Kim Il-sung

Kim Il-sung (en coréen : 김일성, prononcé : /kim.il.ʌŋ/), ou Kim Il-sŏng, né le et mort le , est un homme d'État nord-coréen. Fondateur et premier dirigeant de la Corée du Nord en 1948, il dirigea le pays jusqu'à sa mort. En 1998, l'Assemblée populaire suprême le proclame « Président éternel de la République ».

Dans ce nom coréen, le nom de famille, Kim, précède le nom personnel.

Pour les articles homonymes, voir Kim.

Kim Il-sung

Portrait officiel de Kim Il-sung.
Fonctions
Président de la République populaire démocratique de Corée

(21 ans, 6 mois et 10 jours)
Premier ministre Kim Il
Pak Sung-chul
Li Jong-ok
Kang Song-san
Li Gun-mo
Yon Hyong-muk
Kang Song-san
Prédécesseur Choi Yong-kun (président du présidium de l'Assemblée populaire suprême)
Successeur Kim Yong-nam (président du présidium de l'Assemblée populaire suprême)
Kim Jong-il (« dirigeant suprême »)
Secrétaire général du Parti du travail de Corée

(27 ans, 8 mois et 27 jours)
Prédécesseur Lui-même (président du parti)
Successeur Kim Jong-il
Président de la Commission militaire centrale du Parti du travail de Corée

(31 ans, 6 mois et 17 jours)
Prédécesseur Poste créé
Successeur Kim Jong-il
Président du Parti du travail de Corée

(17 ans, 3 mois et 11 jours)
Prédécesseur Kim Tu-bong
Successeur Lui-même (secrétaire général)
Kim Jong-un (indirectement)
Premier ministre de la
République populaire et démocratique de Corée

(24 ans et 3 mois)
Président Kim Tu-bong
Choi Yong-kun
Prédécesseur Poste créé
Successeur Kim Il
Député de l'Assemblée populaire suprême

(45 ans, 10 mois et 6 jours)
Commandant suprême de l'Armée populaire de Corée

(43 ans, 10 mois et 16 jours)
Prédécesseur Poste créé
Successeur Kim Jong-il
Vice-président du Parti du travail de Corée du Nord

(2 ans, 10 mois et 2 jours)
Prédécesseur Poste créé
Successeur Pak Hon-yong (parti du travail de corée)
Président du Parti communiste de Corée

(8 mois et 11 jours)
Prédécesseur Kim Yong-bom
Successeur Kim Tu-bong (président du parti du travail de Corée du nord)
Biographie
Dynastie Dynastie Kim
Nom de naissance Kim Song-ju
Date de naissance
Lieu de naissance Man'gyŏngdae (Corée, à l'époque dans l'empire du Japon)
Date de décès
Lieu de décès Pyongyang (Corée du Nord)
Nature du décès Crise cardiaque
Sépulture Palais du Soleil Kumsusan
Nationalité Nord-Coréen
Parti politique Parti du travail de Corée
Père Kim Hyong-jik
Mère Kang Pan-sok
Fratrie Kim Chol-ju
Kim Yong-ju
Conjoint Kim Jong-suk
Kim Song-ae
Enfants Kim Jong-il
Kim Man-il
Kim Kyong-jin
Kim Pyong-il
Kim Yong-il
Religion Presbytérianisme (1912-1929)
Athéisme (1929-1994)


Chefs d'État nord-coréens

Kim Il-sung
Chosŏn'gŭl 김일성
Hanja 金日成
Romanisation révisée Gim Il-seong
McCune-Reischauer Kim Ilsŏng

Kim Il-sung occupa les postes de premier ministre de 1948 à 1972 et de président de la République à partir de 1972, tout en dirigeant sans interruption jusqu'à sa mort le Parti du travail de Corée. Il était couramment désigné du titre de Grand Leader (위대한 수령, widaehan suryŏng). Il fut surnommé le « Président éternel » ou « professeur de l'humanité tout entière ». Son fils Kim Jong-il lui succéda à la tête du parti et du régime. Son petit-fils, Kim Jong-un, est l'actuel dirigeant de la Corée du Nord ce qui, sur trois générations, fait de la famille Kim la première dynastie communiste de l'histoire.

