Mort Shuman

Mortimer Shuman, dit « Mort Shuman », né le à Brooklyn et mort le à Londres, est un compositeur, chanteur, parolier et acteur américain, d'expressions anglaise et française.

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Biographie

Né à Brooklyn le [2], de parents juifs polonais amateurs de musique et d'art, il passe son enfance à Brighton Beach et étudie au New York Conservatory (en)[3],[4]. Il commence des études de philosophie mais y renonce pour une carrière musicale[5]. Acteur, mais surtout compositeur, il commence à écrire des chansons à 18 ans[3]. Très jeune, lors de ses études, il se passionne pour la langue française qui deviendra sa troisième langue, après le yiddish et l'anglais. Il fréquente les clubs de rythm-and-blues à Harlem avec son ami et mentor, l'auteur-compositeur Doc Pomus, rencontré quand il avait 16 ans[3].

De 1958 à 1965, Mort Shuman fait équipe avec Doc Pomus : le premier compose sur son piano les musiques et le second écrit les paroles[6] pour des chansons destinées à des artistes pop-rock, et qui sont des succès. Une série de rencontres les conduisent en 1957 vers l'éditeur de musique (en) Hill and Range Songs qui travaillait déjà avec Elvis Presley[7] qui enregistrera par la suite une vingaine de chansons écrites par Mort Shuman[8] . Le tandem parolier-compositeur devient célèbre et reconnu, écrivant notamment A Teenager in Love pour le groupe Dion and the Belmonts en 1959, Sweets for My Sweet pour le groupe The Drifters en 1961 - chanté en français par Frank Alamo sous le titre Biche oh ma biche - ainsi que A Mess Of Blues, Viva Las Vegas, (Marie's the Name) His Latest Flame et Suspicion pour Elvis Presley - adaptée en français par Pierre Saka sous le titre Obsession, pour les Chats Sauvages, en 1964. Installés au Brill Building sur Broadway, ils composent ensemble plus de 500 chansons[6] qui se vendent à plus de 30 millions d'exemplaires[5].

Malgré ce succès, Mort Shuman quitte New York au milieu des années 60 pour voyager. S'arrêtant un temps à Londres, en 1965, il y écrit une série de succès pour des artistes britanniques de renommée, dont Little Children pour Billy J. Kramer, She La La La La Lee pour les Small Faces et Here I Go Again pour The Hollies[5].

En 1966, il se rend en France où il collabore avec la parolière Vline Buggy[9]. Dans les années 1960, il devient une référence écrivant et/ou collaborant entre autres, aux titres My Baby et Get It While You Can pour l'album Pearl de Janis Joplin ; Andy Williams et The Small Faces. Il rencontre Jacques Brel et adapte en anglais 30 de ses chansons dont Amsterdam qu'interprètent Scott Walker en 1967 et David Bowie en 1973, aussi Quand on n'a que l'amour (If We Only Have Love) popularisée par Dionne Warwick[5].

Séduit par l'Europe, Mort Shuman s'installe à Paris ; sa comédie musicale Jacques Brel Is Alive and Well and Living in Paris est alors jouée à l'Olympia[10] et également dans les grandes villes des États-Unis, du Canada et ailleurs ; ce spectacle est devenu l'une des trois comédies musicales les plus anciennes de l'histoire en dehors de Broadway[5]. Eddy Mitchell, avec qui il se lie très vite d'amitié, est l'un des tout premiers, si ce n'est le premier (dès 1962 avec Les Chaussettes noires) à adapter et chanter Shuman[11]. En 1964 et 1965 notamment, ils écrivent plusieurs chansons ensemble.

En tant qu'interprète, les chansons de Mort Shuman sont souvent des succès. Dans les années 1970, il enchaîne en particulier Papa-Tango-Charly, Sorrow, Imagine et surtout Brooklyn by the sea et Le Lac Majeur, dont les textes sont écrits par Étienne Roda-Gil, jusque-là parolier attitré de Julien Clerc[12]. Son attachée de presse est Tony Krantz[4].

Mort Shuman continue la composition, écrivant notamment quelques titres pour Eddy Mitchell, Michel Sardou et Johnny Hallyday. Très affecté par la disparition de Jacques Brel en , il ralentit sa production musicale mais surtout, il renonce définitivement à la scène et s'installe à Londres en 1982. Il revient épisodiquement en France, surtout pour séjourner dans sa villa de Caudéran près de Bordeaux en Gironde. Après 1982, Mort Shuman n'apparaîtra plus dans les émissions de variétés françaises à la télévision, si ce n'est lors de l'émission de Michel Drucker Champs-Elysées diffusée sur Antenne 2 le pour y faire, avec les chanteuses Modesty et Nicoletta, la promotion de sa comédie musicale sur Paris, intitulée Ma ville.

Après 1979 et l'obtention de six albums d'or, Mort Shuman, qui a pour agent Charley Marouani, sortira encore quatre albums, entre 1980 et 1991, mais ces derniers n'auront pas les succès de ceux des années 1970, avec aucun tube en particulier.

En 1991, il continue encore d'écrire, notamment la partition d'une autre comédie musicale intitulée Save the Last Dance for Me (à partir de son tube de 1976 avec Doc Pomus) qui devait être lancée à Londres[5]. Il enregistre en duo avec Eddy Mitchell Vraiment bien ; diffusé en 45 tours, ce titre est le dernier enregistré par Mort Shuman. Peu de temps avant sa mort, le label Atlantic Records sort son premier album avec Shuman, Distant Drum[8].

