Histoire de la région autonome du Tibet

Cet article présente les faits saillants de l'histoire de la région autonome du Tibet ou Xizang.

Après le départ en exil du 14e dalaï-lama, le gouvernement tibétain est remplacé, en , par le Comité préparatoire pour l'établissement de la région autonome du Tibet, désormais présidé par le 10e panchen-lama. Ce comité adopte la résolution sur les réformes démocratiques, lesquelles sont achevées dans les zones agricoles le . La région autonome du Tibet est créée le .

En 1966 éclate la révolution culturelle, au cours de laquelle le système monastique est détruit. Elle prend fin en 1976, lorsque l'armée rétablit l'ordre.

Cadre géographique

La région autonome du Tibet est un ensemble administratif créé en 1965 et couvrant quelque 1,2 million de kilomètres carrés [1]. Cette zone administrative est désignée sous le nom de « Tibet » par le gouvernement de la Chine et la plupart des médias occidentaux[2]. Elle contient approximativement l'Ü-Tsang et la moitié ouest du Kham, deux des trois anciennes provinces (avec l'Amdo) du « Tibet historique ». Ses limites coïncident à peu près avec celles du territoire gouverné indépendamment de la Chine de 1912 à 1951 et administré par le gouvernement tibétain jusqu'en 1959[3]. Les subdivisions administratives autonomes tibétaines de la République populaire de Chine existant à la périphérie orientale et méridionale de la région autonome du Tibet, font partie administrativement des provinces limitrophes du Qinghai, du Sichuan, du Gansu et du Yunnan.

De la fin du gouvernement du Ganden Phodrang (1959) à la création de la région autonome du Tibet (1965)

Après l'intervention de l'armée populaire de libération au Tibet en 1951, la structure théocratique du gouvernement, l'organisation monastique et les formes traditionnelles de propriété foncière étaient restés inchangées pendant un certain temps[4].

Remplacement du gouvernement tibétain par le comité préparatoire

Après le départ en exil du 14e dalaï-lama, qui, depuis , était président du comité préparatoire pour l'établissement de la région autonome du Tibet, le premier ministre Zhou Enlai prend le un arrêté proclamant la dissolution du gouvernement tibétain de l'époque – qui était resté en place même après l'arrivée de l'Armée populaire de libération[5] (APL) – et son remplacement par le comité préparatoire. Il demande à l'APL de mettre fin à la « rébellion » et établit une liste de traîtres comprenant le dalaï-lama et le seizième Karmapa en la personne de Rangjung Rigpe Dorje. Le 10e panchen-lama, jusque-là vice-président du Comité préparatoire, assume dès lors les fonctions de président[6],[7] et Ngabo Ngawang Jigme sera vice-président et secrétaire général du comité.

Les réformes démocratiques

Lors de sa deuxième session plénière du au , le Comité préparatoire adopte la résolution sur les réformes démocratiques. Du 20 au , le CPPCC établit son Comité du Tibet. Tan Guansan en devient le président et huit Tibétains, dont Gardain Triba Tubdain Gonggar, en deviennent vice-présidents. La Fédération des femmes du Tibet est établie le , avec pour présidente Ngabo Tseten Dolkar (la femme de Ngapo Ngawang Jigmé), et pour vice-présidents Yang Gang, Huang Jingho et Nazin[8].

En , le gouvernement central approuve les réformes démocratiques. Elles se dérouleront en deux étapes selon une résolution adoptée par le Comité préparatoire de la région autonome du Tibet le à Lhassa après avoir été votée à l'Assemblée nationale populaire à Pékin le [9],[10]. :

  • la première se focalisera sur la suppression de la corvée obligatoire (ulag) et de l'esclavage, ainsi que la réduction des loyers et des intérêts des prêts ;
  • la deuxième se concentrera sur la distribution des terres,

le but visé étant la disparition du système féodal.

Les propriétaires de grands domaines n'ayant pas participé à la révolte voient leurs propriétés rachetées par l'État (soit 50 000 hectares)[11], ceux ayant soutenu la rébellion sont expropriés[12]. Il en va de même des domaines du gouvernement local[11].

Au , les réformes démocratiques sont achevées dans les zones agricoles, affectant en tout 810 000 habitants[8]. Dans le cadre de la redistribution des domaines des classes supérieures aux paysans sans terre, 200 000 titres de propriétés auraient été remis à d’anciens serfs[11],[13]. La réforme a porté sur 187 000 hectares, soit apparemment toute la terre cultivable du pays[11].

Dans les régions pastorales, la réforme n’a pas été aussi poussée. Fin , elle n’avait concerné que 260 000 individus sur une population pastorale estimée à 390 000 personnes. Si les troupeaux des grands propriétaires rebelles furent confisqués, ceux des non rebelles furent conservés sans qu’il y ait partage entre les pâtres dépendant de ces propriétaires[11].

Pour Gilles van Grasdorff, en fait de « réformes démocratiques », les Chinois confisquaient les terres et le matériel agricole qu'ils redistribuaient aux classes défavorisés, arrêtant simultanément nombre d'« ennemis du peuple », des propriétaires et des riches, qui disparurent ou furent exécutés sans procès[14].

Fin de la révolte armée

En , la zone militaire du Tibet annonce l'arrêt définitif de la révolte armée[15].

Le panchem-lama adresse à Mao Zedong en 1962 sa pétition en 70 000 caractères puis apporte son soutien au dalaï-lama en 1964. Le panchen-lama est à son tour démis de la présidence du comité, placé en résidence surveillée et remplacé par Ngabo Ngawang Jigme en [16].

Création de la région autonome du Tibet

La Région autonome du Tibet est créée et officiellement inaugurée le [17],[18]. Le , Zhang Guohua, 1er secrétaire du PCC de la région autonome du Tibet fit un rapport ayant pour intitulé « Lutter de tous nos forces pour remporter la grande victoire socialiste et construire un nouveau Tibet sous la direction du drapeau rouge de la pensée Mao Zedong ». Zhang Guohua indiqua que la création de la région autonome du Tibet marquait l'entrée du Tibet dans une époque novatrice « celle de la révolution, de la construction et des réformes socialistes »[19]. Quelques mois plus tard débute la révolution culturelle.

La révolution culturelle (1966-1976)

En 1966 Mao Zedong engage dans l'ensemble de la Chine la révolution culturelle. L'objectif est de « créer le neuf en abattant le vieux ». Toute pratique religieuse est interdite non seulement au Tibet mais dans le reste de la Chine[20].

