Moteur V8
Un moteur V8 est un moteur à combustion interne comportant huit cylindres disposés en deux rangées de quatre cylindres placées en forme de « V » au-dessus du vilebrequin.
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Historique
Inventé au début du XXe siècle, ce type de moteur rencontre le succès aux États-Unis dès 1915 quand la marque Cadillac le produit en série pour ses modèles de luxe, et surtout à partir de 1932 quand Ford le propose à un prix réduit grâce à sa production en très grande série.
Le moteur V8 et la France
Le premier moteur à 8 cylindres en V est réalisé par Clément Ader qui l'installe sur un châssis qu'il engage dans la course Paris-Madrid de 1903. En 1905, Alexandre Darracq présente une voiture à moteur V8 de 24 ch. Enfin, c'est De Dion-Bouton qui présente un modèle V8, le De Dion-Bouton V8, en 1907[1] qui est fabriqué en petite série à partir de 1910 ; il s'agit d'un moteur de 6,1 L de cylindrée qui est par la suite réalésé à 7 L, 7,8 L et même 14,7 L.
Dans les années 1930, Citroën développe un V8 dérivé des moteurs de Traction 11 CV. Ce moteur devait être monté dans une version luxueuse de la Traction, la 22 CV, modèle mythique qui ne vit jamais le jour. Mais le climat économique de l'époque et le rachat de Citroën par Michelin conduit à l'abandon du projet, remplacé par la « 15/6 ». Selon Bernard Citroën, le fils de André Citroën, tous les prototypes 22 CV ont été soit détruits, soit pour ceux montés sur caisse de base 11 CV non modifiée, remis au standard 11 CV et revendues en « occasion ».
Chenard et Walcker, marque française concurrente de Citroën, commercialise à la même époque un V8, monté dans le modèle Aigle 8, vaisseau amiral de la marque. Ce moteur fait 3,5 L de cylindrée et développe 90 ch DIN. La diffusion de ce V8 français est très limitée, et il est vite remplacé par un V8 Ford de 3,6 L comparable mais moins coûteux.
Ce V8 Ford est bien entendu monté sur les modèles (baptisés Alsace) construits par la filiale française de la marque qui les diffuse entre 1934 et 1939 sous la marque Matford, association entre Ford et le constructeur alsacien Mathis. Une version réduite (2,2 L) de ce V8 est largement diffusée sur le marché français, elle est également adoptée par la filiale britannique du constructeur. En 1947, Ford-SAF (Société anonyme française) relance sa production à Poissy avec le modèle Vedette à moteur V8 de 2,3 L. En 1954, Ford cède sa filiale française à Simca qui poursuit la fabrication de la nouvelle Vedette et de ses diverses variantes Chambord, Versailles, Trianon, Régence, Marly, Beaulieu et Présidence jusqu'en 1961. Au cours des années 1950, ce fameux moteur équipe également divers camions Ford qui sont également continués par Simca, dont les célèbres camions tactiques Simca et Marmon qui équipent l'armée française jusqu'à la fin des années 1980.
De 1954 à 1964, Jean Daninos équipe ses luxueuses et sportives Facel-Véga de gros moteurs V8 Chrysler américains de 4,5 L, 5,6 L, 6,3 L et 6,8 L. Entre 1972 et 1974, l'industriel Jean Tastevin tente l'aventure avec la prestigieuse mais confidentielle (moins de vingt exemplaires) Monica, également motorisée par un V8 Chrysler de 5,6 L.
Dans les années 1970, Peugeot, Renault et Volvo (PRV) souhaitent produire un V8 ainsi qu'un V6 commun pour leurs voitures respectives. Mais la crise pétrolière de 1973 les contraint à abandonner le projet V8 pour ne construire que le V6 PRV.
Depuis les Facel Vega, aucun grand constructeur français n'a équipé ses véhicules destinés aux particuliers de moteur ayant plus de six cylindres, à l'exception du W16 de la Bugatti Veyron 16.4 qui s'appuie sur une technologie allemande, Bugatti appartenant au groupe Volkswagen. Toutefois, en compétition automobile, les constructeurs français ont montré qu'ils étaient capables de concevoir des moteurs V8, V10 et V12 (Matra) performants. Renault a par exemple montré qu'il était possible de battre Ferrari, Mercedes ou BMW avec ses V8 et ses V10 (voir le palmarès de Renault F1 Team).
