Crise des missiles de Cuba
La crise des missiles de Cuba est une suite d'événements survenus du au et qui ont opposé les États-Unis et l'Union soviétique au sujet des missiles nucléaires soviétiques pointés en direction du territoire des États-Unis depuis l'île de Cuba. Cette crise a mené les deux blocs au bord de la guerre nucléaire.
Date |
- (12 jours) (le blocus naval de Cuba prend fin le ) |
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Lieu | Cuba, mer des Caraïbes |
Issue |
Résolue pacifiquement
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États-Unis Turquie Italie Soutenus par : OTAN | Union soviétique Cuba Soutenus par : Pacte de Varsovie |
1 avion de reconnaissance Lockheed U-2 abattu 1 pilote tué | aucune |
Moment paroxystique de la guerre froide, la crise de Cuba souligne les limites de la coexistence pacifique, et se solda par un retrait des missiles par l'URSS en échange d'un retrait de certains missiles nucléaires américains de Turquie et d'Italie, et par une promesse stipulant que les États-Unis n'envahissent plus jamais Cuba (1961, Débarquement de la baie des Cochons, tentative américaine d'envahir l'île) sans provocation directe. Cet accord entre le gouvernement soviétique et l'administration Kennedy, certes contraignant pour la future politique extérieure des États-Unis, a permis au monde d'éviter un conflit militaire entre les deux puissances qui aurait pu mener à un affrontement nucléaire et à une troisième Guerre mondiale. Un « téléphone rouge » reliant directement la Maison-Blanche au Kremlin fut également installé après la crise afin de pouvoir établir une communication directe entre l'exécutif des deux superpuissances et éviter qu'une nouvelle crise de ce genre ne débouche sur une impasse diplomatique.
La résolution de cette crise ouvrit la voie à une nouvelle période de la guerre froide, la Détente.
Événements précurseurs de la crise
Durant les années 1950, les États-Unis avaient une grande influence sur la politique de la république de Cuba, devenue indépendante de l'Espagne en 1898 à la suite de la guerre hispano-américaine. Le , Fulgencio Batista s'enfuit aux États-Unis. Fidel Castro appuyé par Che Guevara arrive au pouvoir à la tête d'une guérilla soutenue par la majorité des Cubains. Il est alors reconnu par le gouvernement des États-Unis en janvier 1959. Il entreprend une réforme agraire le . Les représailles américaines, notamment à l'instigation et sous la pression de la United Fruit Company (entreprise bananière qui compte parmi les entreprises nationalisées de l'île), commencent cinq mois après la réforme agraire : le , un bimoteur contre-révolutionnaire mitraille La Havane, provoquant deux morts et une cinquantaine de blessés, et un autre avion largue de la propagande. En juin et juillet 1960, en représailles à un refus de raffinage de pétrole soviétique par les entreprises américaines (l'URSS ayant établi en février 1960 des relations diplomatiques et commerciales avec Cuba), Fidel Castro nationalise les sociétés américaines à Cuba.
Ces représailles sont suivies, le , par le débarquement de la baie des Cochons : 1 400 hommes soutenus par une force aérienne tentent de renverser Castro. Ce sont en majorité des exilés cubains entraînés par la CIA dans un camp au Guatemala, dans le cadre d'une opération financée par l'administration Eisenhower après accord du président donné l'année précédente (). Différentes villes sont bombardées, mais les forces castristes viennent à bout de cette invasion. Très peu de combattants furent tués. Les autres, définis par Castro comme des gusanos (« vermine »), sont faits prisonniers pour pouvoir échanger leur liberté contre une rançon en dollars et en médicaments.
John Fitzgerald Kennedy, qui a succédé à Dwight Eisenhower le , déclare assumer la pleine responsabilité de cette action préparée pourtant par son prédécesseur. En , les États-Unis déploient 15 missiles Jupiter en Turquie et 30 autres en Italie, lesquels sont capables d'atteindre le territoire soviétique. Commence également, le , l'embargo des États-Unis contre Cuba.
Dans son autobiographie, Nikita Khrouchtchev donne sa perception de l'attitude américaine : « j'avais constamment ce problème à l'esprit... Si Cuba tombait, les autres pays latinos-américains nous rejetteraient, en prétendant que, malgré toute sa puissance, l'Union soviétique n'avait pas été capable de faire quoi que ce soit pour Cuba, sauf d’émettre des protestations creuses devant les Nations unies[1].»