Scission des gardes rouges : l'« Alliance » contre les « Rebelles »

Selon Melvyn C. Goldstein, à Lhassa, en 1968, les partisans de Mao et de ses mots d’ordre se divisent en deux factions antagonistes. Une faction, « l’Alliance » (Nyamdre), regroupe les partisans des autorités locales de l’époque, sous prétexte que la situation au Tibet nécessite un traitement particulier. La 2e faction, « les Rebelles » (Gyenlo ), créée à l’instigation de gardes rouges itinérants venus de l’intérieur du pays, ressent la nécessité de lutter contre certains responsables, conformément à la déclaration de Mao selon laquelle « la bourgeoisie s’était infiltrée dans les rouages du parti, du gouvernement, de l’armée et des cercles culturels ». Une 3e force, l’armée populaire de libération, reste en dehors de cette lutte de factions[21].

Le temple de Jokhang est l'une des deux bases des gardes-rouges de la faction Gyenlo. En , l'armée populaire de libération sort de sa réserve et attaque cette forteresse, ce qui se traduit par la mort de 12 militants Gyenlo et de deux soldats[22].

Les « gardes rouges bouddhistes » (Goldstein et al.)

Selon Melvyn Goldstein, Ben Jiao, et Tanzen Lhundrup, après leur éviction de Lhassa, les militants Gyenlo se rabattent sur la région de Nyemo, entre Lhassa et Shigatse, où ils trouvent un appui en exploitant le mécontentement des paysans contre les impôts sur les récoltes de céréales et en préconisant le démantèlement des communes populaires, tout cela sous le manteau de la terminologie communiste de la lutte contre la ligne capitaliste réactionnaire[23].

À Nyemo, une ancienne nonne, Trinley Chödrön, rejoint la faction Gyenlo. Elle déclare être habitée par la déesse Ani Gongmey Gyemo, l'instructrice du roi Gesar dans l'épopée de ce nom, après avoir subi le rituel d'« ouverture des portes des veines », tout en se qualifiant aussi de « bras droit du président Mao ». Si elle est mue par la volonté de reconstituer les monastères, pour les chefs de la faction Gyenlo, elle n'est qu'un moyen pour gagner davantage de gens à leur cause. Les forces Gyenlo à Nyemo prennent le nom officieux d'« armée des dieux de Gyenlo », et celui, officiel, de « quartier général des paysans et des pasteurs ». Bientôt entourée d'une trentaine de « héros-guerriers » prétendant être possédés par des héros de l'épopée du roi Gésar, Trinley Chödrön en vient à être considérée comme la déesse Ani Gongmey Gyemo elle-même. En , en l'espace de trois semaines, une trentaine de personnes sont mutilées (par section des mains ou des jambes) ou tuées par les « héros-guerriers » suivant les consignes de Chödrön : des incrédules face à ses pouvoirs surnaturels, des opposants à l'ordre Gyenlo et des gens qui avaient causé du tort à la communauté monastique. Ces événements sont suivis du massacre d'une troupe de soldats non armés et de cadres dans le district de Bagor lors de l'anniversaire du « massacre de Jokhang ». Ce succès encourage l'« armée des dieux de Gyenlo » à s'en prendre à l'escadron militaire du comté. Mais là, malgré les khatas censées les protéger des balles, plusieurs des assaillants sont tués tandis que les autres battent en retraite, désillusionnés. À partir de ce moment, c'est la débandade, une partie des rebelles s'enfuit dans les montagnes pour éviter d'être pris par l'APL venue encercler leur quartier général. La nonne, qui s'est réfugiée dans une grotte, est capturée. 34 rebelles sont exécutés, 28 emprisonnés et 48 placés sous surveillance de la population. Ainsi prend fin ce que Melvyn Goldstein et al. appellent l'« incident de Nyemo »[24] avec ses « gardes rouges bouddhistes »[25].

« Soulèvement nationaliste » (Riquier)

Pour Ann Riquier, lors d'une vague de soulèvement nationaliste tibétain, Trinley Choedon conduisit une rébellion de l'Est à l'Ouest du Tibet ayant rassemblé 30 000 personnes, avant d'être exécutée en public en 1969[26].

Démantèlement de l'institution monastique

Mike Ely, dans The True Story of Maoist Revolution in Tibet, évoque l'existence, dans le peuple tibétain, d'un profond ressentiment contre les monastères de l'ancienne féodalité au moment de la Révolution culturelle[27].

Selon la revue Revolutionary Worker [28], les forteresses féodales qu'étaient les milliers de monastères furent vidées et démantelées lors d'un gigantesque mouvement de masse. Ce démantèlement, d'après tous les récits disponibles, fut l'œuvre quasi-exclusive des serfs tibétains eux-mêmes, conduits par des militants révolutionnaires. Les objets de culte, à l'exception de pièces de grande valeur historique, furent détruits en public pour briser les superstitions séculaires. Les matériaux de construction furent redistribués aux gens pour construire maisons et routes, et les forces armées révolutionnaires dynamitèrent souvent les vestiges. Tel fut le verdict de la Révolution culturelle sur les monastères et leur nature de classe : plus jamais ils ne vivraient des souffrances des masses. De ce point de vue, ce démantèlement fut non pas une « destruction insensée », un « génocide culturel » mais un acte politique conscient de libération du peuple.

Destruction de la culture tibétaine

Comme les gardes rouges dans d'autres parties de la Chine, de nombreux Tibétains participèrent activement à la destruction de leurs temples et monastères au plus fort de la révolution culturelle[29].

Selon le gouvernement tibétain en exil, le Conservancy for Tibetan art et l'International Campaign for Tibet, cette destruction systématique de la culture tibétaine s'accompagne de la rééducation de ceux qui s'y opposent. Les 115 000 moines et nonnes sont tués, emprisonnés ou alors mariés de force et enrôlés dans les communes[30],[31],[32].

Le spécialiste du bouddhisme Frédéric Lenoir affirme qu'avec la destruction des monastères – il en restait une dizaine à la fin de la révolution culturelle[33] – les maoïstes détruisent la culture tibétaine, dont les monastères étaient les centres et où l'enseignement était donné. Le dalaï-lama évoque alors un « génocide culturel » concernant le Tibet[34].

Épilogue

À la fin des années 1960, lorsque la révolte tourne au chaos (excès, règlements de comptes, punitions arbitraires), désorganisant l'activité économique et faisant glisser le pays vers la guerre civile, Mao appelle l'armée à rétablir l'ordre avec l'appui de détachements ouvriers[35].

