Cyperus papyrus

Le papyrus (Cyperus papyrus L. ) est une plante de la famille des cyperaceaes répandue dans les zones humides de la majeure partie de l'Afrique. Il était aussi présent autrefois en Égypte sur les rives du Nil et de son delta.

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Cette plante des marais peut atteindre plusieurs mètres de haut. Elle est constituée d'une tige de section triangulaire supportant des feuilles disposées en étoile à son sommet, qui constituent l'ombelle. Son feuillage est de couleur vert jade, long, fin, persistant, avec des épillets bruns.

Le papyrus a été utilisé pendant longtemps comme matière première pour fabriquer une forme de papier également dénommé papyrus qui était le support d'écriture le plus important de l'Antiquité. Il avait par ailleurs une grande importance symbolique et artistique dans l'Égypte antique.

Dénomination

Étymologiquement, le mot vient du latin papyrus, emprunté au grec πάπυρος (papyros). On a pu penser que ce mot grec dérivait du terme égyptien per-peraâ, signifiant « fleur du roi »[1]. Néanmoins, aucun texte antique contenant ce mot n'a jamais été retrouvé. En égyptien ancien, on désignait le papyrus par les mots wadj [w3ḏ], tjufy [ṯwfy], et djet [ḏt]. Le terme latin papyrus est, quant à lui, très certainement à l'origine du mot français papier[2].

Répartition

Le papyrus est une plante importante des zones humides d'Afrique tropicale, que ce soit au sein des régions de désert, de savane ou de forêt équatoriale. S'il a presque disparu d'Égypte à l'état sauvage, il abonde encore dans une grande partie de l'Afrique subsaharienne, jusqu'en Afrique du Sud. On peut mentionner sa présence par exemple dans les marais du Sudd où il couvre de très vastes surfaces, ainsi que dans les zones marécageuses du lac Victoria et du lac Kyoga, du lac Tchad, dans le delta de l'Okavango, etc. On le trouve le long de nombreux cours d'eau et leurs annexes, y compris dans l'ensemble du bassin du Congo. Il est aussi présent à Madagascar.

On trouve une population sauvage en Sicile le long du fleuve Ciane, où il a probablement été introduit dans l'Antiquité.

L'espèce a été introduite pour l'ornement aux temps modernes dans les régions chaudes du monde, où elle est parfois échappée des jardins, comme dans le Bassin méditerranéen, en Inde, en Australie ou dans le sud des États-Unis.

Description

Le papyrus est une grande plante herbacée principalement hélophyte qui forme de larges touffes ou des massifs denses. Elle mesure trois mètres de haut en moyenne et peut atteindre jusqu'à cinq mètres.

La section des tiges est de forme triangulaire. Ces longues tiges portent au sommet une très grande ombelle, légère et plumeuse, formée de nombreuses bractées longues et fines, cylindriques, qui constituent un feuillage. Ces bractées portent des inflorescences en épillets qui virent au brun lorsqu'elles viennent en graines.

C'est une plante à croissance rapide, très productive grâce à une photosynthèse à fixation du carbone en C4. Elle a deux principaux modes de multiplication. La multiplication végétative notamment est très vigoureuse, grâce à de longs rhizomes souterrains qui font émerger de nouvelles tiges à intervalles réguliers et de manière continuelle[3]. Pour la reproduction sexuée, la pollinisation se fait par le vent tandis que les graines sont emportées par l'eau et par le vent.

Écologie

Le papyrus pousse sur des terrains gorgés d'eau et riches en nutriments, avec un ensoleillement important toute l'année. Le pied est souvent immergé. Il commence généralement à s'installer sur une berge ou un terrain inondable à peine exondé, puis s'étend rapidement. Il peut former un écran épais le long des berges, où seuls des animaux massifs peuvent se frayer un chemin : éléphants, hippopotames, les autres animaux utilisant leurs traces pour passer. Les parties mortes des plantes s'accumulent sur l'eau et forment des radeaux flottants sur lesquels le papyrus peut s'étendre en formant des massifs flottants. De nombreuses touffes flottantes de papyrus peuvent alors se détacher et voyager au gré des courants sur les lacs et les fleuves, leur permettant de coloniser d'autres lieux. Elles continuent de croitre et peuvent alors constituer de vastes îles flottantes qui dérivent avec le vent ou le courant, au point de pouvoir obstruer les cours d'eau, même de grande dimension comme le Nil Blanc. Cela a parfois pour effet de provoquer une montée des eaux, ce qui étend les marais favorables à l'expansion du papyrus.

Par les grandes surfaces de marais qu'il peut couvrir, le papyrus est la base d'un écosystème particulièrement riche et constitutif des zones humides africaines. Un foisonnement d'oiseaux vit dans ce milieu, mais aussi de nombreux poissons. Certaines espèces sont qualifiées d'endémiques du papyrus, comme le gonolek des papyrus, le chloropète aquatique, le serin du Koli, le cisticole de Carruthers ou encore le bec-en-sabot du Nil. Certaines antilopes comme le guib d'eau vivent préférentiellement dans ces marais. Le crocodile du Nil et le python de Seba y abondent souvent[4].

