Robert Lee

Robert Edward Lee, né le à la plantation de Stratford Hall et mort le à Lexington, est un militaire américain.

Pour les articles homonymes, voir Robert Lee (homonymie) et Lee.

« Général Lee » redirige ici. Pour les autres significations, voir Général Lee (homonymie).

Robert Edward Lee

Robert Lee en 1864 (colorisée).

Naissance
Stratford Hall, Virginie
Décès
Lexington, Virginie
Origine Américain
Allégeance États-Unis (1829-1861)
 États confédérés (1861-1865)
Grade Général
Années de service 18291865
Commandement Armée de Virginie du Nord
Armée des États confédérés
Conflits Guerre américano-mexicaine
Guerre de Sécession
Faits d'armes Bataille de Contreras
Bataille de Churubusco
Bataille de Chapultepec
Bataille de Sept Jours
Bataille d'Antietam
Bataille de Fredericksburg
Bataille de Chancellorsville
Bataille de Gettysburg
Bataille de la Wilderness
Bataille de Spotsylvania
Bataille de Cold Harbor
Siège de Petersburg
Bataille d'Appomattox Court House
Autres fonctions Président de Washington and Lee University
Famille Mary Anna Custis Lee (épouse)
George Washington Custis Lee (fils)
William Henry Fitzhugh Lee (fils)
Robert E. Lee, Jr (fils)

Diplômé de l'Académie militaire de West Point, il est officier du Génie pendant plus de trente ans dans l'armée des États-Unis avant que n'éclate la guerre de Sécession où il s'illustre d'abord comme commandant de l'armée de Virginie du Nord, puis comme général en chef des armées des États confédérés.

Fils d'Henry Lee III, un officier révolutionnaire pendant la guerre d'indépendance des États-Unis, Robert Lee participe à la guerre américano-mexicaine. Lorsque la Virginie fait sécession de l'Union en , Lee choisit de combattre pour son État d'origine, en dépit de son souhait de voir le pays rester intact et malgré l'offre d'un commandement dans l'Union. Au cours de la première année de la guerre, Lee sert de conseiller militaire au président confédéré Jefferson Davis.

Une fois qu'il prend le commandement de la principale armée de campagne en 1862, il apparaît vite comme un tacticien habile et un excellent commandant sur le champ de bataille, remportant la plupart de ses batailles contre des armées de l'Union numériquement bien supérieures. Les stratégies sur le long terme de Lee sont plus discutables et ses deux grandes offensives dans le Nord finissent en défaites.

Ses tactiques agressives, qui entraînent de lourdes pertes à un moment où la Confédération manque d'hommes, ont fait l'objet de critiques au cours des dernières années. Les campagnes du général de l'Union Ulysses S. Grant mettent à mal la Confédération en 1864 et en 1865. Malgré de lourdes pertes infligées à l'ennemi, Lee est incapable de changer le cours de la guerre. Il se rend à Grant à Appomattox le . Comme Lee a pris le commandement suprême des armées confédérées restantes, les autres forces confédérées capitulent rapidement après sa reddition. Lee appelle par la suite à la réconciliation entre le Nord et le Sud.

Après la guerre, il devient président de l'université de Washington, qui est rebaptisée Washington and Lee University après sa mort. Il soutient le programme du président Andrew Johnson prônant la reconstruction, tout en s'opposant aux propositions des Républicains radicaux pour donner aux esclaves libérés le droit de vote et de retirer le droit de vote aux ex-Confédérés. Il exhorte à reconsidérer leur position entre le Nord et le Sud en favorisant la réinsertion des anciens Confédérés dans la vie politique de la nation. Lee est devenu le grand héros sudiste de la guerre et une icône après-guerre de la « Cause perdue » pour certains. Mais sa popularité grandit surtout après sa mort en 1870, et ce même dans le Nord.

Biographie

Jeunesse et formation

Robert E. Lee est né le sur la plantation Stratford Hall dans le comté de Westmoreland, dans le Nord-Est de l'État de Virginie. Il est le cinquième fils du général Henry Lee III (1756-1818), qui fut gouverneur de Virginie, et de sa seconde épouse, Anne Hill Carter (en) (1773-1829)[1].

