Charles de Rohan-Soubise
Charles de Rohan, duc de Rohan-Rohan, prince de Soubise, comte de Saint-Pol[1], Pair de France, maréchal de France, dit le maréchal de Soubise, né le à Versailles (paroisse Notre-Dame) et mort le à Paris (paroisse Sainte-Marie-Madeleine-de-la-Ville-l'Évêque), est un militaire et un ministre français du XVIIIe siècle.
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Charles de Rohan-Soubise | ||
Charles de Rohan, représenté en habit de Capitaine-lieutenant des Gendarmes de la Garde du Roi, tenant le Bâton de maréchal de France. | ||
Titre | Duc de Ventadour Prince de Maubuisson 4e prince de Soubise (1724) Prince d'Épinoy (1724-1739 puis 1742-1787) Marquis de Roubaix Comte de Saint-Pol 2e Duc de Rohan-Rohan |
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Grade militaire | Maréchal de France | |
Années de service | 1732 - 1762 | |
Commandement | Armée du Rhin | |
Conflits | Guerre de Sept Ans | |
Distinctions | Pair de France (1717 et 1749 | |
Autres fonctions | Ministre d'État Premier « Ber » Connétable héréditaire de Flandres Sénéchal de Hainaut. |
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Biographie | ||
Dynastie | Maison de Rohan | |
Naissance | à Versailles |
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Décès | à Paris |
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Père | Jules de Rohan, prince de Soubise | |
Mère | Anne Julie de Melun | |
Conjoint | Anne Marie Louise de La Tour d'Auvergne (1722-1741) Anne-Thérèse de Savoie-Carignan (1717-1745) Anne Victoire Marie Christine de Hesse-Rheinfels-Rothenbourg (+1792) |
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Liaisons | Mademoiselle Guimard Mademoiselle Zacharie |
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Enfants | Victoire Armande Josèphe de Rohan | |
Biographie
Premières années
Le prince de Soubise naît le à Versailles. Il est le fils de Jules de Rohan, prince de Soubise, capitaine-lieutenant des gendarmes de la garde du roi et d'Anne-Julie-Adélaïde de Melun. Il est baptisé le jour de sa naissance, , en la paroisse Notre-Dame de Versailles : son parrain est Charles-Henri de Lorraine-Vaudémont et sa marraine est Charlotte de La Mothe-Houdancourt, gouvernante des Enfants de France.
Les parents de Charles de Rohan meurent à Paris de la variole en 1724, Soubise est donc orphelin à l'âge de neuf ans. Il est alors confié à son grand-père Hercule Mériadec de Rohan, duc de Rohan-Rohan, qui l’élève à la cour où Soubise est compagnon de Louis XV. Soubise devient un proche du roi qui n'a que cinq ans de plus que lui et qui, comme le roi, est orphelin de bonne heure.
À la mort de sa grand-mère paternelle, Anne-Geneviève de Lévis, en 1727, il hérite du duché de Ventadour, et de la seigneurie de Vigny qu'il conserve jusqu'à sa mort.
Carrière militaire et politique
Soubise entame bientôt une fulgurante carrière : mousquetaire gris à dix-sept ans, capitaine à dix-huit ans, brigadier à vingt-cinq, maréchal de camp à vingt-huit. Aide de camp, intime de Louis XV et protégé de madame de Pompadour, il participe à la bataille de Fontenoy en 1745 et il est nommé lieutenant général en 1748, un an avant d’hériter de la seigneurie de Roberval, Rhuis et Saint-Germain.
Il reçoit « en survivance » de son grand père Hercule Mériadec de Rohan-Soubise, le titre de Gouverneur de Champagne le qui lui est confirmé le et qu'il porte jusqu'en 1751.
Très attaché à sa seigneurie de Roberval, il y entreprend de nombreux travaux d'embellissement.
En 1751, Louis XV le nomme gouverneur général de la Flandre et du Hainaut, gouverneur, chef et grand bailli de Lille. Il s'est démis durant cette même année du gouvernement de Champagne, hérité de son grand-père. En 1755, Louis XV le nomme ministre d’État, en le faisant asseoir au Conseil d'en haut.
En 1756, l’Autriche déclenche une guerre en voulant reprendre la Silésie à Frédéric II de Prusse. Le prince de Soubise est envoyé par Louis XV pour aider l’Autriche mais il se fait tout d’abord battre par la Prusse à Rossbach en 1757. Soubise s’y montre incapable de coordonner l’action de ses troupes devant la rapidité des manœuvres prussiennes ; il y perd trois mille hommes, morts et blessés, tandis que six mille autres sont faits prisonniers. L’annonce de ce lourd revers sonnera le glas de la puissance militaire française et donnera lieu à de vives attaques contre la marquise de Pompadour dont Soubise était le protégé.