Selon Tsering Woeser, pendant la révolution culturelle le , Zhang Guohua est destitué de son poste de directeur du Comité révolutionnaire, de celui de chef d'équipe de la direction du parti et de celui de commandant en chef du secteur militaire tibétain. C'est Ren Rong qui assure la suppléance aux deux premiers postes. Le comité central nomma Chen Yiming au poste de commandant en chef du secteur militaire tibétain. Les Tibétains voulurent juger publiquement Zhang Guohua mais le gouvernement cherchant à le protéger, le rapatria par avion à Pékin. Cela sera aussi le cas de Ngabo Ngawang Jigme[36].

Les réformes économiques et la libéralisation du pouvoir (1977-1987)

Mao Zedong et Zhou Enlai décèdent en 1976. Deng Xiaoping arrive au pouvoir et décide de changer la logique économique et d'ouvrir la Chine à l'économie capitaliste, c'est le printemps de Pékin : au Tibet, les costumes traditionnels réapparaissent, les monastères sont reconstruits, les pèlerinages reprennent, la langue tibétaine reprend sa place, c'est ce que certains anthropologues appellent « revitalisation » ou d'autres « renaissance de la culture tibétaine »[37].

En 1979, Deng Xiaoping invite Gyalo Thondup, frère du dalaï-lama, à Pékin et lui indique qu'à part l'indépendance du Tibet, toutes les autres questions pourront être discutées et tous les problèmes résolus. Il propose que le dalaï-lama envoie des délégations d'enquête au Tibet afin d'observer les conditions de vie des habitants. Les autorités chinoises, qui pensent que les délégations seront impressionnées par les progrès réalisés et par la solidarité des Tibétains avec la nation chinoise, se retrouvent gênées quand les Tibétains manifestent leur joie et leur dévotion aux exilés en visite, en particulier au frère du dalaï-lama. Les délégations comprennent que les masses tibétaines sont toujours très attachées au dalaï-lama[38].

En 1980, Hu Yaobang, secrétaire général du Parti communiste chinois de 1980 à 1987, mène une tournée d'inspection au Tibet[39]. À l'issue de celle-ci il propose six mesures pour résoudre la question tibétaine[40]. Pendant les années 1980, les modérés du parti communiste chinois frayent la voie à une utilisation accrue de la langue tibétaine, à la reconstruction des bâtiments religieux (débouchant dans certaines régions sur un plus grand nombre de temples aujourd'hui qu'avant 1951) et à l'encouragement de la culture tibétaine[41].

Au milieu des années 1980, le Tibet s’ouvre au tourisme, les voyageurs peuvent entrer en Chine en franchissant la frontière népalaise en de nombreux points, il n’y a plus de contrôle du gouvernement central ni d’obligation de passer par Pékin. Cette ouverture est inégalée presque partout dans les régions himalayennes[42]. Profitant de la politique libérale en matière religieuse adoptée par Wu Jinghua, le nouveau premier secrétaire du parti au Tibet, les Tibétains se mettent pour la première fois à afficher publiquement des photos du dalaï-lama[43]. La photo du dalaï-lama est désormais vendue ouvertement à des étals dressés devant le Temple du Jokhang à Lhassa[44]

Selon Laurent Deshayes et Frédéric Lenoir, l'éviction politique en 1987 puis le décès de Hu Yaobang en 1989 « brisent ce timide élan réformateur »[45].

Le plan de paix en cinq points pour le Tibet

Pour sortir de cette impasse le dalaï-lama présente en 1987 son Plan de paix en cinq points pour le Tibet qui propose :

  1. la transformation de l'ensemble du Tibet en une zone de paix ;
  2. l'abandon par la Chine de sa politique de transfert de population qui met en danger l'existence des tibétains en tant que peuple ;
  3. le respect des droits fondamentaux et des libertés démocratiques du peuple tibétain ;
  4. la restauration et la protection de l'environnement naturel du Tibet, ainsi que cessation par la Chine de sa politique d'utilisation du Tibet dans la production d'armes nucléaires et pour y ensevelir des déchets nucléaires ;
  5. l'engagement de négociations sérieuses à propos du statut futur du Tibet et des relations entre les peuples tibétain et chinois.

Le plan est refusé par les Chinois, les manifestations de soutien au dalaï-lama sont violemment réprimées. Le dalaï-lama reformulera ce plan le au Parlement européen de Strasbourg, officialisant ainsi une proposition de négociation. Ainsi il déclara : « Ma proposition, qui a été ensuite connue sous le nom « d'approche de la voie médiane » ou de « proposition de Strasbourg » consiste à envisager pour le Tibet une véritable autonomie dans le cadre de la République populaire de Chine. Il ne doit pas s'agir, cependant, de l'autonomie sur papier qui nous avait été imposée il y a cinquante ans dans l'accord en 17 points, mais d'une autonomie réelle, d'un Tibet qui s'autogouverne véritablement, avec des Tibétains pleinement responsables de leurs propres affaires intérieures, y compris l'éducation de leurs enfants, les questions religieuses, les questions culturelles, la protection de leur environnement délicat et précieux et l'économie locale. Pékin continuerait à assumer la responsabilité de la conduite des affaires étrangères et de la défense ».

La Chine refuse de reprendre le dialogue considérant que le dalaï-lama souhaite négocier l'indépendance du Tibet.

Troubles (1987-1993)

Baogang He et Barry Sautman font état de la tenue à Lhassa de deux douzaines de manifestations à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Ils avancent le chiffre de douzaines de personnes tuées et de centaines d'autres arrêtées mais ils affirment que les manifestants ont tué plusieurs agents de police et se sont livrés à des lynchages et ont causé des incendies dont les victimes étaient des civils Han[46].

Selon ces auteurs, les émeutes à Lhassa intervinrent après que la République populaire de Chine eut fait droit, fin 1986, aux principaux griefs des Tibétains concernant les freins à la pratique religieuse, la migration des Han et autres sujets. Nombre de Tibétains en étaient venus à accepter la place du Tibet dans la Chine et un consensus se dessinait entre Pékin et les élites tibétaines. En réaction, les émigrés et leurs partisans lancèrent une campagne d'internationalisation impliquant le déroulement de manifestations à Lhassa (il reste toutefois à établir si celles-ci ont été commanditées ou inspirées depuis l'extérieur)[47].

