Mont Saint-Michel (Bas-Rhin)
Le mont Saint-Michel est un sommet situé dans le parc naturel régional des Vosges du Nord, sur la commune de Saint-Jean-Saverne. Il culmine à 438 mètres.
Mont Saint-Michel | |
Vue du mont Saint-Michel depuis Saint-Jean-Saverne. | |
Géographie | |
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Altitude | 438 m[1] |
Massif | Vosges du Nord |
Coordonnées | 48° 46′ 30″ nord, 7° 20′ 51″ est [1] |
Administration | |
Pays | France |
Région | Grand Est |
Collectivité territoriale | Collectivité européenne d'Alsace |
Ce lieu offre un panorama sur les villages environnants, et fait l'objet d'une occupation humaine depuis au moins le IVe millénaire av. J.-C.
Histoire
La chapelle qui domine le rocher est dédiée à l'archange saint Michel. Le lieu est mentionné pour la première fois en 1126 sous le nom d'Hertenstein[2] dans l'acte de donation de l'abbaye bénédictine de Meginhelmeswilre, aujourd'hui Saint-Jean-Saverne. Il est ensuite nommé Bruderberg (mont des frères ermites), Bruderstein (rocher des frères ermites), ou encore Johannesberg (mont de Jean ou de Saint-Jean).
La date de construction de la chapelle n'est pas connune avec précision mais un livre de l'évêché de Strasbourg datant de 1371 mentionne déjà l'endroit comme lieu de culte, au XIVe siècle. Des frères ermites occupent les lieux.
C'est en 1553 que le nom de Sant Michelsberg (Saint-Michel) apparaît, en 1576. Il est représenté sur la carte de Daniel Specklin, où l'on voit une construction circulaire sur le promontoire, à l'emplacement du rond des sorcières.
En 1593, cinq bourgeois de la ville de Saverne fondent la confrérie Saint-Michel. Le , l’évêque de Strasbourg et cardinal Charles de Lorraine leur donne son approbation. Cette confrérie fait du mont Saint-Michel un lieu de pèlerinage durant deux siècles. Le est fêté le centenaire de sa création.
À la fin du XVIIe siècle, le lieu n'attire presque plus de pèlerins. La foudre incendie la toiture de la chapelle en 1717 et elle est pillée en 1792. Entre ces deux dates, le plan forestier Gouget de 1753[3] présente la chapelle bordées de deux portes latérales, le rond des sorcières, l'escalier d'accès à la grotte, ainsi qu'un bâtiment à son entrée.
Lors de la Révolution française, la chapelle subit de nouveaux dommages. Le , alors que les troupes autrichiennes envahissent l'Alsace, le général autrichien Friedrich von Hotze fait attaquer la gorge de Saint-Jean-des Choux (Saint-Jean-Saverne). Assuré de la défense du passage des Vosges, le général français Sauter fait installer un canon à proximité de la chapelle, offrant une très bonne visibilité sur les troupes ennemies qui avancent depuis le village de Steinbourg.
Depuis ces derniers évènements, la chapelle est en ruine. C'est en 1826 qu'un don d'origine inconnue permet la reconstruction du toit et du campanile du chœur. D'autres restaurations sont successivement réalisées de 1844 à 1848, en 1875, en 1950 et en 1984.
Des recherches archéologiques ont révélé une occupation de la grotte au néolithique, à l'âge de fer et à l'époque gallo-romaine.
Légendes
Le mont Saint-Michel serait un haut lieu de culte païen de différentes divinités comme Belenos, Mercure et Mithra[4]. On y aurait pratiqué des sacrifices en remplissant le rond des sorcières de sang pour rappeler le disque solaire à son lever et son coucher.