En Égypte, du fait du contrôle artificiel du Nil par le barrage d'Assouan et du défrichement de la totalité des marais alluviaux pour l'agriculture, la plante a aujourd'hui quasiment disparu du pays, en dehors d'un usage touristique (ornementation).

Histoire

Papyrus, fleuve Ciane, près de Syracuse, Sicile.

Origine

Cette plante était très présente en Égypte dans l'Antiquité. Elle poussait alors sur les berges et dans les marais alluviaux du Nil - fleuve sacré - et plus particulièrement dans son delta. Elle avait, de ce fait, une fonction religieuse et politique.

Symbolisme

Emblème de la Basse-Égypte, le papyrus était personnifié par la déesse Ouadjet (ouadj : hiéroglyphe du papyrus, signifiant aussi le vert de malachite, la prospérité).

Il symbolisait la renaissance et la régénération du monde, ou encore l'éternité. En effet, la section triangulaire de sa tige rappelait celle des pyramides, tombeau des rois d’Égypte[5]. L'ombelle s'apparentait aux rayons du soleil du dieu Amon-Rê.

Les salles hypostyles des temples du Nouvel Empire représentent le marais primordial, le Noun, d'où le monde a émergé et où les principaux dieux fondateurs de l'Égypte sont apparus. Elles représentent un monde semi-aquatique dominé par une forêt de colonnes en forme de papyrus et de lotus.

Usages antiques

Les usages antiques du papyrus étaient multiples, à la fois sacrés et communs.

Embarcations

En Égypte le papyrus était notamment utilisé pour la confection des barques rudimentaires utilisées par toute la population pour se déplacer le long du Nil, pour transporter des denrées, ou encore pour la pèche. Ces barques sont beaucoup représentées dans l'art égyptien. Les embarcations plus grandes en bois imitaient la forme de ces barques en papyrus par leur forme et leur décoration qui évoquaient la plante. Ces barques étaient donc aussi le modèle de la barque solaire et des barques sacrées qui étaient portées en processions avec les statues des dieux lors des cérémonies religieuses et dans les temples.

Il se fabrique encore des barques en papyrus dans plusieurs régions d'Afrique où la plante est encore présente, comme les tankwas sur le lac Tana en Éthiopie.

Support des manuscrits

La moelle blanche et tendre de la tige, dont l'écorce était retirée au préalable, servaient pour la fabrication du papier des manuscrits. Ce papyrus était le principal support de l'écriture non seulement dans l'Égypte ancienne, mais aussi par la suite dans tout le Bassin méditerranéen durant l'Antiquité classique gréco-romaine.

Fabrication moderne du papier à base de papyrus.

À cet effet, la tige était découpée en fines lamelles, puis martelée et roulée pour en retirer l'eau[5]. Les lamelles étaient trempées pendant six jours pour dissoudre les matières solubles (la plante contient naturellement 10 % de sucre et d'amidon). L'eau était renouvelée régulièrement, puis les lamelles disposées verticalement et horizontalement sur un support de peau d'animal. L'amidon et le sucre présent naturellement dans la tige du papyrus servaient de liant entre les fibres, sans nécessiter de recours à une colle externe. Puis l'ensemble était recouvert d'une deuxième peau, compacté par le poids de pierres[5]. Après six autres jours de séchage entre les peaux, la feuille de papyrus était prête à l'emploi. Elle se roulait et se pliait alors sans se casser. Elle servait alors à l'écriture et la peinture avec des pigments naturels.

À l'époque contemporaine, le papier de papyrus est souvent copié avec des feuilles issues de la canne à sucre ou du bananier.

Vannerie

D'autre part, les fibres de l'écorce et les feuilles étaient employées pour fabriquer des objets plus communs, tels que les nattes, les pagnes, les sandales, les paniers, les corbeilles et les cordes.

Consommation humaine

Les racines et les pousses sont comestibles et pouvaient être consommées.

Culture

Il n'est pas rare qu'il soit cultivé pour son attrait ornemental dans les jardins. Dans les pays tempérées on le place plutôt en serre ou en véranda, car il craint les très basses températures.

Cyperus papyrus ne peut pas se bouturer contrairement à Cyperus alternifolius (Cyperus à feuilles alternes ou faux papyrus), qui est souvent commercialisé sous le nom abusif de « papyrus ». Cyperus alternifolius quant à lui peut être multiplié par bouturage : une tige plongée tête en bas dans l'eau produit des racines puis de nouvelles tiges vers le haut. Mais Cyperus papyrus peut être multiplié en sectionnant le rhizome.

Galerie

Notes et références

  1. Papyrus sur etymonline.com
  2. Article sur etymonline.com
  3. M. B. Jones, M. Saunders et F. Kansiime, The potential use of papyrus ( Cyperus papyrus L.) wetlands as a source of biomass energy for sub-Saharan Africa, 2016, GCB Bioenergy, .
  4. fiche de Cyperus papyrus sur le site du CAB International concernant les espèces envahissantes, , consulté en mars 2020.
  5. PENP, « PENP - Fabrication du papyrus », (consulté le )

Liens externes

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