Béatrice de Savoie (1198-1267)

Béatrice (ou Béatrix) de Savoie, née vers 1198 et morte entre 1265 et 1267, au château du Menuet (Les Échelles, commune de l'actuel département de la Savoie), est une princesse issue de la Maison de Savoie, comtesse de Provence par mariage avec Raymond Bérenger IV.

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Biographie

Origine

Béatrice ou Béatrix naît aux alentours de 1198, probablement au château du Menuet, situé aux Échelles[1]. Le site Internet de généalogie Foundation for Medieval Genealogy propose l'année 1205 comme point de repère[2]. Elle est la fille du comte de Savoie Thomas Ier († ) et de son épouse Marguerite de Genève († )[1],[3]. Elle reçoit une éducation de son rang, elle est dite bien instruite et accompagne régulièrement son père dans ses déplacements[1]. Elle est décrite comme « belle et intelligente »[4]. Elle est la sœur de trois comtes de Savoie, Amédée IV, Pierre II et Philippe Ier[3],[5].

Selon l'historien Bernard Demotz, la présence des comtes de Savoie en Provence fait l'objet d'une attention particulière[6]. Ainsi, le comte Thomas Ier donne Béatrice en mariage le [7] à Raymond Bérenger IV, comte de Provence[8]. Elle a 20 ans et son époux termine sa quatorzième année[8]. Elle apporte en dot 2000 marcs d'argent[4]. Avec le même objectif, en 1244, son frère Amédée IV de Savoie, devenu comte, épouse en secondes noces Cécile des Baux[6]. Elle se rend à la cour de Provence en 1220[4].

Comtesse de Provence

À la cour de Provence, en ce XIIIe siècle, la comtesse accueille de nombreux troubadours[9] et leur accorde sa protection[10]. Ainsi par exemple, Elias de Barjols lui dédie ses chansons, dont Be(n) deu hom son bon senhor[11] parmi d'autres[12],[13].

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Statue de Béatrice de Savoie, aux Échelles

À la suite de la mort de son époux, le comte Raymond Bérenger IV, en 1245, elle se retire dans son douaire, le château du Menuet des Échelles[5], qu'elle a reçu en apanage[14]. Elle fait agrandir le château et perpétue l'accueil d'une cour[14].

En 1260, dans son premier testament, puis en 1264, dans un second testament, elle fait don de son domaine aux Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, qui établissent une Commanderie[14],[15],[16]. Au château est adjoint le prieuré qui fut fondé par le premier Humbertien[17]. Ainsi qu'une somme de 3 000 livres tournois afin de construire un hôpital pour les pauvres dans le lieu[18].

Mort et sépulture

Béatrice de Savoie meurt dans son château du Menuet, en 1265[19], peut-être 1266 ou 1267[3],[20],[21]. Le site Foundation for Medieval Genealogy propose les deux années, précisant en ou le [2].

Sa sépulture se trouve, selon sa volonté, dans la chapelle du château[22],[15]. Ses quatre filles lui font édifier un mausolée[22],[15]. Ce dernier est détruit au XVIe siècle, puis au cours de la période révolutionnaire[22],[15]. Seul son crâne est conservé et est transféré, en tant que membre de la maison de Savoie, en l'abbaye d'Hautecombe[22],[15]. Il est installé dans le mausolée de son frère, le bienheureux Boniface[22].

Famille

Béatrice épouse le le comte Raimond Bérenger IV de Provence. Ils ont quatre filles, qui deviendront toutes reines[5],[9] :

  • Marguerite (1221-1295), reine de France (1234-1270) par mariage, ∞ 1234 : Louis IX (1214-1270), roi de France (1226-1270)[23] ;
  • Éléonore (1223-1291), reine d'Angleterre (1236-1272) par mariage, ∞ 1236 : Henri III (1207-1272), roi d'Angleterre (1216-1272)[24] ;
  • Sancie (1228-1261), comtesse de Cornouailles (1243-1261) par mariage, ∞ 1243 : Richard de Cornouailles (1209-1272), comte de Cornouailles (1227-1272) et roi des Romains (1257-1272)[25] ;
  • Béatrice (1229-1267), comtesse de Provence (1246-1267) et comtesse de Forcalquier, ∞ 1246 : Charles Ier d'Anjou (1227-1285), comte d'Anjou et du Maine (1246-1285), roi de Sicile (incluant Naples) (1266-1282) puis roi de Naples (1282-1285) – comte de Provence et de Forcalquier (1246-1267) par mariage, il portera ces titres jusqu'à sa mort[26].

