Jean-Baptiste de Lorcet

Jean-Baptiste de Lorcet, né le à Reims dans la Marne et mort le à Autry dans les Ardennes, est un général français de la Révolution et de l’Empire. Officier d'infanterie en 1792, il fait ensuite carrière dans les états-majors et s'illustre au combat à plusieurs reprises, ce qui lui vaut le grade de général de brigade en 1799. Il ne participe pas aux premières campagnes de l'Empire mais, affecté dans la péninsule espagnole en 1808, il prend la tête d'une brigade de cavalerie légère avec laquelle il se distingue au col de Baños, à Tamames et à Alba de Tormes. En 1810, il commande une brigade de dragons lors de la campagne du Portugal. Blessé l'année suivante au cours de la bataille de Fuentes de Oñoro, il est rapatrié en France et n'exerce plus dès lors que des responsabilités secondaires. Il est considéré comme l'un des meilleurs généraux de cavalerie de l'armée d'Espagne.

Jean-Baptiste de Lorcet

Portrait du général Jean-Baptiste de Lorcet (collection privée).

Naissance
Reims, Marne
Décès  54 ans)
Autry, Ardennes
Origine France
Arme Cavalerie
Grade Général de brigade
Années de service 17921815
Conflits Guerres de la Révolution française
Guerres napoléoniennes
Distinctions Baron de l'Empire
Commandeur de la Légion d'honneur
Chevalier de Saint-Louis

Biographie

Du lieutenant de volontaires au général de brigade

Lorcet commence sa carrière en 1792 avec le grade de lieutenant d'infanterie, à l'image de cet officier de volontaires dessiné par Job.

Il entre en service le comme lieutenant au 1er bataillon des fédérés nationaux, avec lequel il fait la campagne de cette année à l’armée du Rhin. En 1793, il est employé au siège de Mayence et le , il reçoit du général Dubayet l’ordre de pénétrer avec 50 hommes dans le village de Costheim. Il attaque un corps de 400 Prussiens en garnison dans le village et l'oblige à se retirer en désordre, si bien que la moitié se noie en voulant traverser le Main sur des radeaux de fortune. Dans cette affaire, il est blessé d’un coup de feu. Le , Lorcet est nommé capitaine au bataillon de chasseurs de Cassel et passe avec la garnison de Mayence à l’armée de la Vendée. Le , il combat à l’affaire du Moulin-aux-Chèvres, au cours de laquelle il a un cheval tué sous lui et reçoit une nouvelle blessure[1].

Le , le général Moulin l’attache à l’état-major général de l’armée de l’Ouest. Lors du combat de Condé, Lorcet reçoit une balle qui lui traverse la poitrine. Nommé adjudant-général chef de brigade provisoire le , il est confirmé dans ce grade par le gouvernement le . Le , il sert à l’armée du Rhin, et le , il rejoint l’armée d’Italie. Le , à la bataille de Mondovi, il passe le premier la rivière au gué de San Michele à la tête de deux bataillons, sous les yeux de Bonaparte et de Berthier qui le complimentent pour cette action. Le , il se trouve à la bataille de Castiglione dans la division Masséna et y reçoit deux coups de feu, avant d'être de nouveau blessé au cours du passage du Tagliamento le [2].

La même année, le général Augereau l'envoie en reconnaissance avec deux escadrons sur Villafranca et Trévise. Quittant Padoue, Lorcet arrive à Villafranca après deux jours de marche et y rencontre deux régiments autrichiens. En dépit de son infériorité numérique, il parvient à les expulser de Trévise et les poursuit jusqu’à Saint-Artien. S'engage alors un combat acharné qui tourne à l’avantage des Français et contraint les Autrichiens à repasser la Piave. Le , sous le commandement du général Walther, il participe à l'attaque du fort de Chiusa. Il est ensuite employé à l’état-major de l’armée d’Angleterre à partir du . Il passe à l’armée de Mayence le , puis à l’armée du Danube, période durant laquelle il reçoit un coup de feu lors de la bataille de Winterthour le . Lorcet est promu général de brigade le et assiste au combat de Brackenheim, où un nouveau coup de feu l’atteint dans le ventre. Peu après il reçoit le commandement de 10 000 hommes d’infanterie et de cavalerie placés sur les hauteurs de Hochheim et reçoit l'ordre de forcer les Autrichiens à passer la Nidda et le Main, mission dont il s'acquitte avec succès[3].