La famille Lee est issue de l'une des plus vieilles familles de Virginie. Henry Lee III est un ami et l'un des généraux de George Washington durant la guerre d'indépendance[2]. Anne Hill Carter est une descendante de Robert « King » Carter et a grandi sur le domaine de la plantation de Shirley, en Virginie. Henry Lee III a dilapidé la fortune de ses deux épouses successives[2] avant d'abandonner sa famille et de partir aux Antilles[2]. Il meurt alors que son fils Robert n'a que 11 ans, laissant la famille criblée de dettes. La famille Lee s'installe alors à Alexandria, laissant la plantation, reçue en héritage, au fils aîné de Henry Lee.

Très bon élève à l'académie d'Alexandria, Robert Lee entre en 1825 à l'Académie militaire de West Point. Sergent au bout d'une année de scolarité, il excelle en tactique militaire et en artillerie. Avec cinq autres cadets, il se distingue en ne recevant aucun avertissement durant ses quatre années d'instruction. En 1829, il sort deuxième de sa promotion (sur 46 officiers)[3],[note 1].

Officier du génie (1829-1855)

Diplômé de West Point, Robert Lee entreprend une carrière d'officier du génie (U.S. Engineer Corps) avec le grade de second lieutenant. Il est d'abord affecté sept mois à Fort Pulaski en Géorgie puis est transféré à Fort Monroe, dans la péninsule de Virginie, où il participe activement à la construction de Fort Calhoun. C'est durant son affectation à Fort Monroe qu'il se marie, en 1831.

De 1834 à 1837, Lee est adjoint au sein du bureau de l'ingénieur en chef à Washington (district de Columbia). Il est promu au grade de premier lieutenant en 1836. En 1837, il supervise les travaux du Génie du port de Saint-Louis (Missouri) et des ouvrages d'art sur le Mississippi et le Missouri. En 1838, il est promu capitaine et, en 1842, est affecté comme ingénieur en chef au Fort Hamilton.

La guerre du Mexique (1846-1848)

Robert Edward Lee en uniforme de colonel de l'Union.

Le capitaine Robert Lee participe à la guerre du Mexique (1846-1848) au cours de laquelle il contribue à plusieurs victoires américaines en sachant exploiter le terrain en tant qu'officier d'état-major. Aide de camp de Winfield Scott lors de la marche de Veracruz à Mexico, Lee participe aux batailles de Contreras, de Churubusco et de Chapultepec où il est d'ailleurs blessé. Il est cité trois fois pour acte de bravoure[2] Il est distingué à titre honorifique au rang de colonel. Pendant ce conflit, il croisera le capitaine Ulysses S. Grant[2], futur chef des forces nordistes.

Après la guerre du Mexique, il passe trois ans à Fort Carroll à Baltimore (Maryland). Il refuse notamment à cette époque une offre du secrétaire à la Guerre, Jefferson Davis, de commander une attaque sur l'île espagnole de Cuba.

En septembre 1852, Lee devient superintendant de l'Académie militaire de West Point. Il y passe trois ans durant alors que son fils Custis Lee y est cadet. Il sortira premier de sa promotion en 1854.

Officier de cavalerie (1855-1860)

En 1855, Lee est promu lieutenant-colonel du nouveau 2e régiment de cavalerie. Il quitte alors le corps du génie, où il avait servi durant 25 ans, et prend son commandement à Camp Cooper au Texas. Il y protège notamment les pionniers des attaques des Apaches et des Comanches. Il vit alors loin de sa famille alors que son épouse est durablement souffrante.

L'héritage de la plantation d'Arlington

En 1857, Robert Lee devient l'exécuteur testamentaire de son beau-père, George Washington Parke Custis (en), et l'héritier de sa plantation d'Arlington et de 196 esclaves, tous destinés à être émancipés dans les 5 ans suivant la mort de leur ancien propriétaire selon le testament de celui-ci[4]. Mais Lee ne souhaite pas quitter l'armée et décide d'engager un contremaître chargé de la gestion de la plantation. N'ayant pu trouver la personne idoine, Lee doit se résoudre à prendre un congé de deux ans pour diriger la plantation. Il rencontre alors des difficultés avec une demi-douzaine d'esclaves qui pensaient devenir libres immédiatement à la mort de leur ancien maître. Trois d'entre eux s'enfuient vers le Nord en 1859 mais sont capturés et ramenés en Virginie. Lee fut personnellement attaqué par le New York Tribune pour avoir fait fouetter les trois esclaves à leur retour, ce que Lee démentira. En 1862, à la fin des cinq ans prévus dans le testament de Custis, Lee fit affranchir tous les esclaves de la plantation[5].

