Northern Dancer

Northern Dancer était un cheval de course pur-sang anglais issu du croisement de Neartic et Natalma. Né à Oshawa, Ontario (Canada) le au haras de Windfiels, il était la propriété de E.P. Taylor. Champion sur les pistes, il devint par la suite un étalon exceptionnel, communément considéré comme "l'étalon du siècle".

Northern Dancer

Père Nearctic
Mère Natalma
Père de mère Native Dancer
Sexe Mâle
Naissance 1961
Pays de naissance Canada
Mort 1990
Pays d'entraînement Canada
Éleveur Edward P. Taylor
Propriétaire Winfields Farm
Entraîneur Horatio Luro
Jockey Bill Hartack
Nombre de courses 18
Nombre de victoires 14
Gains en courses $ 580 806
Distinction Cheval de l'année au Canada (1964)
U.S. Hall of Fame (1976)
Principales victoires Kentucky Derby
Preakness Stakes

Carrière de courses

Northern Dancer passa aux ventes de yearlings mais ne put trouver preneur pour $ 25 000, le prix de réserve fixé par Edward P. Taylor, le plus célèbre éleveur du Canada, si bien qu'il resta à Winfields Farm. C'est sa taille, jugée trop petite, qui fit manquer aux éventuels acheteurs l'affaire du siècle[1]: s'il mesurait officiellement 157 cm au garrot, les témoignages laissent plutôt estimer une taille comprise entre 152 et 155 cm[2]. D'un tempérament jugé compliqué, il fut près d'être castré par son entraîneur Horatio Luro, mais Edward Taylor s'y opposa[3].

L'Argentin Horatio Luro, entraîneur particulier de Winfields Farm à cette époque, fit débuter Northern Dancer en août de ses 2 ans, sous la selle d'un certain Ron Turcotte (futur grand jockey, partenaire du grand Secretariat) encore apprenti. Le poulain montra aussitôt du talent, enchaînant les victoires, et se trouva naturellement favori des Coronation Futurity Stakes, la course la plus dotée pour les 2 ans canadiens. Il s'y imposa très facilement et termina sa saison par une victoire aux États-Unis, dans les Remsen Stakes, dans laquelle il se blessa au sabot. Après sept victoires en neuf sorties, Northern Dancer fut naturellement sacré meilleur 2 ans au Canada.

À 3 ans, le poulain reprit l'entraînement dès janvier après avoir guéri de sa blessure. Il fit sa rentrée en février dans une petite course préparatoire, terminant troisième après un parcours difficile, où son nouveau jockey Bobby Ussery fit usage de sa cravache, contre les ordres de Horatio Luro qui lui avait interdit et refusait par principe tout traitement dur avec les chevaux, déclarant : "Je crois en la patience avec les chevaux ; je refuse toute punition, en aucune circonstance"[4]. Ussery fut donc remplacé dès la sortie suivante du cheval par Bill Shoemaker, l'un des meilleurs jockeys américains. Ensemble, ils remportèrent facilement les Flamingo Stakes, préparatoire importante au Kentucky Derby, puis le Florida Derby. Bill Shoemaker choisit toutefois de laisser la monte de Northern Dancer pour le Kentucky Derby, lui préférant le Californien Hill Rise, invaincu et brillant lauréat du Santa Anita Derby. C'est donc avec un nouveau jockey, Bill Hartack, qui allait devenir son partenaire exclusif, que le poulain remporta une dernière préparatoire, les Blue Grass Stakes, puis se présenta au départ du Kentucky Derby dans la peau de l'outsider face au favori Hill Rise. L'explication entre les deux poulains fut spectaculaire, mais c'est bien Northern Dancer qui l'emporta, en un temps record, deux minutes exactement, record qui ne sera battu que par le grand Secretariat 1973[5], et demeure l'un des trois meilleurs chronos de l'histoire de cette course. Il devint aussi le premier cheval élevé au Canada à remporter le Kentucky Derby, et fit la une des médias dans son pays de naissance.

