Cédric Herrou
Cédric Herrou, né le [réf. souhaitée] à Nice (Alpes-Maritimes), est un agriculteur français (production de volailles et d'olives), actif dans l'aide aux étrangers en situation irrégulière.
Il acquiert une notoriété médiatique en France et à l'étranger après son arrestation en 2016 pour avoir aidé plus de 150 migrants au passage à la frontière franco-italienne.
Biographie
Cédric Herrou, agriculteur professionnel, cultive des oliviers et élève de la volaille dans la région de Breil-sur-Roya[1],[2],[3],[4]. En 2015, Herrou commence régulièrement à traverser la frontière franco-italienne près de sa ferme pour offrir de l'aide aux migrants souhaitant entrer en France[5]. Il est arrêté plusieurs fois pour cela. Au quotidien Libération, il affirme voter « soit vert, soit extrême gauche et même socialiste »[6].
Arrestations et poursuites
En août 2016, Herrou est arrêté alors qu'il transporte huit migrants dans son van à travers la frontière[7]. Après avoir conclu que ses intentions sont humanitaires, le procureur de Nice refuse de porter des accusations.
Le , Herrou est de nouveau arrêté après que lui et trois autres militants ont occupé l'ancienne gare SNCF de Saint-Dalmas-de-Tende, près de Tende : il aidait une cinquantaine de migrants, principalement originaires d'Érythrée et du Soudan, pour les loger dans la gare désaffectée[8],[9],[10]. Le procureur requiert huit mois de prison avec sursis[11],[12]. Le , un tribunal de première instance de Nice condamne Herrou pour avoir aidé des arrivées illégales à une amende de 3 000 €, mais le relaxe pour l'aide au séjour et à la circulation d'étrangers en situation irrégulière[13],[14]. Le parquet fait appel devant la cour d'appel d'Aix-en-Provence. Le , la cour d'appel d'Aix-en-Provence condamne l'agriculteur à quatre mois de prison avec sursis pour avoir aidé quelque deux cents migrants à traverser la frontière italienne[15] et à 1 000 € de dommages et intérêts pour occupation illicite d'un bâtiment de la SNCF[16]. Après sa condamnation, il dénonce « un racisme d'État », la justice suivant selon lui « une politique d'extrême droite »[17].
Le , Herrou est placé en garde à vue par la police locale, avec son frère et une autre personne, pour avoir aidé trois migrants érythréens dans la traversée de la frontière en France[18],[19]. Ils sont libérés le , sans que des accusations soient déposées.
Le , Michel Forst, Rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, Elina Steinerte, vice-présidente du Groupe de travail sur la détention arbitraire, François Crépeau, Rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'homme des migrants et Maud de Boer-Buquicchio, Rapporteuse spéciale des Nations unies sur la vente et l’exploitation sexuelle d’enfants, font état des allégations de harcèlement juridique et des pressions administratives exercées à l'encontre de Cédric Herrou et demandent au gouvernement français d'éclaircir la situation[20].
Le 2017, une information judiciaire pour « aide à l'entrée et à la circulation d'étrangers en situation irrégulière » est ouverte par le parquet de Grasse à l'encontre de Cédric Herrou sans que le juge d'instruction ne le place en détention[21],[22]. Il avait été interpellé en gare de Cannes le puis placé en garde à vue alors qu'il accompagnait 156 demandeurs d'asile en direction de Marseille[23].
Il est condamné à une amende en première instance à Nice au début de 2017, puis à quatre mois de prison avec sursis, en appel, à Aix-en-Provence le [24].
le 12 septembre 2017, Cédric Herrou est arrêté et mis en garde à vue pour une durée de 32 heures après qu'il a livré un passeur éthiopien à la gendarmerie ; ce jeune Éthiopien, qui avait été condamné à 8 mois de prison le 31 juillet, ayant porté plainte pour « violences aggravées et séquestration »[25].