Selon l'historien Glenn D. Brasher, la position de Lee par rapport à l'esclavage est sans doute moins claire et moins chevaleresque que l'image qu'en ont donnée les promoteurs de la Cause perdue. D'après lui, les sources confirment que Lee a bien fait fouetter les trois esclaves évadés de la plantation d'Arlington. Une autre plantation héritée de George Custis dans le comté de New Kent, appelée White House, servit temporairement de quartier général pour les troupes du général George McClellan, ce qui permit, signale-t-il, à de nombreux journalistes de constater l'état de dénuement dans lequel vivaient les esclaves appartenant à Lee[6].

Harpers Ferry (1859)

En octobre 1859, l'anti-esclavagiste John Brown et 21 de ses hommes tentèrent de prendre d'assaut l'arsenal de la ville de Harpers Ferry dans l'Ouest de la Virginie. À la tête d'une compagnie de marines et de soldats détachés de la milice du Maryland et de Virginie, Lee fut chargé d'arrêter les hommes du commando de Brown, retranchés dans l'arsenal avec des otages[7]. Après le refus de Brown de déposer les armes et de se rendre, Lee ordonna l'assaut contre les insurgés. Brown et les survivants de son commando furent rapidement capturés.

La sécession (1860-1861)
Lee avec son fils Custis (à gauche) et son aide de camp, Walter H. Taylor (à droite). Photographie de Mathew Brady prise le à la résidence de Lee à Richmond (Virginie).

En 1860, Robert Lee continue de servir avec distinction l'armée des États-Unis mais en février 1861, le Texas, où Lee est cantonné, fait sécession. Le général David E. Twiggs, commandant général de l'armée fédérale au Texas, se met lui-même au service des sécessionnistes et remet le commandement de l'armée fédérale (4 000 hommes dont Lee) à la souveraineté texane.

Robert Lee est politiquement hostile à la sécession qu'il considère comme une trahison des pères fondateurs. Il revient alors à Washington où, sur proposition du général Winfield Scott, commandant-général de l'armée de l'Union, le nouveau président, Abraham Lincoln, le nomme colonel du premier régiment de cavalerie le . Trois semaines après sa promotion, Lincoln lui offre un commandement avec le rang de général.

S'il est hostile à la sécession, Lee est aussi loyal à son État natal de Virginie, contre lequel il refuse de prendre les armes. Quand celui-ci s'apprête à rejoindre les États confédérés d'Amérique après le début de la bataille de Fort Sumter le , Robert Lee refuse sa promotion dans l'armée de l'Union, donne sa démission le 20 avril et retourne en Virginie où, le 23 avril, il prend le commandement des forces armées de Virginie.

La guerre de Sécession

Les généraux Stonewall Jackson, Pierre Gustave Toutant de Beauregard et Robert Lee, affiche confédérée.

Robert Lee est d'abord le commandant des forces armées de Virginie avant que ne se forme l'armée des États confédérés dont il devient l'un des cinq premiers généraux.

Lee prend alors le commandement de l'armée confédérée de Virginie-Occidentale et connait son baptême du feu à la bataille de Cheat Mountain. Il organise ensuite les défenses de la côte orientale de Caroline et de Géorgie où il constate l'inexistence de la marine confédérée. Il devient ensuite conseiller militaire du président confédéré Jefferson Davis avant de prendre le commandement de l'armée de Virginie du Nord en juin 1862.

Commandant de l'armée de Virginie du Nord

Durant le printemps 1862, l'armée du Potomac, commandée par le général George McClellan, avance sur Richmond, la capitale confédérée. Le général Joseph Eggleston Johnston ayant été blessé le , Lee prend alors le commandement de l'armée de Virginie du Nord avec pour objectif de défendre la ville et de repousser l'armée nordiste. Sa nomination suscite le débat dans la presse sudiste qui le pense trop timide et pas assez agressif pour ce genre de commandement. Après avoir supervisé le renforcement des défenses de Richmond au cours des trois premières semaines de juin, le général Lee lance une série d'attaques contre les forces armées de McClellan (bataille de Sept Jours). En dépit de lourdes pertes confédérées et d'une infériorité numérique, Lee parvient à stopper et repousser McClellan jusqu'à la James River.