Début de la crise
Les opérations soviétiques Anadyr et Kama
En , Nikita Khrouchtchev déclenche l'opération Anadyr en envoyant 50 000 soldats, trente-six missiles nucléaires SS-4 et deux SS-5 ainsi que quatre sous-marins à Cuba pour empêcher les États-Unis d'envahir l'île. Contrairement à ce qui a été longtemps soutenu (notamment par Michel Tatu)[2], la résolution de la crise provoquée par la construction du mur de Berlin par les communistes n'a joué aucun rôle dans les motivations du chef d'État de l'URSS[réf. nécessaire]. En tout cas le problème n'apparaît jamais dans les archives soviétiques[réf. nécessaire].
Les services américains surveillent le trafic maritime russe en route vers Cuba, certains documents font état de mouvements de matières premières depuis l'Afrique et d'autres continents. Les tonnages reportés mois par mois montraient une augmentation croissante[3]. L'analyse qui en est faite alors sous-tend l'anticipation des risques systémiques liés à la crise, notamment en préfigurant les conséquences d'un blocus.
Cette île, devenue alliée de l'Union soviétique et considérée par les Américains comme ennemie, est partiellement dominée par l'armée des États-Unis, qui a une base à Guantánamo. Toutefois, Cuba se trouve à moins de 200 km de la Floride, ce qui rend le territoire des États-Unis vulnérable à ses missiles, qui ne peuvent être détectés suffisamment à l'avance pour garantir la riposte immédiate exigée par la politique de dissuasion. De l'autre côté des manœuvres militaires maritimes américaines étaient en préparation pour l'automne 1962 destinées à renverser « un tyran nommé Ortsac » (anagramme transparente). Elles seront transformées après la découverte des missiles soviétiques en dispositif de blocus[4],[5].
Le [6] un rapport d'écoute électronique fait état d'une présence anormale de quatre — peut être cinq — navires de transport de passagers russes en route vers Cuba (3 335 passagers à bord), avec une date estimée d'arrivée les 26, et (le Maria Oulianova, le Khabarovsk, le Mikhaïl Ouriskij, le Latviyia, l’Amiral Nakhimov).
Depuis le , lorsque le personnel des communications des forces aériennes cubaines a été placé en état d'alerte, une augmentation de l'activité des vols MIG fut mise en évidence à partir de communications air-sol. Entre le 1er et le , 76 indicatifs de pilotes furent reportés. Le , un total de 43 indicatifs pilotes furent notés actif entre 10 h 22 et 16 h 59 (5 h 22-11 h 59, heure locale). Parmi ceux-ci, 36 étaient actifs en contact avec le contrôleur au sol à San Antonio de los Banos. L'activité consistait en des bombardements et éventuellement des vols en patrouille. Au cours de la même période, sept indicatifs de pilotes de MIG supplémentaires ont été notés actif avec le contrôle au sol Camaguey. Aucune activité de vol ne fut noté à Santa Clara, bien que les contrôleurs au sol aient été actifs dans les communications[7].
Le débute l'opération Kama : quatre sous-marins d'attaque diesel-électrique de classe Foxtrot de la Marine soviétique appareillent de la péninsule de Kola, avec à leur bord des torpilles nucléaires T-5 (leur utilisation aurait pu déclencher une guerre nucléaire à l'initiative de l'URSS ; la nature nucléaire de ces torpilles ne fut révélée qu'en 2001). Les commandants Choumkov, Ketov, Savisky et Doubivko avaient pour mission de rejoindre le convoi de cargos soviétiques qui faisait route vers Cuba, avec à leur bord les missiles nucléaires destinés à compléter le dispositif déjà en place sur l'île. Ils avaient pour mission de protéger le convoi, si besoin au prix du torpillage des navires qui tenteraient de s'interposer.
John McCone, directeur de la CIA, informa le Conseil de la sécurité nationale que les mauvaises conditions météo rendaient impossibles les prises de vues par les avions de reconnaissance U-2. Le , les sous-marins soviétiques franchirent la « barrière Açores – Terre-Neuve », après avoir essuyé, le 9 octobre, une tempête ayant causé des avaries à bord.
La découverte des rampes de lancement et le blocus
Le , un avion espion U-2 piloté par le commandant Richard S. Heyser photographia les sites d'installation des missiles[8]. Le lendemain, la lecture des films révéla aux États-Unis que l'Union soviétique était en train d'installer des missiles SS-4 à tête nucléaire à Cuba. Des rampes de lancement, missiles, bombardiers, fusées et conseillers soviétiques sont repérés à Cuba. On identifia également 26 navires soviétiques transportant des ogives nucléaires (opérationnelles en 10 jours) en route vers l'île.