Sous le Consulat

Le , il reçoit l’ordre de Moreau de soutenir une division qui cherche à s’emparer des retranchements d’Albrouck, défendus par 5 000 combattants. Lorcet se met à la tête de 1 500 hommes et attaque les redoutes dans lesquelles il force 500 Autrichiens à mettre bas les armes, s’emparant en outre de trois pièces d'artillerie ainsi que des munitions. Il charge ensuite les fuyards avec le 4e régiment de hussards et les pousse jusqu’à Tiengen. Le , il se rend maître de Francfort. Pendant les années 1801 à 1803, il sert dans les 13e et 2e divisions militaires, puis est fait chevalier de la Légion d’honneur le . Commandeur de l’ordre le , il est désigné pour faire partie du collège électoral de la Marne[3].

Général de l'Empire

Le , Lorcet est employé à Boulogne auprès de l’amiral Lacrosse et se voit chargé de l’instruction des marins en ligne. Le , il prend le commandement des marins campés puis, en , il est affecté à la 2e division du 1er corps de l’armée de réserve. Il commande provisoirement la 1re division de ce corps le [3].

En 1809, la brigade Lorcet compte dans ses rangs le 3e régiment de hussards, ici représenté par Richard Knötel.

En , il est attaché au quartier général de l’armée d’Espagne. Le général Colbert ayant été tué au combat de Cacabelos le , il est remplacé le lendemain par Lorcet qui devient alors le commandant de la brigade de cavalerie légère du 6e corps3e hussards et 15e chasseurs à cheval. Le général participe à son premier combat dans la péninsule le , au col de Baños[4], au cours duquel le 3e hussards mène une charge « admirable » qui contribue pour beaucoup au succès français[5]. Quelques mois plus tard, lors de la bataille de Tamames, sa cavalerie sabre la division espagnole Carrera et s'empare des canons postés à proximité, mais l'affrontement s'achève par une défaite[6] et Lorcet est blessé pour la dixième fois de sa carrière[4]. Le , sur le champ de bataille d'Alba de Tormes, la cavalerie légère de Lorcet et les dragons de Kellermann bousculent la cavalerie adverse et écrasent la ligne espagnole près du centre. Une division est enfoncée et une autre entamée ; 2 000 hommes sont faits prisonniers tandis qu'une batterie tombe aux mains des assaillants. La cavalerie française exécute ensuite des charges partielles avant de lancer un dernier assaut sur les troupes espagnoles en retraite dans la soirée, infligeant de nouvelles pertes[7]. La brigade Lorcet perd au cours de la journée deux officiers du 3e hussards blessés ainsi que deux officiers tués et deux autres blessés au sein du 15e chasseurs[8].

Deux jours plus tard, Lorcet atteint la division espagnole du duc del Parque et tente de l'attaquer à nouveau, mais, trop faible pour résister à ses adversaires numériquement supérieurs, il se retire en bon ordre après avoir fait éprouver de lourdes pertes aux Espagnols[3]. Pendant l'été 1810, lui et sa brigade concourent aux sièges de Ciudad Rodrigo et d'Almeida, toujours au sein du 6e corps qui fait à présent partie de l'armée du Portugal. Ce commandement ne dure pas puisque le , il est remplacé à son poste par le général Gourlez de Lamotte. Lorcet est alors affecté à la 2e division de dragons de Trelliard dont il prend la tête de la 1re brigade à partir du [9]. Il a sous ses ordres deux régiments, le 3e dragons (colonel Berruyer) et le 6e dragons (colonel Picquet), chacun à quatre escadrons[10]. La brigade Lorcet participe à la troisième invasion française du Portugal en septembre et est notamment présente à la bataille de Buçaco pendant la première partie de la campagne[11]. En , les deux régiments sont à Santarém. L'opération est finalement un échec et au cours de la retraite, bien qu'assez peu engagée, la 1re brigade accuse des pertes sévères : au , le 3e dragons n'aligne plus que 179 cavaliers, dont 32 malades[12].

Les premiers jours de , le maréchal Masséna se heurte aux forces britanniques lors de la bataille de Fuentes de Oñoro. La brigade Lorcet, attachée à la réserve de cavalerie, compte à ce moment 419 cavaliers[13]. Le , troisième jour de la bataille, le général Lorcet est sérieusement blessé par un éclat d'obus. Il quitte alors la péninsule au mois de juin pour effectuer sa convalescence en France[4]. De 1812 à 1814, il sert à l’armée de Hollande sous les ordres du général Molitor. Le , il prend le commandement du département de l’Yssel, le celui des Bouches-de-la-Meuse et le celui de la Frise[3]. Le , il est créé baron de l'Empire[14] mais est fait prisonnier par les cosaques la même année[15]. Le , il fait partie de la 3e division du 1er corps de la Grande Armée. Le , lors de la Première Restauration, le roi Louis XVIII le fait chevalier de Saint-Louis et lui confie le commandement de la place de Saint-Malo le [3]. Le général se rallie toutefois à Napoléon lors des Cent-Jours[15]. Le suivant, après le retour des Bourbons, Lorcet est mis en disponibilité puis en demi-solde le . Il meurt le à Autry[3].