Le bassin de 4,70 m de diamètre et d'une profondeur de 50 centimètres, nommé « rond », « chaudron » ou « école des sorcières » et qui a été creusé derrière la chapelle au bord de la falaise, serait également le lieu d'anciens rassemblements de sorcières[5]. De cet endroit elles s'envolaient sur leurs balais vers le Bastberg. Elles y célébraient alors le sabbat sous la tutelle d'Itta, l'épouse du comte Pierre de Lutzelbourg, fondateur du château de Lutzelbourg (Moselle). En 1828 l'historien Schweighauser n'y voyait qu'une banquette aménagée pour le pèlerins.
En dessous se trouve une grotte occupée depuis la préhistoire. Des ermites y avaient élu domicile au Moyen Âge et elle présente plusieurs signes d'aménagement. Dans cette grotte, un sarcophage a été creusé dans le grès ; il s'agirait soit de la tombe d'un saint pèlerin ou alors de l'endroit où Itta fut enterrée vivante après avoir été accusée de sorcellerie.
« Hexenloch », « trou des sorcières » ou « du diable », sont les noms attribués à la fissure naturelle dans la paroi nord de la grotte. Elle a été polie par les passages successifs de ceux qui attribuent à cette pratique des vertus bénéfique. Un rite initiatique y aurait été perpétré par une ancienne du village de Saint-Jean-Saverne. Ce rite en trois étapes symboliques consistait alors à se « laisser mourir » sous forme de méditation guidée allongé dans le sarcophage pour laisser au passé tout son vécu, de traverser la fissure symbolisant le vagin maternel afin de renaître, et enfin de monter au rond des sorcières sur le plateau pour s'élever spirituellement et rompre le cycle des renaissances.
Éléments du site et de ses environs
- La chapelle Saint-Michel.
- Le Hexenkreis (rond des sorcières) ou Hexenschule (école des sorcières), peut-être la fondation d'un ancien édifice.
- La Hexenhöhle (grotte aux fées) dans laquelle se situe un sarcophage de forme médiéval et un passage étroit qui conduit au côté nord de la paroi rocheuse.
- En outre, escaliers datés de la période de la guerre de Trente Ans.
- Plattenweg (passage taillé dans le rocher, avec deux ornières-rails parallèles, d'origine gallo-romaine)
- L'oppidum de la Heidenstatt de la fin de l'âge du fer (deux levées de terre de 350 m de long, 6 m de hauteur, à 700 m d'intervalle)
- Le château-fort de Warthenberg (mur bouclier et donjon)
- Les Stampfloecher (roches à cupules ; cuvettes médiévales pour broyer les grains, ou peut-être déjà « pierres à sacrifices » à l'Âge du fer)
- Le Wasserfallfelsen, un rocher très allongé qui goutte tout le long de sa paroi, créant ainsi un ruisseau.
- Le tunnel de Saverne, le plus long de la ligne à grande vitesse Est européenne
- Vue générale hivernale, la chapelle y est davantage visible
- L’« école des sorcières »
- La chapelle Saint-Michel
- Le promontoire dit « grotte aux fées »
- La grotte aux fées vue de l'intérieur
- Roche percée dans la grotte des sorcières.
- Tombe anthropomorphe taillée dans le rocher dans la grotte des sorcières.
- Vue sur Saint-Jean-Saverne
- Le Plattenweg
- Borne romaine à la porte Est de l'oppidum de Heidenstatt
- Vue partielle de la levée de terre de l'oppidum de la Heidenstatt
- Seule source de l’extrémité du mont Saint-Michel
Notes et références
- « Carte IGN classique » sur Géoportail.
- Marie-Pascale Rauzier, Lieux mystérieux et insolites en Alsace, Éditions Ouest France, , 144 p. (ISBN 978-2-7373-5812-8), p. 36
- Mont Saint-Michel de Saverne - Lieux sacrés - La chapelle Saint-Michel
- Adolphe Landspurg, Les Hauts Lieux d'énergie en France[réf. non conforme]
- L'école des sorcières et la Heidenstadt
Bibliographie
- Jean-Joseph Ring, Les hauteurs du Mont Saint-Michel, Saverne 2000, ISSN 1159-4705
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
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