Pierre Cambronne
Pierre Cambronne, né et mort à Nantes[1],[2] (-), est un officier général français, vicomte et général de division du Premier Empire.
Pour les articles homonymes, voir Cambronne.
Pierre Cambronne | ||
Nom de naissance | Pierre Jacques Étienne Cambronne | |
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Naissance | Nantes (province de Bretagne) |
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Décès | (à 71 ans) Nantes (Loire-Atlantique) |
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Origine | Royaume de France | |
Allégeance | République française Empire français Principauté de l'île d'Elbe Empire français (Cent-Jours) Royaume de France |
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Arme | Infanterie | |
Grade | Général de division | |
Années de service | 1792 – 1822 | |
Conflits | Guerres de la Révolution Guerres napoléoniennes |
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Faits d'armes | Expédition de Quiberon Bataille de Zurich Bataille d'Iéna Campagne de Russie Bataille de Waterloo |
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Distinctions | Vicomte Grand officier de la Légion d'honneur Comte de l'Empire Chevalier de Saint-Louis |
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Hommages | Nom gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile, 8e colonne. | |
Biographie
Son père, Pierre Charles Cambronne (1738-1784), épouse Françoise-Adélaïde Druon, fille de Charles Druon, licencié ès lois, conseiller du roi, de Noyon.
Son grand-père, Louis-Marie Cambronne (né en 1710), conseiller du roi, épouse Marie-Antoinette (Anne) Reneuf. Son arrière-grand-père, Jean-Louis Cambronne, courtier de toiles, épouse Marie-Anne Blondel à Saint-Quentin. Son arrière-arrière-grand-père, Nicolas Cambronne (1644-1723) épouse Marie-Madeleine Botté[3].
Carrière militaire
Destiné au commerce, il s'enrôle en , dans la compagnie de grenadiers du 1er bataillon de volontaires nantais[4],[5], engagé en Vendée avant de partir pour Saint-Domingue. Il sert ensuite sous les ordres de Dumouriez en Belgique. Durant la deuxième chouannerie, il participe à la bataille de Quiberon. D'une bravoure remarquable, il parvient rapidement au grade de capitaine. La Vendée pacifiée, il s'embarque pour l'expédition d'Irlande sous les ordres de Hoche en 1796.
Il passe ensuite à l'armée des Alpes sous les ordres de Masséna, où il se fait remarquer à la tête d'une compagnie de grenadiers à la bataille de Zurich en 1799. Il passe ensuite à l'armée d'Helvétie, où il enlève une batterie russe avec une poignée d'hommes. Il voit périr à ses côtés La Tour d'Auvergne, et refuse le titre de premier grenadier de France que ses soldats voulaient lui donner.
L'Empire
Colonel à Iéna, il est nommé major commandant du 3e régiment de voltigeurs de la Garde impériale en 1810 et il est créé baron de l'Empire la même année, puis il participe pendant deux ans à la Campagne d'Espagne.
Il rejoint la Grande Armée pendant la campagne de Russie. Il y commande le 3e régiment de voltigeurs et participe aux batailles de Bautzen, Dresde, et de Leipzig, avant d'être nommé général de brigade à la Bataille de Hanau.
Les Cent-Jours et Waterloo
Nommé major de la Garde impériale en 1814, il prend part à toutes les opérations de la campagne de 1814, il est blessé plusieurs fois.
Fidèle parmi les fidèles à l'Empereur, il est commandant militaire (dirigeant la garde impériale et la place de Porto-Ferraio) de l'île d'Elbe en 1814-1815. Il accompagne Napoléon Ier en 1815, lors de son retour sur le continent, et commande l'avant-garde de sa petite armée.
Il neutralise la forteresse de Sisteron le et le seul pont sur la Durance. Arrivé à Paris, il est nommé comte de l'Empire par décret du , mais qui ne sera pas confirmé par lettres patentes. Il est également compris dans la liste des pairs des Cent-Jours le .
La légende
Selon une légende très populaire, commandant le dernier carré de la Vieille Garde à Waterloo, sommé de se rendre par le général britannique Colville, Cambronne aurait répondu[6] :
« La garde meurt mais ne se rend pas ! »
Puis, devant l'insistance du Britannique, il aurait eu une réponse aussi énergique que concise, aujourd'hui connue comme le « mot de Cambronne », qu'il nia cependant tout le reste de sa vie avoir prononcé[7],[8],
« Merde ! »
Sa détermination provoqua l'admiration des Britanniques, qui firent tout pour le capturer[9]. Grièvement blessé, il est en effet fait prisonnier après le massacre des derniers carrés.
