Roland Béguelin

Roland Béguelin, né le à Tramelan-Dessus (BE) (originaire du même lieu), mort le à Delémont (JU), est un poète, écrivain, journaliste, imprimeur, francophile, séparatiste jurassien, homme politique socialiste et personnalité suisse romande. Il est considéré comme l’un des « pères » de la République et canton du Jura avec Roger Schaffter et François Lachat.

Pour les articles homonymes, voir Béguelin.

Roland Béguelin
Fonctions
Secrétaire général du Rassemblement jurassien
Président Daniel Charpilloz
André Francillon
Germain Donzé
Bernard Mertenat
Christian Vaquin
Prédécesseur Roger Schaffter
Successeur Pierre-André Comte
Député à L'Assemblée constituante jurassienne
Député au Parlement du canton du Jura
Élection 19 novembre 1978
Président du Parlement du canton du Jura
Élection 4 décembre 1978
Successeur André Cattin
Rédacteur en chef du journal Le Jura Libre
Prédécesseur Roger Schaffter
Successeur Christian Vaquin
Biographie
Surnom Helvéticus
l’un des « pères » de la République et canton du Jura.
Date de naissance
Lieu de naissance Tramelan-Dessus (BE)
Origine Tramelan-Dessus (BE)
Date de décès
(71 ans)
Lieu de décès Delémont (JU)
Sépulture Cimetière de Delémont
Nationalité Suisse
Parti politique Parti socialiste du jura bernois (1945-1962)
Parti socialiste du Jura (1962-1990)
Diplômé de Université de Neuchâtel
Profession Journaliste
Religion Protestant
Résidence Tramelan-Dessus (1921-1952)
Delémont (1952-1993)
Guérande (France) (1971-1993)

Connu pour avoir fondé le Mouvement séparatiste jurassien (Rassemblement jurassien) avec Daniel Charpilloz et Roger Schaffter, il a été rédacteur en chef du journal Le Jura libre, secrétaire général du Rassemblement Jurassien, vice-président de l'Assemblée constituante jurassienne, député au Parlement du canton du Jura, premier président du Parlement du canton du Jura, fondateur et secrétaire général de la Conférence des communautés éthiques de langue française et collaborateur du journal La Nation Française en 1961[1].

Biographie

Roland Béguelin est le fils unique de Léon Béguelin, horloger, et de Denise Béguelin née Jobin. Il effectue son cursus scolaire aux écoles primaire et secondaire de Tramelan avant de poursuivre ses études à l’École supérieure de commerce à Saint-Imier puis celle de Neuchâtel. En 1945, il obtient une licence ès en sciences économiques et commerciales de l'Université de Neuchâtel. La même année, il devient secrétaire communal à Tramelan-Dessus et adhère au Parti socialiste (section du jura bernois) [2]. Il commence sa lutte politique dans divers journaux, dont le Journal du Jura, Le Progrès et Curieux.

Roland Béguelin à l'association Mouvement romand en 1981 par Erling Mandelmann.

En 1947, il figure parmi les membres fondateurs du Mouvement séparatiste jurassien (qui deviendra le Rassemblement jurassien (RJ) quatre ans plus tard) avec Daniel Charpilloz et Roger Schaffter. Il s'agit d'un mouvement militant pour l'indépendance du canton du Jura vis-à-vis du canton de Berne.

Le , Roland Béguelin, Roger Schaffter et Roger Chatelain fondent la société coopérative du Jura Libre à l'hôtel de la gare à Moutier. Ils éditent un journal nommé Le Jura Libre (journal étant l’organe du Rassemblement jurassien). Roland Béguelin devient rédacteur en chef du journal dès 1950.

Le , il devient le directeur et le propriétaire de l'Imprimerie Boéchat SA à Delémont. L'imprimerie permettra notamment l'impression du journal Le Jura Libre [3].

Le , il devient secrétaire général du Rassemblement jurassien.

En 1958, il fonde, avec Roger Schaffter, les Éditions de la Bibliothèque jurassienne. Une année plus tard, en 1959, il fonde l'association Mouvement romand.

Son engagement et ses positions séparatistes dérangent les dirigeants du Parti socialiste (section du jura bernois) qui obtiennent en 1962 son exclusion du parti, mais la décision n'est pas appliquée par la section de Delémont du Parti socialiste.