Le , le président Kennedy convoqua le Conseil de sécurité national, qui prônait une action militaire directe. Robert McNamara proposa un blocus maritime de l'île jusqu'au retrait des missiles de Cuba. Il s'agissait d'un blocus ne visant que l'approvisionnement en armes offensives. Il recommanda également à Kennedy de ne pas porter l'affaire devant l'Organisation des Nations unies : « Une fois que vous serez engagé dans cette approche politique, je ne pense pas que vous aurez la moindre chance d'entreprendre une action militaire »[1].
Le secrétaire général de l'ONU, U Thant, se référant au blocus instauré par Kennedy, reconnut ultérieurement : « Je pouvais à peine en croire mes yeux et mes oreilles. Cela signifiait techniquement le début de la guerre contre Cuba et l'Union soviétique. Autant que je me souvienne, c'était le discours le plus funeste et le plus grave jamais prononcé par un chef d’État[1]. »
Le Vice-amiral Gerald (Jerry) Miller (en), alors commandant du ravitailleur USS Wrangell (AE-12) (en), relatera plus tard que le 21 octobre 1962, il reçut l'ordre d'appareiller pour approvisionner 100 bombes nucléaires supplémentaires au porte-avions USS Enterprise (CVN-65)), qui en possédait déjà 100, et que les officiers de l'US Navy étaient persuadés qu'ils s’apprêtaient à lancer une attaque nucléaire contre Cuba [9].
Le , alors que l'amiral Anderson rendait compte que la mise en place du blocus maritime prendra environ 149 heures et que le colonel du GRU Oleg Penkovsky avait été arrêté pour avoir donné au MI6 l'information que l'URSS ne dispose en réalité que de très peu de missiles nucléaires stratégiques et que leur fiabilité était douteuse[10], McCone informe Kennedy de la présence de quatre sous-marins soviétiques. Lors d'une allocution télévisée, Kennedy annonça au pays la teneur des informations révélées par l'avion U-2, demande à Khrouchtchev l'arrêt des opérations en cours, menaça l'URSS de représailles si elle ne retirait pas ses missiles et décida de mesures de blocus naval sur Cuba[11]. Le lendemain, il signa l'ordre d'exécution du blocus, qu'il qualifiait officiellement de "quarantaine", terme jugé moins menaçant.
Les sous-marins soviétiques atteignent la ligne de blocus en même temps que les navires de la flotte des États-Unis. Moscou ne pouvait en être informé à cause de la saturation des réseaux de communication. La liaison enfin rétablie, les commandants des sous-marins reçurent de Moscou l'ordre de poursuivre leur route. Kennedy obtint la promesse que la France, le Royaume-Uni et les autres États membres de l'OTAN le soutiendraient en cas de guerre contre l'URSS. Le soutien du Canada fut un peu tardif en raison de l'animosité entre le premier ministre du Canada, John Diefenbaker, et Kennedy, mais le ministre de la défense du Canada mit en état d'alerte les forces maritimes, aériennes et terrestres sans avertir le premier ministre.
Le , à 10 h, le blocus était en place. Trente cargos soviétiques étaient en route. Parmi eux, quatre avaient des missiles nucléaires dans leurs soutes. Deux de ceux-ci arrivèrent sur la ligne de blocus : le Khemov et le Gagarine. À 10 h 25, les cargos arrêtèrent, Khrouchtchev jugeant inutile de rompre le blocus puisque les missiles déjà en place à Cuba suffisaient.
Le , douze cargos rebroussèrent chemin, les autres poursuivant leur route. La Marine américaine manqua l'interception du Bucarest et renonça à le poursuivre puisqu'elle avait la certitude qu'il ne transportait pas de matériel militaire.
Le , Khrouchtchev fait savoir à Kennedy, par le biais d'un homme d'affaires américain de retour aux États-Unis à la suite d'un voyage à Moscou, qu'il continuerait son action : « Si les États-Unis veulent la guerre, alors nous nous retrouverons en enfer. »
Un des sous-marins soviétiques fut détecté au sonar par les Américains. La chasse fut donc lancée.
Une note de la CIA mentionne une réduction notable du temps de traitement des interceptions des communications cubaines par l'automatisation[12].
Le , l’U-2 du commandant Rudolf Anderson Jr. fut abattu au-dessus de Cuba lors d'une mission de reconnaissance. Khrouchtchev n'avait pas donné cet ordre. Le Conseil de sécurité nationale américain analysa cette action comme une escalade de la violence. Kennedy n'ordonna toutefois pas de riposte immédiate et donna l'ordre de ne bombarder les sites de missiles qu'en cas de nouvelle agression. Le même jour, Khrouchtchev laissa entendre par courrier qu'il est prêt à négocier.
