Espionnage industriel

L'espionnage industriel ou espionnage économique est une pratique illégale dont l'objectif est la récupération de secrets industriels ou commerciaux. Contrairement à l'espionnage classique, l'espionnage industriel n'a pas pour objectif premier de porter atteinte à la sécurité nationale d'un pays. Il peut être effectué par un gouvernement comme par une entreprise privée, utilisant des sociétés tierces ou consultants indépendants afin de diminuer les risques d'être impliqués lors d'une éventuelle mise à jour.

Concept

L'espionnage industriel vise à entrer en possession des propriétés (physiques, intellectuelles, commerciales) d'une entreprise ou d'un État de manière illégale. La détention par des concurrents d'un secret industriel est à l'origine d'un avantage compétitif. Des entreprises peuvent faire appel à des cabinets spécialisés pour obtenir de telles informations stratégiques.

Débats

Le concept d'espionnage industriel est parfois critiqué comme étant flou, ou ambigu. L'espionnage industriel recourt à des pratiques illégales (pots-de-vin, chantage, surveillance électronique, etc.). Cette forme d'espionnage differe de l'intelligence économique qui fait appel à des moyens ouverts et légaux ou pouvant se trouver dans un vide ou flou juridique.

L'émergence du concept d'investigation dans le cadre de l'intelligence économique accroît l'ambiguïté à l’œuvre. La plupart des grandes entreprises admettent financer d'importants départements dédiés aux aspects légaux de l'« investigation » industrielle. À l'heure de l'économie de l'immatériel, la frontière entre espionnage industriel et investigation légale s'affaisse.

Exemples

  • Les activités du Département 7 soviétique visant à récupérer les plans de fabrication (blueprints) des bombes test du projet Manhattan, afin de combler leur retard dans leur projet atomique à la fin de la guerre, associent l'espionnage industriel à la raison d'État.
  • Le développement de l'avion supersonique Tupolev Tu-144, avec sa conception similaire au Concorde, est l'un des exemples les plus cités de l'espionnage industriel au XXe siècle. Il ressemble tellement au Concorde que les médias occidentaux l'ont surnommé Concordski.
  • Le gouvernement des États-Unis a admis avoir employé l'espionnage commercial, par exemple, en surveillant des appels téléphoniques pour déterminer qu'un concurrent français d'une société américaine soudoyait des fonctionnaires brésiliens pour obtenir un contrat de radar de commande de trafic aérien (il a été révélé plus tard que la société américaine soudoyait également des fonctionnaires)[réf. souhaitée]. On croit généralement que la plupart des grands services de renseignements sont impliquées dans la pratique. Une commission du Parlement européen a suspecté que Echelon, un système d'espionnage de communications piloté par la NSA et des agences du Royaume-Uni, du Canada, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, soit employé pour l'espionnage politique et pour, à l'occasion, aider les compagnies américaines contre les concurrents européens[1].
  • Cet espionnage économique s'est trouvé confirmé en 2013, après la divulgation de documents de la NSA révélés par Edward Snowden, qui ont dévoilé le caractère massif et l'échelle mondiale à laquelle il est opéré par les États-Unis et ses alliés.
  • En 1993, un employé de Volkswagen a été accusé d'avoir livré des informations confidentielles de General Motors à sa nouvelle entreprise. Volkswagen a licencié cet employé et a dû verser 60 millions de dollars à General Motors[2].
  • Dans un rapport publié le , la société américaine de sécurité informatique Mandiant accuse l'Unité 61398 de l'Armée Chinoise d'être à l'origine depuis 2006 d'une vaste opération de cyber-espionnage visant à s'approprier des volumes considérables de données sensibles au sein de 141 entreprises et organisations principalement anglo-saxonnes[3].

Notes et références

  1. http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?type=REPORT&reference=A5-2001-0264&format=XML&language=FR
  2. Delattre Lucas, « Lopez, voleur de mémoires? », L'Express, (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) « Chinese Army Unit Is Seen as Tied to Hacking Against U.S. », The New York Times, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Éric Denécé et Claude Revel, L'autre guerre des États-Unis, économie : les secrets d'une machine de conquête, Robert Lafont, 2005.
  • Rapport du parlement européen A5-02-64/2001 du 11/07/2001 sur l'existence d'un système d'interception mondiale des communications privées et économiques (système Echelon) - Rapporteur : Gerhald Schmid
  • Jérôme Dupré, Renseignement et entreprises, intelligence économique, espionnage industriel et sécurité juridique, Lavauzelle, 2002.

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