Roc de Chère

Le roc de Chère est une avancée rocheuse boisée située sur le territoire de la commune de Talloires-Montmin qui domine le lac d'Annecy de 200 m. Une partie du site a été classée en 1977 en réserve naturelle nationale (RNN36) d'une superficie de 69 ha.

Roc de Chère

Vue du versant sud depuis le lac d'Annecy.
Géographie
Altitude 656 m[1]
Massif Massif des Bornes (Alpes)
Coordonnées 45° 50′ 41″ nord, 6° 12′ 16″ est [1]
Administration
Pays France
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Haute-Savoie
Géologie
Roches Calcaire, grès
Type Mont, crêt
Géolocalisation sur la carte : Haute-Savoie
Géolocalisation sur la carte : France

Toponymie

Chère provient de l'élément pré-indo-européen *car-, désignant un élément pierreux, un rocher[2]. Cette signification n'étant plus comprise, on l'a prise pour un nom propre et on y a ajouté « roc » qui n'est qu'un renforcement pléonastique.

Le lieu est mentionné vers 1031-1032 sous la forme Cheria[2]. Il s'agit d'une donation, datée entre le et le , faite par la reine de Bourgogne Ermengarde à l'abbaye Saint-Martin de Savigny à laquelle elle adjoint notamment « et silvam ... Cheria » (« la forêt de Chère »)[3],[4].

Géographie

Carte topographique.

Situation

Le roc de Chère est situé en bordure du lac d'Annecy, sur sa rive orientale, entre Talloires et Menthon-Saint-Bernard. Il correspond à la limite du grand et du petit lac. Il culmine à 656 m et plonge dans le lac (448 m) par des falaises de 50 à 70 m de hauteur. Sur ses pentes septentrionales s'étend un golf.

Géologie

Le site a été raboté par le glacier quaternaire qui occupait la combe d'Annecy. Il présente une topographie très variée qui permet de définir 5 grands ensembles naturels : des pentes calcaires donnant sur le lac, des crêtes gréseuses acides, une dépression centrale sur sol sableux et calcaire, un vallon marécageux et un plateau central frais et humide sur grès en ubac.

Écosystème

Cordulie arctique.

Les milieux exigus favorisent les espèces peu exigeantes en surface ou très spécialisées. Le glacier y a laissé une tourbière où l'on peut trouver des rossolis, une laîche des tourbières (Carex sp.) et la cordulie arctique. Dans un canyon dissimulé sous la forêt, on trouve des plantes qui poussent habituellement à 2 000 m (rhododendron ferrugineux, lycopode sélagine). En revanche, côté lac, sur les falaises dans un milieu chaud et sec se sont acclimatées et développées des espèces méridionales (comme l'érable de Montpellier, etc.).

Flore

Lycopode sélagine

Grâce à l'alternance de sols calcaires et de sols siliceux (grès), et à la présence de microclimats différents d'un vallon à l'autre, plus de 560 espèces de fleurs et de plantes y poussent.

Deux flores opposées coexistent sur le site. L'une glaciaire ou arctique rassemble des éléments montagnards et subalpins : Rhododendron ferrugineux, Lycopode sélagine, Carex limosa, lichen, etc. L'autre, préférant la chaleur, avec des éléments méridionaux ou subméditerranéens : Érable de Montpellier, capillaire, garance, buis, etc.

Faune

Sonneur à ventre jaune

Une abondante faune s'est approprié les lieux et y trouve refuge. Parmi les oiseaux on y trouve l'Hirondelle de rochers et le Faucon pèlerin qui nichent dans les falaises, mais aussi le Milan noir et le Goéland leucophée. Les zones humides abritent la Grenouille rousse, la Salamandre tachetée, le Sonneur à ventre jaune et la Cordulie arctique.

Histoire

Le roc de Chère vu de Saint-Jorioz

Jadis exploité par les moines de l'abbaye de Talloires, le roc de Chère est aujourd'hui colonisé en majorité par les chênes rouvres et les charmes ; la lande à rhododendron (rhodoraie) s'y épanouit. Une réserve naturelle y été instaurée en 1978 pour protéger l'exceptionnelle richesse du site. Elle fut la seconde de Haute-Savoie créée après celle des Aiguilles Rouges. 35 % de sa superficie appartient aujourd'hui (en 2004) au Conservatoire du littoral et des rivages lacustres[5].

Le tombeau du philosophe et historien Hippolyte Taine, ainsi que ceux de son épouse, Thérèse Denuelle et de son beau-père, Alexandre Denuelle, se trouvent sur le roc de Chère.

Le dimanche , vers 2 h 30 du matin, trois jeunes gens rentrant d'une soirée en boîte de nuit à Annecy se sont tués et deux autres légèrement blessés après que leur bateau à moteur a heurté de plein fouet la falaise du roc de Chère[6].

Activités

Tourisme

Versant sud du roc de Chère depuis le lac d'Annecy à Talloires.

Le site permet de découvrir des panoramas tout au long des sentiers de randonnée le parcourant. On peut y voir aussi des lapiaz, qui sont des roches calcaires érodées par l'eau, et qu'on retrouve souvent en Savoie.

À la base du roc s'ouvrent plusieurs grottes accessibles uniquement en bateau. La plus connue se nomme le Grand Pertuis qui ouvre sur la baie de Talloires. Une vue de l'intérieur a été représentée sur une gravure à l'eau-forte par Albert Besnard[7]. L'artiste a par ailleurs réalisé une étude à l'huile du même sujet (collection particulière).

Protection environnementale

La réserve naturelle nationale du Roc de Chère est créée par décret du [9]. Elle est gérée par ASTERS, le Conservatoire d'espaces naturels de Haute-Savoie dans le cadre d'un contrat de plan 2010-2019.

La réglementation interdit la cueillette des plantes et le ramassage des fossiles, le bivouac, les chiens même tenus en laisse, le survol à moins de 300 m du sol, tandis que la chasse, la pêche et la circulation des véhicules à moteur nécessaires pour les alpages, la forêt ou les refuges sont autorisées[10].

Vue du sud du lac d'Annecy depuis le sommet.

Notes et références

  1. « Carte IGN classique » sur Géoportail.
  2. Henry Suter, « Carroz,... Chère », sur le site d'Henry Suter, « Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et environs » - henrysuter.ch, 2000-2009 (mis à jour le 18 décembre 2009) (consulté le ).
  3. Paul Lullin et Charles Le Fort, Régeste genevois : Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés relatifs à l'histoire de la ville et du diocèse de Genève avant l'année 1312, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, , 542 p. (lire en ligne), p. 50 (lire en ligne sur le site digi-archives.org de la Fondation des Archives historiques de l'Abbaye de Saint-Maurice).
  4. Georges de Manteyer, « Les origines de la maison de Savoie en Bourgogne (910-1060) », Mélanges d'archéologie et d'histoire, vol. 19, no 1, , p. 390-391 (lire en ligne).
  5. I. Mauz, « Histoires et mémoires des réserves naturelles de Haute-Savoie », sur ASTERS, (consulté le )
  6. Accident sur le lac d'Annecy: trois morts, site du Figaro, 21 juin 2009.
  7. Catalogue Louis Godefroy chez Delteil, no 193, intitulé « La grotte »
  8. « Décret n°77-1246 du 2 novembre 1977 PORTANT CREATION DE LA RESERVE NATURELLE DITE "DU ROC-DE-CHERE" (HAUTE-SAVOIE) », sur Legifrance
  9. « Pourquoi une réglementation ? », sur CEN Haute-Savoie, (consulté le )

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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