Mario Draghi

Mario Draghi (prononcé : /ˈmaːrjo ˈdraːɡi/), né le à Rome, est un économiste, professeur des universités, banquier, haut fonctionnaire et homme d'État italien. Il est président du Conseil des ministres d'Italie depuis le .

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Mario Draghi

Mario Draghi en 2021.
Fonctions
Président du Conseil des ministres d'Italie
En fonction depuis le
(7 mois et 4 jours)
Président Sergio Mattarella
Gouvernement Draghi
Législature XVIIIe
Coalition M5S-Lega-PD-FI-IV-LeU
Prédécesseur Giuseppe Conte
Président de la Banque centrale européenne

(7 ans, 11 mois et 30 jours)
Vice-président Vítor Constâncio
Luis de Guindos
Prédécesseur Jean-Claude Trichet
Successeur Christine Lagarde
Gouverneur de la Banque d'Italie

(5 ans, 9 mois et 16 jours)
Prédécesseur Antonio Fazio
Successeur Ignazio Visco
Biographie
Nom de naissance Mario Roberto Draghi
Date de naissance
Lieu de naissance Rome (Italie)
Nationalité Italienne
Parti politique Indépendant
Diplômé de La Sapienza
MIT
Profession Économiste
Professeur des universités
Banquier
Haut fonctionnaire
Résidence Palais Chigi (Rome)


Gouverneurs de la Banque d'Italie
Présidents de la Banque centrale européenne
Présidents du Conseil des ministres italiens

Vice-président pour l'Europe de Goldman Sachs de 2002 à 2005, il est gouverneur de la Banque d'Italie de 2006 à 2011, puis président de la Banque centrale européenne de 2011 à 2019. À ce poste, il doit gérer plusieurs crises auxquelles est confrontée la monnaie unique.

En , à la suite de la démission de Giuseppe Conte, il est chargé de former un gouvernement par le président de la République italienne, Sergio Mattarella, dans un contexte marqué par la pandémie de Covid-19. Il reçoit le soutien de la quasi-totalité des partis du Parlement.

Situation personnelle

Famille

Mario Draghi est fils d'un banquier originaire de Padoue et d'une pharmacienne originaire de Monteverde, commune de la Campanie[1].

Marié à Serena Cappello, lointaine descendante de Bianca Cappello, il est père de deux enfants : Federica, biochimiste née à Boston, et Giacomo, cadre au fonds spéculatif londonien LMR Partners[2].

Formation

Il effectue ses études à Rome, chez les jésuites, au prestigieux Institut Massimiliano Massimo. Il y croise une partie de la future élite économique d'Italie[2].

Licencié en économie et commerce à l'université de Rome « La Sapienza » en 1970, il obtient un Ph.D. en économie au Massachusetts Institute of Technology (MIT) en 1976, sous la direction de Franco Modigliani et Robert Solow.

Carrière professionnelle

Économiste

Mario Draghi commence sa carrière comme professeur à l'université de Trente, où il enseigne l'économie de 1975 à 1978. Il est ensuite professeur à l'université de Padoue, à l'université de Venise, puis à l'université de Florence, jusqu'en 1991[3].

Entre 1984 et 1990, il est également directeur exécutif à la Banque mondiale[3].

Directeur général du Trésor

Mario Draghi (à gauche) et Guido Carli, ministre du Trésor, en 1991.

De 1991 à 2001, il exerce la fonction de directeur général du Trésor italien. À ce titre, il lance une politique de privatisations massives concernant quelque 750 entreprises, dont Autostrade, Eni, Enel et Telecom Italia[2],[4].

Cadre dirigeant chez Goldman Sachs

Mario Draghi est, de 2002 à 2005, vice-président de la branche européenne de la banque d'affaires américaine Goldman Sachs[5],[6]. Cette fonction prête à polémique quant à un éventuel conflit d'intérêt[7] : contre rémunération, la banque d'affaires a notamment aidé la Grèce à dissimuler son déficit public via un procédé considéré comme relevant de l'inventivité comptable[8]. Le député européen Pascal Canfin considère qu'il est directement impliqué dans l'échange de swaps avec des États aujourd'hui en difficulté[9], ce que nie Mario Draghi qui précise que ce type de contrats étaient engagés avant son entrée en fonction à Goldman Sachs[10] ; il soutiendra lors d'une audition par les députés européens avoir travaillé uniquement avec le secteur privé alors qu'il était chargé aussi, selon les communiqués de Goldman Sachs[6], du travail avec les gouvernements et les agences gouvernementales (acteurs publics) et du développement stratégique en Europe avec les principaux dirigeants de la firme.

Gouverneur de la Banque d'Italie

Mario Draghi (à gauche) et George W. Bush, président des États-Unis, en 2008 à la Maison-Blanche.

Le , Mario Draghi est nommé gouverneur de la Banque d'Italie par le président du Conseil, Silvio Berlusconi, pour un mandat renouvelable de six ans. Il prend ses fonctions le . Fait notable, provenant du secteur privé, il est le premier gouverneur de la Banque d'Italie depuis 1960 à ne pas avoir fait l'intégralité de sa carrière à la Banque d'Italie[alpha 1]. Il remplace Antonio Fazio, démissionnaire à cause de son implication dans une affaire de conflit d'intérêts. En tant que gouverneur, il se retrouve aussi membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE).