Plus tard, Cambronne, niera la phrase qui lui a été attribuée : « Je n'ai pas pu dire « La Garde meurt mais ne se rend pas », puisque je ne suis pas mort et que je me suis rendu »[10].
Il semble que la fameuse phrase soit née sous la plume d'un journaliste, Michel-Nicolas Balisson de Rougemont, qui, dès le , la publia dans un article du Journal général de la France[11]. La paternité de cette réponse, devenue honorable, fut également disputée et valut même un procès aux descendants de Cambronne, par ceux du général Michel. Le Conseil d'État ne trancha pas. Le témoignage d'Antoine Deleau semble sujet à caution, car paru après la première édition des Misérables, où Victor Hugo attribue ces paroles à Cambronne. Soigné par Mary Osburn, une infirmière d'origine écossaise, durant sa captivité, Cambronne l'épousa, et lui aurait alors juré ne pas être l'auteur de cette réplique — ce qui lui aurait valu de recevoir une montre en cadeau[réf. souhaitée] .
Impact culturel
Cette grossièreté héroïque a inspiré une pièce à Sacha Guitry : Le Mot de Cambronne. Comme elle est en vers et que le mot en question ne possède qu'une seule rime (« perde », conjugaison du verbe « perdre »), l'oreille du spectateur est évidemment aux aguets.
Victor Hugo, lui, a écrit : « Cambronne à Waterloo a enterré le premier empire dans un mot où est né le second », et dans Les Misérables : « Dire ce mot, et mourir ensuite. Quoi de plus grand ! car c'est mourir que de le vouloir, et ce n’est pas la faute de cet homme, si, mitraillé, il a survécu. (…) L'homme qui a gagné la bataille de Waterloo, c'est Cambronne. Foudroyer d’un tel mot le tonnerre qui vous tue, c’est vaincre. »
Dans Du côté de chez Swann, Marcel Proust fait Charles Swann et la princesse de Laumes se moquer du nom de la marquise de Cambremer :
« Enfin ces Cambremer ont un nom bien étonnant. Il finit juste à temps, mais il finit mal ! dit-elle en riant.
– Il ne commence pas mieux, répondit Swann.
– En effet cette double abréviation !…
– C'est quelqu'un de très en colère et de très convenable, qui n'a pas osé aller jusqu'au bout du premier mot.
– Mais puisqu'il ne devait pas pouvoir s'empêcher de commencer le second, il aurait mieux fait d'achever le premier pour en finir une bonne fois. »
On trouve aussi une allusion dans L'Aiglon d'Edmond Rostand. Au cours d'un bal à la Cour de Vienne, deux invités évoquent la Cour de Napoléon Bonaparte :
« Un paillasse, avec le plus aristocratique dégoût
Et cette cour qu'en un clin d'œil il fagota !
- Tiburce
Quand on y parlait titre, étiquette, Gotha,
Mon cher, pour vous répondre, il n'y avait personne !
- Flambeau (doucement)
Il n'y avait donc pas le général Cambronne ? »
Que le mot soit authentique ou non, le nom du général y est maintenant indissociablement attaché, à ce point qu'il est devenu un euphémisme (« Oh, et puis Cambronne à la fin ! ») et l'on trouve parfois le verbe cambronniser.
Et comme le mot est censé porter chance à celui à qui on le dit, Tristan Bernard a eu cette constatation désabusée :
« Cambronne, on y pense avec peine,
Ne se montra pas bien français :
Crier aux ennemis le mot qui porte veine,
C'était fatalement assurer leur succès. »
Jacques Prévert cite dans son recueil Choses et Autres un épisode du Tragique destin de Nicolas II et de sa famille de Pierre Gilliard :
« À la cour de Russie
Une omission de ma part me valut un des moments les plus désagréables de ma carrière pédagogique ; mais grâce à la présence d'esprit de l'empereur, tout se termina mieux que je n'aurais pu le craindre.
Olga Nicolaïevna lisait Les Misérables et était arrivée à la description de la bataille de Waterloo. Au début de la leçon, elle me remit, selon sa coutume, la liste des mots qu'elle n'avait pas compris. Quel ne fut pas mon effroi d'y voir en toutes lettres le mot qui fit la gloire du héros qui commandait la garde. J'étais sûr pourtant d'avoir pris toutes mes précautions... Je demande le livre pour vérifier mes annotations et je constate mon incroyable oubli. Pour éviter une explication délicate, je biffe le mot malencontreusement et rends la feuille à Olga Nicolaïevna qui s'écrit :
— Tiens! Vous avez biffé le mot que je suis allée demander hier à papa !