Il saisit le Conseil constitutionnel avec deux questions prioritaires de constitutionnalité, ce qui conduit le à la consécration du principe constitutionnel de fraternité et de la liberté d'aider autrui dans un but humanitaire[26]. Transposant cette décision, le Parlement assouplit la loi visant à réprimer l'aide à l'entrée et au séjour irréguliers d'étrangers, mais celle-ci reste sanctionnée[27]. Le , la Cour de cassation annule partiellement l'arrêt de la cour d'appel d'Aix-en-Provence du [28].
L'agriculteur comparait à nouveau en appel à Lyon. Les juges s'appuient sur le nouveau Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile, qui élargit les exemptions pénales à destination des personnes venant en aide aux migrants dans un but exclusivement humanitaire. Le 13 mai, Cédric Herrou est renvoyé de toutes les poursuites à son encontre par la Cour d’appel[29],[30]. La condamnation pour avoir occupé illicitement un bâtiment de la SNCF est quant à elle maintenue, mais il est dispensé de peine[29].
En mai 2020, le parquet général de Lyon se pourvoit en cassation contre la relaxe de Cédric Herrou[31],[24].
Le 31 mars 2021, la Cour de cassation déclare non admis le pourvoi formé par le parquet général, confirmant définitivement la relaxe de Cédric Herrou[32].
Réaction publique
En octobre 2016, le New York Times[33] lui consacre un premier article qui fait connaître son action à l'international. Les actions de Herrou ont depuis soulevé l'intérêt du public. En arrivant à son procès en janvier 2017 à Nice, il est accueilli par les applaudissements de centaines de membres du public qui soutiennent ses actions[34],[35]. Au cours du même mois, un éditorial traitant de Herrou, ainsi que des questions soulevées par ses actions, est publié par le comité de rédaction du journal new-yorkais[36].
Un film documentaire sur Cédric Herrou réalisé par Michel Toesca, Libre, est présenté au Festival de Cannes 2018. Il sort nationalement en [37].
Emmaüs Roya
En 2019, l'association qu'avait fondée Cédric Herrou, Défends ta citoyenneté devient Emmaüs Roya[38], première communauté Emmaüs tournée vers l'agriculture. La communauté prévoit d'accueillir jusqu'à 8 personnes simultanément[39] pour des activités de production maraîchères, d'œufs et de transformation[40].
Publications
- (avec Michel Henry) Change ton monde, les liens qui libèrent, 2020[41]
Documentaires
- « Libre » de Michel Toesca, 2018[42].
Notes et références
- Vincent-Xavier Morvan, « Jugé pour avoir aidé des migrants, il revendique son acte », sur Le Figaro, .
- « Sur la route avec un agriculteur qui fait traverser la frontière italienne à des migrants », sur Le Monde, .
- (en) Adam Nossiter, « When Journalism Meets Civil Disobedience », sur The New York Times, .
- (en) Charlie Phillips et Lindsay Poulton, « The valley rebels: the French farmer helping refugees cross Europe – video », sur The Guardian, .
- Émilien Urbach, « Cédric Herrou : « C'est l'État qui est dans l'illégalité, pas moi » », sur L'Humanité, .
- Mathilde Frénois, « Cédric Herrou, passeur décisif », sur Libération, .
- (en) Laura Smith-Spark et Melissa Bell, « French farmer on trial for helping migrants: ‘My job is feeding people’ », sur CNN, .
- (en) « French farmer on trial for helping migrants across Italian border », sur The Guardian, .
- « Nice : Cédric Herrou jugé pour avoir aidé des migrants », sur France Soir, .
- (en) Benjamin Dodman et Mehdi Chebil, « French farmer's trial puts rebel valley helping migrants in spotlight », sur France 24, .
- « Il avait aidé des migrants : huit mois de prison requis, à Nice, contre Cédric Herrou », sur Le Parisien, .