Il adresse en , avec le gouverneur de la BCE Jean-Claude Trichet, une lettre secrète à Silvio Berlusconi lui demandant d'accentuer les réformes libérales, notamment l'assouplissement de la législation sur les licenciements, des privatisations, et la baisse des salaires des fonctionnaires[11].

Le , il est remplacé par Ignazio Visco à la tête de la Banque d'Italie. Il est depuis gouverneur honoraire.

Au début de l’année 2013, alors qu’il est à la tête de la BCE, Mario Draghi est mentionné dans le cadre de l’affaire « Monte Paschi ». La Banque d’Italie, qu'il dirigeait au moment des faits, est accusée d’avoir réagi trop lentement et de façon peu transparente à l’égard de la banque Monte dei Paschi di Siena, la troisième banque du pays, en difficulté pour avoir procédé à partir de 2006 à des transactions risquées de produits dérivés sur fond de soupçons de corruption. Le parquet de Trani ouvre alors une enquête sur la Banque d’Italie pour manquements à ses devoirs de régulateur[12],[13].

Président de la Banque centrale européenne

Les billets en euros portant la signature de Mario Draghi durant son mandat à la BCE.

Le , Mario Draghi est formellement nommé par les dirigeants membres du Conseil européen à la présidence de la Banque centrale européenne. Il succède à Jean-Claude Trichet le [14].

Dès son arrivée à la tête de la BCE, il annonce une baisse des taux d'intérêt d'un quart de point, mesure saluée par les marchés financiers[15].

Mario Draghi s’exprimant au Parlement européen à l’occasion du 20e anniversaire du lancement de l’euro.

Il engage en 2015 un bras-de-fer avec le nouveau Premier ministre de Grèce, Aléxis Tsípras, élu sur un programme anti-austérité, afin de le pousser à se conformer aux recommandations de la BCE[4].

Le , il annonce un programme illimité de rachat de dette des pays de la zone euro ayant du mal à se financer sur les marchés[16].

Le , il annonce la baisse du principal taux directeur de 0,5 % à 0 %, ce qui signifie que la BCE prête dorénavant gratuitement aux banques[17]. Cette annonce s'accompagne d'un ensemble de nouvelles mesures visant à dynamiser l'économie européenne : baisse du taux de dépôt, augmentation du rachat mensuel de dettes publiques, plus de prêts aux banques assortis de taux négatifs progressifs, et rachat des obligations d'entreprise. Sa stratégie implique que la BCE n'utilise plus le taux de dépôt négatif pour équilibrer l'euro[18].

Son mandat, non renouvelable, se termine le . Christine Lagarde le remplace.

Parcours politique en Italie

Possible recours pour les institutions

Son nom circule en 2020 comme possible prétendant pour la succession du président de la République italienne Sergio Mattarella, qui doit achever son septennat deux ans plus tard et qui soutiendrait cette hypothèse. Il entretient dans le même temps des contacts réguliers avec Emmanuel Macron et Angela Merkel[2].

Dans le contexte de pandémie de Covid-19, il appelle à freiner l'augmentation des dépenses publiques, fustigeant « l'argent magique » et la hausse de la dette. Il critique également le « manque de vision » du président du Conseil, Giuseppe Conte, sur les questions économiques[2].

Désignation

Le président Sergio Mattarella et Mario Draghi au palais du Quirinal, le .

Le , Giuseppe Conte annonce sa démission après avoir été désavoué par le retrait du parti centriste Italia Viva de son gouvernement[19]. Le suivant, il est annoncé que les négociations ouvertes pour la formation d'un nouveau gouvernement dirigé par Conte ont échoué en raison de tensions provoquées par la mésentente entre le chef d'Italia Viva, Matteo Renzi, et les responsables du Mouvement 5 étoiles et du Parti démocrate.

Dans la soirée, le porte-parole de la présidence de la République, Giovanni Grasso, déclare que Sergio Mattarella a convoqué Mario Draghi pour un entretien le lendemain au palais du Quirinal[20]. Il est ainsi chargé de former un gouvernement[21].

Mario Draghi reçoit le soutien du Parti démocrate, d'Italia Viva, et de Forza Italia, ainsi que de l'opposition puis du soutien avec réserve de la Ligue du Nord[22] et du Mouvement 5 étoiles, ce dernier laissant le choix à ses militants[23]. Le , les militants du Mouvement 5 étoiles, par 59 % des suffrages exprimés, approuvent à leur tour le soutien de leur parti au gouvernement Draghi lors d'un vote en ligne[24].

Prise de fonction

Photo officielle du gouvernement Draghi après la prestation de serment, le 13 février 2021, au Quirinal.