La foudre tombant à mes pieds ne m'eût pas donné de commotion plus violente.
— Comment, vous avez...
— Mais oui, et il m'a répondu, après m'avoir demandé comment je le savais, que c'était un terme très énergique qu'il ne fallait pas répéter, mais que dans la bouche de ce général c'était le plus beau mot de la langue française.
Quelques heures plus tard, à la promenade, je rencontrais l'empereur dans le parc ; il me prit à l'écart, et, du ton le plus sérieux, me dit :
— Monsieur, vous apprenez à mes filles un étrange vocabulaire...
Je m'embarrassais dans des explications confuses. Mais l'empereur, éclatant de rire, reprit :
— Allons, Monsieur, ne vous tourmentez pas, j'ai très bien compris ce qui s'était passé, et j'ai répondu à ma fille que c'était là un titre de gloire de l'armée française. »
Les rappeurs Shurik'N et Faf LaRage font une allusion directe à cet épisode par le titre et le refrain de la chanson La Garde meurt mais ne se rend pas (sur la compilation Chronique de Mars), toutefois sans référence au mot de Cambronne proprement dit.
Et selon Jean Yanne : « Cambronne ne mâchait pas ses mots. Heureusement pour lui. »
Dans la chanson de Mireille et Jean Nohain, Le Petit bureau de poste, figurent les deux vers suivants : Et la petite Yvonne / Vous dit le mot d' Cambronne.
Il a également inspiré le groupe de rock Kambrones qui voulait revendiquer, au début des années 1980, l'existence d'un rock français au milieu de la déferlante de rock anglo-saxon.
Dans l'album Le Schtroumpfissime, Peyo rend hommage à Cambronne tout en restant poli en utilisant un « Schtroumpf ! » comme réponse à une injonction de se rendre[12].
Fin de carrière
Conduit en Angleterre, il écrit à Louis XVIII pour obtenir la permission de rentrer en France. Il revient sans avoir reçu de réponse, est arrêté, conduit à Paris, traduit devant le conseil de guerre. Il est libéré pour pouvoir assister à son procès pour trahison (attaque de la France à main armée). Défendu par le royaliste Berryer, il est acquitté le . Cambronne retourne ensuite résider à Nantes au no 3, rue Jean-Jacques-Rousseau (où se trouve actuellement le Cercle Cambronne, dans un immeuble bâti en 1785)[13].
Sa résidence d'été se trouvait à Saint-Sébastien-sur-Loire[14], près de Nantes, d'abord dans la propriété familiale où enfant il passait ses vacances, puis dans le manoir de la Baugerie, propriété de Mary Osburn[15], qu'il épousa le [16].
En 1820, Louis XVIII le nomme commandant de la place de Lille avec le grade de maréchal de camp, puis le fait vicomte au mois d'. Cambronne prend alors sa retraite. Il est fait grand officier de la Légion d'honneur le , et en 1832, le préfet de Loire-Inférieure le nomme conseiller municipal de Saint-Sébastien — mais il démissionne immédiatement, alléguant des raisons de santé.
Il meurt dans la nuit du 28 au , à son domicile nantais de la rue Jean-Jacques-Rousseau, et est inhumé au cimetière Miséricorde[13]. Par une ordonnance du , le roi Louis-Philippe Ier autorise sa ville natale à élever une statue en son honneur. Le monument, inauguré le , est placé au centre du cours situé non loin de son ancien domicile et qui, depuis 1936, porte son nom. À Paris, une rue, une place, un square et une station de métro situés dans le 15e arrondissement portent son nom.
Il est représenté sur la frise Le départ des armées de l'Arc de triomphe de l'Étoile et son nom est inscrit sur le pilier Nord du même monument.
Blessures
Il est blessé :
- d'une balle à la cuisse à la bataille de Bar-sur-Aube le ;
- d'un éclat de mitraille à la cuisse, d'une balle au bras gauche, d'une autre balle au corps, et d'un coup au corps, à la bataille de Craonne le ;
- d'un éclat d'obus à la tête, d'un coup de sabre au bras droit, d'un coup de baïonnette à la main droite à la bataille de Waterloo.
Décorations
- Légion d'honneur :
- chevalier le ;
- officier le ;
- commandeur le ;
- grand officier le .
Armoiries
Image | Blasonnement |
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Armes du baron Cambronne et de l'Empire (décret du , lettres patentes du (Saint-Cloud)).
