Main-d'œuvre immigrée

La Main-d'œuvre immigrée, généralement désignée par le sigle MOI, fut d'abord une organisation de type syndical, regroupant les travailleurs immigrés de la Confédération générale du travail unitaire (CGTU) dans les années 1920. Elle s'appela d'abord MOE : Main d'œuvre étrangère et dépendait de l'Internationale syndicale rouge (ISR). À cause de la vague de xénophobie des années 1930, le Parti communiste français, qui dirige de fait ce secteur syndical, lui préféra le terme de MOI[réf. nécessaire].

Pour les articles homonymes, voir MOI.

Main-d'œuvre immigrée
Pays France
Fait partie de Francs-tireurs et partisans
Guerres Seconde Guerre mondiale
Batailles Libération de Paris
Plaque commémorative en hommage au guerillero Domingo Tejero Pérez, combattant de la MOI, parc des Buttes-Chaumont, Paris 19e.

L'organisation joue un rôle de soutien important pendant la guerre civile espagnole aux Républicains espagnols puis prend activement part à la Résistance, sous l'appellation FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée).

Le plus célèbre de ses membres est Missak Manouchian et la FTP-MOI est rendue célèbre par l'Affiche rouge, une affiche de propagande allemande exposant les photos de 10 des 23 membres de la FTP-MOI après leur arrestation à la fin de 1943, stigmatisant la présence d'étrangers et de Juifs dans la Résistance française et parlant d'« armée du crime ».

Contexte et histoire

À la suite de la Première Guerre mondiale, entre 1921 et 1926, s'installent en France chaque année près de 200 000 personnes[1]. La plupart d'entre elles viennent d'Europe centrale et d'Italie. Elles forment une part non négligeable du Parti communiste français. En 1926, le cinquième congrès du Parti communiste décide de créer des sections spéciales séparées dans lesquelles les travailleurs immigrés pourront s'organiser. Il crée ainsi la Main d'œuvre étrangère (MOE) qui édite à partir d' la brochure Fraternité d'abord en cinq langues (français, italien, allemand, hongrois, russe). Peu après est créée une section juive parlant le yiddish. L'organisation est renommée Main-d'œuvre immigrée au début des années 1930 et contient 12 sous-sections[2].

Durant la guerre civile espagnole, le MOI crée un réseau de soutien des Républicains espagnols[2]. Un nombre non négligeable de ses militants actifs rejoint les Brigades internationales[2].

Apprenant l'existence d’un pacte de non-agression germano-soviétique et la participation des troupes de Staline à l'invasion de la Pologne, conjointement avec les nazis, le gouvernement Daladier interdit en le Parti communiste français (PCF), ses organes de presse et syndicats. Dès cette date, de nombreux membres de la MOI entrent dans la clandestinité.

Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, Louis Grojnowski dit « Brunot » en prend la direction avec Simon Cukier qui utilise déjà une fausse identité, celle d'Alfred Grant un « commis voyageur » allemand, et l'organisation donne naissance à un groupe armé, les FTP-MOI, dont le dirigeant est Joseph Epstein. A partir de juin-, Artur London intègre le trio de direction chargé du groupe de combat de langue allemande[3].

Après la rafle du Vel d'Hiv en les groupes s'engagent un peu plus dans l'action. Pourchassés sans relâche par la Brigade spéciale no 2 (BS2) des Renseignements généraux, presque tous les combattants de la MOI sont repérés à la fin de l'été 1943. À l'automne 1943 la police française les arrête tous. Toutefois, la MOI restera active dans le Sud -Est (Grenoble, Lyon, Marseille) jusqu'à la Libération de la France.