Le nouveau gouverneur chinois du Tibet Hu Jintao, surnommé le « boucher de Lhassa » par les militants de la « cause tibétaine » [48],[49],[50],[51], fait alors venir des milliers de soldats contre l'avis de Zhao Ziyang[52]. Après plusieurs jours de manifestations des Tibétains contre le pouvoir chinois et une douzaine de victimes parmi les manifestants selon les autorités[53] (450 victimes selon Tang Daxian, un ancien journaliste chinois en exil, cité par le New York Times)[53], Hu Jintao décrète la loi martiale le . Trois mois plus tard et à la suite de la mort de Hu Yaobang le ce sont les manifestations de la place Tian'anmen à Pékin et la répression du gouvernement chinois. La politique libérale est terminée en Chine.

Disparition du 10e panchen-lama

Hu Yaobang est écarté du pouvoir chinois en 1987. Selon le gouvernement tibétain en exil, en janvier 1989, au Tibet, quelques jours après un discours historique critiquant la politique chinoise et affirmant sa loyauté envers le 14e dalaï-lama, le 10e panchen-lama décède d'une crise cardiaque à Shigatsé, à l'âge de 50 ans[54]. Les exilés tibétains disent qu'il a peut-être été empoisonné[55]. Le panchen-lama aurait notamment déclaré que « le progrès apporté au Tibet par la Chine ne saurait compenser la somme de destructions et de souffrances infligées au peuple tibétain » (citation rapportée par le 14e dalaï-lama le )[56], et que « s'il y avait certainement eu des changements depuis la Libération, le prix payé pour ces changements était plus grand que les gains obtenus » (citation rapportée par le quotidien China Daily le selon l'association Campagne internationale pour le Tibet)[57].

À l'automne 1989, le 14e dalaï-lama reçoit le Prix Nobel de la paix pour sa lutte non-violente pour la libération du Tibet, basée sur la tolérance et le respect mutuel[58], ce qui exaspère le gouvernement chinois.

Rejet de la politique libérale de Hu Yaobang et de Wu Jinghua

Le , au cours d'une réunion du Politburo, Beijing dévoile sa nouvelle ligne politique : 1/ rejet de la libéralisation ; 2/ rétablissement de l'ordre public par la répression ; 3/ développement économique accéléré de la région ; 4/ marginalisation du dalaï-lama. C'est le rejet de la politique libérale de Hu Yaobang et de Wu Jinghua qui visait à gagner la loyauté des Tibétains : elle est vue comme renforçant le sentiment nationaliste et menant aux émeutes ethniques. La nouvelle ligne politique, dite « saisir des deux mains », comporte un premier volet, économique — développement accéléré au moyen de subventions et d'investissements massifs de l'État — et un deuxième volet, politique — maintien inflexible de l'ordre public en faisant appel à la police, à l'armée et aux agences de sécurité. S'y ajoute un troisième volet constitué par les campagnes politiques de mobilisation de masse et d'endoctrinement idéologique[59].

Sinisation et modernisation (1988-2008)

Pékin décide de venir à bout des résistances tibétaines en intervenant sur la démographie, la langue et l'économie du Tibet. Plusieurs mesures sont engagées.

  • Selon le journaliste Jean-Paul Ribes, président du Comité de soutien au peuple tibétain, les Han sont incités à venir peupler la RAT[60] : aides fiscales importantes, gratuité de la scolarité, assouplissement de la politique de l'enfant unique... En 2008 les Tibétains sont devenus largement minoritaires à Lhassa, mais aussi dans les provinces traditionnelles du Kham, et de l'Amdo.
  • La langue chinoise est imposée dans l'administration et les études supérieures sont possibles uniquement en langue chinoise[61].
  • Sur le plan économique la Chine a investi, depuis le début des années 1990, des milliards de dollars pour désenclaver le Tibet, il est ainsi possible de relier Pékin à Lhassa en 48 heures par le chemin de fer.
  • À Lhassa les vieux quartiers Tibétains sont rasés pour construire des bâtiments respectant les normes chinoises[62].
  • Selon la sinologue Françoise Robin des campagnes de rééducation patriotique et politique sont mises en place dans les monastères de la Région autonome du Tibet dès 1995. Il y est donné des « cours de marxisme-léninisme, de maoïsme et de socialisme à la chinoise, d’histoire patriotique « nationale » et, surtout, dénonciation forcée du Dalaï-lama »[63].

Ces mesures incitent divers observateurs occidentaux à parler de « sinisation ».

Dans un article de l'agence Chine nouvelle qui lui est consacré[64], le sinologue et ethnologue allemand Ingo Nentwig, ancien directeur du département de recherche du Musée d'ethnologie de Leipzig, exclut une assimilation systématique du Tibet par des implantations de Han. À Lhassa, si les Han représentent 50 % de la population, il s'agit surtout de résidents temporaires : soldats qui quitteront le Tibet une fois démobilisés, ouvriers travaillant sur des projets routiers ou ferroviaires, responsables désignés, par rotation, pour travailler au Tibet et qui le quittent à l'expiration de leur tour, commerçants et restaurateurs n'ayant pas l'intention de s'établir définitivement. En dehors de Lhassa, on rencontre rarement un Han. Ingo Nentwig rapporte qu'à l'époque de ses recherches sur le Yak en 2002, il y avait 20 à 30 Han seulement parmi les 50 000 à 60 000 Tibétains du district étudié. « Même en prenant en considération les résidents temporaires, les Han ne représentent que 20 à 25 % de la population et les Tibétains 75 à 80 % »[65].

En règle générale, les Han ne sont guère chauds pour s'installer au Tibet : les enfants y sont victimes d'œdèmes pulmonaires tandis que les adultes souffrent du mal d'altitude [66], le plateau tibétain étant à 4 000 m au-dessus du niveau de la mer. La faible pression et la raréfaction de l'oxygène ne permettent pas à des gens venant d'autres régions que le Tibet d'y rester très longtemps[67].

Événements de Lhassa (mars 2008)

En , des manifestations de moines tibétains ont lieu à Lhassa, débouchant le sur des émeutes violentes dans la capitale et entraînant une répression du gouvernement chinois et des réactions de la scène internationale[68]. Lors des émeutes, magasins et restaurants (nombre d'entre eux tenus par des musulmans et certains par des Tibétains de souche) sont attaqués et détruits par des bandes d'émeutiers[69]. Les biens de Tibétains sont également touchés : au marché de gros de Tsomtsikhang, 21 maisons et 4 magasins appartenant à des Tibétains de souche sont incendiés[70],[71].

