Haut conseil pour l'unité de l'Azawad

Le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) est un mouvement politique et militaire touareg formé le lors de la guerre du Mali. Le mouvement naît sous le nom de Haut conseil de l'Azawad (HCA) avant de se rebaptiser le .

Pour les articles homonymes, voir HCA.

Haut conseil pour l'unité de l'Azawad
HCUA

Idéologie Islamisme, nationalisme azawadien
Objectifs Autonomie de l'Azawad
Statut Actif
Fondation
Date de formation
Pays d'origine Mali
Actions
Mode opératoire Lutte armée, guérilla
Zone d'opération Nord du Mali (Azawad)
Organisation
Chefs principaux Mohamed Ag Intalla
Alghabass Ag Intalla
• Mossa Ag Jikod
Cheikh Ag Aoussa (tué en 2016)
Achafghi Ag Bohada
Membres 400 à 600[1]
Fait partie de CMA
Sanctuaire Kidal
Guerre du Mali

Création

Le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad est formé pendant la guerre du Mali, afin de favoriser les pourparlers avec le gouvernement malien. Le , des représentants touaregs menés par Mohamed Ag Intalla décident de rejeter la lutte armée et de former le Haut Conseil de l'Azawad (HCA). Le jour de sa fondation, Mohamed Ag Intalla appelle le MNLA et le MIA à rallier son mouvement, il déclare que le HCA « appuiera tous les efforts en vue de trouver par le dialogue une solution politique négociée à la crise que traverse l'Azawad. (…) C’est un mouvement pacifique qui ne réclame pas l'indépendance d'une partie du nord du Mali et est contre toute idée de partition. (…) Nous sommes également contre le terrorisme. Nous voulons mettre ensemble tous les fils touaregs du Nord et les autres frères pour faire la paix avec le Sud, avec tous les Maliens[2]. »

Organisation

Mohamed Ag Intalla bénéficie rapidement du soutien de son père, l'amenokal Intalla Ag Attaher, chef coutumier des touaregs Ifoghas qui quitte le MNLA pour rejoindre le HCUA, et de son frère, Alghabass Ag Intalla, qui le , annonce la dissolution du Mouvement islamique de l'Azawad (MIA) et son ralliement au HCUA. Ce jour-là, le Haut Conseil de l'Azawad se réunit à Kidal, l'Amenokal Intalla Ag Attaher est désigné président, son fils Mohamed Ag Intalla, secrétaire-général. Le même jour, le HCA change de nom et devient, le HCUA, le Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad[3],[4],[5].

Le MNLA n'ose critiquer la décision de l'Amenokal et apporte son soutien au HCUA. Le , les deux mouvements signent un accord afin d'adopter une position commune lors des accords de Ouagadougou[6].

L'essentiel des forces du HCUA est constitué de Touaregs de la tribu des Ifoghas et de transfuges d'Ansar Dine[7],[8]. La branche militaire du groupe est commandée par Cheikh Ag Aoussa[9]. Il est tué le par l'explosion d'une mine[10]. Achafghi Ag Bohada lui succède le [11].

Vers début juillet Alghabass Ag Intalla devient secrétaire-général du HCUA, il est placé à la tête d'une délégation de 30 personnes du MNLA, MAA et HCUA lors des négociations d'Alger[12].

Effectifs

Dans un rapport rédigé en , la MINUSMA estime que le HCUA compte entre 400 et 600 hommes[1].

Députés au parlement malien

Lors des élections législatives maliennes de 2013, deux membres du HCUA sont élus députés : Mohamed Ag Intalla, secrétaire général du mouvement, et Hamada Ag Bibi, ancien porte-parole d'Ansar Dine ensuite rallié au MIA. Tous deux se sont présentés sous l'étiquette du Rassemblement pour le Mali (RPM). Le premier est élu dans le cercle de Tin-Essako avec 100 % des voix mais avec 86 % d'abstention, le second dans le cercle de Abeïbara avec 96,69 % des voix avec 29 % d'abstention[13],[14],[15].

Actions

Début 2019, le HCUA lance une opération baptisée Acharouchou pour sécuriser la région de Kidal[16]. Celle-ci est ensuite étendue à la région de Tombouctou en octobre[16]. Une accalmie est alors observée dans ces zones[16].

Accusations

En , l'AFP indique que l'entourage du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, critique le « double-jeu » du HCUA et accuse ce groupe d'avoir encore des liens avec Ansar Dine et Iyad Ag Ghali[17],[18]. Le HCUA dément, il qualifie ces déclarations « d'injustes et graves » et affirme avoir totalement rompu avec Ansar Dine[19].