D'azur au lion en abîme, à l'orle de dix grenades d'argent, allumées du même au franc quartier des barons tirés de l'armée.[17],[18] |
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Armes du comte Cambronne et de l'Empire (décret du , (non confirmé par lettres patentes).
D'azur à un lion d'or, armé et lampassé de gueules, accompagné de dix grenades d'argent allumées de gueules disposées en orle ; au canton des Comtes Militaires de l'Empire brochant.[19],[20] |
Notes et références
- Le cours Cambronne retrouve la statue du Général, Nantes.fr
- « M… ! Cambronne a été enlevé », Nantes.maville.com, 12 juin 2008.
- Léon Brunschvicg, Cambronne; sa vie civile, politique et militaire, écrite d'après les documents inédits des Archives nationales et des Archives du Ministère de la guerre. Ouvrage orné de deux portraits et d'un dessin en trois couleurs, Nantes Vve Vier, (lire en ligne)
- Un peu d'histoire avec le Général Cambronne « Copie archivée » (version du 6 février 2015 sur l'Internet Archive)
- Louis Nicolas CAMBRONNE
- Note : cette phrase est généralement attribuée à Cambronne mais les historiens pensent plutôt qu'il s'agit d'une citation apocryphe.
- Le Journal général de France, édition du 24, la nouvelle étant parvenue à Paris le 21).
- « "Merde !" : ce que Cambronne doit à Victor Hugo », sur phrasitude.fr, (consulté le )
- Le colonel britannique Hugh Halkett (en), commandant de la 3e brigade hanovrienne et, à cet instant, à la tête du bataillon d'Osnabrück, affirme être l'auteur de cette capture alors que Cambronne « se promenait » en dehors du carré.
- Stephen Clarke, Comment les Français ont gagné Waterloo, Albin Michel, , 288 p. (ISBN 978-2-226-37543-8, présentation en ligne), p. 68, renvoie à Jean-Claude Carrière et Guy Bechtel, Dictionnaire des révélations historiques et contemporaines, Plon, , 317 p. (ISBN 978-2-259-18964-4) ; voir aussi, des mêmes auteurs, leur Dictionnaire de la bêtise de 1965.
- Jacques Logie, Waterloo : l'évitable défaite, Duculot, , p. 144
- Le petit livre bleu - analyse critique et politique de la société des Schtroumpfs (Livre numérique Google)
- « Page d'histoire du Cercle Cambronne Salon réception centre-ville Nantes location salle séminaire », sur www.cercle-cambronne.com (consulté le )
- Saint-Sébastien-sur-Loire : depuis 1920. Références sur Cambronne à Saint-Sébastien : Robert Durand, Didier Guyvarc'h, François Macé et alii : Du village à la cité-jardin Saint-Sébastien-sur-Loire depuis ses origines, Nantes, Editions Arts-Culture-Loisirs, 1986
- D'origine écossaise, née en 1773, naturalisée française en 1813
- Le général Cambronne sur le site de Saint-Sébastien-sur-Loire
- publication_d0e57249&qid=sdx_q0&fmt=tab&idtoc=BB_29_Test publication-pleadetoc&base=fa&n=1&ss=true&as=true&ai=second|standard| PLEADE (C.H.A.N. : Centre historique des Archives nationales (France)).
- Nicolas Roret, Nouveau manuel complet du blason ou code héraldique, archéologique et historique : avec un armorial de l'Empire, une généalogie de la dynastie impériale des Bonaparte jusqu'à nos jours, etc…, Encyclopédie Roret, , 340 p. (lire en ligne)
- Source : www.heraldique-europeenne.org
- Gildas Salaün, Revue Napoléon n° 18, Paris, éditions du quotidien, , "Le sceau de Cambronne"
Voir aussi
Bibliographie partielle
- Michel Damiens, Le Mot de Cambronne (brochure), Scribd, , 34 p. (lire en ligne [PDF])
- « Cambronne », dans Prosper Levot, Biographie bretonne, t. 1, Cauderan, (lire en ligne), p. 237-242
- « Cambronne », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, [détail de l’édition]
- Stéphane Calvet, Cambronne, la légende de Waterloo, Paris, Vendémiaire, 2016, 288 pages
Liens externes
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- Cote S.H.A.T., état de services, distinctions d'après Vincent Albouy, web.genealogie.free.fr : Les militaires
- Vicomte Révérend, Armorial du premier empire, tome 1, Honoré Champion, libraire, Paris, , p. 173.
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