Le , Wang Lixiong (mari de la poétesse Tibétaine Woeser), Liu Xiaobo (prix Nobel de la paix 2010) et 28 intellectuels chinois lancent un appel pour demander au gouvernement d'infléchir sa politique au Tibet et pour soutenir l'appel à la paix du dalaï-lama [72].

Immolations (2011-2012)

Tenzin Phuntsok, un ancien moine du monastère de Karma, âgé de 46 ans, s'est immolé le 1er décembre et meurt le à l'hôpital de Chamdo[73],[74]. Selon l'agence Chine nouvelle[75] et Radio Free Asia, deux jeunes moines tibétains se sont auto-immolés par le feu le à Lhassa. L'un est mort et l'autre, originaire d’Aba, une zone tibétaine de la province du Sichuan, est grièvement blessé[76],[77]. Selon Radio Free Asia, un jeune Tibétain de 22 ans s'est auto-immolé le dans le district de Damshung (Dangxiong, en chinois) proche de Lhassa. Transporté à l'hôpital, il y serait décédé[78].

Selon le tibétologue Robert Barnett dès 2008, l’année où ont éclaté des protestations dans la région autonome du Tibet, « l’étau s’est encore resserré ». Les autorités chinoises ont envoyé 21 000 cadres du Parti communiste dans 5 400 villages « à des fins de propagande ». Les photos du dalaï-lama ont été interdites. Les membres du Parti se sont installés dans les monastères pour imposer aux moines des séances de rééducation patriotique. Il existe un lien direct entre les interventions des autorités chinoises et les immolations de Tibétains[79]. Lors d'une visite à Lhassa, Li Changchun a demandé aux autorités locales d'engager des actions de propagandes contre l'opposition tibétaine[80].

Camps de travail

Un certain nombre de camps de travail ont été établis dans la région autonome du Tibet. Selon un rapport de septembre 2020 de l'anthropologue allemand Adrian Zenz, plus de 500 000 Tibétains ont été contraints d’intégrer ces « camps de formation militarisés »[81],[82].