Après la retraite de McClellan, le général Lee remporte une autre victoire sur l'armée yankee à la seconde bataille de Bull Run. Il envahit alors le Maryland, dans l'espoir notamment de reconstituer ses vivres et son équipement et, éventuellement, influencer les élections de mi-mandat dans le Nord.

Quartier général de Lee lors de la bataille de Gettysburg.

L'armée de McClellan affronte alors de nouveau l'armée, en constante infériorité numérique, du général Lee à la bataille d'Antietam. Aidé du général Stonewall Jackson, Lee parvient à résister aux assauts de McClellan dans ce qui demeure l'une des batailles les plus sanglantes de la guerre civile, avant finalement de battre en retraite en Virginie, permettant au président Abraham Lincoln de se servir de cette victoire pour proclamer l'émancipation des esclaves et mettre moralement et diplomatiquement la Confédération sur la défensive.

Bien qu'ayant pu repousser Lee à Antietam, McClellan n'a pas réussi à détruire son armée. Lincoln décide alors de le remplacer au commandement de l'armée du Potomac par le général Ambrose Burnside. Celui-ci attaque Fredericksburg le . Cette bataille de Fredericksburg se solde par une nouvelle victoire du général Lee et de l'armée de Virginie du Nord. Burnside est alors remplacé par le général Joseph Hooker qui attaque Lee en au hameau de Chancellorsville. La bataille se solde par une nouvelle victoire de Lee mais celle-ci est amère. Le général Stonewall Jackson, l'un des meilleurs et plus efficaces commandants de Lee, est en effet blessé au cours de la contre-attaque, avant de mourir d'une pneumonie.

En juin 1863, le général Lee tente une seconde invasion du Nord mais, à la suite des importantes pertes de Chancellorsville, la plupart de ses subordonnés ont été renouvelés et sont inexpérimentés. Les 75 000 hommes de l'armée de Virginie du Nord sont regroupés à la fin juin à Cashtown, située 10 km à l'ouest de Gettysburg en Pennsylvanie, et menacent alors Baltimore, Philadelphie et Washington. Ils se retrouvent face à l'armée du Potomac, forte de 90 000 hommes, dorénavant commandée par le général George G. Meade. Les combats entre les deux armées commencent le 1er juillet. Au bout de trois jours durant lesquels l'issue semble incertaine, Lee ordonne la retraite, laissant derrière lui plus de 23 000 de ses soldats, morts, blessés, capturés ou disparus (32 % de pertes). Désappointé par la défaite, il vient lui-même à la rencontre de ses troupes et endosse l'entière responsabilité de la défaite, présentant alors sa démission au président Jefferson Davis qui la refuse. Lee parvient néanmoins à ramener les restes de son armée sur la rive sud du Potomac. Déjà en constante infériorité numérique face à l'armée de l'Union, et mal équipée, l'armée confédérée ne se remettra pas des pertes subies lors de la bataille de Gettysburg, la plus sanglante de toute la guerre civile.

Portraits du nordiste Ulysses S. Grant et du sudiste Robert Lee.

À l'arrivée du général Ulysses S. Grant comme commandant en chef nordiste sur ce front, le général Lee doit mener contre lui une guerre d'usure pendant toute l'année 1864, résistant de plus en plus difficilement aux coups de boutoir de son adversaire. Le but de Grant lors de la campagne Overland est de détruire l'armée de Lee par une stratégie d'attrition. Il dispose pour cela de ressources matérielles et humaines bien plus importantes que son adversaire. Ainsi, bien que Lee réussisse à chaque fois à résister et à stopper chaque assaut de l'armée de Grant, ce dernier continue néanmoins d'avancer vers le sud. Les victoires de Lee, au prix de nombreuses vies humaines tant sudistes que nordistes, lors des batailles de Wilderness, de Spotsylvania et de Cold Harbor n'empêchent pas Grant de continuer à avancer vers Richmond.

