Jacques Delarue

Jacques Delarue, né le 18 septembre 1919 à Bricquebec (Manche) et mort le 14 septembre 2014 [1], est un résistant, ancien commissaire divisionnaire de police, affecté dans un des services de la Direction centrale de la Police judiciaire à Paris et historien français.

Biographie

Ouvrier aux usines Renault de Boulogne-Billancourt à compter du 5 décembre 1935, puis chez Caudron, il est mobilisé dès la déclaration de guerre, mais reste sur place jusqu'au début des hostilités. Il est maintenu sous les drapeaux durant la drôle de guerre, puis est maintenu dans les cadres de l'armée d'armistice à compter de septembre 1940 et ne doit sa démobilisation en novembre 1942 qu'à la réussite du concours de gardien de la paix en 1942. Il intègre alors la police régionale d'État à Limoges et s'engage rapidement dans le service de renseignement le mouvement Combat , qui sera l'une des structures formant dans les services de renseignements des Mouvements unis de la Résistance (MUR). Il est reçu en février 1944 au concours d'inspecteur de police, mais, arrêté par les policiers allemands membres du service régional de la Gestapo, il est incarcéré, sans passer en jugement, à Limoges jusqu'à la Libération.

Réintégré à compter de septembre 1944 dans la police, il est appelé à compter du début de 1946 à la direction centrale de la police judiciaire, à la sous-direction des affaires intéressant la sûreté intérieure de l'État, pour y traiter les séquelles de la Libération. Puis, pendant la guerre d'Algérie, il sera un des enquêteurs dès le 16 février 1957 de l'affaire de la « villa des Sources », devenue centre de torture du groupe Georges Watin[2] dit « la boîteuse », qui participera le 22 août 1962 à l'attentat du Petit-Clamart. En février 1957, après avoir séjourné temporairement à Alger, il dresse un procès-verbal sur les conséquences de l'affaire du bazooka, attentat commis le 16 janvier 1957 contre le général Raoul Salan, alors commandant de la 10^e région militaire à Alger. A compter de 1961 et de la création de l'OAS, il sera l'un des commissaires de police très actif dans la lutte contre les membres de l'OAS. Il terminera sa carrière en tant que commissaire divisionnaire au sein de la DCPJ et aura droit à l'honorariat de son grade.

Il est l'un des vice-présidents de l'Association pour des études sur la Résistance intérieure (AERI). Dans le cadre de ses travaux d'historien, il a écrit de nombreux ouvrages qui ont fait date.

Il enquête en 1970 sur Paul Touvier à la suite de la demande de grâce déposée par celui-ci[3]. Il est témoin de l’accusation au procès de Klaus Barbie en 1987 et dépose vingt ans plus tard, à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, ses notes préparatoires pour sa déposition et le reste de ses documents relatifs à l’affaire Barbie[4].

Décorations

1993 : commandeur de l’ordre national du Mérite[5]
Officier de la Légion d’honneur.

Publications

Les Tatouages du « milieu », avec Robert Giraud et Robert Doisneau, éd. la Roulotte, 1950.
Histoire de la Gestapo, Paris, Fayard, 1962. Prix de la Résistance 1963, prix Aujourd'hui 1963.
Les nazis sont parmi nous, éd. du Papillon, 1968.
Trafics et crimes sous l'Occupation, Paris, Fayard, 1968, 495 p. (présentation en ligne).
Nouvelle édition revue et augmentée : Trafics et crimes sous l'Occupation, Paris, Fayard, 1993, 506 p. (ISBN 2-213-03154-1, OCLC 722598561).
Le Métier de bourreau, Paris, Fayard, 1979.
L'Attentat du Petit-Clamart, avec Odile Rudelle, Paris, La Documentation Française, 1990.
L'OAS contre de Gaulle, Paris, Fayard, 1981.

Bibliographie

Pierre Assouline, « Jacques Delarue, le Maigret de Clio », L'Histoire n^o 125, 1989, p. 60.

Notes et références

Le Monde, 22 septembre 2014, p. 15, annonce de la famille. La crémation a eu lieu le 19 septembre 2014.
Jean-Charles Jauffret, Maurice Vaïsse, Charles-Robert Ageron, Militaires et guérilla dans la guerre d'Algérie.
René Rémond (dir.), Paul Touvier et l'Église, Fayard, 1992.
Fonds Jacques Delarue, Dossier Klaus Barbie.
« Décret du 24 juin 1993 », sur legifrance.gouv.fr.