Le au matin, une deuxième lettre de Khrouchtchev, rédigée par le Politburo, laissait entendre qu'aucune négociation ne pouvait se faire. Le même jour, la CIA annonce que 24 missiles soviétiques étaient désormais opérationnels et pointés sur des points précis du sol américain. Si les Soviétiques ne démantelaient pas leurs installations avant le 29 octobre, les États-Unis lanceraient une attaque aérienne sur les sites de missiles. Dans la soirée, Robert Kennedy alla à l'ambassade de l'URSS à Washington pour une rencontre de la dernière chance avec le tout nouvel ambassadeur, Anatoli Dobrynine. Un compromis fut finalement trouvé.
Nikita Khrouchtchev annonça sur Radio Moscou qu'il donnait l'ordre de démanteler les sites de missiles. Pendant ce temps, la chasse aux quatre sous-marins soviétiques battait son plein. Deux d'entre eux font surface, batteries à plat, pour les recharger. Ils firent comprendre aux navires américains de ne pas les provoquer. Le Doubivko, lors d'une manœuvre, se fait arracher son mat d'antenne par un de ses poursuivants. Il prenait cette action comme une manœuvre délibérée. Le Shoumkov était toujours en plongée. Trois grenades d'exercice furent lancées par son poursuivant pour lui intimer l'ordre de faire surface. Il choisit de plonger en lançant un leurre. Le bruit de ce dernier fut pris pour un lancement de torpille, et sa manœuvre d'évasion fut éventée. À bout de ses réserves d'oxygène, le Shoumkov fit surface au milieu de quatre contre-torpilleurs de l'US Navy. Rendant compte de la situation à Moscou, il reçut l'ordre de se tenir en mesure de réagir.
Le , l'URSS fit stopper ses navires restant en route vers Cuba et promit également d'enlever toutes ses installations militaires à Cuba. Le compromis nécessaire à la négociation fut un engagement des États-Unis à ne pas attaquer Cuba et à démonter dans 6 mois leurs 15 fusées PGM-19 Jupiter installées en Turquie, ainsi que d'autres en Italie, et donc pointées vers le bloc de l'Est (cette dernière partie de l'accord devait au départ rester secrète).
Finalement, la guerre avait été évitée de peu. Cet accord fut notamment obtenu via l'ambassadeur Anatoli Dobrynine, qui demeurera en poste jusqu'en 1986[13].
Le , le dernier des quatre sous-marins soviétiques, le Ketov, était toujours introuvable. Les trois autres furent raccompagnés en haute mer. Le , Khrouchtchev accepta que les cargos à destination de Cuba soient inspectés par l'US Navy.
On ne saura qu'en 2001 que les sous-marins soviétiques étaient armés de torpilles à tête nucléaire[14]. Ainsi, lors de sa confrontation avec les navires américains, le Shoumkov avait inséré une torpille nucléaire dans son tube lance-torpille numéro 1.
Fin de la crise
L'appel à la paix du pape Jean XXIII, radiodiffusé et relayé en première page par la Pravda le , joua un rôle déterminant dans l'organisation de négociations entre Khrouchtchev et Kennedy, par ailleurs catholique lui-même[15].
Le secrétaire général de l'ONU, U Thant, demanda instamment à toutes les parties de s'abstenir de toute action militaire. Il intervint auprès de Kennedy, Khrouchtchev et Castro et confia à ce dernier : « Si la CIA et le Pentagone continuent à avoir un tel pouvoir, je vois le futur du monde sous un jour très sombre[1]. »
L'ambassadeur d'URSS à Washington, Anatoly Dobrynin, joua ensuite un rôle important pour la sortie de crise en activant tous ses réseaux informels, constitués depuis son arrivée quelques mois plus tôt. Il permit ainsi au rezident (chef de poste) du KGB à Washington de rencontrer un informateur du FBI, qu'il connaissait déjà et qui était en contact direct avec Robert Kennedy pour faire passer des messages informels qui permettraient de résoudre la crise. Il fut ainsi convenu du retrait des missiles soviétiques de Cuba, contre le retrait, au bout de quelques mois, des missiles Jupiter américains de Turquie et d'Italie qui devaient de toute manière être retirés pour obsolescence[16]. D'autre part, les parties furent convenues que le lien entre les deux retraits devrait rester secret. « L'accord Robert Kennedy-Anatole Dobrynine » fut révélé à simple titre d'information par Robert Kennedy en 1968[17], et ses caractéristiques furent détaillées par Arthur Schlesinger Jr. en 1978[18].
Le retrait des missiles fut décidé par Khrouchtchev le après engagement écrit de non-invasion de Cuba par le président Kennedy. Cette clause de non-engagement fut vue aujourd'hui comme un point très important de la négociation et aurait accéléré la sortie de crise en permettant aux Soviétiques d'éviter l'humiliation.
