Joseph Patrick Kennedy

Joseph Patrick Kennedy, Sr., dit Joe Kennedy, né le à Boston et mort le à Hyannis (Massachusetts), est un homme politique et diplomate américain, père de John Fitzgerald Kennedy, 35e président des États-Unis. Patriarche de la famille Kennedy en son temps et proche du président Franklin Delano Roosevelt, il est notamment président de la nouvellement établie Securities and Exchange Commission de 1934 à 1935 et 44e ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni de 1938 à 1940.

Pour les articles homonymes, voir Joseph Kennedy (homonymie).

Joseph Patrick Kennedy

Joseph Patrick Kennedy en 1938.
Fonctions
Ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni

(2 ans, 9 mois et 5 jours)
Président Franklin Delano Roosevelt
Prédécesseur Robert Worth Bingham
Successeur John Gilbert Winant
1er président de la United States Maritime Commission

(10 mois et 5 jours)
Président Franklin Delano Roosevelt
Prédécesseur Fonction créée
Successeur Emory S. Land
1er président de la Securities and Exchange Commission

(1 an, 2 mois et 24 jours)
Président Franklin Delano Roosevelt
Prédécesseur Fonction créée
Successeur James M. Landis
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Boston (Massachusetts, États-Unis)
Date de décès
(à 81 ans)
Lieu de décès Hyannis (Massachusetts, États-Unis)
Nationalité Américaine
Parti politique Parti démocrate
Conjoint Rose Fitzgerald (1914-1969)
Enfants Joseph Jr., John, Rosemary, Kathleen, Eunice, Patricia, Robert, Jean et Ted
Diplômé de Harvard College
Religion Catholicisme

Biographie

Jeunesse, études et vie familiale

Photo d'école de Joseph Patrick Kennedy à la Boston Latin School.

Joseph Patrick Kennedy est né le à Boston. Ses parents étaient Patrick Joseph Kennedy dit P. J. (1858-1929), un tavernier important, élu démocrate de la Chambre des représentants puis du Sénat du Massachusetts, et Mary Augusta Hickey (1857-1923). Venant d'une famille de catholiques irlandais, il est mal considéré par les riches protestants, notamment à l'université[1]. Après avoir obtenu son diplôme à l'université Harvard en 1912, il épousa la fille de John Francis Fitzgerald, maire démocrate de Boston, Rose Fitzgerald. Ensemble, ils eurent neuf enfants : Joseph Patrick Kennedy, Jr., le futur président John Fitzgerald Kennedy, Rosemary Kennedy, Kathleen Kennedy, Eunice Kennedy, Patricia Kennedy, Robert Francis Kennedy, Jean Kennedy et Edward Moore Kennedy.

Son infidélité était notoire, même à un âge avancé et avec des femmes beaucoup plus jeunes que lui[2]. Il entretint notamment une liaison avec l'actrice Gloria Swanson en 1927 et 1930[3].

À l'automne 1941, sur les conseils de deux médecins, Walter Jackson Freeman et James Watts, Joseph Kennedy fait pratiquer une lobotomie préfrontale sur sa fille Rosemary, alors âgée de 23 ans, convaincu que cette opération permettrait d'augmenter son QI et de limiter ses excès. Celle-ci devient handicapée mentale pour le reste de sa vie[4].

Homme d'affaires

Joseph Patrick Kennedy, vers 1914, alors à la tête de la Columbia Trust Company, une banque d'affaires possédée en grande partie par son père.

Kennedy était un homme d'affaires prospère dont les activités couvrirent la construction de bateaux, la banque (au sein de la Columbia Trust Company[5] ), le cinéma (la RKO Pictures), et la bourse. Il multiplia notamment sa fortune grâce à certaines méthodes, alors légales, qui consistaient à acheter en masse un titre pour faire gonfler son cours et le revendre avant l'éclatement de la bulle[6]. Certains attribuent à cette pratique une partie de la responsabilité dans le krach de 1929, qui fut le point de départ de la Grande Dépression. Ironiquement, peu de temps après, il fut nommé premier président de la Securities and Exchange Commission (SEC), un « gendarme » des marchés financiers, organe nouvellement créé par le président Franklin Delano Roosevelt au sein duquel il fut notamment chargé d'interdire ces pratiques[7],[8].

Dans son livre The Sins of the Father: Joseph P. Kennedy and the Dynasty He Founded, le journaliste Ronald Kessler (en) signale le témoignage du mafieux Frank Costello à un journaliste (avec qui il collaborait sur un livre de mémoires) déclarant qu'il faisait des affaires avec Kennedy pendant la Prohibition, ce dernier y faisant de substantiels bénéfices dans la contrebande d'alcool[9],[10]. L'historien David Nasaw (en) affirme qu'à ce jour, aucune preuve tangible n'a mis à en évidence des liens entre Kennedy et l'importation illégale d'alcool pendant cette période[11]. Frank Costello, à la fin de sa vie, a réaffirmé avoir travaillé avec Joseph Kennedy pour la vente d'alcool prohibé [12].

