Sirhan Sirhan

Sirhan Sirhan (arabe : سرحان سرحان), né le à Jérusalem, est un chrétien palestinien de nationalité jordanienne jugé coupable de l'assassinat du sénateur américain Robert Francis Kennedy à l'Ambassador Hotel de Los Angeles, le . Condamné à mourir dans la chambre à gaz de la prison d'État de San Quentin, sa peine est finalement commuée en emprisonnement perpétuel par l'effet rétroactif de la décision de la Cour suprême de Californie dans l'affaire California v. Anderson. Il purge actuellement cette peine au centre correctionnel Richard J. Donovan (en) dans le comté de San Diego.

En 1989, il déclare au journaliste David Frost : « Mon unique lien avec Robert Kennedy était son soutien à Israël et sa tentative délibérée d'envoyer ces 50 bombardiers [à réaction] en Israël pour causer du tort aux Palestiniens »[1].

Origines et famille

Sirhan Sirhan est le cinquième enfant de parents de confession maronite ; il a plusieurs fois changé de dénomination étant adulte. Il déclare que, enfant, il a été traumatisé par la violence du conflit israélo-arabe et notamment par la mort de son frère aîné, écrasé par un véhicule militaire jordanien qui tentait d'échapper aux « tirs sionistes »[2]. Alors qu'il a 12 ans, sa famille arrive aux États-Unis avec des visas de réfugiés et s'installe brièvement à New York, puis en Californie.

Assassinat de Robert Kennedy et peines

Le soir du , il tire au revolver sur Robert Francis Kennedy à Los Angeles, alors que ce dernier vient de remporter les élections primaires de Californie. Neutralisé et désarmé par la foule (notamment par les écrivains George Plimpton, Jimmy Breslin et Pete Hamill, le joueur de football américain Rosey Grier et le médaillé d'or aux JO de 1960, Rafer Johnson), il est rapidement arrêté. Reconnu coupable le , et condamné à mort six jours plus tard, il voit ensuite sa peine atténuée ; il est finalement condamné à la prison à perpétuité en .

Sirhan Sirhan est actuellement emprisonné au centre correctionnel Richard J. Donovan (en) en périphérie de San Diego. Auparavant, il a connu quatre établissements pénitentiaires californiens différents : la prison d'État de San Quentin (où il séjourna de 1969 à 1972), la prison d'État de Soledad (en) (où il séjourna de 1972 à 1992), la prison d'État de Corcoran et la prison d'État de Pleasant Valley (en) à Coalinga (où il fut brièvement transféré en , apparemment pour des raisons de sécurité[3]). En dépit de quinze demandes de liberté conditionnelle (dont la dernière en date de 2016), il est toujours sous les verrous et ce depuis une cinquantaine d'années.

Le procureur qui l'a mis en accusation est Lynn Compton, ancien lieutenant de la Easy Company, 506e régiment d'infanterie parachutée, 101e division aéroportée.

Controverses et doutes

Au cours du procès, des psychiatres présentés par la défense déclarent que Sirhan, âgé de 24 ans, était à ce moment-là en transe et aurait pu se trouver sous hypnose[4] :

« Le Dr Herbert Spiegel, un spécialiste mondial de l’hypnose de l’Université de Columbia, estime que Sirhan aurait pu être ainsi préparé pour servir de fausse piste et détourner l’attention des enquêteurs de l’assassin réel[5]. »

Pendant les interrogatoires, Sirhan déclare qu’une jeune femme l’a conduit en un lieu sombre, où il a été agressé par une bande, et qu'il ne se rappelle pas avoir tiré sur Kennedy[réf. nécessaire].

En , son avocat, Lawrence Teeter, réclame un nouveau procès qui permet de rassembler quelques preuves intéressantes. L’autopsie, que le procureur n’a pas utilisée pendant le premier procès, établit que :

« la balle fatale a été tirée de derrière le sénateur, à une distance de la cible évaluée à quelques centimètres (huit au maximum). Or, Sirhan se trouvait juste en face de Kennedy et l’arme qu’il tenait dans la main se trouvait à au moins 50 cm et au plus 1,60 mètre de la victime[5]. »

Le médecin légiste qui a fait l'autopsie n'a jamais voulu dire que Sirhan avait tué Kennedy, un deuxième tireur restant une possibilité[6].

Public Intelligence a publié le un document dans lequel l’avocat de Sirhan Sirhan explique que son client, jugé coupable de l’assassinat de Robert Kennedy, était sous contrôle mental au moment des faits. Il affirme aussi que les balles qui ont tué Kennedy provenaient d’une autre arme que celle de Sirhan Sirhan[7],[8].

En , Robert Kennedy Jr, le troisième fils de Bobby Kennedy, vient le rencontrer à la prison d'État Richard J. Donovan en Californie, et déclare : « J'ai été perturbé que la mauvaise personne puisse avoir été condamnée pour le meurtre de mon père. Il était le chef des forces de police dans le pays. Je pense qu'il aurait été perturbé si quelqu'un avait été emprisonné pour un meurtre qu'il n'avait pas commis. »[9]

Incarcération

Le , la presse américaine annonce qu’il a été poignardé par un codétenu. Transporté à l’hôpital, son état se stabilise, par la suite[10].

Libération conditionnelle

Le , la commission des libérations conditionnelles de Californie a donné son accord pour la sortie de prison de Sirhan Sirhan. Deux des fils de Robert Kennedy, Robert Jr et Douglas Kennedy, ainsi que sa fille aînée Kathleen Kennedy Townsend, avaient donné leur accord au préalable.[11]

Références

  1. (en) « Sirhan Felt Betrayed by Kennedy », The New York Times, (consulté le )
  2. (en) Cynthia Gorney, « Sirhan », The Washington Post, (consulté le )
  3. (en) Linda Deutsch (en), « Robert F. Kennedy’s killer is moved to new site », The San Diego Union-Tribune, (consulté le )
  4. Voir sur theguardian.com.
  5. « Des recherches ultérieures ont montré qu’il y avait dans l’encadrement de la porte plus d’impacts de balle que de tirs effectués par l’arme de Sirhan, ce qui porte à penser qu’il y eut plus d’un tireur. L’encadrement a été détruit, tout comme une deuxième arme saisie par la police de Los Angeles. On aurait procédé à la destruction sur ordre judiciaire, dont la défense n’a jamais eu vent. » « Robert Kennedy, lui aussi victime d’un complot ? », Gabriel Molina, Granma Internacional, 1er janvier 2007.
  6. Jean-Pax Méfret, 12 Assassinats qui ont changé l'Histoire.
  7. « L'assassin de Bob Kennedy était sous contrôle mental, selon ses avocats ».
  8. « Sirhan Sirhan Hypno-Programmed Assassin Innocence Plea Documents ».
  9. cité dans http://www.parismatch.com/Actu/International/50-ans-apres-l-assassinat-de-Robert-Kennedy-son-fils-ne-croit-plus-a-la-version-officielle-1529852
  10. « L'assassin de Robert F. Kennedy a été poignardé en prison », La Libre Belgique, (lire en ligne, consulté le ).
  11. Zone International- ICI.Radio-Canada.ca, « Feu vert pour une libération conditionnelle de l'assassin de Robert Kennedy », sur Radio-Canada.ca (consulté le )

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

  • Robert Blair Kaiser. R.F.K. Must Die!. The New Edition, Completely Revised & Rewritten. The Overlook Press: Woodstock & New York, 2008 (ISBN 978-1-59020-124-4) ; première édition sous le même titre par E.P. Dutton, 1970
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