Il fait partie des fondateurs en 1960 du comité romand de l'Association européenne de l'ethnie française, fondée l'année précédente[4]. Il fonde, en 1971, la Conférence des communautés éthiques de langue française à Genève, dont il est le secrétaire général dès le [5].

Après les résultats de plébiscite jurassien du 23 juin 1974, Roland Béguelin crie depuis le balcon de l'Hôtel de Ville de Delémont [6]:

« Le Jura est libre ! »

 Roland Béguelin, 23 juin 1974, Delémont (BE)

Roland Béguelin, François Lachat et Joseph Boinay à la cérémonie d'acceptation de la Constitution jurassienne par l'Assemblée constituante réunie dans la collégiale de Saint-Ursanne le 3 février 1977.

À la suite des résultats favorables lors du plébiscite jurassien du 23 juin 1974, l'Assemblée constituante jurassienne est créée pour élaborer la Constitution de la nouvelle République et canton du Jura. Rolang Béguelin y est élu le . L'Assemblée inaugure ses travaux le et Roland Béguelin en devient vice-président[N 1].

Après que la République et canton du Jura a obtenu son indépendance au niveau fédéral le , Roland Béguelin est élu député au Parlement du nouveau canton le [7].

Le , date de l'entrée officielle en souveraineté du canton du Jura, il devient officiellement député au Parlement du canton du Jura. Il en est le premier président.

Après l'indépendance du canton du Jura, Roland Béguelin continue à militer pour la réunification du Jura bernois (jura sud) avec le canton du Jura et continue à diriger le Rassemblement jurassien. Il quitte le Parlement du canton du Jura en 1990. Il quitte également sa fonction de secrétaire général du RJ le 8 juin 1991[8].

Il est un membre fondateur de l’Atelier du français vivant en 1991. L'année suivante, il quitte le poste de rédacteur en chef du journal Le Jura Libre et le poste de secrétaire général de la Conférence des communautés éthiques de langue française.

Il meurt le , à la suite d'un cancer, le lendemain de la Fête du peuple à son domicile de Delémont, à l’âge de 71 ans [9]. Il repose au cimetière de Delémont.

Francophilie

Roland Béguelin était un grand francophile. Il vouait une véritable admiration à la France ainsi qu'a sa culture[N 2] et méprisait les langues non latines (principalement les langues germaniques). En 1962, lors d'une conférence à Paris, il dénonce le calvaire que subit le Jura et la Romandie de la part des Alémaniques.

L'un de ses souhaits était de voir, un jour, le canton du Jura rattaché à la République Française. Selon lui : « Un canton du Jura n'est qu'une étape avant l'Europe unie qui abolira la "fausse frontière" qui le sépare de la France. »[10].

« Avant d'être suisse, le Jura était français ! »

 Roland Béguelin, 1963, Le Jura des Jurassiens

Francophonie

Au cours de sa carrière, il participe à divers organisations professionnelles et à des mouvements œuvrant dans le domaine de la francophonie :

  • Union internationale des journalistes et de la presse de langue française (membre du comité de la section romande et délégué au Bureau international) ;
  • Association internationale de solidarité francophone (vice-président de la section romande, Roland Béguelin était chargé des affaires extérieures et l’un des deux représentants de la Suisse romande au Conseil d’administration de l’Association internationale) ;
  • Association européenne de l’ethnie française (délégué au comité européen) ;
  • Comité permanent des communautés ethniques de langue française (secrétaire général) (1971-1990) ;
  • Association internationale des Parlementaires de langue française, section jurassienne (président) ;
  • Association internationale des Parlementaires de langue française (membre du Bureau) ;
  • Membre de l’Association des écrivains de langue française (Paris) ;
  • Syndicat des journalistes et écrivains (Paris) ;
  • Société jurassienne d’Emulation, section du district de Delémont (vice-président) ;
  • Association de la presse jurassienne (membre du comité) ;
  • Mouvement populaire romand (vice-président) ;
  • Comité central de Pro Jura (membre du comité) ;
  • Union européenne[Quoi ?], section romande (secrétaire).

Œuvres écrites

La Nouvelle Rauracienne

En 1950, Roland Béguelin et Roger Schaffter, reprennent, avec plusieurs modifications, la chanson populaire La Rauracienne écrite par Xavier Stockmar en 1830. La nouvelle chanson est renommée La Nouvelle Rauracienne.