Malgré cette victoire, Northern Dancer s'élança avec le statut de deuxième favori derrière Hill Rise dans les Preakness Stakes deux semaines plus tard. Ce qui ne l'empêcha pas de s'imposer à nouveau, de deux longueurs et demi, Hill Rise finissant troisième. Les cinq premiers du Kentucky Derby avaient participé à la course, et la victoire de Northern Dancer prouvait bien qu'il était le meilleur poulain d'Amérique du Nord. La triple couronne s'offrait à lui. Restait à conquérir les Belmont Stakes, où "The Dancer" s'élança enfin dans la peau du favori face à sept adversaires. Mais il échoua dans sa quête, laissant partir Quadrangle et Roman Brother, deux poulains que Hartack et Shoemaker avaient semble-t-il sous-estimés. Northern Dancer termina troisième devant Hill Rise, mais la triple couronne s'était envolée. Malgré cette défaite, le cheval fut honoré à son retour au Canada, Horatio Luro reçut du maire de Toronto les clés de la ville, et seul le tempérament toujours un peu "chaud" du poulain empêcha une parade dans les rues de la ville d'avoir lieu[6].

Le , Northern Dancer retrouva la compétition à Woodbine dans le Queen's Plate, qu'il emporta aisément. Mais en juillet, il se blessa au tendon lors d'un entraînement à Belmont Park, à New York[7], et ne put jamais guérir. Ainsi s'acheva sa carrière sur les pistes, avec l'obtention d'un titre de meilleur 3 ans et cheval de l'année au Canada, meilleur 3 ans de l'année aux États-Unis, où l'increvable Kelso lui ravit le titre suprême de cheval de l'année. Il fut également élu athlète de l'année au Canada[1], une première pour un cheval.

Palmarès

  • Kentucky Derby
  • Preakness Stakes
  • Queen's Plate Stakes
  • Florida Derby
  • Flamingo Stakes
  • Blue Grass Stakes
  • Remsen Stakes
  • Carleton Stakes
  • Coronation Futurity
  • Summer Stakes
  • 2e Cup And Saucer Stakes
  • 2e Vandal Stakes
  • 3e Belmont Stakes

Tableau de bord

Au haras

Northern Dancer entra au haras à Winfields Farm en 1965, au tarif initial de $ 10 000 la saillie, et se révéla aussitôt être un étalon exceptionnel, sans aucun doute le plus important de la seconde moitié du XXe siècle[8] ,[9] : son sang coule dans les veines de plus de la moitié des chevaux de course de haut niveau, et en Europe, rares sont les chevaux classiques et les champions qui en sont exempts. Son omniprésence est telle que c'est désormais son absence dans le pedigree d'un étalon ou d'une poulinière qui peut être valorisée, dans la mesure où cela permet davantage de croisement sans risquer une consanguinité trop serrée (cf. article sur Native Dancer). Au début des années 70, le succès de Northern Dancer comme reproducteur incite son propriétaire à transférer son étalon dans le Maryland, aux États-Unis, dans une antenne de son haras[10].

Naturellement, son prix de saillie s'est vite et très sensiblement accru : $ 15 000 en 1969, $ 25 000 en 1971, $ 35 000 en 1975, $ 50 000 en 1978, $ 100 000 en 1980, $ 150 000 en 1981, $ 200 000 en 1982, $ 300 000 en 1983, $ 500 000 en 1984. Pour ses dernières années d'activité, entre 1985 et 1987, son tarif n'était plus rendu public, mais négocié en privé, autour du million de dollars[10],[11]. En 1981, alors qu'il avait 20 ans, soit un âge avancé pour un cheval, des Européens proposèrent de l'acquérir pour 40 millions de dollars, ce que Edward Taylor refusa[12]. Ses yearlings faisaient afficher des prix records. Trois des dix yearlings les plus chers de l'histoire sont ainsi des produits de Northern Dancer, les sept autres étant ses descendants directs. Ses produits furent top-price à douze reprises des ventes de Keeneland (les plus importantes ventes de yearlings aux États-Unis). En 1983, un certain Snaafi Dancer fut le premier yearling à franchir la barre de 10 millions de dollars[13]. L'année suivante, douze de ses produits furent vendus à Keeneland au prix moyen de 3,5 millions de dollars (l'équivalent de 8 millions de dollars d'aujourd'hui, en tenant compte de l'inflation)[14]. En tout, les 174 produits de Northern Dancer passés sur le ring à Keeneland ont totalisé quelque 160 millions de dollars d'enchères[15], occasionnant des batailles homériques entre les grandes puissances du galop mondial, les Irlandais de Coolmore et les grandes fortunes du Golfe[16].

