Thomas Elek

Thomas Elek ( - ) fut avec Missak Manouchian l'un des résistants fusillés au fort du Mont Valérien comme membre des FTP-MOI. Son nom est l'un des dix qui figurent sur l'« Affiche rouge » placardée par les Allemands peu avant leur exécution. Sa photographie y est accompagnée de la mention : « ELEK Juif hongrois 8 déraillements ».

Biographie

Immigré en France (1924-1939)

Thomas Elek (Elek Tamás en hongrois[1]) naît à Budapest en Hongrie le . Ses parents, Sandor (ou Alexandre) et Hélène Hofmann, sont des intellectuels communistes. Alors que la mère est enceinte d'un second fils, Béla, la famille Elek, déjà agrandie d'une petite Marthe, émigrent en 1930, en France, pays dont ils révèrent la culture. Ils s'installent à Fontenay-sous-Bois. Thomas y est scolarisé à l'école Jules Ferry.

En 1933, ils partent à Paris, où sa mère, après divers petits métiers, devient restauratrice en 1934, prenant en gérance Le Fer à cheval, 42, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève[1]. Son restaurant devient un lieu de ralliement de l'immigration hongroise et des étudiants de la Sorbonne[1].

La résistance étudiante (juin 1940-juillet 1942)

Thomas est un élève brillant. Par ses parents et leurs amis réfugiés, il est parfaitement au courant de projet totalitaire et antisémite d'Adolf Hitler et de son avancement.

Il quitte sa classe de seconde au lycée Louis-le-Grand en juin 1941 après avoir manqué de tuer à mains nues un camarade de classe qui avait fustigé sa nouvelle condition de « juif » et d'étranger. Il a seize ans et décide de s'engager dans l'action clandestine.

Il rejoint un groupe d'étudiants de la Sorbonne liés au Groupe du musée de l'Homme, confectionne et distribue des tracts, colle des « papillons » sur les murs. La rupture du Pacte germano-soviétique le libère les militants mais aussi les sympathisants communistes des freins imposés par la direction du Parti aux velléités de résistance armée exprimée par la base.

L'engagement dans la FTP-MOI (août 1942-août 1943)

Il commence la lutte avec son petit frère Béla (12 ans) à l'insu de leurs parents en réalisant et distribuant des tracts, et en collant la nuit des affichettes aux murs de la capitale[2].
En août 1942, sympathisant puis adhérent des Jeunesses communistes qu'il approcha dans le restaurant de sa mère[1], il s'engage par l’intermédiaire de Joseph Clisci[1] sous le pseudonyme de Tommy[1] dans les rangs des Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI) sous le matricule 10306[1], et commence la lutte armée.
Sa première action d'éclat est un attentat qu'il commet de sa seule initiative, toujours aidé de son petit frère qui repère les lieux la veille[2]. Le , il confectionne une bombe, la cache dans l'exemplaire évidé du Capital dérobé à son père et la dépose sur un rayon de la librairie allemande Rive Gauche, 47, boulevard Saint-Michel qui est incendiée[2].

Le , en compagnie d'un jeune Tchèque de son âge, Pavel Simo, il attaque à la grenade un restaurant réservé aux officiers allemands à Asnières-sur-Seine. Pavel Simo est arrêté et sera fusillé le 22 mai au stand de tir de Balard. Le , attaquant à l'improviste, il jette deux grenades dans un groupe de 70 Allemands devant le métro Jaurès.

Son attitude courageuse lui vaut de monter en grade et il est nommé chef de groupe au sein du 4e détachement des FTP-MOI de la région parisienne, détachement dit « des dérailleurs » commandé par un ancien de la guerre d'Espagne, Joseph Boczov. Il participe à plusieurs déraillements, notamment la nuit du , sur la ligne Paris-Château-Thierry. Ce déraillement aurait causé la mort de plusieurs centaines de soldats allemands. Le nombre d'actions qu'il aura accomplies, armées ou non, dépasse la centaine.

Sur l'Affiche rouge (septembre 1943-février 1944)

Thomas Elek est trahi par la concierge qui a remis à la police les deux derniers messages qu'il lui avait confiés pour un de ses camarades, Wolf Wajsbrot, après que celui-ci eut été arrêté. Arrêté à son tour et torturé par les Brigades spéciales des Renseignements généraux comme ses camarades de combat en novembre 1943, il est livré aux Allemands et incarcéré à la prison de Fresnes. Tous les membres du groupe sont condamnés à mort le à l'issue d'un simulacre de procès, et (à l'exception d'Olga Bancic, décapitée le 10 mai dans une prison de Stuttgart) fusillés trois jours plus tard au fort du Mont Valérien[3].

Au 19, rue au Maire, dans le 3e arrondissement de Paris, est apposée une plaque sur l'immeuble où Manouchian réunissait les jeunes résistants de la FTP-MOI.

Plaque commémorative de la maison du 19, rue au Maire, Paris 3e

Liste des membres du groupe Manouchian exécutés

Mémorial de l'Affiche rouge à Valence.

La liste suivante des 23 membres du groupe Manouchian exécutés par les Allemands signale par la mention (AR) les dix membres que les Allemands ont fait figurer sur l'Affiche rouge :

Célébration

Littérature

  • Le Tombeau de Tommy (roman), Alain Blottière, Gallimard, 2009
  • Thomas et son ombre (roman), Thomas Stern, Grasset, 2015
  • La mémoire d'Hélène (mémoires), Hélène Elek, Babelio, 1977

Cinématographe

Annexes

Bibliographie

  • FFI - FTPF, Pages de gloire des vingt-trois, Immigration, 1951.
  • La Mémoire d'Hélène (autobiographie d'Hélène Elek), éd François Maspéro, 1977.
  • Les Jeunes et la Résistance, dir. Laurence Thibault, AERI/La Documentation Française, 2007.
  • L'Affiche rouge, Adam Rayski, Mairie de Paris, 2003.
  • La Résistance en Ile-de-France, DVD-Rom, AERI, 2004.
  • Stéphane Courtois, Denis Peschanski et Adam Rayski, Le Sang de l'étranger : les immigrés de la MOI dans la Résistance, Paris, Fayard, , 470 p. (ISBN 2-213-01889-8, notice BnF no FRBNF35011435, présentation en ligne).
    Nouvelle édition corrigée : Stéphane Courtois, Denis Peschanski et Adam Rayski, Le Sang de l'étranger : les immigrés de la MOI dans la Résistance, Paris, Fayard, , 470 p. (ISBN 978-2-213-01889-8).
  • Missak - Didier Daeninck, 2010.

Articles complémentaires

Liens externes

Notes, sources et références

  1. Stephen Faigenbaum, The DocuMedia-Group, « ELEK Thomas (Tomas) » (consulté le )
  2. Stephen Faigenbaum, The DocuMedia-Group, « Secrets de Guerre - La resistance Francaise 13e volet (film) » (consulté le )
  3. « Le groupe Manouchian », sur ivry94.fr (consulté le )
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