Groupes et détachements

En 1943, la MOI mobilisait à Paris sur le terrain une soixantaine d'hommes dédiés aux attentats et organisés en cinq groupes:

  • groupe d'action « Stalingrad » de Marcel Rayman,
  • groupe des dérailleurs de Leo Kneler,
  • 2e détachement, dit détachement juif car majoritairement composé de juifs polonais,
  • 3e détachement, dit détachement italien car majoritairement composé d'Italiens,
  • 4e détachement, dit des « dérailleurs » de Joseph Boczov

S'y ajoutaient deux groupes essentiels à la préparation et la gestion des suites des attentats :

  • le groupe de renseignement de Cristina Boïco,
  • le groupe « Solidarité ».

Actions

Au cours des 6 premiers mois de l’année 1943, les équipes de la MOI accomplissent 92 attentats dans Paris qui se trouvait sous haute surveillance.

  • 32 actions sont à mettre sur le compte du 2e détachement juif sous la direction de Meier List
  • 31 actions sont à mettre sur le compte du 3e détachement renforcé par des éléments du Détachement juif, démantelé fin juin 1943, qui deviendra l’équipe spécialisée et comptera les éléments particulièrement déterminés tel Marcel Rayman, Leo Kneler, Spartaco Fontano et Raymond Kojitski.

Parmi ces actions :

Membres

On peut citer parmi les membres les plus connus ou les plus actifs de la MOI :

Notes et références

  1. Stéphane Courtois, Le sang de l'étranger. Les immigrés de la MOI dans la Résistance avec Adam Rayski et Denis Peschanski (en coll.), Fayard, 1989
  2. (de) Sebastian Voigt, Der Judische Mai '68: Pierre Goldman, Daniel Cohn-bendit Und Andre Glucksmann Im Nachkriegsfrankreich, Vandenhoeck und Ruprecht Verlag, Göttingen 2015, p. 38
  3. Cécile Denis, Continuités et divergences dans la presse clandestine de résistants allemands et autrichiens en France pendant la Seconde Guerre mondiale : KPD, KPÖ, Revolutionäre Kommunisten et trotskystes, (thèse de doctorat réalisée sous la direction d’Hélène Camarade, soutenue publiquement le 10 décembre 2018 à l’université Bordeaux-Montaigne) (lire en ligne)
  4. Demeurant 8 impasse du Maroc à Paris 19e et surnommé Maroc par les Brigades spéciales

Voir aussi

Bibliographie

  • Benoît Rayski, L'Affiche rouge : 21 février 1944 : ils n'étaient que des enfants, Paris, Éditions Le Félin, coll. « Questions d'époque », , 121 p. (ISBN 978-2-86645-538-5, OCLC 54953873).
  • Simon Cukier, Dominique Decèze, David Diamant, Juifs révolutionnaires : une page d'histoire du Yiddishland en France, Éditions Messidor, 1987.
  • Stéphane Courtois, Denis Peschanski et Adam Rayski, Le Sang de l'étranger : les immigrés de la MOI dans la Résistance, Paris, Fayard, , 470 p. (ISBN 2-213-01889-8, présentation en ligne).
    Nouvelle édition corrigée : Stéphane Courtois, Denis Peschanski et Adam Rayski, Le Sang de l'étranger : les immigrés de la MOI dans la Résistance, Paris, Fayard, , 470 p. (ISBN 978-2-213-01889-8).
  • Hors-série L'Humanité, « Le groupe Manouchian » (et le DVD La traque de l'Affiche Rouge, film de Jorge Amat et Denis Peschanski), .
  • Boris Holban, Testament. Après 45 ans de silence, le chef militaire des FTP-MOI de Paris parle..., Calmann-Lévy, 1989.
  • Karel Bartosek, René Gallissot, Denis Peschanski (dir.), « De l'exil à la résistance. Réfugiés et immigrés d'Europe centrale en France. 1933-1945 », Vingtième Siècle : Revue d'histoire, 1989, vol. 24, no 1, p. 141-142. [lire en ligne].
  • Marc Levy, Les enfants de la liberté (l'histoire de la trente-cinquième brigade FTP-MOI), éditions Robert Laffont, 2007.

Filmographie

Articles connexes

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