Fête de la Saint-Patrick

La fête de la Saint-Patrick (parfois appelée Saint-Patrice en français, Patrick étant l'équivalent anglais de Patrice) est une fête chrétienne qui célèbre, le 17 mars, saint Patrick, le saint patron de l’Irlande.

Fête de la Saint-Patrick

À Chicago, le jour de la fête de la Saint-Patrick, la rivière Chicago est teinte en vert depuis 1962[3].

Nom officiel Saint Patrick's day / Lá fhéile Pádraig
Autre(s) nom(s) St Paddy’s Day / Lá Phádraig
Observé par les catholiques
Irlande
Irlande du Nord
Terre-Neuve-et-Labrador
Date 17 mars

Une fête chrétienne

Le personnage de saint Patrick

Évangélisateur de l'Irlande, saint Patrick aurait expliqué le concept de la Sainte Trinité aux Irlandais lors d'un sermon au roc de Cashel grâce à un trèfle, en faisant ainsi le symbole de l'Irlande (l’emblème officiel du pays étant la harpe celtique). La légende raconte que c'est à ce moment-là qu'il chasse tous les serpents du pays, action qui symbolise la conversion du peuple irlandais : les serpents représentent les croyances polythéistes celtiques des irlandais, assimilées à Satan, rendu responsable de l'ignorance du Dieu véritable. Chaque année, les citoyens d’Irlande mettent un trèfle à la boutonnière pour se souvenir de cet enseignement religieux

La célébration

La Saint-Patrick est une fête chrétienne célébrée par l’Église catholique, l'Église orthodoxe, l'Église luthérienne, et l’Église d’Irlande (anglicane). Elle est déjà célébrée par les Irlandais aux IXe siècle et Xe siècle. Par la force de l'observation de cette tradition à travers le temps, saint Patrick est associé à l'Irlande dans le système de patronage religieux. Le 17 mars est reconnu comme une fête légale dans le calendrier irlandais le 16 mars 1607 et est inscrit au calendrier liturgique catholique le 16 mars 1607[4], grâce à l'influence de Luke Wadding, un moine scolastique franciscain né à Waterford. La fête de Saint-Patrick devient alors un jour saint d'obligation pour les catholiques d'Irlande. La fête a toujours lieu pendant le Carême. Il est de tradition pour certains chrétiens observant un jeûne pour le Carême de le rompre pendant la journée de la Saint-Patrick. Le calendrier de l'Église évite les observations de fêtes de saints durant certaines solennités, déplaçant ainsi le jour du saint en dehors de la période d'observation. La Saint-Patrick est périodiquement affectée par ce changement, lorsque le 17 mars tombe pendant la semaine sainte. Cela est déjà arrivé en 1940 : la Saint-Patrick a été observée le 3 avril pour éviter de coïncider avec le dimanche des rameaux, et de nouveau en 2008 où elle a été observée le 14 mars.

Elle est progressivement devenue une fête civile, symbole de reconnaissance de tous les irlandais. Ainsi aux États-Unis, principal pays de la diaspora irlandaise, la première célébration de cette fête a lieu à Boston en 1737 et la première parade officielle à New York en 1762[5].

La Saint-Patrick n'est pas la fête nationale irlandaise

Contrairement à une croyance populaire répandue, notamment à cause d'un phénomène de simplification de la part des étrangers et des médias, la Saint-Patrick n'est pas la fête nationale irlandaise. L'État d'Irlande ne possède pas de fête nationale au sens propre du terme (comme le 14 juillet en France, qui a été décrété par l'État français en 1880 et qui célèbre la Nation, ou le 1er juillet au Canada).

Il s'agit d'une fête religieuse adoptée par l'Église chrétienne au début du XVIIe siècle, jour férié en Irlande (Irlande et Irlande du Nord) et dans l'île de Montserrat, et qui est très observée par les Irlandais. Elle est comparable en ce sens à la Saint-David au pays de Galles, à la Saint-Andrew en Écosse ou à la Saint-Yves en Bretagne. Cependant, ce jour du calendrier liturgique n'a jamais fait l'objet d'un acte de la part de l'État irlandais pour en faire sa fête nationale, qui célébrerait la Nation irlandaise.

Un jour rendu férié au XXe siècle

En 1903, la Saint-Patrick devient un jour férié officiel en Irlande, ceci grâce au Bank Holiday Act de 1903 (en), un acte du Parlement du Royaume-Uni introduit par James O'Mara (en). Celui-ci a plus tard introduit la loi requérant que les pubs soient fermés le 17 mars, après que la consommation d'alcool est devenue hors de contrôle, une clause qui a plus tard été abrogée dans les années 1970. Lorsque la Saint-Patrick tombe un dimanche, le jour férié est déplacé au lundi, permettant aux citoyens irlandais de bénéficier du nombre complet de leurs jours fériés actés par le gouvernement.

L'action du gouvernement pour la promotion de la culture

Suivant la tradition de procession religieuse, et dans un pays très pratiquant, le gouvernement de l'État libre d'Irlande organise la première parade de la Saint-Patrick à Dublin en 1931. Elle est supervisée par le ministre de la Défense d'alors : Desmond Fitzgerald (en).

