Noël Vesper

Noël Vesper (1882-1944), dont le nom de naissance est Noël Nougat, est un pasteur protestant et écrivain français né le à Mérindol (Vaucluse) et mort fusillé le à la Libération.

Biographie

Enfance

Noël est né à Mérindol le , d’où son prénom. Il est issu d’une modeste famille vaudoise, ses parents, Théophile Nougat, coiffeur, et Augustine Serre son épouse, contribuèrent grandement à sa foi protestante. Noël est l’ainé de cinq enfants, tous nés dans le village de Mérindol.

En 1897, grâce à l’aide du pasteur Urbain de Robert, il entre au lycée et à l'école préparatoire de théologie de Tournon-sur-Rhône en Ardèche. Il suit les cours de cette école jusqu'en 1902. Joseph Parnin, alors proviseur du lycée, fut pour lui un maître incomparable et resta son ami jusqu’à sa mort en 1935. Il poursuit ses études de théologie à la Faculté de théologie protestante de Montauban de 1902 à 1906. Il soutient en 1905 une thèse de baccalauréat en théologie sur les Exercices spirituels d'Ignace de Loyola[1].

Ministère pastoral

En 1906, il est nommé pasteur de la paroisse de l'église réformée de Lourmarin et y reste jusqu'à sa mort en 1944. Il se marie en 1906 à Narbonne (Aude) avec Prisca, Anne, Charlotte De Robert-Labarthe née le . De cette union naît une fille, Lucienne Nougat qui voit le jour en 1907 à Frontignan (Hérault).

Durant la Première Guerre mondiale, il est mobilisé et réformé, mais il se porte volontaire dans l’Armée d’Orient de à . Il est brancardier dans un régiment d'infanterie et est envoyé en Grèce. C’est en 1917 qu’il rencontre pour la première fois Robert Laurent-Vibert et Georges Rémond, jeune professeur poète. C'est lors de son séjour dans l’armée d’Orient qu’il contracte le paludisme, maladie qui l'a contraint à moduler son énergie tout au long de sa vie.

La restauration du Château de Lourmarin

Après guerre, il se retrouva veuf en 1920, sa femme décédant de la grippe espagnole. La même année, lorsque Robert Laurent-Vibert découvre le château de Lourmarin et décide de lui redonner vie, il s'associe aussitôt avec Noël Vesper dans son œuvre de restauration matérielle et spirituelle. Cette entreprise attira de nombreux auteurs comme Henri Bosco que Noël Vesper rencontre en 1922, et qui développèrent une profonde et durable amitié. Les correspondances[2] entre les deux hommes de 1923 à 1941 seront un échange vivace des liens qui les unissaient, un même partage, une complicité, des opinions proches, la même vision d’un monde en perpétuel mutation, le même sentiment sur une guerre qui se profilait à l’horizon des années 1939[3].

En 1924, Noël Vesper épouse en deuxièmes noces à Marseille, Laure Joséphine Serre née le à La Roque-d’Anthéron (Bouches-du-Rhône), veuve de Paul Charles Perrottet[4], dont elle avait eu un fils qui décéda au combat en 1944. De leur union naît un fils en 1925 à Lourmarin, François Nougat décédé en 1998 à Toulon.

À la mort de son ami Robert Laurent-Vibert en 1925, à la suite d'un accident de voiture en revenant de Lyon, il prit la direction de la Fondation de Lourmarin Laurent-Vibert dont il était jusque-là secrétaire-trésorier. Noël Vesper était très proche des idées de Robert Laurent-Vibert, par l’orientation de sa pensée politique et il appartenait à ces protestants influencés par les idées d’Action française qui demeurèrent fidèles jusqu’au bout à Charles Maurras et sa doctrine.

Cofondateur des « Terrasses de Lourmarin » avec Robert Laurent-Vibert, il poursuit son œuvre, en accueillant des écrivains, penseurs, essayistes, philosophes, comme Louis Lafon, Pierre Hassan, Jules Bois, Louis Pize, Mathieu Varille et Jean Grenier avec lequel il se lie d'amitié et ils publient en commun un livre en 1930, Cum Apparueritit, Noël Vesper y incorporant des illustrations.