Jeunesse

Naissance

Né sous le nom de Kim Song-ju (« le pilier du pays »)[1] à Pyongyang, dans une famille chrétienne presbytérienne pratiquante[2] (il fréquenta les services religieux pendant son adolescence avant de devenir athée plus tard dans sa vie[3]), Kim Il-sung est l'ainé de trois fils. Il est le fils de Kim Hyong-jik, un militant indépendantiste anti-japonais. En 1920, sa famille s'installe en Mandchourie, où il passe l'essentiel de sa jeunesse et de sa scolarité.

Adolescence

En 1929, il est exclu de son école sans doute à la suite de sa participation à une petite organisation communiste. Il est possible qu'il ait fait un temps de prison pour cette participation, mais c'est peu après qu'il change de nom et c'est en 1932 qu'il rejoint ou organise un premier groupe de résistants à l'occupant japonais qui a transformé la Mandchourie en Manchoukouo[4]. Comme d'autres groupes de partisans coréens et parlant mandarin, il s'intègre aux forces communistes chinoises qui s'organisent peu à peu entre 1931 et 1935 pour combattre les Japonais[5]. C'est au sein de la Seconde Armée, surtout active dans l'est de la Mandchourie, que Kim s'illustre et se hisse au grade de commandant de division (une centaine d'hommes)[6], mais le fait d'armes qui lui vaut d'être reconnu par les Japonais comme un des résistants les plus notoires est le raid sur Pochonbo, une ville coréenne, qu'il organise le en coordination avec une association de résistance locale. Il occupe la ville une journée avant de se retirer en Mandchourie, poursuivi par des policiers japonais qu'il défait dans une embuscade[7].

C'est à cette époque qu'il rencontre son épouse Kim Jong-suk, qui est également la mère de Kim Jong-il. Née le , elle est également de ces Coréens installés en Mandchourie et semble avoir rejoint la guérilla communiste dès 1935.

Seconde guerre mondiale

En 1940, alors que les forces japonaises lancent une offensive destinée à liquider la guérilla communiste, Kim devient commandant d'une des trois Armées plus particulièrement actives dans le sud de la Mandchourie. Dans les combats qui s'ensuivent, la guérilla est balayée, et Kim est le seul commandant qui n'est pas tué ou capturé. Poursuivi par les Japonais qui sont renseignés par des résistants capturés, dont l'ancien supérieur de Kim, il finit par se replier en 1941 en Union soviétique avec ce qui reste de sa Division et est intégré dans une unité internationale de l'Armée rouge[8] où il atteint le grade de capitaine[9] ou de major[10]. Il existe des rapports sur des incursions de Kim en Mandchourie, mais il ne semble pas avoir participé aux combats qui suivent la déclaration de guerre de l’URSS et l’invasion du Mandchoukuo par les forces soviétiques le [11]. C'est donc dans un Pyongyang occupé par les Soviétiques qu'il débarque le avec son groupe de résistants coréens[12]. Selon certaines sources, lui et ses camarades sont en uniforme de l'Armée rouge, Kim Il-sung portant les insignes de capitaine ou de major[13].

Leader suprême de la Corée du Nord

Arrivée au pouvoir

Kim Il-sung en 1946

En , Kim est installé par les Soviétiques à la tête du Comité provisoire du Peuple. Il n'est pas à cette époque à la tête du parti communiste, dont le siège est à Séoul, mais il occupe néanmoins une position influente de par sa lutte contre l'occupant japonais. Leonid Vassin, agent du NKVD, cité par Jasper Becker indique : « Quand Kim est arrivé, nous avons remarqué qu’il ne parlait pas couramment coréen [...] il a reçu l’ordre de lui donner un costume civil, et lui a donné trois jours pour apprendre un discours qui avait été écrit pour lui. Ce discours a été prononcé devant le premier congrès du parti organisé par des vétérans communistes, qui avaient été libérés à la suite de la défaite japonaise. Comme Kim n’avait aucune légitimité ni soutien, le NKVD a préféré lui créer son propre parti, le Parti des travailleurs. Très vite, ils ont contraint les autres partis à fusionner avec lui et brouillé les pistes sur son origine »[14]