Vers le milieu des années 1990, le gouvernement irlandais commence une campagne pour associer le jour de la Saint-Patrick avec un festival visant à promouvoir la culture irlandaise. Le gouvernement constitue un groupe intitulé St Patrick's Festival qui a pour but :

  • d'offrir un festival national qui se classe parmi les plus grandes célébrations du monde ;
  • de créer une énergie et une excitation à travers l'Irlande grâce à l'innovation, la créativité, l'investissement, et les activités commerciales ;
  • de fournir une opportunité et une motivation pour les gens d'origine irlandaise (et ceux qui parfois souhaiteraient être nés irlandais) à assister et à se joindre aux célébrations imaginatives et expressives ;
  • de projeter, à l'international, une image juste de l'Irlande, en tant que pays créatif, professionnel et sophistiqué avec un charme certain.

Le premier Saint Patrick's Festival s'est tenu le . En 1997, il devient un événement de trois jours, et en 2000, l’événement dure quatre jours. En 2006, il se tient sur cinq jours, et ce sont plus de 675 000 personnes qui assistent à la parade de 2009. La même année, il accueille près d'un million de visiteurs, qui prennent part aux festivités, incluant des concerts, du théâtre de rue et des feux d'artifice, dont l’événement Skyfest (en) (feu d'artifice annuel) est le centre d'attraction principal. Le thème du symposium de la Saint-Patrick 2004 était Talking irish ; symposium durant lequel ont été discutées les natures de l'identité irlandaise, de son succès économique et de leur futur. Depuis 1996, l'emphase a été mise sur la célébration et l'injection dans le festival d'une notion d'« irishitude », plutôt que sur les thèmes traditionnels religieux ou ethniques. On peut retenir à titre d'exemple la semaine du gaëlique (An seachtain na gaeilge), qui prépare l'ambiance du festival en mettant l'accent sur la langue gaëlique, et « étend » le festival d'une semaine. En ce sens, l’événement tend à se laïciser, ce qui participe à la mauvaise interprétation de l’événement par la communauté mondiale.

La parade de Dublin, ponctuant le festival de cinq jours, a réuni plus de 550 000 personnes en 2011. Tout comme Dublin, de nombreuses autres villes et villages en Irlande tiennent leur propre festival ou parade, comme à Cork, Belfast, Derry, Galway, Kilkenny, Limerick et Waterford. La plus grande célébration en dehors du Dublin se tient à Downpatrick, dans le comté de Down, où saint Patrick est supposément enterré. En 2004, d'après le conseil du district de Down, le Saint Patrick's festival a vu 2 000 participants, 82 chars, des groupes de musique et des artistes, et a été regardé par 30 000 personnes. La plus petite parade de la Saint-Patrick en revanche, se tient à Dripsey (en), dans le comté de Cork. La parade se déroule sur 100 yards et sillonne entre les deux pubs du village.

La Saint-Patrick à travers le monde

La perception à l'étranger…

Fête de la Saint-Patrick, Buenos Aires (Argentine).

La fête de Saint-Patrick est célébrée par les Irlandais du monde entier, expatriés ou descendants des nombreux émigrants, et sa popularité s’étend aujourd’hui vers les non-Irlandais qui participent aux festivités et se réclament « Irlandais pour un jour ». Les célébrations font généralement appel à la couleur verte et à tout ce qui appartient à la culture irlandaise. Originellement, la couleur de saint Patrick est le bleu, le vert faisant son apparition en 1798 pendant la rébellion irlandaise quand le trèfle est devenu un symbole du nationalisme et que la Société des Irlandais unis arbore un drapeau national vert à la harpe d'or[6].

La fête de Saint-Patrick telle que pratiquée aujourd’hui voit les participants, qu’ils soient chrétiens ou pas, porter au moins un vêtement avec du vert, assister à des « parades », consommer des plats et des boissons irlandaises, en particulier des boissons alcoolisées (bières et stout irlandaises, comme la Murphy's, Smithwick’s, Harp ou Guinness, ou des whiskeys, des cidres irlandais, des Irish coffee).

Pourquoi une fête « laïcisante », si ce n'est pour la Nation ?

Il existe finalement une mésinterprétation de la Saint-Patrick, car il existe deux volets de la perception de l’événement : l'un représentant l'observation religieuse du jour, l'autre faisant plutôt référence à la promotion de la culture irlandaise voulue par le gouvernement irlandais dans le cadre du festival. Pour les médias et notamment les médias étrangers, l'amalgame est fait très rapidement entre les deux, ce pour deux raisons :

  • La Saint-Patrick bénéficiait depuis le Xe siècle d'une popularité ancrée en Irlande
  • La frénésie du festival créé par le gouvernement irlandais, fait de plus en plus d'adeptes par son côté festif, en Irlande, mais aussi dans les communautés expatriées et même chez les non-irlandais.

Mais il ne s'agit pas d'une fête nationale.

