Julie Graziani

Julie Graziani est une militante politique, éditorialiste et chroniqueuse de télévision française, née le .

Pour les articles homonymes, voir Graziani.

Présentée comme catholique conservatrice et traditionaliste, elle se fait connaître au milieu des années 2010 en militant au sein de La Manif pour tous. Cofondatrice et porte-parole de L’Avant-Garde, elle est chroniqueuse à la télévision, notamment à partir de 2015 dans l’émission 28 minutes sur Arte.

En , ses propos au sujet d’une mère célibataire ayant interpellé Emmanuel Macron sur sa situation, tenus dans l’émission 24 h Pujadas sur LCI, soulèvent une large indignation et entraînent son renvoi du magazine L’Incorrect, avec lequel elle collaborait depuis un an.

Situation personnelle

Julie Lavoir[1] naît le [2], d’une mère catholique lui ayant donné une éducation religieuse, et d’un père « athée et républicain »[3].

Elle prépare le concours d’entrée aux grandes écoles de commerce, et elle est admise 2e à HEC en 1997[4] dont elle sort diplômée. Elle fait conjointement des études de lettres, est reçue à l’agrégation de lettres modernes en 2000[3] et obtient un diplôme d’études approfondies en littérature française[5].

Après avoir enseigné le français à partir de 2001 dans un lycée de Rueil-Malmaison[6] comme professeur agrégée[7], elle est admise à la session 2006 de l’examen d’accès au stage professionnel d’administrateur judiciaire[8], et occupe ensuite les fonctions d’administrateur judiciaire (serment en 2010)[9] comme associée de la SCP Chavaux-Lavoir[10], puis au sein de la société Ascagne AJ qu’elle fonde et qu’elle dirige à compter de 2014[11]. Initialement constituée sous forme de SELAS, l’étude sera transformée en SELARL dont elle deviendra la seule gérante et l’associée unique, avec effet rétroactif au [11]. Elle reste en revanche l’associée de Michel Chavaux au sein de la SCI (ancienne SCP) qui reste détenir les murs des bureaux qu’ils occupent boulevard Flandrin.

Mariée au réalisateur Stanislas Graziani[12] avec qui elle est en couple depuis 2007, elle a trois enfants[3].

Militantisme

Elle milite contre l’avortement ainsi que dans le collectif d’associations La Manif pour tous. Elle se présente comme une « lanceuse d’alerte » face à la « volonté de la gauche de détruire les repères naturels »[13],[14]. Au sein d’un collectif associatif baptisé « Ensemble pour le bien commun », lancé dans le sillage de l’élargissement des revendications de La Manif pour tous, elle lance également des pétitions pour les retraits du timbre à l’effigie de la Femen Inna Shevchenko, puis de la publicité Gleeden, un site de rencontres extra-conjugales[3],[15].

Elle sort de l’anonymat lorsque « Ensemble pour le bien commun », dont elle est devenue porte-parole, publie sa supplique au pape François, quelques jours avant le voyage présidentiel de François Hollande au Vatican, dans laquelle elle dénonce la « cathophobie » du gouvernement français et demande au pape de se faire « l'interprète du profond malaise et de l'inquiétude grandissante de nombreux catholiques de France »[15]. En quelques jours, le texte reçoit plus de cent mille signatures sur CitizenGo, ce qui lui vaut d’être invitée par Laurent Ruquier en janvier 2014 dans L’Émission pour tous[15]. En , elle est invitée face à Alain Juppé sur le plateau de l’émission Des paroles et des actes, en tant que membre de la société civile et porte-parole de son collectif : à cette occasion, elle demande notamment de « remettre à plat et de réécrire » la loi Taubira, et obtient l’approbation d’Alain Juppé[3],[15].

En 2015, elle devient porte-parole de la « marche pour la vie », qui s’oppose à l’IVG et à l’euthanasie, et émane pour certains du traditionalisme[15],[3]. Elle est aussi cofondatrice et porte-parole de L’Avant-Garde, mouvement politique visant au rassemblement des droites conservatrices avec le Rassemblement national, parfois classée à l’extrême-droite par les médias[15],[16].

Elle soutient Jean-Frédéric Poisson à l’occasion de la primaire de la droite et du centre de 2016, puis François Fillon pour l’élection présidentielle[1].

Elle est présentée comme catholique traditionaliste[15],[17] et comme une « farouche conservatrice »[18]. En 2015, le quotidien L’Humanité estime par exemple que « sous couvert de modernité », elle « s’aligne sur les positions les plus rigoristes du Vatican »[19]. Dans un entretien accordé au magazine Valeurs actuelles, elle se dit contrariée d’être associée à l’extrême droite, se réclamant davantage d’une droite thatcherienne et libérale[16],[20]. Dans l’hebdomadaire La Vie, elle déclare par ailleurs appartenir à la fois à la « génération Jean-Paul II » et à la « génération contraception »[3].