Parmi les 510 de ses produits qui ont couru (sur 646 produits en 20 saisons de monte[10], un étalon à l'époque servait environ 40 juments par an, beaucoup moins que de nos jours, son petit-fils Danehill ayant produit par exemple 2 500 produits en 14 saisons), 411 remportèrent au moins une course, 147 d'entre eux furent "stakes winner" (vainqueur d'une course importante)[8], et 23 ont remporté un titre honorifique de cheval de l'année ou de meilleur produit de sa génération. L'influence exceptionnelle et universelle de Northern Dancer au haras s'explique moins par ses filles (même s'il fut Tête de liste des pères de mères en Amérique du Nord en 1991, et s'il est le grand-père maternelle du crack Arazi par exemple), que par le nombre de grands étalons qu'il a engendrés : plus de 280 de ses fils ont fait la monte, et parmi eux 29 ont engendré au moins un vainqueur classique - un score incomparable[10]. Depuis 1990, tous les étalons tête de liste en Angleterre sont ses fils ou ses petits fils. On estime qu'en 2013, environ 35 à 40 % des vainqueurs au niveau groupe aux États-Unis sont ses descendants en lignée mâle, une proportion qui s'élève à environ 60 % en Europe et en Australie[17]. Son meilleur continuateur, Sadler's Wells, est à son tour devenu un grand père d'étalons avec Galileo, Montjeu ou In The Wings. De même, Danzig a tracé via Danehill ou Green Desert. Nureyev (notamment grâce à sa fille Miesque), Lyphard, Storm Bird, Be My Guest, Night Shift, Fairy King, The Minstrel, Unfuwain et bien sûr le phénomène et grand reproducteur Nijinsky ont tous contribué à assurer son hégémonie au stud book. On pourrait ajouter les champions Shareef Dancer, Secreto, El Gran Señor ou la célèbre Fanfreluche.

Retiré de la monte en 1987, Northern Dancer est mort le . Il repose à Winfields Farms[10]. Sa statue grandeur nature en bronze accueille les visiteurs à l'entrée de l'hippodrome de Woodbine au Canada. En 1996, la poste canadienne édita un timbre à son effigie et une rue porte son nom dans la banlieue de Toronto.

La progéniture de Northern Dancer

Voici quelques-uns des meilleurs produits de Northern Dancer :

Notes et références

  1. « Northern Dancer | Canadian Horse Racing Hall of Fame » (consulté le )
  2. « Northern Dancer (horse) », sur American Classic Pedigrees (consulté le )
  3. « Northern Dancer's run: 2 minutes on the track, 50 years in Thoroughbred bloodlines », kentucky, (lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Alfred Wright, « The continental touche of señor Horatio Luro », SI.com, (lire en ligne, consulté le )
  5. (en) Ontario Sports Hall of Fame, « Northern Dancer », (consulté le )
  6. « Northern Dancer a Very Unlikely Hero | Canadian Horse Racing Hall of Fame », sur horseracinghalloffame.com (consulté le )
  7. (en) Whitney Tower, « Quadrangle splashes ahead », SI.com, (lire en ligne, consulté le )
  8. (en) John P. Sparkman, « A place in history », sur www.thoroughbredtimes.com (consulté le )
  9. (en) Joe DeVivo, « Delaware Park adds five to Wall of Fame », Daily Racing Form, (consulté le )
  10. « Les 50 ans de Northern Dancer (2e partie) : le panthéon et les millions », sur France Sire
  11. « Northern Dancer, The Super Stud For All Times - Horse Racing News | Paulick Report », sur www.paulickreport.com (consulté le )
  12. « Northern Dancer (horse) », sur American Classic Pedigrees (consulté le )
  13. L'acquéreur, Cheikh Mohammed, déchanta vite : le poulain allait s'avérer incapable de se produire en course, avant d'échouer pareillement au haras, où il se révéla infertile.
  14. « Keeneland November to feature Windfields Farm, Overbrook dispersals - Bloodstock Journal », sur www.brisnet.com (consulté le )
  15. (en) Robert Mcg Thomas Jr, « Northern Dancer, One of Racing's Great Sires, Is Dead », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  16. (en-GB) Nicholas Clee, « He's never run a race, so why pay $16m for him? », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  17. « Kentucky Derby: Northern Dancer's impact on horse racing unmatched | Toronto Star », sur thestar.com (consulté le )
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