Tout en poursuivant son activité de pasteur sur les communes de Lourmarin, La Roque-d’Anthéron, Peypin-d’Aigues, Lauris et Pertuis, il publie à partir de 1930 un bulletin destiné à informer et à relier des paroissiens géographiquement très dispersés. Après quelques mois d'interruption en 1938-1939, les nouvelles locales paraissent désormais dans le cadre de « l'Union fraternelle de la presse protestante » sous le titre Les Vaudois du Luberon, le journal mensuel de l’église réformée évangélique de Lourmarin. Durant cette période prolifique en écriture et en relationnel, il se lie avec Roland Jeanneret, pasteur dans la région de Romans, son épouse étant une parente éloignée de Laure Nougat. Les deux hommes entretinrent une correspondance soutenue jusqu'à la fin de sa vie, des relations très fortes s'étant établies entre les deux familles[5].

L'Association Sully.

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Noël Vesper fut un des animateurs[6] de L'Association Sully[7] qui regroupa du milieu des années 1920 à la fin des années 1930 les protestants d'Extrême droite[8] proches de l’Action française qui demeurèrent fidèles jusqu’au bout à Charles Maurras[9] et sa doctrine. Il donnera au mensuel Sully[10], qui paraîtra de 1942 à 1944, un ton très collaborationniste sous l'occupation.

L’écrivain Jacques Poujol dit de lui que sa pensée oscillait entre monarchisme et antisémitisme[11],[12]. Les critiques théologiques contre la religion juive de Vesper n'ont rien à voir avec l'antisémitisme primaire. Il n'en est en rien racial et est uniquement religieux. Simplement, il souligne fermement en quoi la religion du Christ marque sa différence avec le Judaïsme [13]. Vesper ne fait que souligner les manquements du "peuple élu" envers les chrétiens, sur ses devoirs et ses droits de peuple élu choisi par Dieu, son égarement religieux entre le "vrai Israël" et "l'Israël charnel de Marmmon". Dans la plupart des écrits de Noël Vesper, concernant le " peuple élu" il ne fait que rappeler théologiquement son chemin à travers les siècles, ses dérives qui l'ont amené à se dissocier des fondements religieux pour lequel il fut choisi (l'épisode du veau d'or et l'adoration des idoles).

Dans le Bulletin Sully, reparu à partir d', Noël Vesper entama une parution suivie des " lettres aux juifs" (10 lettres), qui furent considérées à l'époque antisémite. Mais à leur lecture, aujourd'hui, il est observé une critique théologique de la religion juive, Vesper parle de "péché juif" au même titre qu'il y aurait un « péché protestant, un péché chrétien, un péché français » [14].

À la suite d'épreuves de santé de plus en plus éprouvantes, Noël Vesper est mis à la retraite en , et est remplacé par un jeune suffragant, André Mercier, qui restera quelques années (1944/1945). Il poursuit néanmoins ses fonctions de pasteur en complément de celle de son remplaçant jusqu'à son décès en 1944.

Les circonstances de sa mort

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Noël Nougat et son épouse ont été fusillés à la Libération à Buoux, commune du Luberon[15]. Les circonstances exactes de cette exécution sont controversées. La chronologie des faits serait la suivante : le village de Lourmarin est libéré le [16] ; le , vers les 18 heures quelques "maquisards" se présentent au domicile des époux Nougat, ils demandent à Laure Nougat de les suivre, c'est elle qui est visée. Le pasteur Noël Nougat, dit Vesper, demande à accompagner sa femme. Ils furent dirigés vers le site de la Roche d'Espeil, carrières situées à Buoux où se trouve un camp de FTP dirigé par le commandant "Raphaël", Alphonse Dumay de son véritable nom. L'ensemble du village fut mis au courant de cette arrestation, la foule scandait au pied de leur demeure : "c'est la fête au village". Cette phrase fut à l'origine d'après la rumeur populaire prononcée par Laure Nougat dans une boucherie du village[17].[réf. nécessaire]

Selon les uns, c'est un acte de représailles de la Résistance à la suite de la mort de patriotes torturés et fusillés par les allemands à Apt.[réf. nécessaire]. C'est la rumeur publique persistante qui a longtemps eu cours à Lourmarin.

Selon les autres, les recherches actuelles indiquent qu'il s’agit d’une exécution sommaire et sans jugement de 14 personnes (8 français et 6 allemands), accomplie sans l'approbation de la Résistance.[réf. nécessaire] Le fait que le maquis ait été communiste a pu constituer un contexte favorable à l'exécution hâtive de ce ménage pastoral réputé pour ses convictions d'extrême-droite.