Débuts à la tête de l'état

Sa réalisation majeure est la mise sur pied d'une armée professionnelle, l'Armée populaire de Corée (APC) formée à partir des anciens soldats qui avaient acquis une expérience au combat contre les Japonais et plus tard les nationalistes chinois. Avec l'aide de conseillers soviétiques, Kim construit une armée spécialisée dans les tactiques d'infiltration et la guérilla. Avant le déclenchement de la guerre de Corée, Joseph Staline munit l'APC de chars lourds modernes, de camions, d'artillerie et d'armes légères. Kim crée également une armée de l'air, équipée d'abord avec des vieux avions de chasse à hélice de l'URSS. Les futurs pilotes nord-coréens sont envoyés en Union soviétique et en Chine pour se former sur des MiG-15 dans des bases secrètes[15].

Au départ, les élections parrainées par les Nations unies en doivent permettre de réunifier la Corée, mais le Sud se déclare comme un État (la République de Corée), et le nord suit le en proclamant la République populaire démocratique de Corée, avec Kim comme premier ministre. Le , l'Union soviétique reconnaît le régime de Kim comme le seul gouvernement légal de la péninsule. Le parti communiste fusionne avec le Nouveau Parti populaire (en) pour former le Parti du travail de Corée du Nord (dont Kim est l'un des vice-présidents avec Chu Yong-ha (en) et Ho Ka-i (en)). En 1949, ce parti fusionne avec son homologue du sud (Parti du travail de Corée du Sud) pour devenir le Parti du travail de Corée (PTC) avec Kim comme président du parti.

Consolidation du régime

En 1949, la Corée du Nord devient une dictature communiste à part entière. Tous les partis et organisations de masse sont réunis dans une sorte de « front populaire » le Front démocratique pour la réunification de la patrie, mais qui est en réalité entièrement dominé par les communistes. À partir de cet instant Kim commence à développer un culte de la personnalité et se fait appeler le « Grand Leader »[16].

Entre 1946 et 1949, une série de lois (loi sur l'égalité des genres, réforme agraire, nationalisation de l'industrie) visèrent à la protection des droits des femmes, qui disposent dès lors de droits identiques à ceux des hommes. Elles disposent désormais du droit de voter, d'étudier, reçoivent à travail égal les mêmes salaires que les hommes et bénéficient des mêmes droits sur l'héritage ; les mariages forcés et la prostitution sont interdits, alors que le divorce est légalisé[17].

Dès sa prise de pouvoir, il mena une politique anti-religieuse violente. Les chamans et les chrétiens, adeptes de la religion des « capitalistes occidentaux », sont persécutés[18]. Il se défendit en affirmant que la religion est une sorte de superstition et qu'elle « représente une vision du monde antirévolutionnaire et non-scientifique. Elle est comme l'opium. »[19]. En 1955, après la guerre de Corée, toutes les organisations religieuses avaient disparu ou étaient passées dans la clandestinité ; elles avaient complètement disparu dans les années 1960. En 1958, une grande campagne antireligieuse est lancée. Depuis lors, 300 000 protestants, 35 000 bouddhistes, 30 000 catholiques et 12 000 chondoïstes ont disparu[20]. La ligue bouddhiste nord-coréenne, fondée en , disparaît en 1965 ; la fédération chrétienne nord-coréenne, fondée en , disparaît en 1960[19]. En 1963, pour les catholiques, il ne restait que 20 prêtres et 59 religieuses.

Guerre de Corée

Les documents d'archives suggèrent que la décision nord-coréenne d'envahir la Corée du Sud est à l'initiative de Kim plutôt que des Soviétiques[21],[22],[23]. Les sources suggèrent que le renseignement soviétique, à travers ses réseaux d'espionnage au sein du gouvernement américain et britannique a obtenu des informations sur les limites des stocks américains de bombes atomiques ainsi que sur des réductions de programmes de défense, ce qui conduit Staline à conclure que l'administration de Truman ne serait pas en mesure d'intervenir en Corée[24].

