Karl Bömelburg

Karl Bömelburg[n 1], né le à Elberfeld et mort le , fut le chef de la Gestapo en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Sturmbannführer-SS, il avait autorité notamment sur la section IV J, qui comprenait Alois Brunner, et qui était chargée de la déportation des Juifs, envoyé en 1943 par Müller. Il était aussi connu sous les alias Charles Bois, Mollemburg ou encore Bennelburger.

Karl Bömelburg
Naissance
Elberfeld (Province de Rhénanie)
Décès
Origine Allemagne
Allégeance  Empire allemand

 Allemagne nazie
Arme
Schutzstaffel
Grade SS-Obersturmbannführer
Conflits Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Responsable de la déportation des Juifs français

Éléments biographiques

Avant la guerre

Karl Bömelburg nait à Elberfeld, le (aujourd'hui fusionnée dans Wuppertal), en Allemagne. Pendant sa jeunesse, il passe cinq ans à Paris. Puis il rentre en Allemagne, se marie et travaille à Berlin dans la pâtisserie de ses parents. En 1931, Il entre au NSDAP, le parti nazi. Il est embauché dans la SA, puis dans la SS. Il rejoint la Gestapo en 1933, où il devient commissaire à la direction de la Kripo au siège de Berlin. Il est membre de la suite de von Ribbentrop à Paris en 1938. Début novembre, il est chargé d'enquêter sur le meurtre du conseiller d'ambassade Ernst vom Rath. L'affaire ayant été résolue rapidement, il devient ensuite attaché de l'ambassade d'Allemagne à Paris. Il met en place un centre officieux de la Gestapo dans la capitale française. Il travaille à Lyon et à Saint-Étienne, ce qui lui permet de s'exprimer en bon français. En , il est expulsé par l'inspecteur général de la police judiciaire Antoine Mondanel pour l'aide fournie aux organisations françaises d'extrême-droite et aux agents de la 5e colonne[1]. À Prague, il est commissaire de police à la Gestapo, chef de la section de lutte contre le maquis.

Paris

Le , lors de l'invasion allemande, il revient en France dans le Kommando SD du colonel Helmut Knochen et dirige le KdS comme conseiller criminel. En août, promu Lieutenant colonel SS, il est nommé par Heinrich Müller comme son représentant personnel et comme chef de la Gestapo (section IV du BdS pour la France) avec le titre de directeur criminel. Durant les années qu'il passe à Paris, son activité se traduit par la répression et les interrogatoires, au cours desquels ses subordonnés tels que Ernst Misselwitz utilisent souvent la torture. Non seulement il supervise la répression mise en œuvre par ses hommes, mais il suit aussi de très près les activités des auxiliaires français de la Gestapo, notamment de l'équipe de Bony et Lafont, rue Lauriston. C'est lui qui fera ajouter 10 cellules aux locaux de la rue Lauriston. La police française étant obligée de remettre à la Gestapo tous les gaullistes, communistes et autres résistants arrêtés par ses soins, c'est Bömelburg et ses subordonnés qui réceptionnent les personnes que leur remettent les auxiliaires français de la Gestapo et la police française. Il ratifie les décisions prises par ses subordonnés concernant le sort des personnes détenues. Celles-ci étaient très rarement relâchées. Un certain nombre d'entre elles étaient désignées comme otages à fusiller. Les autres, dont les Juifs, étaient envoyées en Allemagne, où elles étaient exécutées ou enfermées dans les camps de la mort. Bömelburg est responsable de l'envoi en Allemagne de la plus grande partie des 150 000 Français qui aboutirent dans les camps. Il faut mentionner aussi toutes les personnes qui ne sortirent pas vivantes des locaux de la Gestapo.

Bömelburg appréciait les soirées mondaines et les petits cadeaux offerts par Henri Lafont provenant des très juteux trafics du marché noir et des différentes spoliations.
L'un des souhaits de Bömelburg est d'avoir un élevage de volailles : Henri Lafont lui trouve une ferme dans les environs de Giverny, qu'il fait exploiter par ses hommes. Ses bureaux sont situés successivement :

Ses adjoints sont le Sturmbannführer Hans Kieffer (commissaire de la police criminelle), Heimboldt et Wolf.