Ce dernier prend sa revanche en 1758 à Sondershausen et à Lutzelberg et reçoit pour ces faits d’armes la dignité de maréchal de France. En 1761, Soubise commande l’armée du Rhin qui compte cent dix mille hommes. Il doit plier à Villinghausen () puis à Wilhelmsthal (). Malgré la victoire tactique de son neveu Condé contre Ferdinand de Brunswick (beau-frère de Frédéric II) à Johannisberg, son armée, encerclée dans Cassel, est chassée de la Hesse en .
La guerre de Sept Ans se termine par les traités d’Hubertsbourg et de Paris, signés en 1763 entre la France, l’Autriche et les princes allemands : ils confirment la possession de la Silésie à Frédéric II.
La marquise de Pompadour meurt l'année suivante. La comtesse du Barry devient favorite en 1768 et accorde son amitié à Soubise. Protégé par les favorites successives du roi, Soubise bénéficie de toutes les faveurs de la cour.
En 1774, à la mort de Louis XV, le nouveau roi Louis XVI confirme Soubise dans son poste de ministre d’État.
D'abord très ébranlé par la banqueroute de son gendre, le prince de Guéméné, puis atteint par l'affaire du collier de la reine , dont un autre de ses parents, son cousin le cardinal de Rohan, est l'une des victimes, le prince de Soubise se retire des affaires et doit quitter le conseil des ministres. Il vend en 1782, la terre et la seigneurie de Wasquehal-la Marque à Charles Hyacinthe Joseph Lespagnol de Grimbry, seigneur de Wasquehal-Paroisse[2] et en 1784 la terre et la seigneurie de Roberval (Oise), à Achille René Davène, seigneur de Fontaine (1745-1828) qui donnera naissance à la branche subsistante Davène de Roberval, titulaire du château de Roberval.
Il meurt à Paris, paroisse Saint Marie-Madeleine de la ville l'évêque, trois ans plus tard, le , frappé d'apoplexie à l’âge de soixante et onze ans. De ses trois mariages, il laisse deux filles : Madame de Guéméné et Charlotte, épouse de Louis V Joseph de Bourbon-Condé, prince du sang, duc d'Enghien. La branche de Rohan-Soubise s'éteint donc avec lui [3].
Il fut aussi Grand-croix de l'ordre de Saint-Louis.
Une personnalité à multiples facettes
Le prince de Soubise fut un homme de grand courage dans sa carrière militaire. Bien qu'il se révélât n'être qu'un piètre stratège, il fut brave, infatigable, exact sur la discipline. Il fut très humain envers ses soldats. Il écrit par exemple en 1755 : « je crains que les troupes ne s'en ressentent » ; « ce serait grand dommage de les exposer aux maladies » ; « les troupes sont belles et pleines de bonne volonté » ; « veiller de préférence avant tout à la conservation des troupes »…
Il maniait élégamment l’euphémisme : pour décrire une fuite de son armée devant l’ennemi, il écrit « l’infanterie combattit sans empressement et céda à son inclination pour la retraite… ».
Il ne fut pas toujours apprécié par les militaires, le général Dumouriez a écrit en 1791 : « le prince de Soubise est le plus riche seigneur de la France. Ce général est un fléau national, rien ne le rebute ; il a beau être déshonoré et flétri par les chansons, les brocards et les malédictions, il a une ambition constante et inaltérable. Les injures et les plaisanteries ont été poussées jusqu'à l'indécence, on en a fait un gros recueil, intitulé la Soubisade » !
Vie de famille
Soubise a mené une vie sentimentale agitée. Il se maria trois fois :
Il épouse en 1734, à dix neuf ans, Anne Marie Louise de La Tour d'Auvergne (1722-1739), une enfant de douze ans, issue comme lui de la haute noblesse française, fille d'Emmanuel Théodose de La Tour d'Auvergne, duc de Bouillon, et d'Anne Marie Christine de Simiane, sa troisième épouse. Il en a une fille, Charlotte de Rohan Soubise (1737-1760), mariée en 1753 avec un prince du sang, Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé.
Le , il perd son épouse, qui meurt en mettant au monde un garçon, et se trouve veuf pour la première fois à vingt-six ans.
Le , Il se remarie brillamment avec Anne-Thérèse de Savoie Carignan (1717-1745), une princesse âgée de vingt-quatre ans. Issue d'une branche cadette de la Maison de Savoie, elle est la fille de Victor-Amédée Ier de Savoie-Carignan et de sa cousine Marie Victoire de Savoie. Elle est aussi la cousine du roi Charles-Emmanuel III de Sardaigne. De ce deuxième mariage est issue une fille, Victoire de Rohan Soubise (1743-1807) qui sera gouvernante des enfants royaux, et épouse en 1761 son cousin Henri de Rohan, prince de Guéméné.