Les Soviétiques retirent leurs missiles de Cuba et les États-Unis les missiles Jupiter de Turquie et d'Italie. Cependant, l'URSS gagnait moins qu'elle pouvait le croire ou laisser croire, le retrait des Jupiter ayant été décidé par Kennedy en 1961 à la suite de la mise en service des premiers ICBM et SNLE, beaucoup moins vulnérables[réf. nécessaire]. Les Jupiter furent retirés du service en 1963. Cependant, l'URSS garda son influence sur Cuba, qui resta communiste et évita d'autres tentatives de renversement du gouvernement de la part des Américains.
Les deux gouvernements décidèrent de mettre en place le « téléphone rouge » pour avoir une ligne de communication directe.
Le rôle de la France dans la crise
La crise de Cuba constitua dans les relations franco-américaines une espèce d'alibi. Alors que toute l'orientation générale en 1962 et 1963 était aux malentendus, brouilles et coups d'épingle en tout genre, cette crise fournit le contre-exemple, la preuve de la solidarité du Général de Gaulle à l'égard de l'allié américain. Avant la crise, la France joua un rôle dans l'information des services américains concernant l'implantation des missiles soviétiques à Cuba. Pendant la crise, de Gaulle apporta son soutien immédiat et inconditionnel, à la différence des Britanniques. Après la crise, la France prit ses distances à l'égard de l'Amérique, qui, sans consulter ses alliés, réglait les affaires de la planète directement avec l'Union soviétique. Le voyage de Charles de Gaulle en Amérique du Sud de 1964 sera l'occasion pour le président français de se positionner contre les « hégémonies » soviétiques et nord-américaines en Amérique du Sud[19].
L'ambassadeur de la France à La Havane, Roger du Gardier, et le vice-consul de la France à Washington, Philippe Thyraud de Vosjoli, travaillent en étroite collaboration avec la CIA. Allen Dulles, demanda à de Vosjoli de lui fournir les informations obtenues sur Cuba par la SDECE, qui accepta. En mai 1962, le gouvernement de la France autorisa la CIA à avoir son propre bureau dans l'ambassade de France à La Havane[20],[21].
Bilan de la crise
Le retrait des armements de Cuba fut largement tenu pour un succès personnel de Kennedy.
La crise de Cuba fut considérée à l'ouest comme un sérieux échec pour Khrouchtchev, qui fit perdre du crédit de l'URSS dans le tiers monde. Les Chinois taxèrent l'URSS d'« aventuristes » et de « capitulationnistes ». Au sein de l'URSS, la perte de crédit de Khrouchtchev aurait peut-être, selon la majeure partie des études, contribué à son renversement deux ans plus tard en .
L'URSS obtint cependant l'assurance que les États-Unis ne tenteraient plus de renverser le régime de Castro par la force et symboliquement, car le retrait de l'ensemble des missiles Jupiter avait été décidé avant le début de la crise, par la suppression des bases de missiles balistiques en Turquie. Cependant, il est quelquefois objecté que par souci de cohérence, les Américains accordèrent sur le plan quantitatif plus que ce que Moscou leur avait demandé le : le retrait public sous contrôle des Nations unies des missiles de Turquie et de Cuba, moyennant promesse réciproque des deux grands de ne pas envahir leur voisin (et après autorisation des pays tiers). Par l'intermédiaire de Robert Kennedy, les États-Unis durent s'engager à retirer d'autres fusées « obsolètes » : les Jupiter d'Italie ; cette promesse fut honorée en avril 1963[22]. Le fait est que les missiles de Turquie et d'Italie seront retirés en même temps le 7 avril 1963.
Un peu plus tard, les Américains démantèlent les 60 Thors confiés au Bomber Command en Grande-Bretagne, également obsolètes avec la mise en service des missiles Polaris embarqué à bord de sous-marin nucléaire lanceur d'engins basé à Holy Loch à partir de 1961 et en , Kennedy déclara qu'aucun missile à portée intermédiaire ne sera installé en RFA comme celle-ci le leur demandait[23]. De ce fait, selon Gabriel Robin, il faudra une nouvelle et très longue crise (la crise des euromissiles entre 1979 et 1983) pour en réinstaller en Europe occidentale[24],[25]. Il n'est plus assuré que Kennedy ait bien exprimé l'intention de retirer ces missiles de Turquie en août 1962 : il en aurait seulement évoqué la possibilité[26]. L'envoi de Spoutnik en 1957 a démontré la capacité de l'URSS de construire des missiles intercontinentaux. Ces missiles n'étaient peut-être pas moins obsolètes que les fusées soviétiques à Cuba à moyenne portée, dont l'URSS disposait depuis quelques années de l'équivalent sur son propre territoire : des missiles à longue portée également capables d'atteindre les États-Unis[27].
