Concerto pour piano nº 20 de Mozart
Le Concerto pour piano no 20 en ré mineur (c'est le seul concerto pour piano de Mozart dans cette tonalité), K.466 est un concerto pour piano du compositeur Wolfgang Amadeus Mozart. Il est composé en 1785, quelques mois avant le Concerto pour piano en ut majeur K. 467 et créé au Mehlgrube (de) à Vienne le avec Mozart comme soliste.
Concerto pour piano no 20 en ré mineur Köchel 466 | |
Édition de plusieurs Concertos pour piano de Mozart (dont celui-ci) chez Breitkopf & Härtel | |
Genre | Concerto pour piano |
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Nb. de mouvements | 3 |
Musique | Wolfgang Amadeus Mozart |
Effectif | Piano et orchestre |
Durée approximative | env. 30 minutes |
Dates de composition | 1785 |
Partition autographe | Gesellschaft der Musikfreunde Wien |
Création | Vienne Autriche |
Interprètes | Mozart au piano. |
Histoire
Ce concerto est composé à Vienne et achevé le . Il est créé dès le lendemain lors d'un concert de souscription. Mozart, âgé de 29 ans, vit depuis trois ans à Vienne avec sa femme Constance Weber, mais les commandes, notamment d'opéras, se font rares. Peut-être est-ce la raison qui pousse le compositeur à écrire ce concerto.
Il est possible que Joseph Haydn ait assisté à la création de l'oeuvre[1]. Le père de Wolfgang, Leopold Mozart, venu tout spécialement de Salzbourg, écrit quelques jours plus tard à sa fille Nannerl pour l'informer du récent succès de ce nouveau concerto :
« [J'ai entendu] un excellent nouveau concerto pour piano de Wolfgang, sur lequel le copiste travaillait encore lorsque nous sommes entrés. Ton frère n'a même pas eu le temps de jouer le rondo car il supervisait cette opération de copie[2]. »
L’orchestre a donc déchiffré le mouvement final à vue, Mozart dirigeant du piano tout en improvisant, selon son habitude, les cadences. Il les notera par la suite sans qu’elles aient été conservées. La postérité a laissé place aux cadences écrites par Beethoven (WoO 58) pour cette œuvre qu'il admirait beaucoup et qui faisait partie de son répertoire. Les compositeurs Charles-Valentin Alkan, Johannes Brahms (WoO 14), Johann Nepomuk Hummel, Ferrucio Busoni et Clara Schumann ont également écrit des cadences pour ce concerto.
On notera qu'avec le Concerto pour piano en ut mineur (K.491), c'est le seul autre concerto pour piano (parmi les 27 du compositeur) écrit dans un mode mineur, ce qui rend bien compte du caractère particulier de l'œuvre.
Instrumentation
Instrumentation du concerto pour piano no 20 |
Cordes |
Premiers violons, seconds violons, altos, |
Bois |
Flûte, 2 hautbois, 2 bassons, |
Cuivres |
2 cors en ré (passent en si dans la Romance)
2 trompettes en ré |
Percussions |
Timbales en ré et la |
Structure et analyse de l'œuvre
Le concerto comrend 3 mouvements et est écrit dans la tonalité ré mineur :
- Allegro, en ré mineur, à , 397 mesures
- Romance, en si bémol majeur, à , sections répétées 2 fois : mesures 84 à 91, mesures 92 à 107, 162 mesures
- Allegro vivace assai, en ré mineur, à , en ré majeur à la mesure 354, 428 mesures
Durée : environ 30 minutes
Allegro
Ce mouvement dramatique et fougueux est une forme sonate à double exposition.
Romance
Le deuxième mouvement, Romance, est un rondo en 5 parties (A—B—A—C—A)[3] dont le thème est énoncé en si majeur. Le thème est énoncé à la tierce, ce qui n'est pas sans rappeler les duos amoureux des opéras du compositeur. La partie C, écrite en sol mineur (tonalité relative), par son ambiance plus grave, contraste fortement avec le reste de la romance.