Le , la deuxième princesse de Soubise meurt, elle aussi en couches, à l'âge de vingt-huit ans après trois ans de mariage.
N'ayant toujours pas d'héritier mâle, le fils issu de son premier mariage étant mort à l'âge de trois ans, le prince convole sans attendre en troisièmes noces. Il épouse le Victoria de Hesse-Rotenbourg, une autre princesse issue d'une maison souveraine, cette fois-ci de la Maison de Hesse, alliée aux Maisons Royales de France et de Sardaigne. Elle est la fille de Joseph, prince de Hesse Rotenbourg et de la princesse Christine de Salm ; ainsi que la nièce de la duchesse de Bourbon.
Cette troisième union reste sans enfant.
Comme son époux, Victoria de Hesse-Rotenbourg a une vie amoureuse assez libre. En 1757, elle est arrêtée à Tournai par ordre du roi, alors qu'elle s’enfuyait avec neuf cent mille livres de diamants et de bijoux pour aller rejoindre son amant. Soubise, excédé, la renvoie chez ses parents avec vingt-quatre mille livres de pension.
De ses deux filles, l'aînée deviendra par mariage membre de la famille royale et mourra en couches comme ses mère et belle-mère, la cadette épousera le plus proche héritier mâle de son père, un cousin Rohan, à qui elle apportera les biens et certains titres des Rohan Soubise.
En effet, le prince ne laissant pas de fils, le titre de duc de Rohan-Rohan s'éteint avec lui, celui de prince de Soubise passant à son cousin et gendre Henri de Rohan, prince de Guéméné.
Soubise ne fut pas un mari très fidèle envers ses trois épouses successives, il fut un grand séducteur de femmes et de très jeunes filles : il entretenait mademoiselle Guimard, et mademoiselle Zacharie, alors âgée de quinze ans, devint sa maîtresse alors qu'il en avait soixante-neuf.
Marie Le Sage de Serrieres, abbesse de Notre-Dame de Sézanne, passait pour la fille naturelle du maréchal prince de Soubise[4].
Culture et savoir-vivre
Libertin, donc, le prince de Soubise était aussi un grand bibliophile. Il représenta fort bien l’esprit du siècle des Lumières, comme l’atteste la correspondance de Voltaire qui ne craignait pas de faire passer à Soubise des exemplaires de libellés irréligieux qui se fabriquaient à Ferney.
Mélomane, c’est Soubise qui fit installer le premier kiosque à musique de France (inventé par Lord Ranelagh en Angleterre), dans les jardins du château parisien de la Muette, dont il était gouverneur.
Au temps où il était élégant d'être cuisinier, le gastronome Soubise se fit une gloire avec la sauce aux oignons dont il agrémentait ses canetons. La sauce Soubise accompagne aussi bien les œufs durs que certains rôtis de veau ou des légumes.
Non loin de Paris et de Versailles, il séjourne fréquemment en son château de Vigny.
Son hôtel parisien, l'hôtel de Soubise, vendu en 1807, abrite aujourd'hui les Archives nationales, rue des Francs-Bourgeois.
Voir aussi
Bibliographie
- Charles-Victor Langlois, Les Hôtels de Clisson, de Guise & de Rohan-Soubise au Marais, 1922, Paris, Jean Schemit, VII+314 pp. , p. 188-204.
- Christophe Levantal, Ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l'époque moderne (1519-1790), 1996, Paris, Maisonneuve & Larose, 1218 p., p. 886-889.
- Georges Martin, Histoire et généalogie de la Maison de Rohan, 1998, Lyon, l'auteur, 256 p., p. 117-124.
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative à la musique :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- (en) British Museum
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Biographie du prince de Soubise
Sources
- Inventaire photographique et historique du patrimoine sur la commune de Roberval (2003) , avec l'aimable autorisation de Jean-Marc Popineau, président du Trait d'Union Robervallois
Notes et références
- Saint-Pol-sur-Ternoise
- de Grimbry Histoire de Lille. I, La constitution urbaine (des origines à 1800) (2e édition) / Albert Croquez (gallica.bnf.fr)
- Christophe Levantal, Ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l'époque moderne (1519-1790), Paris, Maisonneuve & Larose, , 1218 p. (ISBN 2 7068 1219 2), p. 886-889
- Édouard André, Histoire de l'abbaye du Bricot en Brie : (XIIe siècle-1792), Paris, Picard et fils, (lire en ligne), p. 212.
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