Georges Catroux

Georges Catroux est un général d'armée, ministre de la IVe République et ambassadeur français, né le à Limoges et mort le à Paris. Il fut l’un des principaux généraux ralliés au général de Gaulle après l’appel du 18 Juin et joua un rôle prééminent dans l’action de la France libre.

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Biographie

Georges Catroux est le fils d’un officier de carrière sorti du rang (voir plus bas le chapitre sur sa famille). En classe préparatoire (« corniche ») au Prytanée militaire de La Flèche, il intègre Saint-Cyr en 1896 (promotion « Les Grandes Manœuvres »).

Une carrière militaire brillante l’emmène, dans ses jeunes années, de l’Algérie (où il fait la connaissance du père de Foucauld, puis de Lyautey), à l’Indochine. En 1915, il est chef de bataillon quand il est fait prisonnier par les Allemands. Dans les camps de prisonniers, il rencontre le capitaine de Gaulle.

Après la Grande Guerre, il fait partie de la mission militaire française en Arabie, puis sert au Maroc, en Algérie et au Levant.

En , il est nommé gouverneur général de l’Indochine française, un mois avant la déclaration de guerre (qui commence le premier septembre à l'occasion de l'agression allemande contre la Pologne), où il succède à Jules Brévié, un haut fonctionnaire civil : à la veille de la guerre, Paris veut envoyer un signal fort en Extrême-Orient.

Le , le maréchal Pétain, alors Président du Conseil en remplacement de Paul Reynaud[1], le remplace par l’amiral Decoux, un proche de l'amiral Darlan, qui prend ses fonctions le , soit 10 jours après la mise en place du régime de Vichy par l'Assemblée nationale. Cependant, l'amiral Decoux prend à son tour des décisions allant dans le sens de celles prises par Catroux, toutefois en appliquant les lois racistes et discriminatoires de Vichy.

Le général Catroux, à Londres en octobre 1940.

C'est donc remplacé par un gouvernement issu de la République que Catroux repart vers la France et, désavouant le régime de Vichy, il profite de l'escale de Singapour, territoire britannique, pour rejoindre le général de Gaulle à Londres.

Général d'armée, il est le plus haut gradé de l’armée française à se rallier à lui — lors de leur rencontre, c'est Catroux qui salue de Gaulle, reconnaissant ainsi en lui le chef politique et non pas le militaire d’un rang subalterne.

Il prouve sa nouvelle allégeance en 1941 alors que nommé par de Gaulle commandant en chef et de haut-commissaire dans le Moyen-Orient il organise aux côtés des Britanniques la campagne de Syrie contre les forces de Vichy. Présent aux négociations de l'armistice de Saint-Jean-d'Acre qui signe la reddition des forces vichystes du Levant, il n'est cependant pas autorisé par les Britanniques à être signataire de l'accord[2].

Il est alors nommé haut-commissaire au Levant par De Gaulle et c'est lui qui, au nom de la France libre, reconnaît l’indépendance du Liban et de la Syrie peu après sa nomination. Il est ensuite gouverneur général de l’Algérie (1943-1944), toujours nommé par le général de Gaulle (voir la liste des ministres français des Affaires algériennes).

Compagnon de la Libération, il est ministre de l’Afrique du Nord dans le premier gouvernement de Charles de Gaulle du au . Il devient ensuite ambassadeur de France en Union des républiques socialistes soviétiques de 1945 à 1948.

En 1954, le général Catroux est nommé grand chancelier de la Légion d'honneur. Il exerce ces fonctions jusqu'en 1969. C'est lui qui portera le projet de création de l'ordre national du Mérite (1963).

Après les troubles du Maroc, c’est lui qui négocie le retour du sultan Mohammed V en 1955.

Le , le général Catroux est le chef de la Commission d'enquête, au ministère des Armées, qui auditionnera tous les officiers généraux et officiers supérieurs, présents lors de la défaite de Dien Bien Phu du . Les généraux Henri Navarre, René Cogny et Christian de Castries furent mis en cause.

Il est nommé ministre-résident en Algérie par le gouvernement Guy Mollet en 1956 en remplacement de Jacques Soustelle. Il est obligé de démissionner avant même d'avoir pris ses fonctions, en raison de manifestations hostiles à ce remplacement qui rentreront dans l'histoire sous le nom de journée des tomates, lors de la visite à Alger du président du conseil Guy Mollet, le [3]. Il est remplacé par Robert Lacoste.

Il est juge du Haut Tribunal militaire ayant jugé les généraux putschistes d’Alger de 1961.

En 1953, il avait intégré le conseil culturel du Cercle culturel de Royaumont.

Il meurt le à Paris. Ses obsèques en l’église Saint-Louis-des-Invalides, le , furent retransmises en direct sur l’une des deux seules chaînes de télévision françaises de l’époque. Son éloge funèbre fut prononcé par Michel Debré[4].