La République populaire de Chine approuve à contrecœur l'idée de la réunification de la Corée après avoir été informée par Kim que Staline a approuvé l'action[21],[22],[23]. La Chine ne soutient pas directement la Corée du Nord jusqu'à ce que les troupes des Nations unies, en grande partie des forces américaines, atteignent la rivière Yalou à la fin de 1950. Au début de la guerre en juin et juillet, les forces nord-coréennes occupent pratiquement tout le sud à l'exception du périmètre de Busan, mais en septembre, les Nord-Coréens sont repoussés par l'attaque menée par les États-Unis. En octobre, les forces de l'ONU ont repris Séoul et envahissent le nord afin de réunifier le pays sous l'égide du Sud. Le , les troupes américaines et sud-coréennes capturent Pyongyang, obligeant Kim et son gouvernement à fuir vers le nord, d'abord à Sinuiju et finalement en Chine.

Kim Il-sung en 1950.

Le , la Chine, après avoir averti à plusieurs reprises l'ONU de son intention d'intervenir si elle ne stoppait pas son avance, entre en guerre et envoie ses troupes traverser la rivière Yalou. Les troupes de l'ONU sont obligées de se retirer et les troupes chinoises reprennent Pyongyang en décembre et en janvier Séoul. En mars, les forces de l'ONU commencent une nouvelle offensive, reprenant Séoul et son avance est stoppée juste au nord du 38e parallèle. Après une série d'offensives et de contre-offensives des deux côtés, suivie d'une période épuisante de guerre de tranchées largement statique qui a duré de l'été 1951 à , le front se stabilise le long de ce qui allait devenir la zone coréenne démilitarisée. Pendant la guerre de position, la Corée du Nord est dévastée par des raids aériens américains causant de grands dommages dans la capitale et ailleurs dans le pays. Au moment de l'armistice, 3,5 millions de Coréens des deux côtés ont péri dans le conflit.

Pendant la guerre, Kim Il-sung semble avoir voyagé en Chine et en Union Soviétique cherchant un moyen de mettre fin au conflit. Les documents chinois et russes de l'époque révèlent que Kim est devenu impuissant à unifier la Corée sous sa direction et qu'il souffre que son armée soit reléguée en seconde ligne, la majorité des combats étant livrés par l'armée populaire de Chine.

Modernisation économique et indépendance politique

Après la guerre de Corée (1950-1953), la Corée du Nord reconstruit rapidement son économie en s'industrialisant par le mouvement Chollima, le cheval ailé des légendes coréennes qui parcourait 1 000 li par jour. Le taux de croissance économique, estimé à plus de 10 % par an dans les années 1960, se ralentit ensuite puis devient négatif au début des années 1990, sous l'effet de la disparition des démocraties populaires en URSS et en Europe de l'Est qui prive la Corée du Nord de ses partenaires traditionnels.

Selon les statistiques établies par des analystes occidentaux, le PNB par habitant en Corée du Nord a quasiment quadruplé entre 1953 et 1960 (de 55 à 208 dollars), alors qu'il est resté presque stagnant en Corée du Sud (de 56 à 60 dollars)[25]. L'historien Bruce Cumings note qu'« un rapport interne de la CIA admettait du bout des lèvres les différentes réalisations du régime : les soins apportés aux enfants et notamment aux orphelins ; le "changement radical" du statut de la femme ; le logement gratuit ; les soins médicaux gratuits et la médecine préventive ; des taux de mortalités infantile et une espérance de vie comparable aux pays les plus avancés »[25].

Kim Il-sung a défini la diplomatie nord-coréenne selon une politique d'équilibre et d'indépendance à l'égard de ses deux puissants voisins communistes, la Chine et l'URSS, ce qui a longtemps contribué à lui donner une image meilleure que celle d'autres dirigeants socialistes auprès des chefs d'État et de gouvernement occidentaux[26]. Conformément à cette volonté d'indépendance, les troupes soviétiques ont quitté la Corée dès la fin de l'année 1948 et la Corée du Nord n'a jamais adhéré au CAEM.