De retour au palais du Quirinal le , il accepte formellement la proposition du chef de l'État de prendre les fonctions de président du Conseil des ministres et présente alors son gouvernement qui associe des personnalités politiques à des techniciens comme le nouveau ministre des Finances Daniele Franco, directeur général de la Banque d'Italie, et marque une certaine continuité avec la reconduction du ministre des Affaires étrangères Luigi Di Maio, de la ministre de l'Intérieur Luciana Lamorgese et du ministre de la Santé Roberto Speranza[25]. Le nouveau gouvernement est assermenté le lendemain[26].

Le suivant, il demande un vote de confiance au Sénat de la République, qui la lui accorde par 262 voix pour, 40 contre et deux abstentions[27]. La Chambre des députés fait de même le lendemain, par 535 suffrages favorables, 56 oppositions et cinq abstentions[28].

Autres engagements

Il est membre de longue date du groupe Bilderberg et de l'Académie pontificale des sciences sociales[2].

Distinctions

Notes et références

Notes

  1. Sa nomination alors qu'il n’a aucune carrière préalable de banquier central ne constitue pas un événement unique dans l'histoire de l'institut d'émission italien, puisque Luigi Einaudi, gouverneur entre 1945 et 1948, était issu du milieu académique.

Références

  1. « Mi chiamo Mario Draghi e mia madre era di Monteverde », Il Corriere dell'Irpinia, 16 javier 2006.
  2. « Mario Draghi, le super-banquier qui fait encore rêver les élites », sur lesechos.fr, .
  3. (it) « Mario Draghi »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur bancaditalia.it.
  4. Gaël De Santis, « Un « Super Mario » pas si génial », sur humanite.fr, .
  5. Marc Roche, La "franc-maçonnerie" européenne de Goldman Sachs, Le Monde, 15 novembre 2011
  6. (en) Professor Mario Draghi Joins Goldman Sachs - Communiqué de presse Goldman Sachs, 28 janvier 2002
  7. La Grèce, dossier noir de l'ancien VRP du hors-bilan chez Goldman Sachs
  8. BCE : Mario Draghi doit lever les doutes - Pervenche Berès (PS) et Pascal Canfin (EELV), Le Monde, 14 juin 2011
  9. [vidéo] « Interview : 'Mario Draghi didn't convince me' - Pascal Canfin, MEP », sur europarltv.europa.eu, 15 juin 2011.
  10. Un ancien responsable de Goldman Sachs à la tête de la BCE ? - Laurent Deschamps, LCI, 1er mai 2011
  11. « L'incroyable diktat de Trichet à Berlusconi », sur challenges.fr, (consulté le ).
  12. Gavin Jones, « Monte Paschi va gêner Mario Draghi, le superviseur bancaire », sur reuters.com, (consulté le ).
  13. Richard Heuzé, « L'affaire Monte dei Paschi embarrasse Mario Draghi », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  14. « L’Italien Mario Draghi prend la tête de la BCE dans un contexte économique difficile », rfi.fr, 31 octobre 2011.
  15. « “Super Mario”, sauveur de l'Euro ? », sur atlantico.fr, 4 novembre 2011.
  16. Mario Draghi tire la zone euro vers le haut - Libération, 7 septembre 2012
  17. Catherine Guichard, « Le jeu dangereux de Mario Draghi », sur courrierinternational.com, .
  18. Marie Charrel, « La détermination de Mario Draghi », sur lemonde.fr, .
  19. Olivier Tosseri, « Italie : le gouvernement Conte privé de majorité », sur lesechos.fr, (consulté le ).
  20. « Crise politique en Italie : Mario Draghi appelé à la rescousse », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  21. « En Italie, Mario Draghi officiellement chargé de former un nouveau gouvernement », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  22. Anne Le Nir, « Italie : Mario Draghi s’offre un deuxième tour de consultations », sur la-croix.com, (consulté le ).
  23. Beniamino Morante, « En Italie, les partis s’agenouillent devant Mario Draghi », sur courrierinternational.com, (consulté le ).
  24. (it) « Risultati voto M5s su Rousseau, ha vinto il Sì all’ingresso nel governo Draghi. Hanno votato in 74mila: 59,3% a favore. 40,7% contrari », sur ilfattoquotidiano.it, (consulté le ).
  25. « Italie : Mario Draghi accepte le poste de premier ministre », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  26. « Italie: Mario Draghi a prêté serment comme Premier ministre (officiel) », sur RFI, (consulté le ).
  27. « Italie : le nouveau chef du gouvernement Mario Draghi obtient la confiance du Sénat et veut "reconstruire" le pays », sur Franceinfo, (consulté le )
  28. (it) QuotidianoNet, « Governo Draghi, fiducia alla Camera: 535 sì, 56 no e 5 astenuti », sur QuotidianoNet, (consulté le )
  29. (it) Cavaliere di Gran Croce Ordine al Merito della Repubblica Italiana
  30. (it) Grande Ufficiale Ordine al Merito della Repubblica Italiana
  31. (pt) Presidente da República condecorou Mario Draghi
  32. (en) (it) Laurea honoris causa al prof. Mario Draghi - Banca d'Italia, 18 décembre 2009
  33. (it) (en) I Master cuoa honoris causa - Fondation CUOA

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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