- Adéle Sifaule, « Cédric Herrou, le procès d'un geste d'humanité », sur Libération, .
- (en) Angelique Chrisafis, « Farmer given suspended €3,000 fine for helping migrants enter France », sur The Guardian, .
- Mathilde Frénois, « Aide aux migrants : une condamnation de principe pour Cédric Herrou », Libération, (lire en ligne).
- Luc Leroux, « Coupable d'avoir aidé des migrants, Cédric Herrou « continuera à se battre » », Le Monde, (lire en ligne).
- Robin Gabaston, « Migrants : Cédric Herrou condamné à quatre mois de prison avec sursis », sur Marianne, .
- « Aide aux migrants : Cédric Herrou écope de 4 mois avec sursis en appel », sur RTL, .
- « Aide aux migrants : Cédric Herrou replacé en garde à vue », sur L'Express, .
- « Aide aux migrants : Cédric Herrou sort de sa nouvelle garde à vue sans poursuites », sur Le Monde, .
- « Mandats du Groupe de travail sur la détention arbitraire », sur Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme,
- « Migrants : ouverture d'une information judiciaire à l'encontre de Cédric Herrou », sur France Info, .
- « Nouvelles poursuites judiciaires contre Cédric Herrou », Libération, (lire en ligne).
- « Cannes : 156 migrants venus demander l'asile interpellés avec Cédric Herrou », Le Monde, (lire en ligne).
- « Aide aux migrants : le parquet général de Lyon se pourvoit en cassation contre la relaxe de Cédric Herrou », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/09/14/aide-aux-migrants-cedric-herrou-libere-sans-etre-defere-au-parquet_5185526_1653578.html, lemonde.fr, 14 septembre 2017
- Julia Pascual, « Aide aux migrants : le Conseil constitutionnel consacre le « principe de fraternité » », sur Le Monde,
- Mathilde Damgé, « Le “délit de solidarité” maintenu dans la loi immigration », sur Le Monde,
- Luc Leroux, « Aide aux migrants : la Cour de cassation annule en partie la condamnation de Cédric Herrou », Le Monde, (lire en ligne)
- « «La solidarité n'est pas un délit», rejugé, Cédric Herrou est relaxé », sur www.20minutes.fr (consulté le )
- « Symbole de l’aide aux migrants, Cédric Herrou relaxé par la cour d’appel de Lyon », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « France : le parquet général de Lyon se pourvoit en contre la relaxe de l'agriculteur militant Cédric Herrou », sur RTBF Info, (consulté le )
- « Victoire judiciaire définitive pour le militant Cédric Herrou, après plus de quatre ans de procédures », sur Le Monde, (consulté le )
- (en) Adam Nossiter, « A french underground railroad, moving African migrants », The New York Times, (lire en ligne).
- (en) Margaid Quioc, « French farmer faces risk of prison for helping migrants », sur Associated Press, .
- (en) Adam Nossiter, « Farmer on trial defends smuggling Migrants: ‘I Am a Frenchman.’ », sur The New York Times, .
- Editorial Board, « French fraternity and migrants », sur The New York Times, .
- Jacques Mandelbaum, « “Libre” : le combat altruiste de Cédric Herrou », Le Monde, (lire en ligne).
- « DTC - Défends ta citoyenneté devient Emmaüs Roya », sur Défends ta citoyenneté Emmaüs Roya (consulté le )
- Mathilde Frénois, « Dans la Roya, un Emmaüs agricole pour les déracinés », sur Libération.fr, (consulté le )
- Pierre Isnard-Dupuy et Sébastien Aublanc, « La communauté agricole Emmaüs Roya cultive la solidarité avec les migrants », sur Reporterre, (consulté le )
- Cédric Herrou et Michel Henry, Change ton monde, les liens qui libèrent, (ISBN 979-10-209-0903-9)
- Michel Toesca, « Libre », sur www.tenk.fr,
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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