Notes et références

  1. (en) VAJRAYANA FORMS IN UPSTATE NEW YORK, A Thesis Presented to the Faculty of the Graduate School of Cornell University in Partial Fulfillment of the Requirements for the Degree of Master of Arts by Annika Antoinetta Lundkvist, May 2008, p. 19 : « When one looks for Tibet on the map today, one finds Xizang, Chinese for “Western Treasury House.” The Tibetan Autonomous Region (TAR) is an administrative unit, established in 1965, covering a region of approximately 1.2 million square kilometers ».
  2. (en) Andrew Martin Fischer, « "Population Invasion" versus Urban Exclusion in the Tibetan Areas of Western China »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), in Population and Development Review, 34(4), pp. 631-662 (December 2008), note 1 p. 656 : « the TAR is the administrative area that the PRC government and most of the Western media usually mean when they refer to Tibet ».
  3. (en) Tibet, Tibet, A Personal History of a Lost Land By Patrick French : « It would be more realistic, French argues, for the Tibetans to base their claim on roughly the area of the current TAR, whose borders generally coincide with those of the de facto independent state between the two world wars ».
  4. (en) Gerard Postiglone, Ben Jiao, Melvyn C. Goldstein, « Education in the Tibetan Autonomous Region: Policies and Practices in Rural and Nomadic Communities »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), in Janet Ryan, ed. Changing Education in China (Tentative Title) Routledge (in press) : « After the Chinese People's Liberation Army entered Tibet in 1951, the traditional theocratic structure of government, the organization of monasteries, and traditional forms of landholding remained somewhat unchanged for a time (Goldstein 2007). »
  5. (en) [PDF] Ernst Steinkelner, A Tale of Leaves. On Sanskrit Manuscripts in Tibet, their Past and their Future, Royal Netherlands Academy of Arts and Sciences, Amsterdam, 2004 : « The traditional Tibetan government, which had been allowed to remain in office even after the Chinese forces arrived in 1951, had been abolished in 1959 ».
  6. (en) National Uprising, sur le site officiel du Gouvernement tibétain en exil.
  7. (en) Arrêté du premier ministre Zhou Enlai dissolvant le gouvernement local du Tibet tel que publié dans le New York Times du 29 mars 1959 : « the decision is that from this day the Tibet Local Government is dissolved and the Preparatory Committee for the Tibet Autonomous Region shall exercise the functions and powers of the Tibet Local Government. During the time when the Dalai Lama Dantzen-Jalsto, chairman of the Preparatory Committee for the Tibet Autonomous Region, is under duress by the rebels, Panchen Erdeni Ghuji-geltseng, vice-chairman of the Preparatory Committee, will act as the chairman (...) ». Source : Robert V. Daniels (ed.), A documentary history of communism, vol. 2, Communism and the World, I. B. Tauris & Co. Ltd, London, 1985, 448 p. (ISBN 1-85043-035-7), p. 78.
  8. (en) Ngapoi recalls the founding of the TAR, China Tibet Information Center, 18-08-2005.
  9. (en) Tibet fights for freedom: the story of the March 1959 uprising as recorded in documents, despatches [sic], eye-witness accounts and world-wide reactions, ’’Times of India’’, July 21 : « Implementing Reforms, Hong Kong "DEMOCRATIC reforms" in Tibet will be carried out in two stages, according to a resolution adopted at the second plenary session of the Preparatory Committee for the Tibet Autonomous Region. The resolution […] was passed in Lhasa on July 17. »
  10. Robert Barnett, Shirin Akiner, Resistance and reform in Tibet, C. Hurst & Co. Publishers, 1994, (ISBN 1850651612) : « Mackerras notes that the resolution calling for reforms to take place in Tibet was passed by the National People's Congress in Beijing on April 28, 1959, and formally adopted by the Preparatory Committee on July 17. »
  11. Hugues-Jean de Dianous, Dianous Le Tibet et ses relations avec la Chine, in Politique étrangère, N°1, 1962, 27e année, pp. 38-72, pp. 54-55.
  12. (en) Jiawei Wang, Nyima Gyaincain, The Historical Status of China's Tibet, Chapter IX - Tibetan People Acquired Ultimate Human Rights Through Quelling of Rebellion and Conducting the Democratic Reform, (2) Democratic Reform : « On March 22, 1959, the Central Government put forward a policy of "conducting reform while quelling the rebellion, first in areas witnessing rebellion and second in other areas." It stressed that the system of feudal possession must be abolished, but in different ways. The property of serf owners who participated in the rebellion must be confiscated and distributed to peasants; that of those who did not participate could be redeemed. In mid-April, Chairman Mao said a buying-out policy could be adopted toward serf owners who did not take part in the rebellion during the Democratic Reform in Tibet. In May, the Central Government approved the policies submitted by the Tibet Work Committee. According to them, the Democratic Reform in Tibet would be carried out in two stages. The first step would concentrate on "Three Against and Two Reduction" movement against rebellion, ula and slavery, and for the reduction of rent and interest charges. The second step would focus on distribution of land. »
  13. Gerard Postiglone, Ben Jiao, Melvyn C. Goldstein, « Education in the Tibetan Autonomous Region: Policies and Practices in Rural and Nomadic Communities »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), in Janet Ryan, ed. Changing Education in China (Tentative Title) Routledge (in press) : « After his departure in 1959, land was redistributed fom the upper elite to landless peasants. »
  14. Gilles van Grasdorff, dans Panchen Lama, otage de Pékin, p. 228
  15. Ngapoi recalls the founding of the TAR], op. cit..
  16. Laurent Deshayes, Histoire du Tibet, Fayard, 1997, (ISBN 978-2213595023).
  17. Région autonome du Tibet, site du Trésor de la langue française au Québec (TLFQ), Université Laval, Québec.
  18. (en) The Worst of the Worst 2008 - China (Tibet) : « The remaining area, which had been under the administration of the Dalai Lama's government, was designated the Tibet Autonomous Region (TAR) in 1965 ».
  19. Source : French China
  20. (en) Kalovski Itim, The True Story of Maoist Revolution in Tibet, When the Dalai Lamas Ruled: Hell on Earth, in Revolutionary Worker #944, 15 février 1998.
  21. (en) Daniel Berounsky , compte rendu de « GOLDSTEIN Melvyn C., JIAO BEN, Lhundrup TANZEN. On the Cultural Revolution in Tibet: The Nyemo Incident in 1969 », in Études mongoles et sibériennes, centrasiatiques et tibétaines [En ligne], 40 | 2009, mis en ligne le 1er décembre 2009, consulté le 22 juillet 2011 : « To outline the series of events presented: During the Cultural Revolution, various groups of followers of Mao’s instructions formed into two opposing factions in Lhasa in 1968. The first of them was called Nyamdre (Tib. mnyam ‘brel, perhaps “Alliance”) and the second Gyenlo (Tib. gyen log, “Rebels”). The first of them might be labeled conservative, since it often supported the existing officials of that time, with the explanation that the situation in Tibet required special treatment. The second faction, Gyenlo, was initiated by traveling Red Guards from inland China who felt the need to struggle against certain officials, following Mao’s statement about the “bourgeoisie who have sneaked into the party, government, army and all cultural circles”. The third force, the People’s Liberation Army (PLA), was restricted from involvement in the emerging struggle. »
  22. Daniel Berounsky, op. cit. : « The first violent conflict of the Nyamdre and Gyenlo factions occurred in Lhasa in June 1968. The PLA did not follow the rule of non-intervention in this exceptional case and attacked two strongholds of the Gyenlo faction: the Financial Compound and the Jokhang temple. The attack resulted in the death of twelve Gyenlo activists and two soldiers. »
