Marguerite de Provence
Marguerite de Provence, née en 1221 en Provence et morte le à Paris, est une reine de France, et l'épouse de Louis IX.
Titre
–
(36 ans, 2 mois et 29 jours)
Prédécesseur | Blanche de Castille |
---|---|
Successeur | Isabelle d'Aragon |
Dynastie | Maison de Barcelone |
---|---|
Naissance |
1221 (Provence) |
Décès |
(à 74 ans) Paris (France) |
Sépulture | Basilique de Saint-Denis |
Père | Raimond-Bérenger IV de Provence |
Mère | Béatrice de Savoie |
Conjoint | Louis IX |
Enfants |
Blanche Isabelle Louis Philippe III Jean Jean Tristan Pierre Blanche Marguerite Robert Agnès |
Religion | Catholicisme |
Biographie
Enfance
La naissance de Marguerite de Provence est sans certitude. Il est admis qu'elle soit née en 1221 de Raimond-Bérenger IV, comte de Provence, et de Béatrice de Savoie. Son lieu de naissance est lui aussi incertain: château de Brignoles[1],[2] ou au château de Saint-Maime[3], près de Forcalquier. Le site de généalogie Foundation for Medieval Genealogy indique une date de naissance aux alentours de 1232-1234, lui aussi au château de Saint-Maime[3],[4].
Marguerite de Provence grandit à la cour de Provence, mais se déplace de nombreuses fois dans le comté, suivant les itinéraires de son père. Compte-tenu des rivalités et des prétentions au titre de comte, Raimond-Bérenger IV tente de réunifier tout le comté de Provence.
Sa mère, Béatrice de Savoie est réputée pour son intelligence et sa beauté. Elle fait l'objet de plusieurs chants, contribuant à la renommée de la cour de Provence[5].
À l'instar de ses sœurs, Éléonore, Sancie et Béatrice, Marguerite de Provence reçoit une éducation lettrée, propre aux jeunes filles de son rang.
Fiançailles et mariage
Marguerite a treize ans quand elle est mariée avec Louis IX, Roi de France dit Saint Louis.
Les fiançailles
Les raisons de ce mariage sont principalement politiques. Pour l'historien Jacques Le Goff, Louis IX ne fait que se conformer à l'usage et à l'avis de sa mère, Banche de Castille, et des conseillers[6].
Pour le moine et chroniqueur du XIIIe siècle, Guillaume de Nangis, ce mariage est une conséquence d'un désir de Saint Louis. Selon l'historien Gérard Sivéry, en 1233, le roi Louis IX envoi le chevalier Gilles de Flagy, se renseigner sur Marguerite, dont on loue la perfection[N 1].
Le pape Grégoire IX les exempte de l'empêchement de mariage pour consanguinité, du fait de la distance de parentalité entre Marguerite et Louis IX. Le mariage est accepté le [7],[N 2].
Préparations du mariage
Le , à Sisteron, le comte et la comtesse de Provence reconnaissent devoir une dot de 8 000 marcs d'argent, à payer avant le . Ils donnent en gages le château de Tarascon et ses revenus au roi de France. Jean de Nesle et Gauthier Cornut, qui accompagnent Marguerite de Provence jusqu'au lieu de l'union, font signer au roi la promesse de mariage, l'engageant à épouser Marguerite avant l'Ascension, cette année-là le [7]. Le , Raimond Bérenger complète la dot de 2 000 marcs supplémentaires et désigne Raimond Audibert, archevêque d'Aix, garant envers son futur gendre. Le comte cède les revenus du château d'Aix ainsi que la baillie d'Aix que détenait Guillaume de Cotignac. Toutefois, la somme de 10 000 marcs d'argent dépasse les capacités financières du comte qui n'en paie en fait que le cinquième[8].