Dernières années

Dans le domaine religieux, l’Église catholique a dénoncé des persécutions, à l'origine de l'ouverture d'un procès en béatification de 53 martyrs morts entre 1949 et 1952.

Dès 1960, puis à nouveau en 1972, Kim Il-sung a effectué des propositions en vue d'une réunification pacifique de la Corée finalisées dans le projet d'une « République confédérale démocratique de Koryŏ », consistant à proposer (selon une formule pouvant être comparée à celle aujourd'hui envisagée pour la Chine et Taïwan) un seul État pour deux systèmes[27].

Mort, deuil et funérailles

Kim Il-sung meurt le 8 juillet 1994 au petit matin à Pyongyang, à l'âge de 82 ans, après avoir régné sans partage sur la Corée du Nord pendant 46 ans. Sa mort, survenue lors d'une attaque cérébrale, a donné lieu à d'immenses scènes de pleurs dans toute la Corée du Nord, souvent interprétées comme surréalistes en Occident. Des récits des réfugiés nord-coréens témoignent toutefois de l'affection sincère des Nord-Coréens envers leur président[28]. Cependant, selon Hwang Jang-yop, les scènes d'émotion étaient causées par la combinaison du culte de la personnalité voué à Kim Il-sung et de la peur de représailles. Ainsi, le parti menait des enquêtes sur l'intensité du chagrin de la population, dont il déduisait la loyauté ; les patients qui ne sortaient pas des hôpitaux et ceux qui continuaient de boire ou de faire la fête après l'annonce de la mort étaient punis[29]. Après sa mort, c'est son fils, Kim Jong-il qui lui succède comme Dirigeant suprême. Le 12 juin 1995, Kim Il-sung est inhumé dans le Palais du Soleil Kumsusan, où son corps est exposé depuis dans un grand sarcophage en verre. Le 5 septembre 1998, l'Assemblée populaire suprême le proclame « Président éternel de la République ».

Le culte du Grand Leader

Visiteurs s'inclinant devant les statues de Kim Il-sung et de Kim Jong-il sur la colline Mansu (Pyongyang)
Peinture murale de Kim Il-sung prononçant un discours à Pyongyang

La vénération dont Kim Il-sung a été et est toujours l'objet en Corée du Nord s'inscrit dans une filiation confucéenne qui a déifié les empereurs de Corée et affirmé le principe du respect de l'autorité, des pères et des maîtres. Ce « respect », selon le terme utilisé par les Nord-Coréens, est aussi interprété par les Occidentaux comme un culte de la personnalité propre au stalinisme. Tous les Nord-Coréens portent le badge du Grand Leader. Son portrait orne l'ensemble des bâtiments officiels et est accroché dans tous les logements privés en Corée du Nord.

Le « Grand Leader » a reçu le titre posthume, en 1998, de « Président éternel ». Le préambule de la Constitution nord-coréenne annonce : « Le président Kim Il-sung, grand Leader, est le Soleil de la nation et le symbole de la réunification du pays. (...) La République populaire démocratique de Corée et le peuple coréen sous la direction du Parti du travail de Corée honoreront éternellement le camarade Kim Il-sung, grand Leader, comme Président de la République, défendront et développeront ses idées et ses hauts faits pour mener jusqu'à son achèvement l'œuvre révolutionnaire Juche »[30]. Il est le père de Kim Jong-il, « le cher dirigeant » : la Corée du Nord constitue ainsi le premier cas d'une succession dynastique dans un État se réclamant du socialisme, et plus précisément des idées du juche définies par le président Kim Il-sung (le deuxième cas[réf. nécessaire] étant l'accession au pouvoir de Kim Jong-un après la mort de Kim Jong-il en 2011).

Kim Il-sung en visite d'état en République démocratique allemande, avec Otto Nagel et Otto Grotewohl.

