Crise économique

Une crise économique est une dégradation brutale de la situation économique et des perspectives économiques. Son étendue sectorielle, temporelle et géographique peut aller d'un seul secteur d'une seule région pour une brève période à l'ensemble de l'économie mondiale pendant plusieurs années ; on parlera alors de ralentissement économique ou, plus grave, de récession économique. Une telle crise comporte souvent (mais pas systématiquement) des répercussions sur le niveau des salaires et la valeur du capital (valeurs boursières), provoque des faillites et du chômage, accroît les tensions sociales et politiques, et peut même avoir des répercussions sanitaires. Au sein de l'histoire économique capitaliste, les crises peuvent se voir comme un élément régulier, qui s'inscrit dans un ensemble de cycles économiques[1].

Crise économique à Berlin, Petit Journal du 7 mars 1915

Description

La crise, pour certains comme Gottfried Haberler, est le moment de retournement d'un cycle économique[2]. Dans la théorie marxiste, si la crise est entendue comme entraînant la chute du capitalisme, les crises sont interprétées comme le moyen par lequel le capitalisme se réorganise[3].

Usuellement, en langue anglaise, le terme crise économique est compris au sens marxiste et est peu utilisé[réf. nécessaire]. Il lui est préféré les termes plus économiques de dépression (économie) ou de récession. C'est ainsi que la crise de 1929 s'appelle Grande Dépression ou que la crise économique de 2008-2010 est appelée Great Recession. En français, usuellement, le terme crise comporte l'idée, proche du marxisme, qu'une page se tourne et qu'il convient que le capitalisme soit réformé.

Dans cette optique, la crise économique est parfois vue comme un phénomène qui ne se termine qu'avec l'adoption d'une nouvelle structure économique[Note 1].

À un niveau local, la fermeture de l'unique société industrielle d'une commune (comme à La Souterraine[4]) peut également être vécue comme une catastrophe économique, par les principaux responsables politiques en raison du cumul des impacts additionnels provoqués sur les autres activités économiques de la commune (école, poste, hôpitaux, centre culturel)[4].

Effets et développements

La notion de crise économique revêt des caractéristiques multiformes. Elle peut concerner un ou plusieurs secteurs de l’économie ou, par extension, son intégralité qu’elle peut gagner par « effet de contagion ».

Répercussions sur l'activité économique globale

Les crises immobilières ont des conséquences assez importantes, car plusieurs canaux facilitent les répercussions sur l'activité économique totale : effet de richesse des ménages, secteur de la construction intensif en main-d'œuvre.

Du fait de la financiarisation des pays développés, une crise du secteur financier peut avoir des répercussions fortes sur le reste de l'économie, via les canaux du crédit.

Quelques crises

Avant le XXe siècle

Crises pré-industrielles et crises industrielles
Économie agricole peu ouverte : crise de subsistanceÉconomie développée
OriginesIncident météorologico-climatiques entraînant des récoltes insuffisantes[5]Surinvestissement, crise financière
Circonstances aggravantes
  • Marché peu développé
  • Transports insuffisants
  • Importations limitées
Dette extérieure élevée
Évolution des prixAugmentation des prix des produits agricolesVariable
PériodicitéTrès irrégulière Irrégulière, théorie controversée de cycles économiques avec :
  • cycle court : 8 à 11 ans ;
  • cycle long : 30 – 40 ans.
Extension géographiqueLocale, régionale, parfois nationale voire continentaleContinentale, voire mondiale au sein des pays industrialisés
Conséquences directes
  • Disettes, voire famines et crise de surmortalité
  • Chômage en ville, misère
Hausse du chômage, baisse du PIB, baisse des revenus et de la consommation, hausse du nombre de faillites
Conséquences indirectesÉmeutes rurales et urbainesCrispation des relations internationales

Liste de crises économiques après 1900

Théorie économique

Partant de l’observation des dépressions économiques qui avaient périodiquement affecté l’économie européenne depuis 1825, Karl Marx décrivit la crise comme un dispositif historiquement inévitable. Selon Marx, ces crises étaient des « crise de surproduction ».