La crise de Cuba est le paroxysme de la guerre froide. La concession (très médiatisée) de Khrouchtchev et celle (discrète et symbolique) de Kennedy ont engagé le mouvement de détente. La détente dure de 1962 jusqu'à 1975.
Pour Jean-Daniel Piquet, la prise en compte de la question cubaine permettrait de nuancer davantage l'idée d'une victoire de Kennedy et d'un échec de Khrouchtchev qui aurait contribué à sa chute en . De nombreux travaux[Quoi ?] sur l'assassinat de Kennedy soulignent la piste des anticastristes cubains et américains, mécontents de la promesse du président des États-Unis de ne pas envahir l'île[28] et convaincus que son remplacement par Lyndon Johnson, d'origine sudiste, faciliterait la rupture de l'accord. Quant à Khrouchtchev, il ne sera évincé du pouvoir soviétique que deux ans plus tard, en 1964. Deux années pendant lesquelles Castro se rendit deux fois en URSS ( et ), semblant ainsi oublier ses griefs passés. C'est à l'occasion d'un troisième déplacement au sommet effectué ici par le président cubaine Osvaldo Dorticos, le , que le renversement eut lieu. On craignait à Moscou que cette rencontre ne complique le projet de renversement du no 1 soviétique[2] lui-même expliqué surtout par des raisons de politique intérieure et de comportement agressif vis-à-vis de ses collègues[29].
De fait également, un examen méticuleux par Gabriel Robin[24],[30] des luttes pour le pouvoir au Kremlin montre un Khrouchtchev en difficulté croissante de décembre 1962 à avril 1963, suivie d'un miraculeux redressement qui coïncide avec le double retrait des missiles de Turquie et d'Italie et les premières mesures concrètes, sérieuses d'interdiction des agressions d'anciens réfugiés anti-castristes contre Cuba. Celles-ci étaient en phase croissante depuis décembre 1962.
En 1969 et 1970, après l'arrivée au pouvoir de Richard Nixon, on assiste à une recrudescence des attaques de réfugiés anticastristes contre Cuba, qui amènent à une mini-crise des missiles. Après un communiqué soviétique en août 1970 demandant à Washington de rappeler sa promesse de non-invasion de l'île, l'URSS entreprend en septembre 1970 y entreprend la construction de bases de sous-marins nucléaires. Elle y renonce en novembre après que l'accord ait été rappelé par l'administration Nixon [31]. Avec le temps, l'ascension de Cuba dans les relations internationales, en Afrique et surtout en Amérique centrale relativiseront l'humiliation apparente infligée par Kennedy à Khrouchtchev et Castro, et amèneront certaines forces politiques américaines à envisager la mise en cause de l'accord de 1962 qui leur a fait « accepter l'inacceptable »[32]. Ce fut un des thèmes de campagne en 1980 du candidat républicain, Ronald Reagan. En octobre et novembre 1981, une nouvelle crise a failli éclater après l'annonce par la presse américaine de projets de bombardements aériens de Cuba causé par la volonté d'aller à la source des crises d'Amérique centrale (envoi supposé d'armes à la guérilla du Salvador)[33]. La Pravda du fait état « des conséquences extrêmement dangereuses pour la paix mondiale qu'auraient des mesures militaires contre l'île »[34].
Enfin le retrait des missiles Jupiter d'Italie et de Turquie, des Thors de Grande-Bretagne a été considéré par certains, après la double décision de l'OTAN pendant la crise des euromissiles (1979-1983), comme une erreur de Kennedy et une victoire de Khrouchtchev. Le , dans un colloque, Helmut Schmidt explique que « le président Kennedy avait unilatéralement retiré les fusées du sol européen à titre, sembla-t-il à l'époque, de monnaie d'échange dans le cadre de la crise des fusées de Cuba[35]. » En , à l'occasion de l'annonce de la mort de Léonid Brejnev, Marie-France Garaud le signala sur un plateau télévisé à l'égard de ses interlocuteurs qui considéraient que le dirigeant soviétique avait depuis 1964 voulu effacer, par une politique de parité nucléaire et la création d'une coopération maritime avec les États-Unis, l'humiliation de l'automne 1962[36]. L'année suivante, le journaliste André Fontaine, favorable à l'installation des Pershing, intitula l'intertitre d'un de ses articles « l'erreur de Kennedy » et expliqua qu'en 1963 le président américain avait retiré tous les missiles terrestres d'Europe occidentale afin que Khrouchtchev ne perde pas la face pour avoir unilatéralement retiré ses missiles de Cuba[37].