  23. Daniel Berounsky, op. cit. : « After the conflict, the Gyenlo activists started to intensify their search for support in rural areas. One of them was Nyemo (Snye mo), located between Lhasa and Shigatse (Gzhi ka rtse), in Tsang (Gtsang). Although originally most of the local people from Nyemo supported the Nyamdre faction, and at the same time somehow the status quo, Gyenlo made use of the general discontent of the local people concerning the production taxes hidden behind euphemistic names such as “patriotic government grain” and “sales grain.” In particular, the second tax impoverished farmers: the tax was fixed as a portion of yields, and kept increasing largely due to exaggerated yields, which were meant to demonstrate “socialist progress.” The promise of a suspension of the grain taxes on the part of Gyenlo and at the same time dismantling the people’s communes found fertile ground in Nyemo and apparently also in other rural areas. Such promises were of course officially formulated in communist terminology as a struggle against the “reactionary capitalist line.” »
  24. Daniel Berounsky, op. cit.
  25. (en) Michael Schoenhals, professor of Chinese at Lund University, Sweden, and founder of the international garbology school of Cultural Revolution research, compte rendu de On the Cultural Revolution in Tibet: The Nyemo Incident of 1969, de Melvyn C. Goldstein, Ben Jiao et Tanzen Lhundrup, in The China Quarterly, 2009, 198, pp. 488-489 : « A central thesis advanced by Goldstein, Jiao and Lhundrup is that the Cultural Revolution had created a "climate" (p. 162) in which this tragedy could unfold, and hence their own remarkable designation of the attackers as "Buddhist Red Guards" (p. 101) ».
  26. Ann Riquier, Tibet : résistance au féminin
  27. (en) Mike Ely, The True Story of Maoist Revolution in Tibet. Red Guards and People's Communes, op. cit. : « There was a deep anti-monastery movement among the Tibetan people ».
  28. (en) The True Story of Maoist Revolution in Tibet Red Guards and People's Communes, Revolutionary Worker #752, April 17, 1994 : « (...) In a huge mass movement, the many monasteries of Tibet were emptied and physically dismantled. Supporters of Tibetan feudalism often say this dismantling was "mindless destruction" and "cultural genocide." But this view ignores the true class nature of these monasteries. These monasteries were armed fortresses that had loomed over the peasants' lives for centuries. (...) These fortresses provoked justified fear that the old ways might return--one conspiracy after another was plotted behind monastery walls. Dismantling these monasteries was anything but "mindless." These were conscious political acts to liberate the people! All available accounts agree that this dismantling was done almost exclusively by the Tibetan serfs themselves, led by revolutionary activists. Mass rallies of ex-serfs gathered at the gates, daring to enter the holy sanctums for the first time. The wealth stolen from them over centuries was revealed to all. Some especially valuable historic artifacts were preserved for posterity. Valuable building materials were taken from fortresses and distributed among the people to build their houses and roads. (...). Often idols, texts, prayer flags, prayer wheels and other symbols were publicly destroyed--as a powerful way of shattering century-old superstitions. As a final comment on restorationist dreams, the ruins were often blown sky high by the revolutionary armed forces. (...) But the verdict of the Cultural Revolution was that these monasteries should never again exist as feudal fortresses living from the suffering of the masses ».
  29. (en) [PDF] Kwai-cheung Lo, Reconfiguring Chinese Diaspora through the Eyes of Ethnic Minorities: Tibetan Films by Exiles and Residents in People's Republic of China, David C. Lam Institute for East-West Studies (LEWI) Working Paper Series, No 94, December 2009, 30 p., p. 14 : « Like the Red Guards in other parts of China, many Tibetans actively participated in destroying their temples and monasteries at the peak of the political movement (Wang 1998). »
  30. (en) 'Tibet: Proving Truth from Facts', The Department of Information and International Relations: Central Tibetan Administration, 1996. p. 85 : « Out of Tibet’s total of 6,259 monasteries and nunneries only about eight remained by 1976. Among those destroyed were the seventh century Samye, the first monastery in Tibet; Gaden, the earliest and holiest monastic university of the Gelugpas; Sakya, the main seat of the Sakyas; Tsurphu, one of the holiest monasteries of the Kagyuds; Mindroling, one of the most famous monasteries of the Nyingmapas; Menri, the earliest and most sacred Bon monastery, etc. Out of 592,558 monks, nuns, rinpoches (reincarnates) and ngagpas (tantric practitioners), over 110,000 were tortured and put to death, and over 250,000 were forcibly disrobed. »
  31. (en) « Monastic Education in the Gönpa », sur The Conservancy for Tibetan Art and Culture : « More than 6,000 monasteries in Tibet were destroyed in the 1960s and 1970s following the Chinese invasion of Tibet. »
  32. (en) Religion and culture sur le site savetibet.org : « Approximately 6,000 monasteries, nunneries and temples, and their contents were partially or fully destroyed from the period of the Chinese invasion and during the Cultural Revolution ».
  33. Fox Butterfield, La Chine - Survivant dans la mer d'amertume, Paris, Presses de la Cité, 1983, page 309.
  34. Frédéric Lenoir, Tibet Le moment de vérité, Édition Plon, 2008, pages 97 et suivantes.
  35. Site Le Monde Réel.
  36. Tsering Woeser, Mémoire interdite. Témoignages sur la Révolution culturelle au Tibet, page 206 et 558, traduit par Li Zhang & Bernard Bourrit, éd. Gallimard.
  37. (en) Robert Barnett, A City, its visitors and the odour of development, in Lhasa in the seventeenth century: the capital of the Dalai Lama (edited by Françoise Pommaret, translated by Howard Solverson), London ; Boston ; Köln : Bril, 2002, pp. 207-208 : « the 1978 decision of Deng Xiaoping to launch a policy referred to by the Chinese as "liberation and opening up". That policy officially ended the Maoist era and the persecution of Tibetan culture, religion or class difference that Mao had unleashed. Traditional costume was reintroduced, monasteries were rebuilt, Tibetan language was reinstalled, pilgrimages recommenced. Among anthropologists, some have described this as a revitalisation; others speak of it as a renaissance of Tibetan culture. »
  38. (en) Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon. China, Tibet, and the dalai Lama, University of California Press, 1997, pp. 61-63.
  39. Laurent Deshayes Histoire du Tibet, Page 352, Fayard 1997 (ISBN 978-2213595023)
  40. Tsering Woeser, Mémoire interdite. Témoignages sur la Révolution culturelle au Tibet, Réflexions sur la question tibétaine par Wang Lixiong pages 487 à 542, traduit par Li Zhang & Bernard Bourrit, éd. Gallimard. 2010.
  41. A. Tom Grunfeld, Reassessing Tibet Policy, sur le site Foreign Policy in Focus, October 12, 2005 : « During the 1980s, CCP moderates paved the way for increased usage of the Tibetan language, the reconstruction of religious buildings (with more temples in some regions now than before 1951), and the encouragement of Tibetan culture. »
  42. Jack D. Ives, Bruno Messerli, The Himalayan dilemma. Recalling development and conservation, Routledge, 1989, 295 p., en part. p. 236 : « The rapid opening of Tibet to tourism, especially in recent years when it became possible for travellers to cross directly from Nepal into Chinese territory at many points, without central government control and enforced entry via Beijing, is startling. The 1987 October riots in Lhasa brought a temporary halt to this openness (unmatched almost anywhere in the Himalayan region, except for parts of Nepal. »
  43. (en) Subhuti Dharmananda, FROM TIBET TO INDIA: History of the Attempted Destruction of Tibetan Culture in Tibet and the Efforts at Preservation of Tibetan Culture in Exile : « The Tibetans took full advantage of Wu Jinghua’s [newly elected First Party Secretary in Tibet] liberal policy towards religion. For the first time they began publicly to display photos of the Dalai Lama » (il s’agit d’une citation du livre de Tsering Shakya, The Dragon in the Land of Snows, pp. 402–404).
