Freedom House

Freedom House est une organisation non-gouvernementale (ONG) financée par le gouvernement américain et basée à Washington[1], qui étudie l'étendue de la démocratie dans le monde.

Vision de l'étude de Freedom House : Freedom in the World 2020 (une des références pour la mesure de la démocratie dans le monde )
  • Fonctionnement démocratique
  • Partiellement démocratique
  • Non démocratique

Description

Fondée en 1941, elle comprend environ 120 employés, répartis dans des bureaux situés dans une douzaine de pays.

Elle est historiquement liée à la World Anti-communist League, au mouvement Resistance International, ainsi qu'à des organisations gouvernementales telles que Radio Free Europe ou la CIA[2].

Son financement provient essentiellement du Gouvernement fédéral des États-Unis à hauteur de 65 à 85 %[1]. Elle reçoit aussi des dons d'organisations caritatives ou de l'Union européenne.

But de l'organisation

Selon la Freedom House elle-même :

« Freedom House est une organisation non gouvernementale indépendante qui aide au développement des libertés dans le monde. La liberté n'est possible que dans un système politique démocratique où les gouvernements sont responsables devant leur propre population ; où la loi est respectée ; et où les libertés d'expression, d'association, de culte et le respect des droits des minorités et des femmes sont garantis. »

« La liberté est fondée sur les actions d'hommes et de femmes courageux et engagés. Nous aidons les initiatives civiques non violentes dans les sociétés déniant les libertés ou menacées, et nous nous opposons aux idées et forces qui mettent en cause le droit qu'a chacun d'être libre. Freedom House fonctionne comme un catalyseur pour la liberté, la démocratie, et l'ordre selon la loi au travers de ses analyses, conseils et actions. »

Freedom House déclare également que « Nos divers conseils d'administration sont unanimes pour dire que la prédominance américaine dans les affaires internationales est essentielle pour la cause des droits de l'homme et de la liberté ».

Histoire

L'organisation a été fondée par Wendell Willkie, Eleanor Roosevelt, George Field, Dorothy Thompson, Herbert Bayard Swope (en), et d'autres en 1941. À l'origine réponse à la menace du nazisme, elle se décrit désormais comme une voix pour la démocratie et la liberté dans le monde. Freedom House déclare qu'elle :

« s'est vigoureusement opposé aux dictatures en Amérique centrale et au Chili, à l'apartheid en Afrique du Sud, à la répression du printemps de Prague, à l'invasion de l'Afghanistan par les Soviétiques, aux génocides en Bosnie et au Rwanda, et aux violations brutales des droits de l'homme à Cuba, en Birmanie, en Chine par l'entremise du Falun Gong[3], et en Irak. Elle s'est fait le champion des droits des militants démocratiques, des croyants, des syndicalistes, des journalistes, et des acteurs des marchés libres. »

Elle affirme que pendant les années 1940, Freedom House a soutenu le plan Marshall et l'établissement de l'OTAN. Freedom House déclare également qu'elle est hautement critique vis-à-vis du McCarthysme. Pendant les années 1950 et 1960, elle a soutenu le mouvement pour les droits civiques aux États-Unis, et sa direction comprenait plusieurs acteurs principaux luttant pour les droits civiques. Elle a soutenu Andrei Sakharov, d’autres dissidents soviétiques, et le mouvement Solidarność en Pologne. Freedom House a aidé les sociétés post-communistes dans l'établissement de médias indépendants, groupes de réflexion non gouvernementaux, et d'institutions de base pour des élections politiques.

En 1988, la Freedom House crée un Groupe de travail sur l’Amérique centrale de afin dénoncer le gouvernement sandiniste nicaraguayen et les guérillas d’extrême gauche de la région. Elle a au contraire défendu les dictatures militaires au Salvador et au Guatemala[2].

Plus récemment, elle a soutenu des citoyens engagés dans des révolutions en Serbie, au Kirghizistan et en Ukraine, où elle a été l'une des ONG américaines à l'initiative de la révolution orange contre le pouvoir pro-russe[4]. Elle déclare qu'« En Jordanie, Freedom House a œuvré pour faire cesser la violence envers les femmes ; qu'en Algérie, elle a demandé justice pour les victimes de tortures ; qu'en Ouzbékistan, une dictature brutale, elle cherche à défendre les avocats des droits de l'homme ; qu'au Venezuela, elle travaille avec ceux cherchant à protéger et promouvoir les droits de l'homme dans un environnement politique difficile. »

En 2006, des médias révèlent que Freedom House reçoit des financements spécifiques du département d’État pour mener des activités clandestines en Iran[5].

Organisation

Freedom House est une organisation à but non lucratif. Elle est financée majoritairement par le gouvernement des États-Unis, et son siège est situé à Washington. Elle possède des bureaux dans une douzaine de pays, dont l'Ukraine, la Hongrie, la Serbie, la Jordanie, le Mexique, et plusieurs pays en Asie centrale.

Elle est dirigée par un « conseil d'administration », qui est décrit comme composé de « chefs d'entreprise et dirigeants syndicaux, d'anciens membres de gouvernement, de scientifiques, d'écrivains, et de journalistes ». Bien que certains membres soient nés en dehors des États-Unis, et que de nombreux membres aient fait partie de groupes internationaux, ils résident tous aujourd'hui aux États-Unis. Elle ne s'identifie ni avec le parti américain Démocrate, ni avec le parti Républicain. Le conseil est actuellement sous la présidence de Peter Ackerman. Ce dernier a succédé en septembre 2005 à l'ancien directeur de la CIA, James Woolsey. Parmi les membres importants ayant fait partie du conseil on peut citer : Steve Forbes, Samuel Huntington, Azar Nafisi, Farooq Kathwari (en), P. J. O'Rourke, Mara Liasson (en), et Mark Palmer, Kenneth Adelman (en), Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz, Otto Reich, Jeane Kirkpatrick, Zbigniew Brzezinski, et Malcolm Forbes Jr.