Après avoir traversé furtivement la James River, Grant mène ses troupes autour de Petersburg, un nœud ferroviaire vital pour Richmond et pour l'armée de Virginie du Nord de Lee, qui tente de desserrer l'étreinte sur la ville. Pour Grant, le siège de Petersburg constitue un changement de stratégie par rapport à la campagne Overland, durant laquelle la priorité était de défaire les armées de Lee directement sur le champ de bataille. Avec Petersburg, Grant choisit une cible stratégique et politique permettant d'immobiliser Lee et de l'assiéger aussi longtemps que nécessaire, ou bien de l'attirer dans un combat décisif à découvert.

Le siège de Petersburg dure de juin 1864 à mars 1865 marqué par de multiples désertions dans une armée confédérée disparate, découragée, affamée et en infériorité numérique. Durant treize mois, les forces de l'Union tentent de prendre d'assaut la ville de Petersburg dont la défense a été confiée au général P.G.T. Beauregard. Inquiet également de la progression des troupes nordistes dans la vallée de Shenandoah, qui menace les ravitaillements des troupes confédérées basées en Virginie, Lee envoie le corps d'armée du général Jubal A. Early pour repousser les forces de l'Union hors de la vallée et, si possible, menacer Washington, afin de contraindre Grant à réduire les forces armées nordistes encerclant Petersburg. Early débute ses opérations militaires avec réussite, passe Harpers Ferry, traverse le Potomac, et commence à s'avancer dans le Maryland. Pour le contrer, Grant déploie alors le Corps d'armée d'Horatio G. Wright et d'autres troupes annexes. Après quelques victoires, Early doit battre en retraite en Virginie où il est constamment sous la pression des troupes nordistes. Il réussit à mettre en déroute un corps d'armée nordiste qui cherchait à rejoindre Grant et à investir de nouveau la Pennsylvanie où il brûle la ville de Chambersburg (Pennsylvanie), en représailles des destructions commises par l'armée nordiste dans la vallée de Shenandoah.

Grant charge alors Philip Sheridan, commandant la cavalerie de l'armée du Potomac, du commandement de la totalité des forces armées de l'Union dans la région, réunies pour l'occasion sous l'appellation d'armée de la Shenandoah. De son côté, Robert Lee envoie des troupes confédérées pour renforcer l'armée d'Early mais celles-ci sont attaquées par surprise par une division de cavalerie de l'Union. Après plusieurs batailles, profitant de la dispersion des forces d'Early, Sheridan attaque près de Winchester (Virginie). Early doit de nouveau se retirer et rejoindre des positions défensives sur Fisher's Hill où il est de nouveau attaqué par Sheridan et obligé de se retirer sur Waynesboro (Virginie). L'armée d'Early étant affaiblie et contenue, la vallée de la Shenandoah s'ouvre donc aux troupes de l'Union où Sheridan mène une campagne de terre brûlée, préfigurant la marche de Sherman vers la mer en . L'objectif est d'empêcher la Confédération de ravitailler ses armées en Virginie, et l'armée de Sheridan exécute cette consigne sans pitié, brûlant récoltes, granges, moulins et usines. En octobre, à la bataille de Cedar Creek, Early met en déroute les deux tiers de l'armée de l'Union, mais ses troupes, affamées et épuisées, brisent les rangs pour aller piller le camp de l'Union. Sheridan réussit alors à rallier ses troupes et inflige à Early une défaite décisive avant de faire route pour rejoindre Grant au siège de Petersburg.

Général en chef des armées confédérées

Le général Lee en septembre 1866, montant son fameux cheval Traveller (1857-1871) sur lequel il se rendit à Appomatox signer la capitulation de l'armée de Virginie du Nord.

Le , Robert Lee est nommé général en chef de toutes les armées confédérées. À court de main-d'œuvre, la question de l'armement des esclaves est devenue une question primordiale pour les troupes confédérées. En dépit de l'hostilité des civils, Lee obtient finalement que des esclaves soient enrôlés dans l'armée confédérée. En contrepartie de ce service, les esclaves-soldats et leurs familles seraient émancipés.

Le reliquat de l'armée d'Early est définitivement battu lors de la bataille de Waynesboro, le . Une nouvelle défaite sudiste intervient encore lors de la bataille de Fort Stedman, le , portant un coup dévastateur pour l'armée de Lee, préfigurant la chute de Petersburg les 2 et 3 avril. Les troupes nordistes lancent un assaut final sur les tranchées de la ville. En dépit d'une défense héroïque des confédérés, Lee est obligé, sous la pression yankee, de retirer ses forces de Petersburg puis de Richmond, la capitale sudiste, désormais sans défense, abandonnée et incendiée. Il prend la direction de l'ouest afin d'essayer de rejoindre les unités commandées par le général Joseph E. Johnston en Caroline du Nord. Encerclé de nouveau, conscient de l'impossibilité de renverser le cours des événements, Lee résiste à l'appel de certains de ses officiers de mener une guérilla dans les montagnes. Il décide de capituler à Appomattox (Virginie) le .