La crise en théorie des jeux
La crise des missiles est devenue depuis un cas d'école en théorie des jeux à somme non nulle. Thomas C. Schelling, dans ses deux ouvrages The strategy of conflict (1960) et Arms and influence (1966) essaie de modéliser les interactions stratégiques entre États dans des modèles mathématiques coopératifs. Ses travaux sont repris par Bertrand Russell et d'autres en 1966 et illustrés à travers le jeu du poulet. Chaque étape en est minutieusement examinée avec inventaire des réponses possibles de chaque partie, et des risques associés. L'étude suggère que la crise ne pouvait se résoudre de façon rationnelle que comme elle l'a été[réf. nécessaire]. Cette approche a été remise en cause par une logique analytique, philologique par Graham T. Allison dans L'Essence de la décision (1971). C'est également un cas d'école de négociation complexe. La crise des missiles est parfois utilisée comme jeu de simulation modèle pour former à la négociation.
Chronologie des événements
Les États-Unis, qui participent à l'indépendance de Cuba vis-à-vis de l'Espagne, gardaient le contrôle sur l'île jusqu'en 1902 et regardent ensuite un contrôle indirect de l'île, jusqu'à la révolution castriste.
- : Fidel Castro renverse le dictateur Fulgencio Batista. Les États-Unis sont le second pays du monde à reconnaître le nouveau régime, juste derrière l'URSS.
- : une réforme agraire chasse plusieurs compagnies américaines, dont United Fruit Company, de Cuba.
- : à la suite de saisies de propriétés privées appartenant à des sociétés américaines (en particulier quelques hôtels), rupture des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba.
- : prise de fonction du président Kennedy.
- - : tentative américaine de débarquement anticastriste à Cuba dans la baie des Cochons. L'opération est un échec, et la CIA est pointée du doigt.
- : Ernesto « Che » Guevara proclame le caractère socialiste de la révolution cubaine.
- : installation de missiles Jupiter américains en Turquie.
- : exclusion de Cuba de l'Organisation des États américains (OEA).
- : « renforcement » de l'aide soviétique à Cuba.
- : les États-Unis mettent en garde Moscou contre l'installation de missiles à Cuba.
- : découverte par un avion espion de la mise en place de missiles nucléaires SS-4 à Cuba.
- : discours télévisé du président Kennedy, dévoilant la présence de missiles soviétiques à Cuba et annonçant la quarantaine. Début du blocus naval américain (jusqu'au 31 octobre). Les journaux de l'époque évoquent un risque élevé de guerre.
- Le Strategic Air Command est placé en Defcon 2, les 3 parties en présence placent leurs forces conventionnelles en alerte.
- : les navires soviétiques en route pour Cuba sont bloqués et font demi-tour.
- : le pape Jean XXIII appelle à la paix entre les États-Unis et l'URSS[15],[38].
- : Khrouchtchev annonce le démantèlement des armes offensives installées à Cuba en contrepartie de l'engagement de non-invasion de l'île de John F. Kennedy et du démantèlement de tous les missiles Jupiter de Turquie de Grèce et d'Italie. Cet accord enclenche la fin de la crise.
- : ultime échange de lettres entre Fidel Castro et Khrouchtchev.
- : Castro accepte le retrait des bombardiers soviétiques et Kennedy ; fin de la quarantaine.
- : Valerian Zorin, représentant soviétique aux Nations unies (il avait nié la présence d'armes nucléaires à Cuba), est relevé de ses fonctions[39].
- : les États-Unis démantèlent les missiles Jupiter de Turquie et d'Italie, et interdisent — ou tentent sérieusement d'interdire — les raids anticastristes contre Cuba.
- - : premier séjour de Fidel Castro en URSS.
- : en réponse aux accusations chinoises persistantes de capitulationnisme, le comité central du Parti communiste de l'Union soviétique, relève que huit mois après la fin de la crise, les États-Unis n'ont pas tenté d'envahir Cuba.
- : signature à Moscou entre les États-Unis, l'URSS et le Royaume-Uni d'un traité sur l'interdiction des essais nucléaires dans l'espace.
- : à la suite d'un accord Kennedy-Khrouchtchev datant du 20 juin 1963 : mise en place d'un téléphone rouge reliant directement la Maison-Blanche au Kremlin.
- : Kennedy est assassiné à Dallas, provoquant la stupéfaction et le deuil dans le monde.
- : second voyage de Castro en URSS.