Famille

Georges Catroux est le fils de René-Michel Catroux (1835-1920), un officier de carrière sorti du rang ayant servi sous Napoléon III en Extrême-Orient et en Algérie, né à Rablay en Maine-et-Loire qui épousa en 1871 Félicité Solari (1852-1935), née à Gênes et fille de colon sur le territoire algérien.

Georges Catroux est le troisième de quatre enfants, tous des garçons. Son frère aîné, Charles, né en 1872, est promis à une carrière militaire mais meurt jeune homme. Le deuxième frère, René Claude (1874-1964) est connu comme expert international en tableaux, son père se fâche avec lui parce qu'il n'avait pas choisi une vie militaire. Le dernier frère est Alexandre (1881-1959).

Parmi les trois neveux que lui donne son frère René Claude il y a Tristan Catroux, expert en tableaux lui aussi, et Diomède Catroux (1916-2008), homme politique, député de Maine-et-Loire puis des Alpes-Maritimes et secrétaire d’État à l’Air puis à l’Armement dans les années 1950 et 1960.

Georges Catroux a été marié trois fois. Le , il se marie avec Marie Pérez, une Oranaise, fille d'un ancien maire de Mascara, qui lui donne deux fils, André et René. Opposé à ce mariage, son père n’y assiste pas[5]. Après son décès[6], il se remarie le avec Marguerite Jacob (1881-1959), fille d'un syndic des agents de change. Divorcée d'Hippolyte de Peyronnet puis du général Gaston d'Humières[7],[8], elle est apparentée à Jean Cocteau[9]. Le , il épouse Frances Dellschaft (1923-2012), femme de lettres (sous le nom de Francès de Dalmatie) de nationalité américaine, fille de Frederick Dellschaft, industriel du pétrole, et de Marthe Chaumont, mariée en premières noces en 1947 avec Jean-de-Dieu Reille-Soult, marquis de Dalmatie, dont elle a divorcé en 1962[5],[10].

La comédienne Hélène Duc, reconnue Juste parmi les nations, était l'épouse du diplomate et dramaturge René Catroux[11], l’un des fils de Georges Catroux. Un de ses petits-fils, François Catroux, décorateur, épouse en 1968 Betty Saint.

Décorations

Décorations françaises, des colonies françaises ou interalliées

Décorations étrangères

Publications

  • Dans la bataille de la Méditerranée (1950)
  • J’ai vu tomber le rideau de fer (1951)
  • Lyautey le Marocain (1952)
  • Deux missions au Moyen-Orient, 1919-1922 (1958)
  • Deux actes du drame indochinois (1959)

Divers

Notes et références

  1. La présidence du conseil est assuré par Philippe Pétain alors que le général Weygand est ministre de la Défense nationale, l'amiral Darlan ministre de la Marine et Albert Rivière ministre des Colonies.
  2. Antoine Hokayem, « La France et le Levant de 1940 à 1943 : l'indépendance du Liban et de la Syrie », Cahiers de la Méditerranée, vol. 48, no 1, , p. 83–118 (DOI 10.3406/camed.1994.1112, lire en ligne, consulté le )
  3. Grey Anderson, La guerre civile en France 1958-1962, Paris, Éditions La Fabrique, , 45 p., p. 45
  4. « Une longue carrière militaire et politique », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  5. Arnaud Chaffanjon, Les grands maîtres et les grands chanceliers de la Légion d'honneur : de Napoléon Ier à François Mitterrand, Paris, Editions Christian, , 271 p. (ISBN 978-2-86496-012-6, OCLC 10548635), p. 129.
  6. Claude Mauriac et Jean Touzot, Quand le temps était mobile : chroniques, 1935-1991, Paris, Bartillat, , 343 p. (ISBN 978-2-84100-427-0, OCLC 487647287), p. 51.
  7. Les Cahiers d'histoire sociale: revue trimestrielle de l'Institut d'histoire sociale, no 19-20, Institut d'histoire sociale, Paris, L'A.E.P.I., 2002.
  8. Henri Temerson, Biographies des principales personnalités françaises décédées au cours de l'année, Hachette, 1956, p. 74.
  9. Jean Cocteau, Le Passé défini, vol. 4, présentation de Pierre Chanel, Gallimard, 2006, 416 pages, p. 21.
  10. L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, vol. 14, 1964, p. XI.
  11. Ali Haroun, La 7e wilaya : la guerre du FLN en France, 1954-1962, Paris, Seuil, , 526 p. (ISBN 978-2-02-009231-9, OCLC 311570867), p. 228.

Annexes

Sources primaires

  • Charles de Gaulle, Mémoires de Guerre :
    • Volume II - L'Unité, 1942-1944, Paris, 1956,
    • Volume III - Le Salut, 1944-1946, Paris,1959.
  • Yves Maxime Danan, République française, capitale Alger, 1940-1944 : souvenirs de jeunesse, Paris, L'Harmattan, , 238 p. (ISBN 978-2-343-17879-0).

Bibliographie

Liens externes

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