Le mariage
Le , le mariage est célébré dans la cathédrale de Sens[4]. Les personnages importants du royaume sont présents, dont Blanche de Castille, mère du roi, Robert et Alphonse, frère du roi, Alphonse de Portugal, le cousin du roi; ainsi que des nobles, et des dames qui assurent la suite de Marguerite[9].
La cérémonie se déroule en deux temps. La première phase est une cérémonie extérieure devant l'église, qui commence par la jonction des mains des fiancés par Guillaume de Savoie, évêque de Valence et oncle de Marguerite, pour symboliser leur consentement. L'échange des anneaux est suivi de la bénédiction et de l'encensement des époux[10]. La seconde phase est une messe dans la cathédrale[11]. Au moment de l'invocation, le roi reçoit de l'archevêque un baiser qu'il va porter à sa jeune épouse, lui promettant ainsi amour et protection. Vient enfin la bénédiction de la chambre nuptiale, un rite qui insiste sur le devoir de procréation[12]. Selon Guillaume de Saint-Pathus, confesseur et confident de la reine, Louis ne consomme pas son mariage avec Marguerite, pendant la nuit de noces. Il passe ses trois premières nuits de jeune marié à prier, respectant les trois « nuits de Tobie » recommandées par l'Église[12].
Le , la jeune Marguerite est couronnée reine[13].
Descendance
Il faut attendre six ans de mariage pour que naisse un premier enfant.[14]
- Blanche (1240-1243)
- Isabelle (1242-1271), épouse Thibaut II de Navarre, comte de Champagne (1239-1270), en 1255
- Louis (1244-1260)
- Philippe III le Hardi (1245-1285, roi en 1270), épouse d'abord Isabelle d'Aragon (1247-1271), puis Marie de Brabant (1254-1321)
- Jean (né et mort en 1248)
- Jean Tristan de France (1250-1270), né pendant la croisade de son père. Il épouse Yolande de Bourgogne en 1265
- Pierre (1251-1284), né pendant la croisade de son père, qui épouse Jeanne de Châtillon, comtesse de Blois en 1272
- Blanche (1253-1320), né pendant la croisade de son père, qui épouse Ferdinand de la Cerda, infant de Castille, en 1269
- Marguerite (1254-1271), épouse en 1270 Jean Ier, duc de Brabant
- Robert (1256-1317), comte de Clermont
- Agnès (1260-1325) épouse Robert II, duc de Bourgogne en 1270
Reine de France
Sa place au sein des croisades
Marguerite de Provence suit son époux en Égypte lors de la croisade de 1248-1254, pays dans lequel elle accouche de trois de ses enfants (Jean-Tristan, Pierre et Blanche)[15]. Cet épisode de sa vie révèle sa capacité, en tant que femme de pouvoir, à négocier la libération du roi prisonnier en 1250[8].
Les relations familiales et internationales
Marguerite de Provence et sa belle-mère, Blanche de Castille, n'ont pas toujours de bonnes relations[16].
La reine entretient une correspondance fournie avec sa sœur cadette Éléonore, devenue reine d'Angleterre en 1236. Ces échanges permettent d'entretenir les relations avec le Royaume d'Angleterre.[14]
Ses relations avec sa benjamine Béatrice de Provence, mariée avec Charles Ier d'Anjou (frère de Louis IX), ne sont pas idéales, car l'héritage provinciale revient à Béatrice.[14]
Une femme instruite et cultivée
Son influence sur le domaine littéraire est avéré, au fil de ses lettres en latin, puis en français, après 1272[8]. Elle contribue à faire de Paris un foyer des lettres, accueillant les artistes de l'époque.
Mort
Dans les dernières années de sa vie, elle tente de récupérer le comté de Provence, sa région natale, sans y parvenir. En 1285, elle se retire de la vie politique à la cour du Royaume de France, alors que son petit-fils Philippe IV monte sur le trône[14]. Elle meurt le [4], à l'âge de soixante-quinze ans, à l'abbaye Saint-Marcel[4].