Pour l’école autrichienne d'économie, les crises sont essentiellement dues à l’accumulation de défauts d'ajustement de l'appareil de production à la demande réelle. En tentant d'empêcher ou de retarder ces ajustements par la réglementation ou la création monétaire, l'État ne fait qu'accumuler les problèmes qui devront tôt ou tard se résoudre par une crise, qui aurait pu être évitée, ou être moins grave, en laissant les ajustements se produire progressivement. Le mot crise fait directement référence au concept de cycle. La théorie du cycle la plus connue de cette école est surement celle de Hayek (Cycle de Hayek), liée au taux d'intérêt.

La théorie marxiste voit dans le système capitaliste des contradictions inhérentes (ex. : l'existence de classes aux intérêts contradictoires) qui vont pousser la classe capitaliste à développer le capital organique menant à la baisse tendancielle du taux de profit. Des théories marxistes récentes maintiennent cette analyse tout en adoptant une approche des crises dites « multicausale », la baisse tendancielle du taux de profit y reste prépondérante, mais tenant compte également du caractère cyclique des crises[6]. Néanmoins, cette approche fait débat chez les marxistes actuels, d'autres auteurs pensant au contraire que le taux de profit est croissant[7].

À l'inverse, les économistes libéraux voyaient dans le système, la possibilité de s'autoréguler. Adam Smith au XVIIIe siècle s'en est fait l'ardent défenseur et partisan (il a parlé de l'intervention de la « main invisible du marché »). La majorité des économistes contemporains estiment qu'il est nécessaire de réguler certains marchés. Ce rôle est alors dévolu soit à l'État, soit, plus généralement, à des autorités publiques autonomes que l'État ne contrôle pas directement (banque centrale, autorités des marchés financiers, autorités de la concurrence, etc., le tout sous le contrôle des tribunaux).

Dans le même but, les gouvernements peuvent intervenir directement. Ils peuvent consentir des prêts, réduire des taxes ou offrir des subventions aux producteurs ou aux consommateurs, accorder des facilités pour l'investissement ou (au contraire) la réduction des capacités productives. Le keynésianisme est la principale construction théorique légitimant ces interventions (politique de relance).

La notion de crise économique a aussi permis de mettre en évidence le fait suivant : l’économie dépend pour beaucoup de phénomènes d’anticipation, c’est-à-dire, pour une grande part, de la confiance que les individus peuvent avoir dans l’économie et dans leur avenir. À l’inverse, la perspective de périodes troublées ou d’anticipations négatives peut déclencher une crise économique ou bien en accélérer les effets.

Pour la théorie de la régulation, la différence entre grande crise (crise structurelle) et petite crise (conjoncturelle) est essentielle. La crise actuelle (depuis 2008) marque la fin d’une époque, celle d’un régime d’accumulation tiré par la finance[8].

Notes et références

Notes

  1. Par exemple, dans l'article de Nicolas Baverez intitulé Ruptures (Le Monde du 26 janvier 2010) on trouve, d'une certaine façon, l'idée que la France est rentrée dans la crise économique actuelle qu'il nomme la « crise de la mondialisation » sans être vraiment sortie de celle de 1973 faute d'avoir pu ou su adopter un modèle économique adéquat.

Références

  1. « Michel Aglietta : « Les crises sont la nature même du capitalisme » », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  2. De Boissieu, 2001, p. 229.
  3. P. Kenway, 1987, p. 724.
  4. « Sous-traitant automobile GM&S : 277 emplois menacés, une "catastrophe économique" », Franceinfo, (lire en ligne, consulté le ) .
  5. Julien Gargani, Crises environnementales et crises socio-économiques, Paris, L'Harmattan, , 149 p. (ISBN 978-2-343-08213-4), p. 149.
  6. Gaston Lefranc, « Une analyse marxiste de la crise économique : Présentation pour l'université d'été du NPA », sur tendanceclaire.org, , p. 16.
  7. Michel Husson, « Le dogmatisme n'est pas un marxisme », À l'encontre, , p. 9 (lire en ligne).
  8. Dossier Crise du capitalisme financier.

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

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