- : Khrouchtchev est limogé, ce qui coïncide avec l'arrivée improvisée du président de la République cubaine, Osvaldo Dorticos, de retour du Caire, où il assistait à la conférence des pays non alignés.
Filmographie
- L'Étau d'Alfred Hitchcock (1968).
- The Missiles of October d'Anthony Page (1974)
- Panic sur Florida Beach de Joe Dante (1993).
- Treize jours de Roger Donaldson (2000). Roger Donaldson, Metropolitan film & video, 2002, 2 h 20 min + 1 h 45 min (2 DVD).
- X-Men : Le Commencement de Matthew Vaughn (2011).
- The Coldest Game de Łukasz Kośmicki (2019).
- 1962 : Pourquoi la crise de Cuba ?, film de Robert Mugnerot, Scérén, La Cinquième, Paris, 2002, 13 min (VHS).
- 1962 : La crise des missiles de Cuba, film de Christian Gandjbakhch, Gulliver vidéo pédagogique, Paris, 2009, 14 min (DVD).
- Le jour où la Terre s'arrêta : 1962, la crise des missiles de Cuba, film de Sylvain Desmille, coproduction Le Champ des Possibles P.M.E. et Public Sénat, France, 2015, 55 min.
- 2021 Un espion ordinaire film de Dominic Cooke
Culture populaire
Jeu vidéo
- Dans le jeu Metal Gear Solid 3: Snake Eater de Hideo Kojima, la crise de Cuba sert de point de départ à l'histoire du jeu, Konami (2005)
- Dans le jeu Call of Duty: Black Ops, la crise de Cuba est le point de départ et la première mission du jeu du mode campagne.
- Le jeu vidéo uchronique Cuban Missile Crisis: The Aftermath est basé sur la crise des missiles de Cuba
Chanson
- Cuba, mon amour est une fameuse chanson soviétique à propose de cet événement
Notes et références
- Daniele Ganser, « Retour sur la crise des missiles à Cuba », sur Le Monde diplomatique,
- Tatu 1966, p. ?. [réf. incomplète]
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- Robert Kennedy dans Thirteen Days crise à la Maison-Blanche. Le frère du président y écrit ainsi : « Il [Dobrynine] souleva la question du retrait des missiles de Turquie. Je déclarais qu'il ne devait pas y avoir là-dessus de donnant-donnant, aucun accord ne pouvait être conclu sous la pression et la menace. En dernier ressort, la décision devait être prise par l'OTAN. Toutefois le président désirait depuis longtemps retirer ces missiles de Turquie et d'Italie. Il y a quelque temps il avait même ordonné leur retrait, et d'après nos estimations peu de temps après la fin de la crise, les missiles seront enlevés. » Il est vrai que l'exhumation (peut-être partielle) par Arthur Schlesinger des papiers de Robert Kennedy, dans son livre Robert Kennedy and his Times, indique un engagement limité à la Turquie ; ce avec un complément de temps « dans les cinq mois ».
- Robin 1984, p. ? [réf. incomplète]. L'auteur appelle à ce titre à une révision des attendus du « procès contre Khrouchtchev ».
- Robin 1984, p. ? [réf. incomplète].
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- V. Pierre Melandri, Histoire des États-Unis depuis 1865, Paris, Fernand Nathan, 1976. L'auteur dit que de ce fait les missiles à Cuba ne modifiaient pas sensiblement l'équilibre stratégique entre les deux Grands. Voir aussi Alain Joxe, Socialisme et crise nucléaire, Paris, Éditions de L'Herne, 1973.
- Jean-Daniel Piquet, op. cit. ; id. « Cuba dans la crise des missiles », Identités caraïbes.
- Lilly Marcou, Les héritiers, Paris, Pygmallion, 2004.
- Jean-Daniel Piquet, op. cit.
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Bibliographie
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- Maurice Vaïsse (dir.), L'Europe et la crise de Cuba, Paris, Armand Colin, 1993.
- Michel Virally, « À propos de l'affaire de Cuba : « diplomatie tranquille » et crises internationales », Annuaire français de droit international, 1962, vol. 8, no 1, pp. 457-475 [lire en ligne].
Annexe
Articles connexes
Liens externes
- Site sur la crise de Cuba.
- « Kennedy, Kroutchev et les missiles de Cuba Choix rationnel et responsabilité individuelle (Partie 1) », Jean-Yves Haine, Cultures & Conflits no 36, 2000, dossier en 6 parties disponible sur ce site.
- Historique des interventions des États-Unis à Cuba et du début de la crise dans Le Monde diplomatique.
- Document des services américains sur la surveillance du trafic maritime.
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