Norge (poète)

Norge, pseudonyme[1] de Georges Mogin, né le à Molenbeek-Saint-Jean (Bruxelles) et mort le à Mougins, est un poète belge francophone. Une plaque commémorative est apposée sur sa maison natale, rue Jennart 14.

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Norge
Nom de naissance Georges Mogin
Alias
Norge
Naissance
Molenbeek-Saint-Jean (Bruxelles), Belgique
Décès
Mougins, France
Activité principale
Distinctions

Prix littéraires :

  • Prix triennal de poésie de la Communauté française de Belgique (1958)
  • Aigle d'or de la poésie du Festival international du livre de Nice (1969)
  • Prix quinquennal de littérature de la Communauté française de Belgique (1970)
  • Prix littéraire Canada-Communauté française de Belgique (1971)
Auteur
Langue d’écriture français
Genres

Biographie

Georges Mogin naît au sein d'une famille bourgeoise. Son père, d'origine française est le descendant d'un protestant ayant fui la France après la révocation de l'édit de Nantes, sa mère est allemande, ce qui fait qu'il avait la double nationalité belge et allemande. Il fait ses études classiques au collège Saint-Michel puis à l'école allemande.

D'un premier mariage, avec Jeanne Laigle, en 1918, naîtra un fils, l'écrivain Jean Mogin qui sera l'époux de la poétesse Lucienne Desnoues. Pendant 34 ans, Georges Mogin sera représentant de commerce en textiles pour l'industrie familiale.

À 25 ans, en 1923, il publie son premier recueil (27 poèmes incertains) sous le pseudonyme de « Géo Norge », qu'il raccourcira bientôt en « Norge ». Il connaît une première période de publication intense jusqu'en 1936.

En compagnie de Raymond Rouleau, il fonde, en 1925, le théâtre du Groupe libre, un groupe avant-gardiste et éphémère qui mettra en scène Jean Cocteau, Karel Čapek, Max Deauville et, aussi, Tam-Tam, un poème scénique de Norge qui sera victime d'un tract et d'un chahut organisé par les surréalistes belges (Paul Nougé, Camille Goemans, E. L. T. Mesens)[2].

En 1931, Norge rencontre Pierre-Louis Flouquet et Edmond Vandercammen. Ensemble, ils fondent le Journal des poètes. Une quinzaine de poètes gravitent autour de ce journal, dont André Salmon. En 1937, il fonde les Cahiers blancs qui publieront notamment un hommage à Milosz. Il collabore à l’Anthologie des poèmes inédits de Belgique (1940).

En 1940, il épouse l'artiste peintre Denise Perrier-Berche. Après la guerre, Norge émigre en Provence et devient antiquaire à Saint-Paul-de-Vence en 1954. C'est alors que commence sa seconde période de production intense.

Son œuvre est pleinement reconnue à la fin des années 1950 : en 1958, Norge reçoit le prix triennal de poésie de la Communauté française de Belgique pour son recueil Les Oignons, en 1969 l'Aigle d'or de la poésie au premier festival international du livre à Nice, en 1970 le prix quinquennal de littérature de la Communauté française de Belgique, puis, en 1971, le premier prix littéraire belgo-canadien.

En 1983, c'est la Semaine Norge à la Maison de la Poésie à Paris, en 1984, le Grand prix de poésie de la SGDL et, en 1985, le prix de la Critique pour Les Coq-à-l'âne.

Norge meurt à Mougins, en 1990, précédé de quelques années par sa femme. Ils reposent au cimetière du Grand-Vallon de cette ville[3].

Poésie

Sa poésie revêt une grande diversité de formes (poèmes-récits longs, virelangues, micro-fables, vers réguliers, versets…)

Sous un habit trompeur, celui d'un langage simple, accessible, parfois enfantin, à l’humour omniprésent, la poésie de Norge a une réelle dimension métaphysique. Poète inclassable, ce grand « Stupéfait » d'exister ne cesse de s'étonner : comment peut-on être un humain ?

Sa poésie allie concret et métaphysique, sensualité et cruauté, vérité et incrédulité, fringales terrestres et soif d'infini. Passionné par la vie dans la diversité de ses formes, il traite aussi bien des étoiles que du lombric ou de la mouche.

Les Poèmes de Norge ont été chantés par Jeanne Moreau sur des musiques de Philippe-Gérard. Ils sont aujourd'hui chantés par Loïc Lantoine, Juliette.