Le tournant manqué de l'Histoire

La Nation irlandaise ne possède pas de fête nationale. À titre de comparaison, la France a instauré le 14 juillet comme fête nationale car il s'agit de la date ambivalente de la mémoire de la chute de l'absolutisme (14 juillet 1789) et surtout, de la fête de la fédération (14 juillet 1790), célébrant l'unité des peuples de France, au sein d'une même Nation française.

Les Irlandais n'ont pas eu cette occasion, car au sortir de son état de colonisé par le Royaume-Uni, l'Irlande s'engouffre dans la problématique de la partition de l'Île, préfigurant le conflit nord-irlandais, et aucun événement majeur de l'histoire de la république d'Irlande n'est apte à symboliser la Nation irlandaise dans son ensemble : le jour du , à la suite de la guerre d'indépendance, le Royaume-Uni proclame la naissance de l'État libre d'Irlande avec le traité anglo-irlandais, mais il reste sous la coupe britannique en tant que dominion, et est de plus amputé de 6 comtés sur 9 en Ulster qui restent partie intégrante du Royaume-Uni. Cet état de fait est vécu comme une tragédie pour les nationalistes irlandais, et ils n'auraient pu choisir un jour si funeste comme fête nationale. Le jour du , la république d'Irlande est proclamée, mais une République irlandaise toujours privée de ses frères au nord. Pour les indépendantistes nord-irlandais et le gouvernement de la république d'Irlande, le jour où les 6 comtés d'Ulster régis par la couronne britannique retomberont aux mains de la République irlandaise, ce jour pourra être proclamé fête nationale, car il s'agirait alors d'une « célébration de l'unité de la nation tout entière du peuple d'Irlande ».

Une fête populaire

À l'étranger, cette fête est surtout perçue comme la célébration de ce qui fait l'Irlande : le vert, les trèfles, la musique et la bière. La consommation à outrance de cette dernière étant largement encouragée par l'esprit de fête et les brasseries, donnant parfois lieu à des excès, tant sur le plan de la santé (notamment avec le binge drinking), que sur le plan culturel, où la Saint-Patrick devient une sorte de culte irlandais de la bière dans l'imaginaire collectif. Vis-à-vis de ce problème, les représentants chrétiens en Irlande ont exprimé une inquiétude quant à la sécularisation de la Saint-Patrick. Dans le numéro de mars 2007 de The Word (en), Fr. Vincent Twomey écrit : « Il est temps de réclamer la Saint-Patrick comme un festival religieux ». Il pose la question du besoin de la « réjouissance outre-alcoolisée » et conclut « qu'il est temps d'associer la piété à l'amusement. »

À New York

C’est la ville de New York qui abrite la plus grande parade pour la Saint-Patrick, avec plus de deux millions de spectateurs sur la Cinquième avenue, devant les tours du sanctuaire dédié à saint Patrick, construit au XIXe siècle dans le style flamboyant. Les premières manifestations de la Saint-Patrick à New York remontent à 1762, quand les soldats irlandais défilèrent dans la ville le 17 mars. Le jour de la Saint-Patrick, la colonie irlandaise de San Francisco organise un grand défilé dans les rues. La statue de l’évêque évangélisateur de l’Irlande est ainsi promenée sur un char décoré aux couleurs nationales.

À Buenos Aires

En plus d'être représentée par une nombreuse communauté de descendants d'Irlandais, l'Irlande a été le seul pays de l'Union européenne qui a soutenu l'Argentine pendant la guerre des Malouines, et le pays d'origine du plus grand amiral de la marine de guerre argentine, Guillermo Brown. On célèbre la Saint-Patrick à Buenos Aires, Córdoba et Rosario ; à partir de 2009 ces célébrations sont sponsorisées par l'ambassade d’Irlande en Argentine.

À Montréal

Saint-Patrick, Montréal, 18 mars 2007.

Au Canada, plus particulièrement dans la province de Québec, la « tempête de la Saint-Patrick » représente généralement la dernière tempête de neige significative de la saison. La coutume locale veut que l’hiver ne soit pas terminé tant que cette dernière n'est pas tombée.

Notes et références

  1. (en) Karen Farrington, Nick Constable, St. Patrick's Day: A Celebration, Book Sales, , p. 88.
  2. (en) Karen Farrington, Nick Constable, St. Patrick's Day: A Celebration, Book Sales, , p. 88.
  3. (en) Karen Farrington, Nick Constable, St. Patrick's Day: A Celebration, Book Sales, , p. 88.
  4. (en) John R. Strachan, Alison O'Malley-Younger, Ireland. Revolution and Evolution, Peter Lang, , p. 82.
  5. (en) Mike Cronin, Daryl Adair, The Wearing of the Green: A History of St Patrick's Day, Psychology Press, , p. 261
  6. (en) Mike Cronin, Daryl Adair, The Wearing of the Green: A History of St Patrick's Day, Psychology Press, , p. 23

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Mike Cronin, Daryl Adair, The Wearing of the Green: A History of St Patrick's Day, Psychology Press, , 328 p. (lire en ligne)
  • (en) Karen Farrington, Nick Constable, St. Patrick's Day: A Celebration, Book Sales, , 144 p.

Articles connexes

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