Le corps de Kim Il-sung repose désormais dans le palais du Soleil Kumsusan, ancien palais présidentiel de Pyongyang, transformé pour l'occasion en mausolée. De nombreux Nord-Coréens, notamment les habitants de Pyongyang, vont à l'occasion des dates anniversaires du calendrier révolutionnaire, se recueillir devant la dépouille du « Président éternel ». Ces rassemblements donnent lieu à de longues files d'attente se poursuivant loin jusqu'à l'extérieur du bâtiment. Ce type de scène rappelle également, à l'époque de l'URSS, les longues processions devant le mausolée de Lénine. Kim Il-sung est l'un des quatre derniers chefs d'États de l'ancien bloc de l'Est avec Lénine, Mao Zedong et Hô Chi Minh à être embaumé et non enterré. Il est possible pour les rares touristes voyageant en RPDC d'aller visiter le site à condition d'en obtenir l'accord préalable des autorités de Pyongyang et d'être vêtus pour l'occasion de manière très formelle, Kim Il-sung restant encore à ce jour la plus haute personnalité du régime en tant que « Président éternel ».

L'ère officielle pour la datation des actes, en Corée du Nord, débute à sa naissance en tant qu'année d'origine de l'ère juche, fixée au 1er janvier et non au , date qui est l'une des fêtes nationales de la Corée du Nord

Kim Il-sung — tout comme Kim Jong-il — fait l'objet de chansons patriotiques, d'histoires apprises par cœur dès le plus jeune âge à l'école, ainsi que de chants et de quasi-prières sur les lieux de travail. De nombreuses réalisations monumentales à sa gloire (inscriptions laudatives sur des montagnes, mausolées, musées) sont également l'objet de pèlerinages réguliers, montrés de façon régulière sur la seule chaîne de télévision nationale. Les images du grand leader ainsi que de son fils sont montrées un peu partout en Corée du Nord (notamment dans la rue, dans les écoles, ou dans les rames de métro).

Une orchidée a été baptisée Kimilsungia par référence au président Kim Il-sung.