Mort

Il subit une opération du foie au printemps 1991 et meurt quelques mois plus tard, le , dans un hôpital de Londres des suites d'un cancer du foie à l'âge de 52 ans, laissant son épouse Maria-Pia Vezia et leurs trois filles, Barbara, Maria-Pia et Eva-Maria.

Il est dans un premier temps, le , enterré dans le cimetière juif de Golders Green à Barnet, dans la banlieue de Londres. Ses amis venus de France, Richard White, Tony Krantz, Nicole Savourat, Monique Le Marcis de RTL, le producteur Gérard Baqué, Philippe Lavil, Johnny Hallyday et Eddy Mitchell[4] sont parmi les quelques connaissances présentes lors de l’enterrement. Hallyday dépose sur sa tombe une cassette audio avec l'enregistrement de Dans un an ou un jour, sa dernière composition qu'il n'a pu écouter, la maladie l'ayant emporté avant la sortie de l'album Ça ne change pas un homme[13]. Quelques années plus tard, le cercueil de la dépouille de Mort Shuman est transféré en France dans un caveau (vraisemblablement celui de sa belle-famille Linx-Labarrère) dans le cimetère des Pins-Francs à Caudéran (Gironde)[14].

Vie privée

Le , Mort Shuman épouse Élisabeth Moreau, avec qui il a composé des chansons (La Lampe, My Name Is Mortimer, Comme avant, Le Nègre blanc) à Villiers-Saint-Benoît en Bourgogne. Il épouse Maria-Pia Vezia en secondes noces.

Discographie

Albums studio

Comédies musicales

Bandes originales de films

45 tours (hors albums studio)

  • 1959 : Turn Me Loose / I'm A Man
  • 1966 : Cry A Little / She Ain't Nothing But A Little Child
  • 1975 : La Splendeur de Rome / La Muselière
  • 1976 : Sorrow (en anglais) / Botany Bay (en français)
  • 1979 : Money Honey / Instrumental
  • 1980 : Machines / La Drôle de folie (que je vis)
  • 1981 : Lovely Days / Medley instrumental
  • 1982 : Nuit blanche / Cet ami-là
  • 1991 : Vraiment bien (chanté en duo avec Eddy Mitchell) / Vraiment bien (chanté en solo)
  • Il existe également trois 45 tours interprétés en allemand : Tage wie aus Porzellan (Un été de porcelaine) / Gestern (Sorrow) / Lago Maggiore im Schnee (Le Lac Majeur) ; un en anglais : Amsterdam/Mathilde (de Jacques Brel) ; et un en espagnol : Cuando me amas mas (Slave).
  • Le coffret Mes 50 ans de chansons de Jacques Canetti (Les Productions Jacques Canetti – BEC577237 - 2008) contient un inédit chanté par Mort Shuman : Je suis heureux, texte de Norge mis en musique par Philippe-Gérard.

Interprètes

Shuman a été interprété par plus de 200 artistes, dont Bon Jovi, Bruce Springsteen, Dalida, David Bowie, Eddy Mitchell, Elvis Presley, Janis Joplin, Johnny Hallyday, Lou Reed, Marvin Gaye, Paul Anka, Robert Plant, Ry Cooder et ZZ Top.

Filmographie

Comme acteur

Comme musicien

Distinctions

Notes et références

  1. « De New York à Londres, Paris et Caudéran : le parcours incroyable du musicien Mort Shuman », Le Bordeaux Invisible, (lire en ligne, consulté le )
  2. Les sources indiquent parfois une date de naissance le 12 novembre 1936 ou 1937, mais la pierre tombale de Mort Shuman indique qu'il est bien né le 12 novembre 1938[1]
  3. (en) « Mort Shuman Dies, 52 ; Devotee of Jacques Brel », sur The New York Times, (consulté le )
  4. Gérard Baqué, « Mort Shuman », sur www.mortshuman.com (consulté le )
  5. « Songwriters Hall of Fame - Mort Shuman Biography », sur web.archive.org, (consulté le )
  6. (en) The New York Times Guide to Essential Knowledge : A Desk Reference for the curious mind, St Martin's Press, , 1368 p. (ISBN 978-0-312-64302-7, lire en ligne), p. 163.
  7. (en) « New York - London - Paris - Caudéran: the life of the legendary songwriter and singer Mort Shuman », sur Invisible Bordeaux (consulté le )
  8. « Mort Shuman », sur mortshuman.com (consulté le )
  9. Daniel Ichbiah, 50 ans de chansons françaises, , 174 p. (lire en ligne).
  10. (en) Graham Vickers, Pomus & Shuman : Hitmakers Together & Apart, Omnibus Press, , 280 p. (ISBN 978-1-78038-307-1, lire en ligne).
  11. Daniel Lesueur, 2004, p. 42
  12. (en) Bill Marshall et Cristina Johnston, France and the Americas : culture, politics, and history, a multidisciplinary encyclopedia, Volume 3, ABC-CLIO, , 444 p. (ISBN 978-1-85109-411-0, lire en ligne).
  13. Johnny Hallyday chante la dernière chanson de Mort Shuman / consulté le 17 avril 2015.
  14. « New York - London - Paris - Caudéran: the life of the legendary songwriter and singer Mort Shuman », sur Invisible Bordeaux (consulté le )

Annexes

Bibliographie

Liens externes

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