Freedom House est financée par un certain nombre de fondations, incluant la Lynde and Harry Bradley Foundation (en), la Sarah Scaife Foundation (en) et la Soros Foundation. Elle reçoit également un financement du gouvernement des États-Unis par l'intermédiaire du National Endowment for Democracy, de l'USAID, et du département d'État).[5] Environ 75 % de ses revenus proviennent d'allocations fédérales des États-Unis.[4]

Freedom House décrit ses relations avec le gouvernement des États-Unis comme suit : « Freedom House est une organisation non-gouvernementale indépendante, créée initialement en 1941 pour pousser le gouvernement des États-Unis à adopter des politiques soutenant la démocratie et les droits de l'homme à l'étranger. Ses rapports et analyses sont indépendants de toute influence gouvernementale et marqués par un climat intellectuel d'enquête scientifique. Ces dernières années, Freedom House a reçu des allocations de l'Agence des États-Unis pour le développement international et du département d'État pour divers projets, généralement à la suite d'un concours public. Freedom House a aussi sollicité et obtenu des fonds d'autres gouvernements démocratiques et d'organismes internationaux qui soutiennent la démocratie, dont les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Norvège et l'Union européenne. Freedom House choisit de répondre à des opportunités de financement spécifiques, mais n'a jamais accepté de fonds provenant d'institutions gouvernementales (dont les agences du gouvernement des États-Unis) sous la forme de contrats, et n'a jamais fonctionné comme extension de n'importe quel gouvernement ».[6]

Critiques et louanges

Des critiques soulignent qu'une large part du financement de l'organisation provient d'allocations du gouvernement des États-Unis, et que de nombreux membres du conseil d'administration ont été au cours de leur carrière membres officiels du gouvernement des États-Unis.

Freedom House a été critiquée par Justin Raimondo, qui décrit l'organisation de cette manière : « Les normes de Freedom House sont élastiques, et se plient aux ordres de la politique extérieure des États-Unis ». Noam Chomsky et Edward Herman ont également indiqué que l'organisation critiquait particulièrement les États opposés aux intérêts américains tout en étant complaisante avec les régimes soutenant les intérêts américains. Ils font ainsi remarquer que les élections rhodésiennes de 1979, remportées par un parti pro-américain, ont été qualifiées par Freedom House de « justes », mais que les élections de 1980, remportées par un parti anti-américain, seraient elles « douteuses ». Ou encore que les élections organisées en 1982 au Salvador par la dictature, qui ne permettaient pas à la gauche de présenter de candidats, étaient « admirables »[2].

Cependant, les rapports de Freedom House ont aussi parfois critiqués les États-Unis et certains de leurs principaux alliés. Elle a été hautement critique à l'égard de certains alliés traditionnels des États-Unis, comme l'Arabie saoudite et le Chili sous Pinochet, les classant « non libres ». Elle était également fortement critique de l'apartheid en Afrique du Sud et des dictatures militaires en Amérique latine.
Ses notations sont, malgré certaines différences, fortement liées avec plusieurs autres notations des démocraties et recherches politiques scientifiques largement utilisées. L'organisation déclare que son conseil d’administration contient des démocrates, et des républicains et des indépendants représentant un mélange de chefs d'entreprises et de syndicats, d'anciens membres officiels de gouvernement, de savants et de journalistes.

Écrivant dans le National Review Online, John R. Miller, un professeur-chercheur à l'Elliott School de l'université George Washington, déclare que « Freedom House a continuellement élevé les normes de liberté en évaluant les pays fascistes, les régimes communistes, et les vieilles mafiocraties dictatoriales » (plain old, dictatorial thugocracies).

« Ses classements annuels sont lus et utilisés par les Nations unies et d'autres organisations internationales, aussi bien que par le département d'État des États-Unis). Sa politique et ses décisions sont influencées par les rapports de Freedom House. Ceux combattant pour la liberté dans les pays qui en manquent sont encouragés ou découragés par ce que contient les rapports de Freedom House. Et parfois — ce qui est le plus important — leurs gouvernements sont amenés à effectuer des efforts plus importants ».[15]

Miller a cependant critiqué l'organisation en 2007 pour ne pas avoir porté suffisamment d'attention à l'esclavage dans ses rapports. Selon lui, « les démocraties comme l'Allemagne et l'Inde, mais principalement des régimes répressifs, avaient besoin d'être tenus de rendre des comptes pour le manque de rigueur dans l'application des lois contre le trafic humain et l'exploitation de certains travailleurs étrangers. »

Notes et références

  1. Freedom House, Financial Report 2015
  2. Noam Chomsky et Edward Herman (trad. de l'anglais par Dominique Arias), La fabrication du consentement [« Manufacturing consent : the political economy of the mass media »], Marseille, Agone, coll. « Contre-feux », , 669 p. (ISBN 978-2-7489-0072-9, OCLC 690482336)
  3. Is the CIA Behind Falun Gong?
  4. The Guardian, article du 26 novembre 2014 intitulé « US campaign behind the turmoil in Kiev », citation : « The Democratic party's National Democratic Institute, the Republican party's International Republican Institute, the US state department and USAid are the main agencies involved in these grassroots campaigns [of the orange revolution] as well as the Freedom House NGO and billionaire George Soros's open society institute. »
  5. « Bush enters Iran 'freedom' debate », Financial Times, (lire en ligne)

Voir aussi

Liens externes

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