Chroniqueuse et éditorialiste

Fonctions occupées

Depuis , elle officie comme chroniqueuse dans l’émission 28 minutes, sur Arte : au , elle avait ainsi participé à plus d’une vingtaine de numéros[15].

De 2018 à 2019, elle est éditorialiste pour L’Incorrect, magazine qui œuvre à la convergence entre Les Républicains et le Rassemblement national[21], et dont les fondateurs sont issus de L’Avant-garde et proches de Marion Maréchal pour certains[21],[22],[23],[15],[16].

Elle intervient sur BFM TV et LCI[15].

Premiers propos polémiques

Au cours de l’émission 28 minutes, sur Arte, en , alors qu’elle est invitée à s’exprimer sur l’avortement des fœtus trisomiques, Julie Graziani demande : « ça vous viendrait à l'idée d'avorter d'un bébé parce qu'il est noir ? », puis affirme qu’il s’agit de « racisme chromosomique » quand on lui rétorque que ce n’est « pas du tout la même chose »[24],[25].

Sur Twitter, elle tient régulièrement des propos climato-sceptiques lors des feux de forêt de 2019 en Amazonie, doutant que ceux-ci soient le fait de l’activité humaine[15].

Polémique de novembre 2019

En , dans l’émission 24 h Pujadas sur LCI, elle déclare, au sujet d’une mère célibataire avec deux enfants ayant interpellé Emmanuel Macron sur son niveau de vie : « C'est sûr qu'elle ne s'en sort pas à ce niveau-là. Mais […] Je ne connais pas son parcours de vie […] Qu'est-ce qu'elle a fait pour se retrouver au SMIC ? Est ce qu'elle a bien travaillé à l'école ? Est-ce qu'elle a suivi des études ? Puis si on est au SMIC, il ne faut peut-être pas divorcer non plus dans ces cas-là […] Quand on se rajoute des difficultés sur des difficultés et des boulets sur des boulets, on se retrouve dans des problèmes […] Je ne dis pas que c'est forcément elle qui a divorcé. Peut-être que son mari l'a quittée […] On assure ses arrières aussi […] Il faut prendre sa vie en main. Il faut arrêter de se plaindre et il faut arrêter d'empiler les difficultés[26]. »

Ses propos soulèvent une large indignation et de nombreuses réactions, dont celle de la secrétaire d’État Marlène Schiappa[16]. Interpellée sur Twitter, Julie Graziani défend ses propos en affirmant : « Chacun est responsable de ses parcours de vie. Tu as fait le mauvais choix de boulot, tu as fait le mauvais choix de mec, tu assumes. Ce n'est pas à l'État d'arranger tes problèmes. » Dans L’Incorrect, elle explique par la suite : « Je souhaitais appeler avant tout à la responsabilité personnelle au nom de la dignité de chacun. Car même dans des situations difficiles, nous restons responsables des actes que nous choisissons […] ». L’État ne doit avoir selon elle qu’un « rôle subsidiaire de filet de sécurité »[27]. Pour L’Internaute, ses explications « traduisent bien son engagement auprès d'une droite dure et ultra-conservatrice, teinté de libertarisme très XIXe siècle »[16]. Selon Clément Viktorovitch, qui invoque l’allégorie de la fenêtre d’Overton, ces propos « ne sont pas un dérapage » mais intègreraient « une stratégie coordonnée de conquête du pouvoir » lancée par Marion Maréchal[28]. À la suite de cette polémique, Jacques de Guillebon, directeur de la rédaction de L’Incorrect, annonce qu’elle ne représente plus le magazine dans les médias[29]. Dans la foulée, Julie Graziani indique qu’elle « cesse [sa] collaboration » avec L’Incorrect[30]. La presse présente son départ comme un renvoi[30],[31],[32].

Google mentionne Julie Graziani parmi les « tendances » de l’année 2019 sur son moteur de recherche[33]. Selon Vanity Fair, elle est « certainement » l’autrice de « la phrase la plus commentée sur les réseaux sociaux » en 2019[34]. La vidéo est vue plus de 20 millions de fois[35].

Publication

  • Tout le monde peut s’en sortir, éditions de l’Observatoire, 2020.

