Crespin Carlier

Crespin Carlier (né vers 1560 à Laon, en Picardie - mort en 1636) est un facteur d'orgue français qui a eu une grande influence sur l'évolution de l'orgue en France. Il est contemporain et collègue de Matthieu Langhedul, un autre facteur d'orgue célèbre qui introduisit les styles flamand et wallon en France[1].

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Biographie

Crespin Carlier naît à Laon en Picardie, une région du Nord de la France, vers 1560[1]. La famille Carlier s'occupe de la construction d'orgue depuis le XVIe siècle[2]. Il se fixe à Lille de 1590 à 1600 déménageant ensuite à Rouen. Il est connu pour ses œuvres faites à Courtrai en 1585, Gand entre 1597 et 1611, l'église Saint-Jean-Baptiste de Namur en 1598, à celle d'Hesdin entre 1599 et 1600[3].

En 1600, Crespin Carlier fut appelé à Rouen par Jean Titelouze, compositeur et l'organiste de la cathédrale[1] pour restaurer l'orgue de la Cathédrale de Rouen, et par la suite Titelouze eut souvent recours à ses services[2]. L'orgue qu'il y construisit, fut qualifié de « le plus bel orgue de l'époque »[4]. En 1601, on le retrouve à Anvers[3]. Il travailla dans divers lieux des Flandres dont Dunkerque, Saint Omer, Gand et Namur. Sa réputation grandissant, il fut appelé à travailler à la Cathédrale de Poitiers en 1610 et à la Cathédrale de Chartres en 1614[1].

En 1614, Jehan Lebas de Rouen est payé 360 livres pour construire le buffet en chêne de l’orgue de l’église Saint André de Rouen, tandis que Crespin Carlier fut payé 800 livres pour fournir l'orgue lui-même[5]. En 1618, il entreprend un travail à Bruges[3]. Le 24 octobre 1618, il signa un contrat avec la paroisse de Gisors pour relever le grand orgue de Notre-Dame de l'Assomption, achevé en 1580 par Nicolas Barbier. Le chantier comprenait le repassage des jeux existants, l'ajout de trois nouveaux jeux et l'ajout au buffet ancien d'un Positif de dos. L'ouvrage fut achevé en 1620[6]. Les archives de la ville de Laon conservent un paiement à Philippe Ducastel daté du 19 janvier 1623 pour la construction d'un buffet dont l'orgue fut fourni par Carlier à l'église des Cordeliers de Laon[7].

En 1630, il reconstruisit la façade de l'orgue de l'abbatiale Saint-Ouen de Rouen selon les plans dressés par Titelouze. C'était un grand huit pieds en Montre, avec deux claviers manuels de 48 touches et une pédale indépendante de 28 marches. Les années passant, l'orgue subit des transformations et des extensions importantes menant à sa reconstruction complète par Aristide Cavaillé-Coll en 1888–1890[8] De l'orgue d'origine, il ne subsiste qu'une partie du buffet et environ 40 % de la tuyauterie ancienne[2]. Il construit ensuite l'orgue de l'église Saint-Nicaise de Rouen.

Carlier revint à Laon en 1631[3]. Il travailla aussi entre 1632 et 1636 sur un orgue désormais disparu, celui de l'église Saint-Nicolas-des-Champs de Paris[1].

Influences

Carlier introduisit en France de nombreuses inventions fondamentales de la facture nordique[2]. Sa facture montre de fortes similarités avec celle de la famille Langhedul. Il pourrait avoir profité d'un travail commun avec Jan Langhedul à Rouen[3]. Depuis au moins 1631, Carlier collabora avec Matthijs Langhedul à l'orgue de Saint-Jacques-la-Boucherie à Paris, lequel y introduisit d'importantes innovations[2]. L'organier Wangnon de Liége fut l'un de ses disciples[3]. Pierre Thierry (1604–1665) qui rénova l'orgue des Couperin de Saint-Gervais à Paris, fut un autre de ses élèves[9]. Thierry travailla avec Carlier à Saint Nicolas des Champs entre 1634 et 1635[10].

Carlier eut comme élèves et disciples d'autres facteurs d'orgue célèbres tels son gendre Valéran de Héman et Étienne Enocq. Il peut être considéré comme le fondateur de l'école française de facture d'orgue baroque.

L’œuvre

Sources

Articles

  • (en) Jean-Renaud Ansart et Christopher Hainsworth, Carlier, Crespin (Crépin) (D. 1636) in : Douglas Earl Bush et Richard Kassel, « The Organ: An Encyclopedia », New York, Routledge, coll. « Encyclopedia of keyboard instruments », , 679 p. (ISBN 978-0-415-94174-7, OCLC 58451784, notice BnF no FRBNF40172854, lire en ligne)
  • Malou Haine et Nicolas Meeùs, Dictionnaire des facteurs d'instruments de musique en Wallonie et à Bruxelles du IXe siècle à nos jours, Liège, Pierre Mardaga, , 765 p. (ISBN 978-2-87009-250-7, OCLC 15157333, notice BnF no FRBNF35775965, lire en ligne), p. 73
  • Marc Vignal, Dictionnaire de la musique : Pierre Thierry (article), Paris, Larousse, , 1516 p. (ISBN 2-03-505545-8, OCLC 896013420, lire en ligne), p. 991

Sources anciennes

Liens externes

Notes et références

  1. Larousse.fr
  2. Ansart 2006, p. 93
  3. Haine et Meeùs 1986, p. 73
  4. « He was also a fortunate organist, because, during his tenure at Rouen Cathedral, the finest organ of the period was built there (with his input) by the greatest organ builder, Crespin Carlier. », (en) « Dennis Keene, Organ Music for February 27 », sur ascensionnyc.org, (consulté le )
  5. Académie 1859, p. 342
  6. Fauconnier 2012
  7. Société de l'histoire de l'art français 1895, p. 83
  8. (en) « Église abbatiale Saint-Ouen », sur University of Quebec (consulté le )
  9. Vignal 2005, p. 991
  10. Ansart 2006, p. 564

Voir aussi

  • Portail de l’orgue
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