En 1941, il succède à Rudy de Mérode au 40, boulevard Victor-Hugo, à Neuilly-sur-Seine, dans une Gasthaus (maison réservée aux hôtes « forcés »), dite villa Bömelburg[n 2]. Il recrute des agents personnels, portant l'indicatif B ou Boe[n 3]. Il effectue un voyage en zone non occupée[n 4] pour réactiver ses agents d'avant-guerre. Il supervise l'enquête sur Paul Collette, qui a tiré sur Pierre Laval et Marcel Déat. Il dirige le Kommando Orchestre rouge et met en place un Funkspiel contre les Soviétiques.

À l'automne 1942, il met en place Aktion Donar. En , Jean Moulin, arrêté le 21 à Caluire, passe deux semaines (du 25 juin au 8 juillet) à la villa Bömelburg, et meurt lors de son transfert en train à Berlin. Bömelburg est le dernier officier supérieur allemand à voir Jean Moulin vivant. En août, Albert Lebrun et André François-Poncet sont aussi retenus dans cette même villa par Bömelburg avant leur transfert en Allemagne. Exception à la règle, ces hôtes de marque sont bien traités.

Vichy

En , atteint par la limite d'âge, Bömelburg est remplacé par August Stindt, et est muté à Vichy, où il représente Karl Oberg. En , en remplacement du capitaine SS Hugo Geissler, tué lors d'un accrochage près de Murat (Cantal), il devient le chef de la Gestapo en zone sud.

Sigmaringen

Le , il assure le transfert du maréchal Pétain à Sigmaringen où il devient le chef de la sécurité. Le , il autorise le départ du Maréchal vers la Suisse.

Disparition

En , après la capitulation, Bömelburg disparaît et ne sera jamais officiellement retrouvé, tout comme son chef à Berlin, Heinrich Müller. Il subtilise les papiers d'un sergent Bergman, tué sous un bombardement, et met les siens à la place. Il est embauché comme jardinier par un hobereau des environs de Munich, puis promu comme bibliothécaire. Il dirige un groupe de nazis actifs réfugiés en Espagne. En 1946, à la Saint-Sylvestre, il glisse sur du verglas et meurt, le crâne fendu. Plus tard, son fils Ralf fera graver son nom sur la pierre tombale[2].

Le , il est condamné à mort par contumace par le tribunal militaire de Lyon. Les autorités tchécoslovaques le recherchent également pour crime de guerre.

Bibliographie

  • Jacques Delarue, Histoire de la Gestapo, Paris, Succès du livre éd, (1re éd. 1962), 510 p. (ISBN 978-2-7382-2528-3, OCLC 288915635).
  • Jean-Paul Cointet, Sigmaringen : une France en Allemagne (septembre 1944 : avril 1945), Paris, Perrin, , 366 p. (ISBN 978-2-262-01823-8, OCLC 53177824).
  • Cyril Eder, Les comtesses de la Gestapo, Paris, Grasset, , 257 p. (ISBN 978-2-246-67401-6, OCLC 723952731).
  • Patrice Miannay, Dictionnaire des agents doubles dans la Résistance, Paris, Cherche midi, coll. « Documents », (réimpr. 352), 352 p. (ISBN 978-2-7491-0456-0, OCLC 62418213).
  • Jean Lartéguy et Bob Maloubier (préf. Alexandre de Marenches), Triple jeu : l'espion Déricourt, Paris, R. Laffont, , 337 p. (ISBN 978-2-221-06836-6, OCLC 29548783)
  • Monika Siedentopf (trad. de l'allemand), Parachutées en terre ennemie, Paris, Perrin, , 266 p. (ISBN 978-2-262-02784-1, OCLC 949219409), p. 97

Notes et références

Notes

  1. Bömelburg ou Boemelburg : les deux écritures se rencontrent, car, en allemand, elles sont équivalentes
  2. Y passèrent : le général Weygand, Geneviève de Gaulle, la famille du général Giraud, le président Albert Lebrun, René Bousquet, Paul Dungler, Léopold Trepper, Jean Moulin
  3. Comme agents personnels de Boemelburg, citons : Urraca, le colonel Rado, Henri Barbé, Ludovic Barthélémy, Joseph Joinovici, Henri Déricourt (Boe 48), Mathilde Carré
  4. Zone non occupée

Références

  1. Jean-Marc Berlière et Laurent Chabrun, Les Policiers français sous l'occupation, d'après les archives inédites de l'épuration, Perrin, , 386 p. (ISBN 978-2-7028-4821-0)
  2. Jean Lartéguy et Bob Maloubier, Triple jeu, l'espion Déricourt, Robert Laffont, , 334 p. (ISBN 978-2-221-06836-6)
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