Après la guerre

L'une des dernières photos du général Lee.

Au moment de décider de capituler, Lee déclare à ses officiers qu'il se réjouit que l'esclavage soit aboli et que le Sud ne pourrait que mieux s'en porter[8]. Sa plantation d'Arlington a néanmoins été saisie par les troupes nordistes et ses terres transformées en cimetière militaire (cimetière national d'Arlington)[note 2].

Robert Lee ne tarda pas à renouveler son serment d'allégeance aux États-Unis d'Amérique et à faire une demande d'amnistie. Cependant, les documents attestant de la demande de renouvellement de son serment d'allégeance et de sa demande de pardon furent égarés par le secrétariat de William H. Seward et ne furent retrouvés qu'en 1970[9].

Serment d'allégeance signé par le général Lee en 1865.
Gisant du général Lee dans l'enceinte de la chapelle où il repose à Lexington.

Du jusqu'à sa mort, Robert Lee est président du Washington College (devenu Washington and Lee University) à Lexington. Sous sa présidence, la petite faculté devient une institution scolaire renommée et prestigieuse.

Après la guerre, Lee apporta son soutien au programme de reconstruction du Sud proposé par le président Andrew Johnson, centré sur une restauration rapide des gouvernements et administrations des anciens États confédérés. Il s'opposa cependant à l'octroi immédiat du droit de vote aux anciens esclaves au motif qu'ils n'étaient pas assez éduqués pour voter intelligemment et seraient ainsi la proie des candidats démagogues[10]. En 1867, il s'opposa au programme des républicains radicaux qu'il estima incompatible avec toute politique de réconciliation nationale entre le Nord et le Sud. En 1868, Lee et 31 autres anciens confédérés signèrent un manifeste de soutien à Horatio Seymour, candidat démocrate à l'élection présidentielle américaine de 1868, opposé au républicain et ancien général nordiste, Ulysses S. Grant. Le manifeste exprimait une approche paternaliste des relations sociales entre Blancs et Noirs dans les anciens États confédérés, niant toute hostilité de la part des premiers envers les seconds[11]. Il demandait également la restauration du pouvoir de l'ancienne classe politique blanche au motif que les Noirs n'avaient pas encore les qualifications nécessaires pour être dépositaires du pouvoir politique[12].

Partisan de la réconciliation, Lee s'oppose à toute violence contre les anciens esclaves ou contre les autorités fédérales. En tant que président d'université, il fait ainsi expulser plusieurs étudiants blancs coupables de violences envers des Noirs[13]. En 1869-70, il tente sans succès de faire construire des établissements publics scolaires pour les Noirs[14].

En 1870, Lee participa à une réunion d'anciens confédérés au cours de laquelle il exprima des regrets pour la capitulation d'Appomattox en invoquant la politique républicaine de reconstruction menée dans le Sud dans les années qui suivirent[15].

Lee devint le grand héros du Sud en même temps que sa popularité grandissait dans le Nord.

Victime d'un accident vasculaire cérébral en septembre 1870, il meurt d'une pneumonie le .

Vie familiale

Le , Robert Lee épouse Mary Anna Randolph Custis (1808-1873), arrière-petite-fille de Martha Washington et de son premier mari Daniel Parke Custis, et arrière belle petite-fille de George Washington. Le mariage a lieu à Arlington, dans la propriété des parents de Martha Washington. Le couple aura sept enfants, trois garçons et quatre filles :

  1. George Washington Custis Lee (1832-1913), général dans l'armée confédérée et aide de camp du président Jefferson Davis. Célibataire et sans postérité officielle ;
  2. Mary Custis Lee (1835-1918), célibataire et sans postérité ;
  3. William Henry Fitzhugh Lee (1837-1891), général dans l'armée confédérée (cavalerie) ; marié deux fois, 4 enfants dont 2 survivront jusqu'à l'âge adulte, et postérité ;
  4. Anne Carter Lee (1839-1862), célibataire et sans postérité ;
  5. Eleanor Agnes Lee (1841-1873), célibataire et sans postérité ;
  6. Robert Edward Lee Jr (1843-1914), capitaine dans l'armée confédérée (artillerie) ; marié deux fois ; deux enfants et postérité ;
  7. Mildred Childe Lee (1846-1905), célibataire et sans postérité.

