouter un son 3D[18].
L'orgue de l'Auditorium, réalisé par la manufacture Gerhard Grenzing, est un orgue de 30 tonnes, 12 mètres de large, 5 320 tuyaux, 87 jeux répartis sur quatre claviers et un pédalier. Il est inauguré après ses derniers réglages (harmonisation) le .
Coût
Les travaux de rénovation sont entamés en 2004 pour une durée prévisionnelle de huit ans pour un coût estimé de 384 millions d'euros[19] mais qui s'étendront jusqu'à 2023[20]. Dans son rapport annuel 2019, la Cour des comptes pointe "des risques et des incertitudes persistantes" au sujet du chantier de la Maison de la radio, siège de Radio France. En 2014, le montant des travaux est estimé à 584 millions d'euros par la députée Martine Martinel[21], et selon BFM, en 2018, à 736 millions d'euros [22].
Dessertes
La Maison de la Radio est desservie :
- par les lignes de bus RATP 22 52 62 70 72 ;
- par la gare de l'avenue du Président-Kennedy (ligne C du RER), toute proche (côté nord de la rue du Ranelagh) ;
- à 750 mètres vers le nord, par la station de métro Passy sur la ligne 6.
Notes et références
- « En visite à l’O.R.T.F », sur maisondelaradio.fr, (consulté le ).
- « La maison de la Radio change de nom et s’appellera désormais "maison de la Radio et de la Musique" », sur francetvinfo.fr (France Info), (consulté le ).
- « 50 ans de la Maison de la Radio », sur RadioFrance.fr (consulté le )
- « À tant d’idées, de mots, d’images, de sons lancés sur les ondes merveilleuses…fallait-il une maison ? Oui ! », déclarait le général de Gaulle lors de l’inauguration du bâtiment le 14 décembre 1963.
- « 50 ans d'histoire », sur maisondelaradio.fr (consulté le ).
- Arrivée du général de Gaulle pour l'inauguration - Ina, 31 décembre 1963 [vidéo]
- La Maison de la radio fête ses 50 ans - Radio France, janvier 2014
- « Incendie de grande ampleur à la maison de la Radio », sur Libération.fr, (consulté le )
- « La Maison de la Radio inscrite au titre des Monuments historiques », sur www.lalettre.pro, (consulté le ).
- BatiActu (2018), La Maison de la Radio est désormais un monument historique, publié le 18 avril.
- Notice no PA75160011, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Brulhatour, « Une nouvelle technologie IP déployée à Radio France », sur www.lalettre.pro, (consulté le ).
- Brulhatour, « COVID-19 : Radio France ferme ses portes au public jusqu'au 19 avril », sur www.lalettre.pro, (consulté le ).
- « Le chantier de la Maison de la radio, histoire d'un dérapage non contrôlé », Les Echos, (lire en ligne)
- Renaud Donnedieu de Vabres déclara lors d'une audition à la Cour des comptes que « Des procès en démantèlement du service public n'auraient pas manqué d'être alimentés par un déménagement » — Pas de déménagement pour la Maison ronde - Les Échos, 7 janvier 2008
- « Fragment du Mur de Berlin à la Maison de la radio », radiofrance.fr, consulté le 20 novembre 2018.
- « Radio France inaugure son nouvel Auditorium haut de gamme vendredi », sur Culturebox (consulté le )
- « La Maison de la Radio mise sur le cinéma sonore », sur www.lalettre.pro, (consulté le ).
- La Facture du chantier de Radio-France s'alourdit - Jamal Henni, Les Échos, 7 janvier 2008
- Bertrand Guay, « Le coût astronomique du chantier de la maison de la radio », Capital, (lire en ligne)
- Martine MARTINEL, « Médias, livre et industries culturelles audioviduel , avance à l'audiovisuel public », Rapport Assemblée Nationale, (lire en ligne)
- « 736 millions d'euros pour rénover la Maison de la Radio: comment le budget a dérapé », BFM, (lire en ligne)
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Site officiel
- Ressource relative à l'architecture :
- Ressource relative au spectacle :
- (en) Carthalia
- Ressource relative à la musique :
- (en) MusicBrainz
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