Libyens
Les Libyens ou Libyques sont les peuples autochtones, plus communément connus sous le nom de Berbères ou Amazighs, habitant l'Afrique du Nord avant l'arrivée des Phéniciens (entre l'Atlantique et la Tripolitaine) et des Arabes. Les populations libyques se sont maintenues à l'époque carthaginoise et romaine. Le terme Libyens désigne les habitants de la Libye antique, avant que ce terme ne soit utilisé pour désigner les habitants de l'actuel État de Libye.
Pour les articles homonymes, voir Libyque (homonymie).
ⵉⵍⵉⴱⵉⵢⵏ (ber)
الليبيين (ar)
Régions d’origine |
Afrique du Nord : Numidie, Tripolitaine, Libye antique (Cyrénaïque et Marmarique) |
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Langues |
• Langues lybiques, traditionnellement écrites avec l'alphabet tifinagh • Dialectes arabes maghrébins (chez la population berbère arabisée après le VIIe siècle) • Autres (diasporas) |
Religions |
• Religions Libyques • Christianisme et Judaïsme (minoritaires) • Autres |
Ethnies liées |
• Sanhadja • Masmoudas • Zénètes |
Il existe trois grands groupes libyques :
- Les Zénètes, desquels sont issus en partie les Zouaris de Libye, les Chaouis, les Chenouis, les Zénètes du nord-ouest de l’Algérie, et les Zénètes du nord-est du Maroc.
- Les Sanhadjas, desquels sont issus en partie les Kabyles, et les Sanhadja de Srayr (Abdelkrim el-Khattabi est issue de ce groupe berbère).
- Les Masmoudas, desquels sont issus en partie les Chleuhs et les Ghomaras.
Les Libyens ont majoritairement été arabisés après la conquête musulmane du Maghreb au VIIe siècle.
Origines
Le mot « libyen » ou « libyque » est lié au nom de l'ensemble de leur territoire, la Libye antique, qui s'étendait selon Hérodote de la rive gauche du Nil à l'océan Atlantique. Le mot Libye (en grec Λιβύη, Libyē) est dérivé du nom d'une confédération berbère établie durant l’Antiquité en Cyrénaïque et dans le delta du Nil, connue sous le nom de Libou ; le terme s'est petit à petit étendu à tout le continent. Selon Pline l'Ancien, « les Grecs appelaient l'Afrique « Libye » et la mer qui l'affronte « Libyque » »[1].
Des représentations de Libyens se retrouvent parmi certaines fresques égyptiennes comme celles du tombeau de Séthi Ier : on y voit quatre Libyens habillés de longues robes colorées, arborant tatouages et plumes d'oiseaux sur la tête[2]. Les peintures de l'Égypte antique les représentent avec la peau blanche, et des auteurs de Grèce antique les ont décrits comme ayant la peau claire[3], certains évoquant l'existence de Libyens aux yeux bleus[4] et aux cheveux blonds[5].
Diversité des peuples
Les Libyens sont mentionnés par les Égyptiens anciens, qui évoquent l'existence de diverses tribus ou confédérations libyques[6] telles que les Libou, les Machouach, les Tehenou et les Temehou[7].
Les Libyens sont également mentionnés par les Grecs anciens, tels Hérodote au Ve siècle av. J.-C., dans son œuvre[8] : l'historien grec y évoque une multitude de peuples libyques autochtones nomades, semi-nomades, et sédentaires. La langue libyque et la culture semblaient créer une certaine unité entre ces peuples mais on peut dégager deux ensembles dans les populations libyques :
- Un premier ensemble de peuples plutôt mal repérés et localisés par les auteurs anciens, portant différents noms : les Nasamons, les Atlantes, les Baquates, les Bavares, les Suburbures, les Musulames, les Gétules[9], les Garamantes, les Austuriens, etc.
- Un deuxième ensemble qui comprend les Maures et les Numides, ces derniers étant divisés en Massyles et Massæssyles.
Ces divers peuples libyques étaient organisés sur un mode généralement tribal ou confédérationnel, avec un chef, un roi ou une reine à leur tête, mais certains (Maures et Massyles notamment) ont su développer une organisation plus élaborée.
On parle d'ailleurs parfois de Libophéniciens (ou Libyphéniciens, ou Libyophéniciens) pour désigner les populations de la région de Carthage proches des ancêtres des actuels Berbères mais qui se sont assimilées aux Phéniciens durant l'ère carthaginoise (par mariage intercommunautaire ou acculturation)[10].
Polysémie du terme « Libyens »
Le terme « Libyens » a pu désigner d'autres peuples selon le point de vue culturel et selon l'époque :
- En Grèce antique, le terme « Libyens » était utilisé pour désigner soit l'ensemble des habitants d'Afrique du Nord, soit une partie d'entre eux (les Berbères).
- À partir du Ve siècle, la Libye désigne l'ensemble des terres connues en Afrique du Nord-Ouest donc les acceptions des termes « Libyens » et « Libyques » diffèrent. Les Égyptiens et les Hébreux parlaient de Libyens pour les peuples côtiers situés entre Égypte et Syrie[réf. nécessaire], alors que les Grecs appliquaient cette désignation pour ceux qui habitaient dans l'arrière-pays de Cyrène[11].
- De nos jours l'appellation « Libyens » est usuellement employée pour désigner les citoyens de la Libye, raison pour laquelle certains préfèrent privilégier le terme « Libyques ».
Voir aussi
Notes et références
- Pline l'Ancien, Histoire naturelle, livre V.
- Représentation sur le tombeau de Sethi Ier.
- Pseudo-Scylax, Périple, 110 (GGM, I, p. 88) : Cf. Bates, O., The Eastern Libyans, Londres, 1914, p. 40, n. 5.
- Pausanias, I, 14.
- Lucain, Pharsale, X, 129.
- Jean-Marie Lassère, Africa, quasi Roma : 256 av. J.-C - 711 apr. J.-C., CNRS Editions, , 786 p. (ISBN 978-2-271-07689-2, lire en ligne)
- Unesco, Libya antiqua, (lire en ligne)
- Hérodote, Enquête, livre IV.
- Notons toutefois que des historiens comme Jehan Desanges pensent que le terme « Gétules » désignerait plus un mode de vie qu'un peuple précis et homogène.
- Gabriel Camps, « L'origine des berbères », Islam : société et communauté. Anthropologies du Maghreb, sous la dir. d'Ernest Gellner, les Cahiers CRESM, éd. CNRS, Paris, 1981.
- Françoise Prévot, Jean-Louis Voisin, Philippe Blaudeau, Leila Najar, L'Afrique romaine : 69-439, Atlande, collection Clefs concours, 2006, p. 286 (ISBN 2350300021).
Bibliographie
(voir aussi notes ci-dessus)
- Gabriel Camps (dir.), Encyclopédie berbère, Édisud, Aix-en-Provence, 1985-2006.
- Jehan Desanges, Catalogue, 1962, 297 p.
- Stéphane Gsell, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, Hachette, Paris, 1921-1928, 8 volumes.
Articles connexes
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