Tous ses enfants seront enterrés avec lui dans la crypte familiale (Lee Chapel) située à Lexington à l'Université de Washington et Lee.

Réhabilitation post mortem du général Lee par le gouvernement fédéral

Ce n'est qu'en 1888 que le général Lee recouvre, à titre posthume, l'ensemble de ses droits civiques (droit de vote) qui lui avaient été retirés en tant qu'ancien soldat confédéré.

En juin 1975, à l'initiative d'une campagne menée par le sénateur Harry F. Byrd (en), une résolution posthume, adoptée à l'unanimité par les sénateurs et par la quasi-unanimité des membres de la Chambre des représentants[note 3], restaura Robert Lee dans l'ensemble de ses droits, dont sa citoyenneté américaine. Le président Gerald Ford signa la résolution en au cours d'une cérémonie officielle devant le portique de la maison du général Lee à Arlington en présence d'une douzaine de ses descendants dont Robert E. Lee V, son arrière-arrière-petit-fils[16]. Une procédure similaire de réhabilitation sera également ratifiée sous Jimmy Carter en faveur de Jefferson Davis, l'ancien président confédéré.

Hommages et postérité

Inauguration de la statue équestre de Robert E. Lee le à Richmond (Virginie).

La popularité de Lee dans le Sud des États-Unis ne s'est jamais démentie et n'a fait que s'accroître depuis sa mort, pour atteindre le Nord. Les qualités de stratège militaire de Lee ont souvent été mises en avant par les historiens militaires mais aussi ses qualités propres comme son sens du devoir. Il a pu bénéficier à son avantage de la comparaison avec le général Ulysses Grant, connu pour son penchant pour la bouteille et dont le mandat à la présidence des États-Unis (1869-1877) fut marqué par la corruption et une politique radicale de revanche envers les anciens États confédérés (période connue sous le nom de reconstruction).

Lee est notamment surnommé « l'homme de marbre » par ses plus farouches partisans. En 1874, Benjamin Harvey Hill (en), un homme politique de Géorgie, futur représentant et sénateur au Congrès des États-Unis, prononça l'éloge de Robert Lee devant la Southern Historical Society à Atlanta en ces termes : Robert Lee était « un ennemi sans haine, un ami sans trahison, un soldat sans cruauté, un vainqueur sans oppression, et une victime sans murmure. Il était un officier public sans vices, un citoyen sans mal, un voisin sans reproche, un chrétien sans hypocrisie, et un homme sans ruse. Il était un César sans son ambition, un Frédéric[17] sans sa tyrannie ; un Napoléon sans son égoïsme et un George Washington sans sa récompense »[note 4],[18],[19].

Lieux de mémoires, monuments et statues

De nombreux monuments sont érigés à la mémoire de Robert E. Lee dans le Sud, et parfois dans le Nord. Au début du XXIe siècle, ils deviennent un enjeu de luttes entre défenseurs de l'égalité des droits, qui militent pour leur démantèlement, et ceux qui s'y opposent, que ce soit sur des positions suprémacistes, par nostalgie du Sud ancien ou simplement parce qu'ils sont des témoignages de l'Histoire[20]. Ces débats sont relancés en 2020 dans le cadre du mouvement Black Lives Matter[21] : dans le cadre de ce mouvement, la statue équestre du général Lee du sculpteur français Antonin Mercié, inaugurée en 1890 sur Monument Avenue (Richmond, Virginie), est déboulonnée le 8 septembre 2021[22].

Lieux géographiques

Écoles et universités

Plusieurs écoles, collèges, universités portent le nom de Robert Lee dont

Filmographie

  • 1922 : In the Days of Buffalo Bill de Edward Laemmle avec Lafayette McKee ;
  • 1990 : Valley of the Shadow of Death (1864) de Ken Burns avec George Black ;
  • 2007 : Sherman's March de Rick King ;
  • 2020 : Grant de Malcolm Venville avec Brian Heydenrych.

