Porto-Novo

Porto-Novo est la capitale du Bénin, située dans le sud du pays, près de la côte Atlantique. Elle est la ville par excellence des ethnies Goun et Yoruba et de la minorité ethnique tori. En langue goun-gbe, Porto-Novo est appelé généralement Hogbonou et Adjatchè par les Yorubas.

Pour les articles homonymes, voir Portonovo et Porto Novo (Cap-Vert).

Porto-Novo

Vue de Porto Novo
Administration
Pays Bénin
Département Ouémé
Maire
Mandat
Charlemagne Yankoti
2020 -
Démographie
Gentilé Porto-Novien
Population 264 320 hab. (2013[1])
Densité 2 403 hab./km2
Géographie
Coordonnées 6° 29′ 50″ nord, 2° 36′ 18″ est
Altitude 38 m
Superficie 11 000 ha = 110 km2
Divers
Langue(s) Français, goun, yoruba, fon, bariba (baatɔnum)...
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Bénin
Porto-Novo
Géolocalisation sur la carte : Bénin
Porto-Novo
Liens
Site web Site officiel de Porto Novo

    Géographie

    Topographie

    Porto-Novo est située dans le sud du Bénin, à 13 kilomètres de l'Océan Atlantique, dont elle est séparée par une lagune[2]. Son altitude est d'environ 245 mètres et elle couvre 52 km2[3].

    Elle se trouve à 30 kilomètres de Cotonou à l'ouest, la capitale économique, et 12 kilomètres de la frontière nigériane à l'est. Les communes limitrophes sont Akpro-Missérété, Avrankou et Adjarra au Nord, Sèmè-Kpodji au Sud, Adjarra à l'Est et Aguégués à l'Ouest.

    Climat

    La ville connaît un climat tropical humide particulier appelé climat sous-équatorial, avec quatre saisons, deux sèches (de novembre à mi-mars et de mi-juillet à mi-septembre) et deux humides (mi-mars à mi-juillet et mi-septembre à mi-novembre). L'humidité est importante (75 %), les températures varient entre 21,9 °C et 32,8 °C, la pluviométrie est en moyenne de 1 200 mm par an[3]. L'harmattan souffle de décembre à janvier un vent froid et sec.

    Géographie administrative

    La municipalité de Porto-Novo est divisée en cinq arrondissements : Houèzoumè, Attakê, Djassin, Houinmè et Ouando. Ces arrondissements sont subdivisés en quartiers[4].

    Toponymie

    Nommée « Hogbonou » par les Adjas, et « Adjatchê » par les Yorubas, en 1730, le Portugais Eucaristo de Campos nomme la ville Porto-Novo (« Nouvelle-Porto ») à cause de sa ressemblance avec la ville de Porto, nom gardé par les explorateurs puis les colonisateurs européens[5].

    Histoire

    Carte de F. Schrader de 1894.

    Un mythe rapporté par la tradition orale veut que la ville ait été fondée par trois chasseurs yoruba venus du Nigeria[5]. Cette tradition est difficile à relier à des faits historiques établis. Les historiens s'accordent à dire que la ville de Porto-Novo a été fondée dans le courant du XVIe siècle par des princes Adja d'Allada dans une zone peuplée de pêcheurs tofinnu sur les rives du lac Nokoué[6]. Après la prise d'Allada par le royaume d'Abomey en 1724, un nouveau royaume se reconstitue autour de Porto-Novo sous le nom de « Hogbonu » ou « Xogbonu » (xɔgbonu en ayizo-gbe)[7].

    Aux XVIIIe et XIXe siècles, la ville connaît un grand essor commercial grâce à sa proximité avec l'océan atlantique sur lequel elle ouvre un port de plus en plus prospère. Elle est utilisée comme débouché par le royaume d'Oyo. En 1730, le Portugais Eucaristo de Campos nomme la ville « Porto-Novo » (Nouveau Porto) à cause de sa ressemblance avec la ville de Porto[8]. Les relations avec le Portugal et l'Europe sont nombreuses à cause de la traite négrière qui enrichit considérablement la cité. À la fin du XIXe siècle, la ville compte environ 15 000 habitants et une forte densité[7].

    En 1863, le roi Sodji signe un traité de protectorat avec les Français. Un second protectorat plus contraignant est conclu le par le roi Toffa 1er, marque la présence de l’installation de l’administration coloniale française. Le , les Français créent la colonie du Dahomey, Porto-Novo en devient la capitale, marquant ainsi la fin de l'indépendance de la cité[9],[7].