Postérité

Plusieurs rues lui sont consacrées dans le département de la Savoie (La Motte-Servolex, Challes-les-Eaux), et aux Échelles un EHPAD et un collège[27] portent son nom.

Le département de la Savoie remet chaque année, depuis 1971, le « Trophée Culture Prix Béatrice de Savoie ».

Notes et références
  1. Davin, 1963, p. 176.
  2. (en) « Beatrix »
  3. Michel Germain, Personnages illustres des Savoie : "de viris illustribus", Lyon, Autre Vue, , 619 p. (ISBN 978-2-915688-15-3), p. 507.
  4. Davin, 1963, p. 178.
  5. Demotz, 2000, p. 496.
  6. Demotz, 2000, p. 80.
  7. Gérard Sivéry, Marguerite de Provence : Une reine au temps des cathédrales, Fayard, coll. « Biographies Diverses », , 302 p. (ISBN 978-2-213-64782-1, présentation en ligne), p. 8.
  8. Davin, 1963, p. 177.
  9. Gérard Sivéry, Marguerite de Provence : Une reine au temps des cathédrales, Fayard, , 286 p. (ISBN 978-2-213-64782-1, présentation en ligne).
  10. Alfred Jeanroy, La poésie lyrique des troubadours, Slatkine, , 814 p. (ISBN 978-2-05-101678-0, présentation en ligne), p. 175.
  11. « Elias de Barjols (132.4~idt) », sur www.rialto.unina.it (consulté le )
  12. https://epistolae.ctl.columbia.edu/letter/498.html
  13. https://epistolae.ctl.columbia.edu/letter/495.html
  14. Joseph Mollin, « Une région de contact entre Préalpes et avant-pays, et de frontière entre Savoie et France : La plaine de Saint-Laurent-du-Pont - Les Échelles sous l'Ancien Régime », Revue de géographie alpine, vol. 48, no 3,‎ , p. 486 (lire en ligne).
  15. Michèle Brocard, Lucien Lagier-Bruno, André Palluel-Guillard, Histoire des communes savoyardes : Aix-les-Bains et ses environs - Les Bauges - La Chartreuse - La Combe de Savoie - Montmélian (vol. 2), Roanne, Éditions Horvath, , 463 p. (ISBN 978-2-7171-0310-6), p. 167-174. ([PDF] lire en ligne)
  16. Marc Dubois, « La Commanderie de Saint-Jean-de-Jérusalem et ses rapports avec l’église Notre-Dame des Échelles (Savoie) », Bulletins de la Société dauphinoise d'ethnologie et d'anthropologie,‎ , p. 33-62 (lire en ligne).
  17. Chanoine Adolphe Gros, Dictionnaire étymologique des noms de lieu de la Savoie, La Fontaine de Siloé (réimpr. 2004) (1re éd. 1935), 519 p. (ISBN 978-2-84206-268-2, lire en ligne), p. 169..
  18. Daniel Le Blévec, La part du pauvre : l'assistance dans les pays du Bas-Rhône du XIIe siècle au milieu du XVe siècle, Collection de l'École française de Rome, , 960 p. (ISBN 978-2-7283-0622-0), p. 101.
  19. (en) Eugene L. Cox, The Eagles of Savoy : The House of Savoy in Thirteenth-Century Europe, Princeton University Press, (réimpr. 2015) (1re éd. 1974), 512 p. (ISBN 978-1-4008-6791-2, présentation en ligne), p. 563.
  20. Davin, 1963, p. 188.
  21. Marie-José de Belgique, La Maison de Savoie : les origines, le comte vert, le comte rouge, vol. 1, Paris, A. Michel, , 425 p., p. 40.
  22. Davin, 1963, p. 187.
  23. Davin, 1963, p. 180.
  24. Davin, 1963, p. 181.
  25. Davin, 1963, p. 182.
  26. Davin, 1963, p. 182-183.
  27. « Collège Béatrice de Savoie », sur le site du ministère de l'Éducation nationale (consulté le ).

Annexes

Bibliographie
  • Bernard Demotz, Le comté de Savoie du XIe au XVe siècle : Pouvoir, château et État au Moyen Âge, Genève, Slatkine, , 496 p. (ISBN 2-05-101676-3).
  • Emmanuel Davin, « Béatrice de Savoie, Comtesse de Provence, mère de quatre reines (1198-1267) », Bulletin de l'Association Guillaume Budé, vol. 1, no 2,‎ , p. 176-189 (lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes
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