Chanson

Opéra

2007 : Appomattox en prologue, deux actes et épilogue composé par Philip Glass.

Autres

La poule du Général Lee

Lee, qui chevaucha le même cheval durant une grande partie de la guerre (Traveller), fut également accompagné d'une poule pendant près de deux ans. Ainsi début 1862, une poule de variété black hen s'échappa d'une cargaison et alla se réfugier dans la tente du général qui décida de l'épargner. Baptisée Nellie, elle suivit Lee dans les bagages partout où il se rendait. En 1864, durant la disette précédant la bataille de la Wilderness, la poule a été sacrifiée par le serviteur de Lee pour la lui servir[24],[25],[26],[27].

Notes et références

Notes

  1. Il est de la même promotion que les futurs généraux James Barnes, Benjamin William Brice, Catharinus Putnam Buckingham, Thomas Alfred Davies, William Hoffman, Lewis C. Hunt, Ormsby MacNight Mitchell, Thomas H. Neill et Albert Gallatin Blanchard, Theophilus Hunter Holmes, Joseph Eggleston Johnston. Les huit premiers ont combattu dans les rangs de l'Union et les trois derniers dans ceux de la Confédération.
  2. Sur décision de la cour suprême des États-Unis, arguant que les anciens propriétaires avaient été expropriés sans être indemnisés, la maison d'Arlington sera rendu à Custis Lee en 1882.
  3. 407 voix en faveur de la résolution contre 10 voix hostiles.
  4. « He was a foe without hate, a friend without treachery, a soldier without cruelty, and a victim without murmuring. He was a public officer without vices, a private citizen without wrong, a neighbor without reproach, a Christian without hypocrisy, and a man without guile. He was a Caesar without his ambition, Frederick without his tyranny, Napoleon without his selfishness, and Washington, without his reward ».

Références

  1. (en) Grace McLean Moses, The Welsh Lineage of John Lewis (1592-1657), Emigrant to Gloucester, Virginia, Baltimore, MD, USA: Genealogical Publishing Co., 2002.
  2. Portrait de Lee dans The Civil War, film documentaire de Ken Burns, épisode 6 La vallée de l'ombre de la mort (1864).
  3. (en) « The Education of a Cadet », université de Chicago.
  4. (en) Douglas S. Freeman (1934), « R. E. Lee, A Biography, Charles Scribner's Sons », p. 381.
  5. (en) Douglas S. Freeman (1934), « R. E. Lee, A Biography, Charles Scribner's Sons », p. 476.
  6. (en) Glenn David Brasher, « The Myth of Robert E. Lee And The "Good" Slave Owner », The Daily Beast, (lire en ligne, consulté le ).
  7. « John Brown », medarus.org (consulté le ).
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Voir aussi

Bibliographie

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  • Michael Fellman, The Making of Robert E. Lee, New York: Random House, 2000 (ISBN 0-679-45650-3).
  • Brian Holden Reid, Robert E. Lee: Icon for a Nation, Londres: Weidenfeld & Nicolson, 2005.
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  • Douglas Southall Freeman, Unpublished Letters of General Robert E. Lee, C.S.A., to Jefferson Davis and the War Department of the Confederate States of America, 1862-65, 1957.
  • Douglas Southall Freeman, R. E. Lee: A Biography (quatre volumes), Éditions Scribner, 1934-1935 (ASIN B000KVGLUC).
Freeman a reçu le prix Pulitzer de la biographie ou de l'autobiographie pour cet ouvrage. Une version abrégée en un volume existe également (ISBN 978-0684829531).
  • Dominique Venner, Le blanc soleil des vaincus, l'épopée sudiste et la guerre de Sécession, Éditions de la Table ronde, 1975, 300 p., refondu et réédité aux éditions du Rocher, 1995.
  • Richard G. Williams, Les pensées et maximes de Robert E. Lee pour les jeunes générations, (traduction Renaud Joseph), Les Éditions Romaines, 2013.
  • Vincent Bernard, Robert E. Lee, la légende sudiste, Perrin, 2014, 450 pages.
  • Alain Sanders, Robert E. Lee, coll. Qui suis-je ?, Pardès, 2015, 128 pages (ISBN 978-2-86714-491-2).

Article connexe

  • Robert E. Lee Day (en)

Liens externes

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