    Liste des rois

    La statue du Roi Toffa 1er à Porto-novo
    Liste des souverains
    Noms Règne
    Hufon 1794 - 1807
    Ajohan 1807 - 1816
    Tofa I 1816 - 1818
    Hweze 1818 - 1828
    Toyon 1828 - 1836
    Meyi 1836 - 8 sept. 1848
    Soji 8 sept. 1848 - 3 févr. 1864
    Mikpon 11 févr. 1864 -
    Mesi II -
    Tofa II 16 sept. 1874 - 7 févr. 1908
    Chefs supérieurs
    Gbedisin Tof 10 févr. 1908 - 22 oct. 1913
    Huji 1913 - 1929
    Toli 1929 - 1930
    Gbehinto 1930 - 1940
    Gbeso Toyi 1941 - 194.
    Alohinto Gbeffa 194. - 16 juil. 1976[10]
    Kpotozoumè Dèh Hakpon III - 7 février 2020[11]

    Démographie

    La ville de Porto-Novo dans ses limites administratives comptait 223 552 habitants lors du dernier recensement en 2002. Sa densité est de 1 985 hab./km2. Les moins de 19 ans représentent plus de la moitié de sa population[12]. En 2010, il y avait 314 500 habitants.

    Porto-Novo, tout comme le Bénin dans son ensemble, est caractérisée par une grande diversité ethnique. Les Gouns forment à seuls près 80 % de la population, le reste se partageant entre les Yorubas Adjas, Toffins, Minas, Sèto, Tori, Baribas, Dendis, Yoms, Lokpas, Batammariba et Peuls[13]. Il faut reconnaître que pour la plupart des Gouns du Bénin et du Nigeria, cette ville est souvent appelée la « Ville-Mère », celle de leur civilisation moderne même si nous ne pouvons pas oublier certaines origines d'Allada[réf. nécessaire].

    Une partie des habitants à un nom de famille d'origine portugaise, héritage de la colonisation portugaise. Cette population est difficile à estimer, car de nombreux habitants de la région, au cours de l'histoire se sont installés dans d'autres régions et villes du Bénin, comme aussi en d'autres régions des côtes du golfe de Guinée (dont au Nigeria). Les habitants descendants de ce groupe ne sont pas forcément des descendants de métis africains et portugais, mais ils sont surtout les descendants d'Africains convertis au christianisme par les Portugais, et ils sont le plus souvent catholiques. Porto-Novo est l'un des rares lieux du Golfe de Guinée (quoique exception exemples: San Pedro en Côte d'Ivoire ou bien dans les ex colonies portugaises)dans la région qui ont conservé leurs noms portugais.

    Certaines ethnies sont plus spécialisées dans certaines activités économiques, les Gouns dans le transport ou l'agriculture le commerce, les Yorubas dans le commerce[13].

    Pratiques religieuses

    Parmi les lieux de culte, il y a principalement des églises et des temples chrétiens : Diocèse de Porto-Novo (Église catholique), Église Protestante Méthodiste du Bénin (Conseil méthodiste mondial), Église du christianisme céleste, Église Baptiste du Bénin (Alliance baptiste mondiale), Living Faith Church Worldwide, Redeemed Christian Church of God, Assemblées de Dieu [14]. Il y a aussi des mosquées, telles que la Grande Mosquée de Porto-Novo.

    Culture

    Aujourd'hui, la ville essaie de reconstituer son passé grâce à ses trois musées, à savoir le musée ethnographique Alexandre Sènou Adande[15], le musée Honmè[16] et le musée da Silva des arts et de la culture afro-brésilienne[17].

    Porto-Novo abrite la Bibliothèque nationale du Bénin[18].

    Patrimoine urbain

    Influence architecturale.

    Porto-Novo est une des capitales au patrimoine le mieux préservé[9]. L'architecture y présente un style original avec des influences portugaise et française (notamment le palais des gouverneurs de Porto-Novo). Les arbres sacrés sont aussi un élément important de ce patrimoine.

    Économie et transports

    La région autour de Porto-Novo produit de l'huile de palme, du coton et du Ceiba pentandra. La ville se reconnaît également par le marché Ouando , l'un des grands marchés du pays et de l'Afrique de l'Ouest.

    Ancien pont reliant Cotonou à Porto Novo.

    Sport

    Porto-Novo est doté d'un stade d'une capacité de 15 000 places, le stade Charles-de-Gaulle[19].

    L'Institut national de la jeunesse de l'éducation physique et du sport est basé à Porto-Novo.