  44. David Holley, Tibet’s Hunger to be Free Symbolized by Dalai Lama, Los Angeles Times, January 21, 1989 : « these days Tibetans no longer need to beg foreigners for the picture. The once-banned photographs of their exiled leader are being openly sold at stands in front of central Lhasa’s Jokhang Temple. »
  45. 2002 : L'épopée des Tibétains : entre mythe et réalité, de Laurent Deshayes et Frédéric Lenoir, Fayard (ISBN 978-2213610283)
  46. (en) Baogang He et Barry Sautman, « The politics of the Dalai Lama's new initiative for autonomy (1) », Pacific Affairs, Vancouver, University of British Columbia, vol. 78, no 4, , p. 601-629 (ISSN 0030-851X, résumé) ; « The Politics of the Dalai Lama’s New Initiative for Autonomy », sur Phayul,  : « There were two dozen sizeable demonstrations in the late 1980s and early 1990s. Several during 1987-89 and one in 1993 involved at least a thousand participants. Police killed dozens and arrested hundreds; protestors killed several policemen and carried out beatings and arson directed at Han civilians. »
  47. (en) Baogang He et Barry Sautman, « The politics of the Dalai Lama's new initiative for autonomy (1) », Pacific Affairs, Vancouver, University of British Columbia, vol. 78, no 4, , p. 601-629 (ISSN 0030-851X, résumé) ; « The Politics of the Dalai Lama’s New Initiative for Autonomy », sur Phayul,  : « The protest [in Lhassa] came after the PRC had responded to Tibetans' main grievances concerning restrictions on religious practice, Han migration, and other matters in late 1986. Many Tibetans had come to accept Tibet's place in China and a consensus was emerging between Beijing and the Tibetan elites. In response, emigres and their supporters launched an internationalization campaign in which protest in Lhasa were to feature, although it remains unclear whether outside instigation or inspiration played a role in them. »
  48. Journal Suisse Le Matin.
  49. Une police chinoise pleine de tact…
  50. (en) Tibet year 9 under the Chinese boot, Claude B. Levenson, février 2009
  51. (en) Tibet keeps alive true Spirit of the Games, 19 mars 2008, Claude Arpi.
  52. Une histoire du Tibet : Conversations avec le Dalaï Lama, de Thomas Laird, Dalaï-Lama, Christophe Mercier, Plon, 2007, (ISBN 2-259-19891-0).
  53. (en) NYTimes.
  54. (en) The Panchen Lama passes on.
  55. (en) Michael Dempsey, Peking's poison fails to touch Tibetan hearts, The Independent (London), 3 octobre 1996 : « Tibetan exiles suspect that the last Panchen Lama, who died suddenly in 1989 after spending a dozen years under house arrest, may have been poisoned by the Chinese ».
  56. Message du Dalaï Lama à l’occasion du 40e anniversaire du soulèvement de Lhassa, 10 mars 1999
  57. (en) Tibet's Stolen Child, the 11th Panchen Lama, sur le site de l'association Campagne internationale pour le Tibet : « In an extraordinary public speech made in 1989 in Shigatse, the Panchen Lama was less reserved. He called for the Dalai Lama to be allowed to collaborate with him in Tibetan policy making and openly challenged the Chinese leadership's policies in Tibet. Shortly after this address, the Chinese Daily printed another critical statement which vaulted the Panchen Lama's international image as a critic of the Chinese government: "Since liberation, there has certainly been development, but the price paid for this development has been greater than the gains." (As reported in the China Daily, January 25, 1989.) ».
  58. (en) Press release, Dalai Lama, 1989.
  59. (en) Tsering Topgyal, The securitisation of Tibetan Buddhism in Communist China, in Politics and Religion Journal, [S.l.], v. 6, n. 2, p. 217-249, jan. 2017.
  60. Jean-Paul Ribes, Le Tibet, L'Express, 17 juin 1993.
  61. Le bilinguisme tibétain-chinois : situation et enjeux, Nicolas Tournadre
  62. Frédéric Lenoir, Tibet Le moment de vérité, Plon, 2008, p. 104.
  63. Francoise Robin Mars-avril 2008 : que s’est-il passé au Tibet ? EchoGéo, 2008
  64. (en) German scholar refutes Dalai's claim of 'cultural genocide' in Tibet, 24 avril 2008.
  65. (en) German scholar refutes Dalai's claim of 'cultural genocide' in Tibet, 24 avril 2008 : « Even taking the short-term residents into account, the Han people account for an estimated 20 to 25 percent of (the) entire population in Tibet, while ethnic Tibetans are still the "overwhelming majority of about 75 to 80 percent" ».
  66. Jack Ives and Bruno Messerli, The Himalayan Dilemma, Routledge, 1989, p. 233 (cité par Doroth Stein, dans People Who Count, Earthscan, 1995, note 1) : citation : « the Han themselves do not like to settle in Tibet; their children are subject to pulmonary oedema, and adults to altitude sickness? ».
  67. (en) A. S. Bhalla and Mark Brenner, Literacy and basic education, in Poverty and inequality among Chinese minorities (A. S. Bhalla, Shufang Qiu eds), No 22 de Routledge studies in the Chinese economy, Routledge, 2006, 202 p., pp. 81-82.
  68. (en) Priscilla Roberts, Going Soft? The US and China Go Global, Cambridge Scholars Publishing, 2014, 617 p., pp. 176-177 : « The 2008 riots were not, as portrayed in the Western media, peaceful, but involved many violent actions, including smashing property, looting, arson, and the like. »
  69. (en) Barbara Demick, Tibetan-Muslim tensions roil China, Los Angeles Times, 23 juin 2008 : « Animosities have played a major -- and largely unreported -- role in the clashes that have taken place since mid-March. During the March 14 riots in the Tibetan region's capital, Lhasa, many of the shops and restaurants attacked were Muslim-owned. A mob tried to storm the city's main mosque and succeeded in setting fire to the front gate. Shops and restaurants in the Muslim quarter were destroyed ».
  70. (en) Lu Hui, Stores under attack proved in legal operation, China View, 15 april 2008 : « Even ethnic Tibetans couldn't avoid the violence. In the 300 year old Chomsigkang market, mobs burned down 21 homes and 4 stores owned by ethnic Tibetan people. »
  71. Slavoj Žižek, Le Tibet pris dans le rêve de l'autre, in Le Monde diplomatique, Archives, mai 2008 : « Des images télévisées en témoignent les événements du Tibet ne sont pas une protestation "spirituelle" pacifique de moines tibétains (...), mais sont des manœuvres de bandes tuant des immigrants chinois ordinaires et brûlant leurs magasins ».
  72. L'appel des intellectuels chinois dans Le Courrier International.
  73. Immolations au Tibet : un ancien moine bouddhiste succombe à ses blessures, Le Monde, 9 décembre 2011.
  74. (en) Tendar Tsering, Tenzin Phuntsok passes away in Chinese hospital, Wife feared arrested, Phayul.com, 9 décembre 2011.
  75. Le Point, AFP Tibet : un mort après deux tentatives d'immolation, 28 mai 2012
  76. Immolation de Tibétains à Lhassa, Le Républicain Lorrain, 29 mai 2012.
  77. Le Figaro, Arnaud de La Grange, Les immolations de Tibétains gagnent Lhassa, 29 mai 2012
  78. Man Self-Immolates Near Lhasa, 9 juillet 2012
  79. Robert Barnett, Les immolations, « une forme de protestation politique », Courrier International, 10 juillet 2012
  80. La Chine intensifie sa propagande contre l’indépendantisme tibétain La Croix, 22 juillet 2012
  81. Adrian Zenz Xinjiang’s System of Militarized Vocational Training Comes to Tibet
  82. Tibet : la conversion forcée des agriculteurs en ouvriers France Inter, 24 septembre 2020

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Tsering Shakya, The Dragon in the Land of Snows. A History of Modern Tibet Since 1947, Columbia University Press, 1999 (ISBN 978-0712665339)
  • (en) Melvyn Goldstein, The Snow Lion and the Dragon: China, Tibet, and the Dalai Lama, Berkeley, University of California Press, 1997
  • (en) Melvyn Goldstein : A History of Modern Tibet, Volume 2: The Calm Before the Storm: 1951-1955, University of California Press, 2007 (ISBN 978-0520249417)
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