Considérations

Brave et compétent, le général Lorcet est considéré comme l'un des généraux de cavalerie les plus capables de l'armée d'Espagne. Robert Burnham le place en 5e position de son classement des cinq meilleurs brigadiers de cavalerie servant dans la péninsule, en raison de son courage « à peine croyable » et de la qualité de son commandement : « il montrait l'exemple et se trouvait toujours à l'endroit où le combat était le plus acharné ». Envoyé sur des théâtres d'opérations éloignés, il n'a cependant jamais eu la chance de voir ses talents reconnus à leur véritable mesure[16].

En ce qui concerne sa personnalité, l'historien Alain Pigeard note qu'« il avait la réputation de s'enivrer facilement »[17].

Armoiries

Figure Nom du baron et blasonnement

Armes du baron Jean-Baptiste Latrille de Lorcet et de l'Empire, décret du , lettres patentes du , commandeur de la Légion d'honneur

Écartelé, au premier d'azur au dragon ailé d'or ; au deuxième des barons tirés de l'armée ; au troisième de gueules au lion rampant d'argent ; au quatrième d'azur à deux serpents entrelacés, les têtes à sénestre, en fasce, d'or, entre deux fasces d'argent - Livrées : les couleurs de l'écu.

Références

  1. Lievyns, Verdot et Bégat 1844, p. 355.
  2. Lievyns, Verdot et Bégat 1844, p. 355 et 356.
  3. Lievyns, Verdot et Bégat 1844, p. 356.
  4. Burnham 2011, p. 177.
  5. Chartrand 2013.
  6. Gates 2009, p. 197 et 489.
  7. Oman 1996, p. 100.
  8. Burnham 2011, p. 293 et 308.
  9. Burnham 2011, p. 43 et 45 ; 177.
  10. Burnham 2011, p. 177 ; 243, 248 et 249.
  11. Burnham 2011, p. 177 ; 244 et 250.
  12. Burnham 2011, p. 45 et 51.
  13. Burnham 2011, p. 51 et 52.
  14. Tulard 1979, p. 256.
  15. Burnham 2011, p. 178.
  16. Burnham 2011, p. 99 et 178.
  17. Alain Pigeard (préf. baron Gourgaud), Les étoiles de Napoléon : maréchaux, amiraux, généraux 1792-1815, Quatuor, , 768 p., p. 462.

Pour approfondir

Bibliographie

  • A. Lievyns, Jean Maurice Verdot et Pierre Bégat, Fastes de la Légion-d'honneur, biographie de tous les décorés accompagnée de l'histoire législative et réglementaire de l'ordre, Bureau de l’administration, , 529 p. (lire en ligne), p. 355.
  • Baptiste-Pierre Courcelles, Dictionnaire historique et biographique des généraux français : depuis le onzième siècle jusqu'en 1822, vol.6, l’Auteur, , 502 p. (lire en ligne), p. 200.
  • Vicomte Révérend, Armorial du Premier Empire, tome 3, Honoré Champion, libraire, Paris, , p. 146.
  • Jean Tulard, Napoléon et la noblesse d'Empire : suivi de la liste complète des membres de la noblesse impériale, Paris, Tallandier, , 359 p. (ISBN 2-235-00694-9).
  • (en) Robert Burnham (préf. Howie Muir), Charging against Wellington : The French Cavalry in the Peninsular War, 1807-1814, Barnsley, Frontline/Pen and Sword Books, , 240 p. (ISBN 978-1-84832-591-3).
  • (en) René Chartrand (ill. Graham Turner), Talavera 1809 : Wellington’s lightning strike into Spain, Bloomsbury Publishing, , 96 p. (lire en ligne).
  • (en) David Gates, The Spanish Ulcer : A History of the Peninsular War, Da Capo Press, , 576 p. (ISBN 978-0-7867-4732-0 et 0-7867-4732-3).
  • (en) Charles Oman, A History of the Peninsular War, vol. 3, Mechanicsburg, Stackpole, (ISBN 1-85367-223-8).

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