Avantages
Le V8 procure trois avantages : il n'est pas plus long qu'un moteur à quatre cylindres en ligne, et il permet d'assurer des régimes sans vibrations car équipé d'un vilebrequin aussi petit que celui d'un 4-cylindres. De par sa régularité cyclique, il offre un couple important dès les bas régimes (ce qui facilite le démarrage et les reprises d'une voiture lourde).
Grâce à un prix du carburant très faible, car très peu taxé, les constructeurs américains s'en sont servis pour motoriser des voitures toujours plus grandes et plus lourdes, équipées de nombreux accessoires électriques nécessitant une puissance importante que seul un gros moteur V8 peut procurer à bon compte tout en conservant un régime de rotation peu élevé, gage de longévité et bruit réduit.
Les constructeurs de voitures de sport ont également rapidement adopté ce type de moteur puissant tout en étant compact.
Les chocs pétroliers des années 1970 ont failli faire disparaître ce type de moteur. Les ingénieurs ont su trouver des solutions modulaires pour en limiter la consommation (grâce à l'électronique qui a permis, entre autres, de concevoir des moteurs à cylindrée modulable dont deux ou quatre cylindres sont déconnectés automatiquement en fonction de la charge, une technique qui n'a trouvé d'application usuelle que depuis 2005 avec la série de moteurs HEMI sur la Chrysler 300C ou la Jeep Grand Cherokee, ou encore depuis 2011, avec l'Audi S8).
Technique
Les moteurs V8 peuvent être classés en deux catégories :
- Les moteurs de grosse cylindrée (plus de 6 L) : ils offrent un maximum de couple à bas régime. Ils sont appréciés par les constructeurs américains et australiens ou par les constructeurs de voitures de luxe britanniques, allemands, tchèques, russes et japonais. Les Américains, pendant la grande époque des muscle cars, appelaient ces moteurs des « big blocks », et leur cylindrée pouvait varier entre 380 in3[2] (environ 6,2 L) et des valeurs importantes comme 427 in3 (7 L), voire 500 in3 (8,2 L, sur la Cadillac Fleetwood de 1973) ;
- Les moteurs de cylindrée moindre (de 1,5 à 6 L) : ils offrent une puissance élevée tout en restant compacts. Bien que beaucoup de constructeurs américains en aient produit, ils sont plus appréciés par les constructeurs de voitures de sport allemands, italiens et japonais. La Chevrolet Camaro SS-350 de 1975, par exemple, était motorisée par un small block de 5,7 L de cylindrée (350 in3). Leur plus faible cylindrée leur permet de monter plus haut en régime et d'avoir un comportement plus sportif. Sauf exception des constructeurs américains, ils utilisent souvent un vilebrequin plat qui corrige l'irrégularité à l'allumage des V8 traditionnels et produit un meilleur rendement.
L'angle d'ouverture standard d'un moteur V8 est de 90°. Il existe des moteurs à 60°[3] ou 72°[4].
Exemples
- V8 Climax (Formule 1 - années 1960)
- V8 Northstar de General Motors
- V8 Ford Cosworth (3 L F1 1967-2003)
- V8 Touareg de Volkswagen
- V8 de Formule 1 : 2,4 L de cylindrée de 2006 à 2013
- V8 Supercars, compétition de voitures de tourisme en Océanie
- V8 Matford
- V8 Ford SAF[5]
- V8 LS3, LS7, L99 et LSA, communs à beaucoup de véhicules de General Motors (Corvette, Chevrolet Camaro, Cadillac Escalade, Cadillac CTS-V, GMC Yukon, etc.)
- V8 small-block Chevrolet, produit de 1955 à 1998, avec des cylindrées allant de 265 à 400 in3.
Il est aussi fait usage du système d'économie d'énergie et donc d'une sélection électronique du nombre de cylindres actifs sur le moteur Chevrolet type LS 99, dérivé du moteur LS3, moteur LS 99 utilisé uniquement sur le modèle équipé de la boite de vitesses automatique de la Chevrolet Camaro 5e génération sortie à partir de 2010, avec moteur V8 de 6 162 cm3.
Notes et références
- Patrick Fridenson, « Une industrie nouvelle : l'automobile en France jusqu'en 1914 », Revue d’histoire moderne et contemporaine, t. 19, no 4, octobre-décembre 1972, p. 570, [lire en ligne].
- Notation anglaise : 380 ci.
- Fiche technique du Volvo XC90 V8 (Yamaha) - 4rouesmotrices.com
- (en) The Penske-Mercedes PC23-500I - forix.autosport.com
- Ford Poissy
Annexes
Articles connexes
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