Dans un rapport daté du , des experts indépendants de l'ONU accusent également Salah Ag Ahmed, maire de Talataye et membre du HCUA, d'être un agent de liaison entre Ansar Dine et l'État islamique dans le Grand Sahara[20]. Un autre membre du HCUA, Mahamadou Ag Rhissa, est également accusé de trafic de migrants et d'avoir détenu et exploité sexuellement des femmes à Talhandak, dans la région de Kidal[20],[21]. Siguidi Ag Madit, autre commandant du HCUA, est également suspecté d'être lié à l'État islamique dans le Grand Sahara et d'être impliqué dans une attaque contre le GATIA à Andéramboukane, le [21]. Le , le Conseil de sécurité de l'ONU adopte des sanctions contre Mahamadou Ag Rhissa, qui est interdit de voyage pour entrave à l'accord de paix de 2015[22].

En , le Niger accuse à son tour le HCUA de complicité avec les djihadistes et notamment d'être impliqué dans l'attaque de Midal, l'embuscade de Baley Beri et l'attaque d'Inates[23],[24]. Le HCUA conteste pour sa part ces accusations[25].

Le mouvement n'est cependant pas non plus toujours épargné par des attaques djihadistes; ainsi l'assassinat d'un responsable du HCUA, Alassane Ag Intouwa, à Ber, le , est revendiqué par AQMI[26].

Références

  1. Baba Ahmed, Mali : le business du cantonnement ?, Jeune Afrique, 29 avril 2016.
  2. Jeune Afrique : Mali : des Touaregs créent un Haut conseil de l'Azawad pour négocier avec Bamako
  3. RFI : Mali: le Haut Conseil de l’Azawad met en place ses instances
  4. RFI : Azawad: le chef coutumier de l'Adrar des Ifoghas quitte le MNLA et rejoint le HCA
  5. MNLAMOV : Communiqué du MNLA relatif aux combats d'Anefis et au HCUA
  6. France 24 : Le MNLA et le Haut conseil de l'Azawad s'unissent et veulent garder le contrôle de Kidal
  7. Le Point : Mali : des djihadistes présents à Kidal ?
  8. Jeune Afrique : Nord du Mali : de l'irrédentisme touareg à la guerre tribale ?, par Baba Ahmed.
  9. RFI : Mali: trois groupes armés à Kidal acceptent un accord de cessez-le-feu
  10. Mali: le chef militaire de l'ex-rébellion tué par l'explosion d'une mine, Le Figaro avec AFP, 8 octobre 2016.
  11. Mali: le HCUA a désigné son nouveau chef après l'assassinat de Cheikh Ag Aoussa, RFI, 26 octobre 2016.
  12. RFI : Alger: autorités et groupes armés maliens entament les discussions
  13. RFI : La carte des résultats du second tour des législatives au Mali
  14. Siwel : Législatives: pendant que le MNLA indépendantiste boycotte, les islamistes du HCUA se présentent sur la liste malienne du président IBK
  15. aBamako : Élections législatives de 2013
  16. Paul Lorgerie, Au Mali, les anciens rebelles font la loi dans la région de Tombouctou, Le Monde, 25 novembre 2019.
  17. Mali : les rebelles du HCUA jouent "un double jeu", selon Paris, VOA avec AFP, 9 juin 2016.
  18. Mali: l'armée française remet la pression sur les jihadistes dans le Nord, AFP, 12 juillet 2016.
  19. Le HCUA demande à la France de revenir sur sa déclaration, Studio Tamani, 11 juin 2016.
  20. Morgane Le Cam, Au Mali, des signataires de l’accord de paix accusés de terrorisme, Le Monde, 28 août 2018.
  21. Aïssatou Diallo et Matthieu Millecamps, Rapport de l’ONU sur le Mali : ceux qui font obstacle à la paix, Jeune Afrique, 30 août 2018.
  22. Accord de paix: premières sanctions de l'ONU contre des Maliens, Le Figaro avec AFP, 20 décembre 2018.
  23. Mali: le Niger accuse des membres du HCUA de complicité avec les terroristes, RFI, 19 septembre 2019.
  24. Patrick Forestier, Crise malienne : le coup de semonce des pays voisins, Le Point, 22 septembre 2019.
  25. Mali: le HCUA se défend de toute attaque terroriste au Niger, RFI, 20 septembre 2019.
  26. Mali : Recrudescence des abus commis par les groupes islamistes et du banditisme, Human Rights Watch, 18 janvier 2017.

Articles connexes

Liens externes

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