Selon le frère et la fille du mafieux Sam Giancana, il aurait été en relation avec la mafia de Chicago, qu'il sollicitera plus tard durant la campagne présidentielle de son fils, par l'intermédiaire de Sam[13]. La mafia donnera 25 000 dollars pour cette campagne[12].

Homme politique

Durant la Première Guerre mondiale, il participe à l'effort de guerre comme directeur général des arsenaux de Fore River. À son poste, il refuse de livrer deux navires au secrétaire adjoint à la Marine Franklin Delano Roosevelt, n'ayant pas encore été payé par l'État fédéral[14].

Au niveau politique national, Kennedy fit ses premières armes en soutenant Franklin Delano Roosevelt dans sa campagne pour la présidence en 1932[1], soutien dont il fut récompensé par la nomination à la tête de la SEC[6]. En 1934, le Congrès avait créé la Securities and Exchange Commission, une commission indépendante chargée de mettre fin aux manipulations irresponsables du marché et à la diffusion de fausses informations sur les valeurs mobilières[15]. Malgré les critiques à son égard[Quoi ?], Kennedy fit un bon travail à la tête de la SEC, ce grâce à sa connaissance des marchés financiers[8].

L'une de ses plus importantes réformes fut l'obligation faite aux sociétés de rendre régulièrement leurs comptes auprès de la SEC, règle qui brisait le monopole sur l'information que s'était construit la famille Morgan. Après avoir servi à ce poste plusieurs années, Kennedy démissionna en 1935. Le président Roosevelt lui demanda alors de présider la Commission maritime.

Joseph Patrick Kennedy en 1940.

En 1938, il fut nommé ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni[16]. D'origine irlandaise, Kennedy avait peu de sympathie pour l'Angleterre. Au contraire, il voyait d'un œil favorable le comité America First dirigé par Charles Lindbergh, et d'autres activistes qui ne souhaitaient pas de guerre avec l’Allemagne d’Adolf Hitler. Il soutenait donc une politique isolationniste des États-Unis et appuyait la politique d'apaisement vis-à-vis d'Hitler de Neville Chamberlain[17]. Discrédité à Londres et à Washington, il démissionna de son poste en 1940, par suite de son opposition à la décision de Roosevelt d'impliquer le pays dans la Seconde Guerre mondiale[18].

Des ambitions politiques reportées sur ses fils

La famille de Joseph Kennedy, Sr.

Kennedy nourrissait de grands espoirs politiques pour ses fils. Il destinait son fils aîné, Joseph Patrick Kennedy, Jr., à devenir le premier président catholique des États-Unis. Mais Joseph Jr. fut tué au cours d'une mission aérienne pendant la guerre, et tous ses espoirs se reportèrent alors sur John, qui remporta l'élection présidentielle en 1960[1].

Le , Joseph Kennedy subit une attaque cérébrale qui le laissa hémiplégique.

L'assassinat de John en 1963 eut un effet terrible sur la famille et ce n'est qu'avec réticence que Joseph accepta de soutenir la candidature de son fils Robert à l’élection présidentielle de 1968, de peur de le perdre aussi. L'assassinat de Robert par Sirhan Sirhan pendant la campagne devait lui donner raison.

Joseph Kennedy mourut l'année suivante, le , la veille de l'alunissage d'Apollo 12, deuxième mission du programme spatial lunaire que son fils avait lancé.

Dans la culture populaire

Littérature

Joseph Kennedy est mis en scène dans la fiction uchronique Fatherland, de l'auteur britannique Robert Harris, où il est président des États-Unis. Dans le roman, il instaure en 1964 une détente entre l'Allemagne nazie et son pays, alors opposés par une guerre froide alternative. Joe Kennedy est également un des protagonistes des romans de Marc Dugain La Malédiction d'Edgar, qui se présente comme les mémoires de l'ancien numéro 2 du FBI, Clyde Tolson, et Ils vont tuer Robert Kennedy.