Notes et références

  1. « Ces fillonistes de la 25e heure », sur Le Point, (consulté le )
  2. « ASCAGNE AJ (803117688) : Chiffre d'affaires, dirigeants, statuts (Mis à jour 2020) », sur pappers.fr (consulté le )
  3. Stéphanie Combe, « Julie Graziani, nouvelle voix des pro-vie » [archive du ], sur lavie.fr, La Vie, (consulté le ).
  4. « HEC - liste d’admission » , sur lemonde.fr (archives), (consulté le ).
  5. « Interview : L’administrateur judiciaire est une aide à la gouvernance, par Julie Lavoir », sur MaydayMag.fr, (consulté le ).
  6. « Le Figaro magazine », sur books.google.fr, Le Figaro, (consulté le ).
  7. Laurent Dandrieu, « Julie Graziani : “Trop de parents ont perdu confiance en l’école” », sur Valeurs actuelles (consulté le ).
  8. « Légifrance - Publications officielles - Journal officiel - JORF no 0290 du 15/12/2006 », sur legifrance.gouv.fr (consulté le )
  9. « L'annuaire des administrateurs judiciaires :: CNAJMJ », sur cnajmj.fr (consulté le )
  10. « MICHEL CHAVAUX - JULIE LAVOIR (523521763) : Chiffre d'affaires, dirigeants, statuts (Mis à jour 2020) », sur pappers.fr (consulté le )
  11. « ASCAGNE AJ (803117688) : Chiffre d'affaires, dirigeants, statuts (Mis à jour 2020) », sur www.pappers.fr (consulté le )
  12. valeursactuelles.com, « “On n'a rien offert sur un plateau” à Julie Graziani, défend son mari », Valeurs actuelles (consulté le ).
  13. Raphaël Stainville, « Julie Graziani, lanceuse d'alertes », Le Figaro, 18 avril 2014.
  14. Marc Eynaud, « Campagne pro-IVG : cinq questions à Julie Graziani », Radio Notre-Dame, .
  15. Manuel Vicuña, « Julie Graziani : une anti-IVG en odeur de sainteté chez "28 minutes" », sur arretsurimages.net, (consulté le ).
  16. Martin Lemaire, « Julie Graziani : des propos choc, des excuses... et de l'agacement », sur L'Internaute.com, (consulté le ).
  17. Salomé Gegout, « "Si on est au SMIC, faut pas divorcer": Julie Graziani déraille sur LCI », sur Le Journal des femmes.fr, (consulté le ).
  18. « Sur LCI, Julie Graziani choque avec ses propos sur les mères-célibataires : "Si on est au SMIC, faut peut-être pas divorcer" », sur programme-tv.net, (consulté le ).
  19. Grégory Marin, « Liberticides, du berceau à la tombe », sur humanite.fr, (consulté le ).
  20. “Si l’on est au Smic, peut-être n’est-ce pas le bon moment pour divorcer” : après la polémique, Julie Graziani s'explique, Valeurs actuelles, 5 novembre 2019.
  21. Laurent de Boissieu,« L’Incorrect, un nouveau magazine entre droite et extrême droite », La Croix, 6 septembre 2017.
  22. Louis Hausalter, « Les nostalgiques de Marion Maréchal-Le Pen lancent le mensuel L’Incorrect », Marianne, 4 septembre 2017.
  23. Ariane Chemin et Vincent Martigny, « Mais qui veut éteindre les Lumières ? », Le Monde, 15 novembre 2018, mis à jour le 28 novembre 2018.
  24. Marie de Fournas, « Vidéo — Arte : une chroniqueuse compare les Noirs aux personnes trisomiques et choque la toile », sur 20minutes.fr, 20 minutes, (consulté le ).
  25. Julie Graziani, « Eugénisme, racisme : Julie Graziani répond à ses contradicteurs », sur fr.aleteia.org, Aleteia, (consulté le ).
  26. « LCI - Julie Graziani choque avec ses propos sur une mère célibataire au SMIC : “Faut peut-être pas divorcer non plus !” », sur www.programme-television.org (consulté le )
  27. Julie Graziani, « Julie Graziani : mise au point », sur L'Incorrect, (consulté le )
  28. « [Vidéo] Clément Viktorovitch explique pourquoi les propos de Julie Graziani “ne sont pas un dérapage” », sur lesinrocks.com, (consulté le ).
  29. Jacques de Guillebon, « Julie Graziani ne représente plus L’Incorrect », sur L'Incorrect, (consulté le )
  30. « Après ses propos polémiques sur les mères célibataires, l'éditorialiste Julie Graziani renvoyée du magazine "L'incorrect" », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  31. V. J., « VIDEO. Après ses « paroles répugnantes » sur LCI, Julie Graziani est virée de la revue « L’Incorrect » », 20 minutes, (lire en ligne, consulté le ).
  32. J.Cl., « Julie Graziani débarquée de son mensuel après la polémique sur les femmes divorcées au smic », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le ).
  33. Jean-Sébastien Zanchi, « Google Trends 2019 : qu’est-ce que les Français ont recherché sur le Web cette année ? », sur 01net.com, (consulté le ).
  34. « Rétrospective : Ce que la télévision a fait de pire en 2019 », sur Vanity Fair.fr, (consulté le ).
  35. « Julie Graziani : "Je m'en suis sortie après avoir été haïe par la moitié du pays" », sur lexpress.fr, (consulté le ).
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