La chanson est proclamée « hymne officiel de la République et Canton du Jura » le par le Parlement jurassien[11].

Publications

Roland Béguelin a publié des poèmes, des nouvelles et des textes dans La Revue Transjurane, dont il était l'administrateur. Il s’est occupé également de Sur Parole, supplément littéraire du journal Le Jura Libre en 1970 et 1971 et de la revue Miroirs aux éditions des Compagnons de la Marjolaine en 1957-1958

Il fut aussi, avec Roger Schaffter, cofondateur des Éditions de la Bibliothèque jurassienne en 1958 (éditions qui ont pour but principal d’illustrer l’histoire et la culture du Jura).

Il a notamment publié plusieurs ouvrages littéraires, dont[12] :

  • 1948 : L’aspect économique et financier de la Question jurassienne, Delémont, Mouvement séparatiste jurassien, éd. ;
  • 1952 : Le réveil du peuple jurassien, 1947-1950, suivi de 24 caricatures de Laurent Boillat, Moutier, Jura libre, éd., 2e édition en 1972 ;
  • 1953 : Noël au pays des grands toits ;
  • 1955 : La force financière du Jura, Delémont, Rassemblement jurassien, éd. ;
  • 1957 : Le centenaire non célébré (1815-1915), Moutier, Jura libre, éd. ;
  • 1963 : Le Jura des Jurassiens, (avec V. Erard), Lausanne, Cahiers de la Renaissance vaudoise, éd. ;
  • 1964 : Berne à l'heure du choix, (avec R. Schaffter) ;
  • 1965 : Europe-Jura, 150e anniversaire du Congrès de Vienne, Delémont, Rassemblement jurassien, éd. ;
  • 1966 : Protection ethnique et revision de la Constitution fédérale, Delémont, Rassemblement jurassien, éd. ;
  • 1967 : L’Autodétermination, Delémont, Rassemblement jurassien, éd. ;
  • 1967 : Histoire et procès du Front de libération jurassien, Moudon, Société de secours en faveur des victimes de la lutte pour la patrie jurassienne, éd. ;
  • 1968 : Les voies de la négociation, Delémont, Rassemblement jurassien, éd. ;
  • 1968 : Bras tendus ;
  • 1969 : Domination bernoise et parti socialiste, Delémont, Boéchat, éd. ;
  • 1970 : Contrecœur ;
  • 1973 : Un faux témoin : la Suisse, Paris-Lausanne-Montréal, Éditions du Monde, éd., 2e édition en 1974 ;
  • 1974 : L’autodisposition du peuple jurassien et ses conséquences, (avec R. Schaffter), Delémont, Rassemblement jurassien, éd. ;
  • 1980 : La Question jurassienne en 1980, Delémont, Rassemblement jurassien, éd. ;
  • 1982 : Les racines de l’unité jurassienne, Delémont, Rassemblement jurassien, éd. ;
  • 1987 : Quarante ans plus tard, (avec A. Steulet).

NB : Les titres des ouvrages écrit en gras sont les livres essentiels à retenir selon Roland Béguelin.

Autres œuvres

L'ancien emblème du Mouvement romand, utilisé de 1981 à 1992, a été dessiné par Roland Béguelin.

Distinctions

Roland Béguelin reçoit de nombreuses distinctions au cours de sa vie[12] :

  •  : Grand prix des Amitiés latines.
  •  : médaille française d’argent de la société académique française des arts, des Sciences et des lettres ;
  •  : médaille d'officier du Mérite culturel et artistique français ;
  • 1971 : Chevalier du rayonnement et prestige français ;
  •  : Grand prix du Jura Libre ;
  •  : Médaille française de Vermeil de la société académique française des arts, des Sciences et des lettres ;
  •  : Médaille "Quebeca liberata" remise par le président du Mouvement national québécois (MNQ) M. Généreux lors de la quatrième conférence des communautés ethniques de langue française ;
  • 1981 : Commandeur de l’ordre de la Pléiade ;
  • 1982 : Grande Croix de la francophonie ;
  • 1983 : Médaille d’or de l’Ecole supérieure de culture française contemporaine ;
  •  : Membre d’honneur de la Société des pêcheurs à la ligne de Delémont, pour ses 25 ans de participation dans la société ;
  • 1991 : nommé membre d'honneur de l'Association internationale des parlementaires de langue française ;
  • 1992 : Ordre des francophones d’Amérique.