Télévision

Cinéma

Notes et références

  1. Gilles-Martin Chauffier, « Ça, c'est Dallas », Paris Match, semaine du 8 au 14 juin 2017, page 12.
  2. John F. Kennedy, les liaisons dangereuses, reportage télévisée, par Harvey Lilley, 2006.
  3. Thomas C. Reeves, Le Scandale Kennedy, la fin d'un mythe, Plon 1992, p. 43.
  4. (en-GB) Jon Henley, « The forgotten Kennedy », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  5. Robert Dallek, An unfinished life: John F. Kennedy, 1917-1963, Little, Brown, and Co, (ISBN 978-0-316-17238-7, lire en ligne[archive du ]), « Beginnings »
  6. Georges AYACHE, Joe Kennedy, Place des éditeurs, (ISBN 978-2-262-07673-3, lire en ligne)
  7. (en) SEC Historical Society, « Securities and Exchange Commission Historical Society », sur www.sechistorical.org (consulté le )
  8. « Joseph P. Kennedy : l’escroc, le père de JFK, et le régulateur | | Fabien Hassan | Les blogs d'Alternatives Économiques », sur blogs.alternatives-economiques.fr (consulté le )
  9. (en) Daniel Okrent, « The Biggest Kennedy Myth », sur The Daily Beast, .
  10. Patrick Hebrard, J. F. K. La Conspiration du Silence Broché, Éditions Le Manuscrit, , p. 319.
  11. (en) David Nasaw, The Patriarch. The Remarkable Life and Turbulent Times of Joseph P. Kennedy, The Penguin Press, , p. 79-81.
  12. voir le documentaire La Face Cachée des Kennedy, 1999, France 5
  13. (en) Sam Giancana, Chuck Giancana, Double Cross. The Explosive Inside Story of the Mobster Who Controlled America, Skyhorse Publishing, , p. 122
  14. Danièle Georget, « La fille cachée des Kennedy », Paris Match, semaine du 1er au 7 octobre 2015, p. 92-97.
  15. Mario R. Di Nunzio, Franklin D. Roosevelt and the Third American Revolution, ABC-CLIO, (ISBN 9780313392832, lire en ligne), p. 55
  16. Joseph Kennedy, homme d’affaires richissime, mais catholique irlandais rejeté par la bonne société dirigeante de Boston, avait pour grande ambition de devenir ambassadeur des États-Unis en Grande-Bretagne. La vraie mission de la famille était pour lui la conquête du pouvoir politique. L’ambassade de Londres était sans conteste à l’époque le poste le plus prestigieux de la diplomatie américaine. Depuis la Création des États-Unis, cinq de ses occupants étaient devenus présidents… De son côté, le président Roosevelt avait besoin d’établir des ponts avec les milieux d’affaires où ses projets sociaux étaient jugés inquiétants - Source : John Fitgerald Kennedy, enfance et adolescence de Claude Moisy.
    Il passa des mois à faire pression avec l’aide du fils du président Roosevelt, qui quatre ans plus tôt l’avait accompagné à Londres, où Joe avait signé d’importants contrats… - Source : La face cachée du clan Kennedy de Seymour Hersh.
  17. En décembre 1937, Kennedy fut nommé ambassadeur à Londres où il se rendit plein d’ambitions. On a plus d’une fois fait le récit de son épopée londonienne : brève lune de miel avec la presse et le grand public britanniques, rapidement suivie d’une impitoyable descente aux enfers : il fut vilipendé pour son défaitisme (il était convaincu que l’Angleterre n’avait ni la volonté ni les moyens militaires de vaincre l’Allemagne nazie). Les documents du ministère allemand des Affaires étrangères, publiés après la guerre, montrent que Kennedy, chercha longtemps à obtenir une entrevue avec Hitler, et ce à la veille du Blitzkrieg nazi, pour parvenir à une meilleure compréhension entre les États–Unis et l’Allemagne. Son objectif était de tenir l’Amérique à l’écart d’une guerre dont il était convaincu qu’elle provoquerait l’effondrement du capitalisme. Rien ne montre que Kennedy ait compris, avant la guerre, qu’arrêter Hitler était un impératif moral… - Source : La face cachée du clan Kennedy de Seymour Hersh.
  18. Pour régler le problème de l’antisémitisme nazi, Kennedy fait circuler à Londres et à Washington un plan de retrait de tous les juifs d’Allemagne avec leur réinstallation en Afrique et en Amérique latine. Roosevelt commence à en avoir assez de cet encombrant ambassadeur. De Londres, il adresse des lettres confidentielles périodiques à une demi douzaine de commentateurs influents pour promouvoir ses thèses isolationnistes et pacifistes. Croyant depuis longtemps que Roosevelt n’oserait jamais passer outre à la tradition en se présentant à un troisième mandat, il s’est pris à rêver de la Maison-Blanche pour lui-même… La déclaration de guerre en Europe en septembre 1939 précipite le discrédit de Joseph Kennedy à Londres aussi bien qu’à Washington… Alors que la drôle de guerre se traîne en Europe, l’ambassadeur est rappelé pour trois mois « en consultation » à Washington… Jo Kennedy repart à Londres en février 1940… Il est devenu un ambassadeur dévalué mais Roosevelt préfère le laisser à l’écart de la scène politique nationale et le maintient à Londres… Il doit harceler le département d’état pendant des mois avant d’être autorisé à quitter son poste deux semaines avant l’élection présidentielle de novembre 1940. Roosevelt est facilement réélu. L’isolationnisme est définitivement en perte de vitesse… Joseph Kennedy démissionne de son poste d’ambassadeur et annonce qu’il ne se mêlera plus à la vie politique. - Source : John F. Kennedy de Claude Moisy.

Annexe

Bibliographie

  • Les Kennedy, une dynastie américaine de Peter Collier et David Horowitz (ISBN 2-228-80010-4)
  • La face cachée du clan Kennedy de Seymour Hersh (ISBN 2-290-30102-7)
  • « Joseph Patrick Kennedy, l'ambassadeur de la controverse » par François Kersaudy, dans Histoire(s) de la Dernière Guerre, no 8,
  • Moi, Joe Kennedy de Danièle Georget, Fayard, 2017 (ISBN 978-2213701288)
  • Joe Kennedy, le pouvoir et la malédiction, Georges Ayache, Perrin, 2018.

Articles connexes

Liens externes

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