Généalogie

Notes et références

  1. « KIM-IL-SUNG », sur Universalis.fr
  2. (en) Lankov, « Kim Il-sung: disastrous founder of communist N. Korea », Korea Times, (consulté le )
  3. (en) « Kim Il Sung killer file » [archive du ], Moreorless : Heroes and killers of the 20th century
  4. Les historiens nord-coréens retiennent le 25 avril 1932 comme date de la création de ce qui deviendrait l'Armée populaire de Corée
  5. Philippe Pons, Corée du Nord, un État-guérilla en mutation, Paris, Gallimard, coll. « La Suite des temps », , 720 p. (ISBN 978-2-07-014249-1), page 197
  6. La connaissance que Kim avait du chinois et son éducation chinoise lui servirent lorsque l'armée de guérilla fut secouée par des incidents visant les Coréens, soupçonnés d'intelligence avec les Japonais
  7. Le raid est décrit de manière grandiloquente par l'agence de presse nord-coréenne KCNA
  8. Dont le nom officiel était la 88e Brigade ou Division. (en) Bradley K. Martin, Under the loving care of the fatherly leader : North Korea and the Kim dynasty, New York, Thomas Dunne Books, , 868 p. (ISBN 0-312-32221-6), p. 48 précise que la 88e Brigade était une unité de reconnaissance. Voir aussi (en) Dae-Sook Suh, Kim Il Sung : the North Korean leader, New York, Columbia University Press, , 443 p. (ISBN 0-231-06572-8), p. 50
  9. Selon Bradley K. Martin
  10. Selon Dae-Sook Suh qui cite cependant les deux informations sans réellement se prononcer. Les témoignages les plus crédibles - tel celui du major Lebedev, sont cependant ceux parlant du grade de capitaine
  11. Le mouvement des troupes soviétiques s'arrête au 38e parallèle nord à la suite du débarquement des forces américaines à Incheon le 8 septembre
  12. Une quarantaine d'hommes selon Lebedev
  13. Les sources sur le fait qu'il portait cet uniforme sont toutes des témoignages, tel celui du major général Nikolai Lebedev, et certains auteurs considèrent parfois ces sources avec circonspection, tel (en) Sung Chul-yang, The North and South Korean political systems : a comparative analysis, Elizabeth, NJ, Hollym, (ISBN 1-56591-105-9), p. 369-370
  14. Dix choses que vous ignorez (sans doute) sur la Corée du Nord
  15. (en) Clay Blair, The forgotten war : America in Korea, 1950-1953, Annapolis, Md, Naval Institute Press, , 1136 p. (ISBN 978-1-59114-075-7).
  16. (en) Jasper Becker, Rogue Regime : Kim Jong Il and the Looming Threat of North Korea, Oxford University Press, , 300 p. (ISBN 978-0-19-517044-3, lire en ligne)
  17. Juliette Morillot et Dorian Malovic, La Corée du Nord en 100 questions, Texto, , p. 310
  18. Han Kyung-koo, « La Guerre de Corée et les changements sociaux  », Koreana, page 8, été 2010.
  19. « North Korea Handbook  », Yonhap News Agency, 2003, page 449.
  20. « La liberté religieuse en Corée du Nord n'existe que sur le papier, affirme un rapport du gouvernement sud-coréen  », Bulletin EDA n° 284, Églises d'Asie, le 1er avril 1999.
  21. Weathersby, Kathryn, The Soviet Role in the Early Phase of the Korean War, The Journal of American-East Asian Relations 2, no. 4 (hiver 1993): 432
  22. Goncharov, Sergei N., Lewis, John W. et Xue Litai, Uncertain Partners: Stalin, Mao, and the Korean War (1993)
  23. Mansourov, Aleksandr Y., Stalin, Mao, Kim, and China’s Decision to Enter the Korean War, 16 September – 15 October 1950: New Evidence from the Russian Archives, Cold War International History Project Bulletin, Issues 6–7 (hiver 1995/1996): 94–107
  24. Sudoplatov, Pavel Anatoli, Schecter, Jerrold L., and Schecter, Leona P., Special Tasks: The Memoirs of an Unwanted Witness — A Soviet Spymaster, Little Brown, Boston (1994)
  25. Barbara Demick, Vies ordinaires en Corée du Nord, Albin Michel, , p. 313
  26. En 1981, François Mitterrand, alors premier secrétaire du Parti socialiste, avait ainsi effectué un voyage en Corée du Nord pour renforcer sur la scène internationale sa stature de candidat à l'élection présidentielle. La France n'a toutefois pas établi de relations diplomatiques avec la Corée du Nord après 1981 et elle reste à ce jour le seul État de l'Union européenne, avec l'Estonie, à ne pas reconnaître la République populaire démocratique de Corée. (voir l'article détaillé sur les relations entre la Corée du Nord et la France)
  27. Voir l'article détaillé réunification de la Corée
  28. Dans un récit de recueil de témoignages auprès de plusieurs dizaines de Nord-Coréens, notamment réfugiés en Chine et en Corée du Sud, les journalistes Juliette Morillot et Dorian Malovic, chef du service « Asie » au quotidien La Croix, soulignent que « Tous [les Nord-Coréens rencontrés] éprouvent une grande nostalgie des années Kim Il-sung. Un "Grand Leader" aimé et pas seulement « vénéré aveuglément », comme on voudrait trop nous le faire croire, un Grand Leader qui au lendemain de la guerre a transformé aux yeux de toute une génération un pays pauvre et détruit en un pays où chacun avait de la nourriture, un toit, un métier, l'accès à l'éducation : la République populaire démocratique de Corée » (extrait de : Juliette Morillot et Dorian Malovic, Evadés de Corée du Nord, Paris, Presses de la Cité Belfond, , 323 p. (ISBN 978-2-7144-4057-0), p. 11-12).
  29. Hwang Jang-yop, The Problems of Human Rights in North Korea (3)
  30. Constitution de la Corée du Nord

Annexes

Articles connexes

Écriture de son nom

Kim Il-sung

Chosŏn'gŭl 김일성
Hanja 金日成
Romanisation révisée Gim Il-seong
McCune-Reischauer Kim Il-sŏng

Liens externes

Bibliographie

  • Pascal Dayez-Burgeon, La dynastie rouge, Perrin, 2014 (ISBN 9782262040437)
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