Hommages

Monument commémoratif en hommage à Roland Béguelin à Alle (JU)

Le Mouvement Autonomiste Jurassien rend très souvent hommage à Roland Béguelin, lors des commémoration de sa naissance ou de son décès[13].

Plusieurs villages et villes ont donnée le nom de Roland Béguelin à l'une de leurs places. En voici une liste non exhaustive par date d'inauguration :

Places portant le nom de Roland Béguelin en Suisse
Canton du Jura Canton de Berne
Villages Dates Villages Dates
Delémont ? Moutier Depuis le 19 janvier 1994 [14]
Saignelégier ?
Vellerat Depuis le 30 octobre 1993 [15]
Porrentruy Depuis le 1er octobre 1994 [15]
Fontenais Depuis le 8 décembre 1995 [15]
Alle ?

Vie privée

Famille

Roland Béguelin épouse Marie-Louise Montandon, en 1947, avec qui il a trois filles, Marie-Nicole Béguelin (1948), décédée à la naissance, Marie-José Béguelin (1949- ), professeure de linguistique à l'Université de Neuchâtel [16] et Nicole Béguelin (1952-2008), actrice au le Théâtre populaire romand [17].

Après la mort de son épouse en 1978, Roland Béguelin s'est remarié en 1982 avec Denise Schmidt[18].

Résidences

De 1921 à 1952, il vit dans son village d'origine de Tramelan-Dessus. En 1952, il s'installe à Delémont et, en 1965, il achète l'ancienne maison du peintre Paul Bovée.

Il possédait également une maison appelée La Porte-à-Guy à Guérande, en Bretagne, depuis le [19].

Divers

Il était un grand amateur de pêche à la ligne et faisait le voyage au Québec chaque année pour pratiquer son sport favori. Il était aussi un passionné de morilles et savait apprécier de bons vins[12].

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Il fut également membre du Bureau (chargé des affaires scolaires, de la santé publique, de l’éducation et des relations entre l’Etat et les églises), président de la Commission de rédaction de l’Assemblée constituante, président de la Commission de partage des biens et président de la Commission de la séparation des comptes et modalités de partage.
  2. Son bureau était orné d'un portrait de Napoléon.

Références

  1. « Béguelin, Roland », sur dodis.ch (consulté le )
  2. François Kohler, « Béguelin, Roland », sur HLS-DHS-DSS.CH (consulté le )
  3. « Imprimerie Boéchat SA (les Fils de Paul Boéchat) », sur diju.ch, (consulté le )
  4. Feuille d'avis de Neuchâtel, 16 juin 1960, p. 14
  5. « Roland Béguelin, repères biographiques », sur swissinfo.ch, (consulté le )
  6. « Il pleut la liberté ! vidéo des discours suite aux résultats du plébiscite jurassien du 23 juin 1974 à 20:00 », sur rts.ch, (consulté le )
  7. « Béguelin, Roland », sur chronologie-jurassienne.ch (consulté le )
  8. « Rassemblement jurassien | Chronologie jurassienne - de l'époque romaine à nos jours », sur www.chronologie-jurassienne.ch (consulté le )
  9. V. Dé, « Mort d'un battant », La Matin, , p. 5 (lire en ligne)
  10. Alain Pichard, La Question jurassienne : avant et après la naissance du 23e canton suisse, Lausanne, le savoir suisse,
  11. Arrêté proclamant la Nouvelle Rauracienne hymne officiel de la République et Canton du Jura sur le site du canton du Jura.
  12. « Béguelin, Roland », sur archivescantonales.jura.ch (consulté le )
  13. www rfj ch, RFJ, Radio Fréquence Jura, « Hommage entre souvenirs et émotion », sur www.rfj.ch (consulté le )
  14. Conseil municipal de Moutier, « Rue Roland Béguelin », sur moutier.ch, (consulté le )
  15. « Béguelin, Roland | Chronologie jurassienne - de l'époque romaine à nos jours », sur www.chronologie-jurassienne.ch (consulté le )
  16. « Béguelin, Marie-José », sur diju.ch, (consulté le )
  17. « Béguelin, Nicole », sur diju.ch, (consulté le )
  18. « Roland Béguelin, l'âme du combat jurassien », sur swissinfo.ch, (consulté le )
  19. « La Porte-à-Guy, 1970-1993 (Dossier) », sur archivescantonales.jura.ch (consulté le )
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