Citations

« La fraise des bois

Aubin cueillait des fraises dans les bois. — Baste, une femme nue, dit-il tout d'un coup. C'est ici que ça pousse; je me demandais bien. Elle venait à lui, souriante et légère. Ils eurent beaucoup d'enfants et Aubin dut trimer comme un nègre. »

« Le nain

Ce qu'il y a de grand chez le nain, c'est son regard. D'ailleurs. le nain n'est pas petit, ça se voit, il est comprimé; il pourrait devenir très grand. Oui, mais son cœur est petit. Tu crois ? Et puis, pourquoi parler toujours de taille ? »

« L'ordre

Je mets beaucoup d'ordre dans mes idées. Ça ne va pas tout seul. Il y a des idées qui ne supportent pas l'ordre et qui préfèrent crever. À la fin, j'ai beaucoup d'ordre et presque plus d'idées. »

 (extraits de Les cerveaux brûlés, 1969)

Œuvres

L’ensemble de ses œuvres poétiques de 1923 à 1973 forme un épais volume[4] : Œuvres poétiques, 1923-1973, Paris, Seghers, 1978.

L'auteur a été publié chez Gallimard, Flammarion, Seghers, ainsi qu'aux Éditions du disque Vert, Éditions Sagesse, Éditions ça ira (Anvers), Labor, Saint-Germain-des-Prés, Jacques Antoine (éditeur), École des Loisirs…

Principaux ouvrages disponibles

Autres publications

  • La belle endormie, Paris, Éditions Sagesse, 1935
  • C'est un Pays, Paris, Éditions Sagesse, 1936
  • Le Sourire d'Icare, Anvers, Ça ira, 1937
  • Joie aux âmes, Bruxelles, Les Cahiers du Journal des Poètes, 1941
  • Les Râpes, 1949
  • Famines, 1950
  • Le Gros Gibier, 1953
  • La Langue verte, Paris, Gallimard, 1954
  • Les Oignons, Lyon, Henneuse, 1956
  • Les Quatre Vérités, Paris, Gallimard, 1962
  • Le Vin profond, Paris, Flammarion, 1968
  • Les Cerveaux brûlés, Paris, Flammarion, 1969
  • Les Oignons, etc., Paris, Flammarion, 1971
  • Bal Masqué parmi les Comètes, Paris, Les Éditeurs Français réunis, 1972
  • La Belle Saison, Paris, Flammarion, 1973
  • Eux les anges, Paris, Flammarion, 1978
  • Les Coq-à-l’âne, Paris, Gallimard, 1985
  • Le Stupéfait, Paris, Gallimard, 1988

Dernières publications posthumes

  • Les Hauts Cris, poèmes inédits 1989-1990, coll. « Poésie Blanche », recueil établi par Lucienne Desnoues, 48 p., éditions éoliennes, 1999
  • Le Sourire d'Icare, nouvelle édition illustrée de 19 bois gravés de Xavier Dandoy de Casabianca, 48 p., éditions éoliennes, 2005

Bibliographie

  • Marc Alyn et Robert Rovini, Norge, Paris, Seghers, coll. « Poètes d'aujourd'hui », 52 p., 1972
  • Michel Crine, Norge, Bruxelles, Labor, coll. « Une livre, une œuvre », 1986
  • Yves Leclair, « Norge un poète qui fait mouche », L’École des lettres (II) no 6, éd. L’École des loisirs, .
  • Jacques Ferlay, Norge, Marseille, Le temps parallèle, 1990
  • Jean-Marie Klinkenberg, « Mots et mondes de Norge, Lecture », dans Remuer ciel et terre, Bruxelles, Labor, 1985, p. 231-268
  • Norge. Le centième anniversaire de sa naissance. Hommage, Amay, Éditions l'arbre à paroles, 1998
  • Michel Crine, « Poésie et existence. Norge », mémoire de maîtrise, 1971, faculté de philosophie et de lettres de l'université de Liège
  • Daniel Laroche, « Geo Norge ou une poésie de l'ambiguïté », mémoire de maîtrise, 1969, université catholique de Louvain
  • Catherine Dumont, « Les voies du lyrisme chez Norge », mémoire de maîtrise, 2005, faculté des lettres, arts et sciences humaines de Valenciennes

Notes et références

  1. L'auteur signait initialement Géo Norge, mais a tôt modifié son nom en Norge, nom sous lequel il a publié la quasi-totalité de son œuvre, et sous lequel il désirait être connu. Le nom de Géo ou Geo Norge se retrouve toutefois souvent, par erreur, dans les bibliographies, dans la mesure où la présence d'un prénom est plus conforme aux habitudes de ces dernières.
  2. « Comment on devient Norge », Daniel Laroche in Norge 1898-1990. Le centième anniversaire de sa naissance, Mons 1998.
  3. Bertrand Beyern, « 2 juin 2012 : Prise de recul à Vence », sur bertrandbeyern.fr, (consulté le ).
  4. Épuisé.

Liens externes

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