Allegro vivace assai
Ce dernier mouvement est également un rondo dans le ton principal de la pièce. Le concerto s'achève, après la cadence et le retour d'une ambiance plus joyeuse introduite par une mélodie en fa majeur développée par les vents puis reprise par le piano, dans la brillante tonalité de ré majeur.
Cadences
De nombreux compositeurs laissent leurs propres cadences pour ce concerto, comme Ludwig van Beethoven (WoO 58), Johannes Brahms (WoO 14), Clara Schumann, ou encore l'élève de Mozart Johann Nepomuk Hummel.
Anecdotes
D'après le pianiste et chef d'orchestre Daniel Barenboim, ce concerto serait l'œuvre favorite de Joseph Staline[4],[5].
Repères discographiques
- par l'Academy of St Martin in the Fields, Alfred Brendel (piano) et Neville Marriner (direction), Philips, 1974.
Au cinéma
- 1984 : Amadeus de Miloš Forman : le premier mouvement y est exécuté au moment où Mozart compose et reçoit la visite d'un homme habillé en noir lui commandant une messe de requiem. Le 2e est utilisé pour le générique de fin.
Voir aussi
Notes et références
- Préface de Paul Badura-Skoda à l'édition « de poche » no 721 de l'œuvre chez Eulenburg, 1979.
- Steinberg 1998, p. 304.
- Girdlestone 1953, p. 330.
- (en) Interview de Daniel Barenboim à propos de Gustav Mahler sur universaledition.com.
- Il est cependant accordé que Staline appréciait d'autres concertos, comme le no 23 : Le vrai visage de Staline sur lewebpedagogique.com.
Bibliographie
- C. M. Girdlestone (trad. de l'anglais), Mozart et ses concertos pour piano [« Mozart and his piano concertos »], Paris, Desclée de Brouwer, (1re éd. 1939), 534 p. (OCLC 915819916, notice BnF no FRBNF32170241), p. 317–342.
- Théodore de Wyzewa et Georges de Saint-Foix, Wolfgang Amadeus Mozart : sa vie musicale et son œuvre, t. 2, Paris, Desclée de Brouwer, 1977–1978 (1re éd. 1936-1946), 1231 p. (ISBN 978-2-220-02130-0, 2220021440 et 2-220-02130-0, OCLC 461614357, notice BnF no FRBNF34595099), p. 515–520 (§ 461).
- Jean-Victor Hocquard, Mozart, l'amour, la mort, Paris, Lattès, coll. « Musiques et musiciens », (1re éd. 1987), 810 p. (ISBN 2-7096-1179-1, OCLC 257793983, notice BnF no FRBNF35546538), p. 401–406.
- Olivier Messiaen (préf. Jean-Victor Hocquard), Les 22 concertos pour piano de Mozart, Paris, Séguier, , 120 p. (ISBN 2-906284-46-7, OCLC 906580385, notice BnF no FRBNF35588243), p. 67–70.
- (en) Neal Zaslaw et William Cowdery, The compleat Mozart : A guide to the musical works of Wolfgang Amadeus Mozart, New York, W. W. Norton & Company, , 350 p. (ISBN 0-393-02886-0), p. 131.
- (en) Michael Steinberg, The Concerto : A Listener's Guide, Oxford, Oxford University Press, , 506 p. (ISBN 0-19-510330-0, lire en ligne), p. 303–305.
- Bertrand Dermoncourt (direction), Tout Mozart : Encyclopédie de A à Z, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1093 p. (ISBN 2-221-10669-5), p. 880.
Liens externes
- (de) Partition, discographie et 8 enregistrements et appareil critique dans la Neue Mozart-Ausgabe
- Autographe (mesures 277-285) site de la Neue Mozart-Ausgabe
- Autographe (mesures 286-297) site de la Neue Mozart-Ausgabe
- Ressources relatives à la musique :
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