Notes et références
Notes
- Georges Sivèry, Marguerite de Provence. Une reine au temps des cathédrales, Paris, Fayard, , 302 p. (ISBN 2213020175, lire en ligne), p. 33
- Louis et Marguerite ont pour ancêtre commun Raimond-Bérenger Ier de Barcelone, leur arrière-arrière-arrière grand-père. (Sivéry 1987, p. 19)
Références
- Alix Ducret, Les femmes et le pouvoir dans l'histoire de France, vol. 669, Levallois-Perret, Groupe Studyrama, , 110 p. (ISBN 978-2-7590-0111-8), p. 57.
- Christian Bouyer, Les Enfants Rois, Pygmalion, , 288 p. (ISBN 978-2-7564-0865-1, lire en ligne), p. 41.
- Emmanuel Davin, « Béatrice de Savoie, Comtesse de Provence, mère de quatre reines (1198-1267) », Bulletin de l'Association Guillaume Budé, vol. 1, no 2, , p. 176-189 (lire en ligne).
- MedLands
- Emmanuel Davin, « Béatrice de Savoie, Comtesse de Provence, mère de quatre reines (1198-1267) », Bulletin de l'Association Guillaume Budé, vol. 1, no 2, , p. 176–189 (DOI 10.3406/bude.1963.4029, lire en ligne, consulté le )
- Le Goff 1996, p. 151
- Le Goff 1996, p. 154
- Monique Sommé, « Compte-rendu. Gérard Sivèry, Marguerite de Provence. Une reine au temps des Cathédrales,1987 », Revue du Nord, , pp. 639-640 (lire en ligne)
- Le Goff 1996, p. 155
- Le Goff 1996, p. 156
- Le Goff 1996, p. 157
- Le Goff 1996, p. 158
- Le Goff 1996, p. 159
- Christian Bouyer, Dictionnaire des reines de France, Perrin, (ISBN 2-262-00789-6 et 978-2-262-00789-8, OCLC 28081252, lire en ligne)
- Pierre-Vincent Claverie, « Un nouvel éclairage sur le financement de la première croisade de saint Louis », Mélanges de l'école française de Rome, vol. 113, no 1, , p. 621–635 (lire en ligne, consulté le )
- Monique Sommé, « Gérard Sivéry, Blanche de Castille, 1990 », Revue du Nord, vol. 72, no 287, , p. 644–645 (lire en ligne, consulté le )
Voir aussi
Sources et bibliographie
- Gaëlle Audéon, « Marguerite de Provence », notice biographique [archive], sur Dictionnaire des Femmes de l'ancienne France [en ligne], Société internationale pour l'étude des femmes de l'Ancien Régime (SIEFAR), 2020
- Christiane Gill, Saint Louis, Paris, Pygmalion, , 240 p. (ISBN 2-7564-00009)
- Jacques Le Goff, Saint Louis, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des histoires », , 976 p. (ISBN 2-07-073369-6 et 978-2070733699).
- Gérard Sivéry, Marguerite de Provence : Une reine au temps des cathédrales, vol. 2, Fayard, , 302 p. (ISBN 978-2-213-64782-1, lire en ligne)
Article connexe
Liens externes
- Notices d'autorité :
- Fichier d’autorité international virtuel
- International Standard Name Identifier
- Bibliothèque nationale de France (données)
- Système universitaire de documentation
- Bibliothèque du Congrès
- Gemeinsame Normdatei
- Bibliothèque royale des Pays-Bas
- Bibliothèque nationale de Pologne
- Bibliothèque apostolique vaticane
- WorldCat Id
- WorldCat
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- (en) Charles Cawley, « Provence - Kings, Counts D. Comtes de Provence 1113-1246 (Barcelona). Raymond Bergeger IV », sur fmg.ac/MedLands (Foundation for Medieval Genealogy) (consulté en ), dont la notice (en) « Louis IX »
- Portail du Moyen Âge central
- Portail de la Provence
- Portail du royaume de France
- Portail de la monarchie