    Personnalités nées à Porto-Novo

    Jumelage

    Notes et références

    1. « RGPH4 : que retenir des effectifs de population en 2013 ? », sur Institut national de la statistique et de l’analyse économique (INSAE), (consulté le ).
    2. Emma-Christiane Leite, « Dynamique des écosystèmes aquatiques au Bénin : le cas du complexe lac Nokoué-lagune de Porto-Novo », in Koffi Atta, Tanga Pierre Zoungrana et al., Logiques paysannes et espaces agraires en Afrique, Karthala, 2010, p. 273-290 (ISBN 9782811103699).
    3. Gandonou 2006, p. 8.
    4. Gandonou 2006, p. 11.
    5. Gandonou 2006, p. 10.
    6. Britannica, Porto-Novo, britannica.com, USA, consulté le 4 août 2019
    7. Yves Person, « Chronologie du royaume gun de Hogbonu », Cahiers d'études africaines, vol. 15, no 58, , p. 217-238 (DOI 10.3406/cea.1975.2594, lire en ligne).
    8. Mathurin C. Houngnikpo, Samuel Decalo, Historical Dictionary of Benin, Rowman & Littlefield, USA, 2013, p. 297
    9. Elikia M'Bokolo, « Porto Novo : patrimoine et développement », RFI, (lire en ligne).
    10. « Benin traditional polities », sur www.rulers.org (consulté le )
    11. « Décès du roi Kpotozounmè Dèh Hakpon III de Porto-Novo », sur Banouto (consulté le )
    12. L'atlas Sociologique Mondial, « Bénin », sur Atlasocio.com, (consulté le ).
    13. Gandonou 2006, p. 17.
    14. J. Gordon Melton, Martin Baumann, ‘‘Religions of the World: A Comprehensive Encyclopedia of Beliefs and Practices’’, ABC-CLIO, USA, 2010, p. 338
    15. Colette Gounou, « Le Musée ethnographique Alexandre-Sènou-Adandé », in Hélène Joubert et Christophe Vital, Dieux, rois et peuples du Bénin : arts anciens du littoral aux savanes, Paris, 2008, p. 147-149 (ISBN 978-2-7572-0185-5).
    16. Urbain H. Hdonou, « Le musée Honmè de Porto-Novo », in Dieux, rois et peuples du Bénin, op. cit., p. 144-146.
    17. Calixte da Silva, « Le musée da Silva des Arts et de la Culture afro-brésilienne de Porto-Novo », in Dieux, rois et peuples du Bénin, op. cit., p. 150-151.
    18. Marcel Lajeunesse, Les Bibliothèques nationales de la francophonie, Paris, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, , 174 p. (présentation en ligne), p. 13-16
    19. « Stade Charles de Gaulle, Porto-Novo (Bénin) données », mondefootball.fr

    Voir aussi

    Bibliographie

    • J. Geay, Origine, formation et histoire du royaume de Porto-Novo, dans Bulletin du Comité d'études historiques et scientifiques de l'Afrique occidentale française, 1924, p. 619-634 (lire en ligne)
    • Basile Marius Gandonou, Monographie de la ville de Porto-Novo, Afrique Conseil, , 67 p. (lire en ligne)
    • Adolphe Kindélé et Cyrille Aguessy, Contribution à l'étude de l'histoire de l'ancien royaume de Porto-Novo (préface de Théodore Monod), Institut d'Afrique noire, Dakar, 1953, 168 p.
    • Paule Brasseur-Marion et Gérard Brasseur, Porto-Novo et sa palmeraie, Institut français d'Afrique noire, Dakar, 1953, 132 p.
    • Moussiliou Mamadou, Islam à Porto-Novo : Des origines à 1930, Université Paris 1, 1980 (mémoire de maîtrise d'Histoire)
    • Christine Mengin et Alain Godonou (dir.), Porto-Novo : patrimoine et développement, Éditions de la Sorbonne / École du patrimoine africain, 2013, 137 p. (ISBN 978-2-85944-757-1), [lire en ligne]
    • Benoit N'Bessa, Porto-Novo et Cotonou (Bénin) : origine et évolution d'un doublet urbain, Université Bordeaux 3, 1997, 456 p. (thèse d'État de Géographie)
    • Marie-Josée Pineau-Jamous, « Porto-Novo : royauté, localité et parenté », Cahiers d'études africaines, 1986, no 104, vol. 26, cahier 4
    • Alain Sinou et Bachir Oloudé, Porto-Novo, ville d'Afrique noire, Orstom, Paris; Parenthèses, Marseille, 1989, 175 p. (ISBN 2-86364-051-8), [lire en ligne]
    • B. Volkoff et P. Willaime, Carte pédologique de reconnaissance de la République populaire du Bénin à 1/200.000. Feuille de Porto-Novo, ORSTOM, Paris, 1976, 47 p. [lire en ligne]

    Filmographie

    • Porto Novo : ballet de cour des femmes du roi, film de Gilbert Rouget (avec des images filmées par Jean Rouch en 1969), CNRS audiovisuel, Meudon, 1996, 30 min (VHS)

    Articles connexes

    Liens externes

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