Œuvres

  • Les exercices sprituels d'Ignace de Loyola, thèse faite en 1905.
  • Les louanges, prix Sully Prud'homme en 1910, inédit à ce jour
  • L'Anticipation à une morale du risque, essai sur la malléabilité, édition Perrin, 1914. C'est son œuvre maîtresse
  • Le sens et l'esprit de la terre, les Terrasses de Lourmarin, 1920
  • L'inquiétude démocratique, les Terrasses de Lourmarin 1922
  • L'intempérance théologique, les Terrasses de Lourmarin, 1922
  • L'impasse métaphysique, les Terrasses de Lourmarin, 1923
  • La barque des Saintes, Les Terrasses de Lourmarin, 1923
  • les poètes, les Terrasses de Lourmarin, conjointement avec Henri Bosco, 1925
  • Les protestants devant la patrie, Littéraire de France, 1925
  • Christianisme ou Démocratie, conférence, Ordre et tradition, 1927
  • Les Protestants - La Patrie - L'église : confession d'un huguenot de France à l'orée du XXe siècle, éd. Librairie académique Perrin, Paris, 1928
  • Perspectives, Politiques, Poètes et Philosophes, Édition Victor et Attinger, 1929
  • Protestantisme ou Démocratie, Les éditions protestantes, 1929
  • Pour Virgile, les terrasses de Lourmarin, 1929
  • La psychologie de l'absolu, vol XX, les terrasses de Lourmarin, 1930
  • Invention de l'Europe, vol. XXVII, éd. Les Terrasses de Lourmarin, 1932
  • Figures de la voie sacrée, Éditions librairie de France, 1932
  • Légimité de la réforme, édition revue Église et Eturgie, 1934
  • Le coup de dé, les Terrasses de Lourmarin, 1941

Œuvres non publiées

Les manuscrits cités existent, ils sont détenus pour la plupart par la famille

  • Les nations seront jugées (1927), objet de plusieurs articles de publication dans la presse
  • Orphée chez les bêtes (1928), essai et roman
  • L'antéchrist, (1940)
  • Poèmes pour la patrie (1936-1938), éditeur choisi Crès, mais pas de publication
  • L'ostie et le calice, pièce de théâtre en 3 actes (1935-1938)

Articles connexes

Royalisme protestant en France au XXe siècle

Notes et références

  1. Cette thèse est l'unique ouvrage qu'il a publié sous son vrai nom.
  2. Henri Bosco, Lettres à Noël Vesper : 1923-1941, éd. Terrasses de Lourmarin, 1986
  3. Contrairement à la légende locale, Henri Bosco n'a jamais participé à la restauration du château de Lourmarin, c'est son ami Noël Vesper qui lui trouva le bastidon à proximité du château.
  4. Robert Laurent-Vibert était l'un de ses témoins de mariage
  5. Le pasteur Jeanneret sera un lecteur attentif des écrits de Vesper dans le bulletin « Sully » et de ses ouvrages, il n’hésitera pas à exprimer parfois publiquement son désaccord sur certains articles parus dans les années 1943/1944.
  6. Musée virtuel du protestantisme français, Les protestants et le régime de Vichy
  7. Laurent Avezou, Sully à travers l'histoire: les avatars d'un mythe politique, vol.58 de Mémoires et documents de l'École des chartes, p. 464, éd.Librairie Droz, 2001, (ISBN 2900791391)
  8. Église réformée de France, La tentation de l'extrême droite, p. 1992, éd. Olivetan, 2000, (ISBN 2902916728)
  9. (en)Steven. C. Hause, Protetantismin The Columbia History of Twentieth-century French Thought European perspectives, p. 316, éd. Columbia University Press, 2007, (ISBN 9780231107907)
  10. Michel Leymarie, Jacques Prévotat, L'Action française, p. 175, éd. Presses Univ. Septentrion, 2008 (ISBN 978-2-7574-0043-2) (notice BnF no FRBNF41241573)
  11. Frank Lestringant, Stefan Zweig contre Calvin (1936), Revue de l'Histoire et des religions, p. 71-94, repère 3, éd.Armand Colin, 2006
  12. Jacques Poujol, Protestants dans la France en guerre: 1939-1945. Dictionnaire thématique et biographique, Éditions de Paris, 2000, [présentation en ligne], p. 252
  13. L'épuration et les poétes, Léon Arnoux, édition de Chiré, 2013, page 87
  14. Bulletin Sully de décembre 1942, deuxième lettre aux juifs
  15. Philippe Buton, Jean-Marie Guillon, Les Pouvoirs en France à la Libération , p. 118, éd. Belin, 1994, (ISBN 2701116090).
  16. plaquette officielle de Raoul Dautry, rétrospective, 1991.
  17. lettre de Madame Serre, retraçant les circonstances de l'arrestation

Liens externes

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