Cimetière de Fontainebleau

Le cimetière de Fontainebleau, anciennement aussi appelé cimetière du Mont-Pierreux et plus rarement les Quatre Arpents, est un lieu d'inhumation à Fontainebleau, en France.

Réservé à une élite riche ainsi qu'aristocratique au XIXe siècle[1], il renferme en son noyau de nombreuses sépultures anciennes de cette époque.

Situation et accès

Le cimetière se situe au nord de la ville et s'étend sur la périphérie de l'espace urbanisé de la commune de Fontainebleau. Étant à la lisière de la forêt de Fontainebleau, il est ainsi adjacent à celle-ci sur son côté nord-ouest et sud-ouest. Son côté sud-est se délimite par le boulevard du Maréchal-Joffre et son côté nord-est par la route Louise. Le côté sud-ouest se forme sur la place des Combattants-Morts-pour-la-France, où se trouve le monument aux morts, et continue par être longé par la route Louis-Philippe. Enfin, le côté nord-ouest, directement exposé au massif forestier, est longé par un chemin[2].

On retrouve l'accès principal, de deux portails, sur la place des Combattants-morts-pour-la-France, un autre depuis la route Louise et enfin un troisième secondaire qui donne sur la division B, depuis la route Louis-Philippe.

Dénomination

Anciennement, on l'appelle communément le cimetière du Mont-Pierreux[3],[4], en référence au Mont Perreux, Pierreux ou Paveux[5], élévation et lieu-dit dans de la forêt de Fontainebleau, où il a été bâti. Cette dénomination est toutefois devenue rare et on ne se réfère à ce cimetière, de nos jours, principalement que par le nom de la ville.

Les habitants ont aussi appelé ce lieu les « Quatre Arpents » au vu de sa forme et sa superficie simple[6].

Historique

Anciens cimetières

Du XIIIe au XVIIe siècle, l'église de la paroisse d'Avon servait de lieu de sépulture aux habitants. Il a également existé un lieu d'inhumation près du château, le cimetière des Mathurins.

Après la création de la paroisse de Fontainebleau, le roi Louis XIV fait créer un cimetière dans le bourg de Fontainebleau, le  : le cimetière de la rue des Petits-Champs[7]. Devenu insalubre et mal placé, il est fermé à la Révolution pour un nouveau lieu d'inhumation, plus en retrait de la ville : le cimetière de la Vallée de la Chambre.

Fondation

Le cimetière a été créé par ordonnance royale du [6]. La partie la plus ancienne du cimetière correspond à l'actuelle division E.

Développement

Au cours du XXe siècle, le cimetière gagne des parcelles et s'étend à l'ouest, puis à l'est.

Vandalisme

Le , 67 tombes sont retrouvées maculées de tags de croix gammées, de couleur rose, blanche et argentée[8],[9],[10] (dit chrome dans le milieu des graffeurs). À ceux-ci s'ajoutent plusieurs inscriptions « Charles » et « Biobananas »[11], en lettres capitales. Le parquet est saisi et il est alors précisé qu'« aucune revendication ni bombe de peinture n'ont été retrouvées sur place »[12].

Plusieurs responsables politiques réagissent à ces faits :

Avant le cimetière de Fontainebleau, des faits similaires ont déjà eu lieu dans le département. Les jours suivants, d'autres tags sont découverts, notamment à Melun. Le dispositif de surveillance, mis en place dans le cadre de l'enquête, mène à l'interpellation d'un homme de 41 ans, dans la soirée du , à son domicile du Mée-sur-Seine[21],[22]. Reconnu auteur des faits, les explications données par ce dernier demeurent peu rationnelles : il évoque notamment un motif de vengeance, en expliquant avoir produit ces outrages « afin d’attirer l’attention des médias ». Il est finalement placé en hôpital psychiatrique[23].

Structure

Allée rejoignant l'accès ouest sur la place des Combattants-morts-pour-la-France à celui à l'est depuis la route Louise

L'ensemble, de forme trapézoïdale, est installé sur une pente ascendant vers le côté nord-ouest. Il est implanté sur un sol sableux, et son érosion est limitée par la présence de végétation sur les talus[24]. Le cimetière est entièrement entouré d'un mur. Les divisions rectangulaires se coordonnent ainsi avec des allées perpendiculaires et parallèles entre elles[2].

La partie sud est occupée par le carré militaire. La partie est, plus récente, gazonnée et boisée, accueille un columbarium et une parcelle de ruches[24].

Personnalités inhumées

La sépulture de la famille Guérin au centre, seul mausolée du cimetière

Division AE

Division AF

Division B

Division BD-BF

  • René Lucet (1943-1982), directeur de caisse de la Sécurité sociale française, découvert mort dans sa villa à Marseille, le . Ses obsèques ont lieu le [27]. Afin de réaliser une nouvelle autopsie, son corps est exhumé le matin du [28],[29],[30].

Division C

Division D

Division E

Écosystème et gestion écologique

Panneau du refuge LPO devant la division G

À la suite des engagements pris par la municipalité, les espaces verts du cimetière ne sont plus entretenus aux pesticides depuis 2011[35]. L'absence d'utilisation de produits phytosanitaires assure au site le « label Ecojardin » depuis 2013 avec un taux de végétalisation estimé à 30,7%[36].

Dans le cadre de cette gestion écologique, des anfractuosités et des caniveaux ont été comblés par du mortier, ainsi que des interstices ont été curés et cimentés afin d'empêcher le développement d'adventices. Un « rendez-vous Écophyto » à caractère informatif a été organisé le par la Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles (FREDON) et a réuni une centaine de personnes[24].

Un écopâturage saisonnier a également été mis en place. Ainsi, en 2015, des poneys du centre équestre ont été amenés pour brouter l'herbe, expérience renouvelée en 2017 avec des moutons. Un rucher a aussi été disposé sur une parcelle vers l'entrée est[35].

Dans le cadre de la participation de la commune aux programmes de la Ligue pour la protection des oiseaux, le cimetière devient un « refuge LPO » de convention 2020-2024[37].

Galerie

Représentations culturelles

Littérature

« Vorski ! Vorski ! L’être innommable dont le souvenir l’emplissait d’horreur et de honte, le monstrueux Vorski n’était pas mort ! L’assassinat de l’espion par un de ses camarades, son enterrement dans le cimetière de Fontainebleau, tout cela, des fables, des erreurs ! Une seule réalité, Vorski vivait ! »

« Il nous priait de le mettre en terre sainte, et nous le portions, vous et moi, au cimetière de Fontainebleau. »

« Ce grand-père, qu’il avait payé cinq cents francs, à qui il avait cassé l’oreille, pour qui il avait acheté un terrain au cimetière de Fontainebleau »

« Plus, une concession à perpétuité que ton mari a payée d’avance dans le cimetière de Fontainebleau. »

  • 2011 : Frédéric Gruet, L'Art de creuser un trou, Éditions Gallimard (ISBN 978-2-072-42465-6)[38]. En évoquant sa grand-mère (emplacement qui pourrait correspondre à la partie du nouveau cimetière, possiblement à la division CA ou une des autres adjacente) :

« Mais elle repose aujourd’hui entre six planches de chêne, au fond du cimetière de Fontainebleau. Elle occupe la troisième tombe de la quatrième rangée à l’ouest de l’angle nord-est. Elle ne doit pas être bien fleurie. Je ne vois pas ce que l’on peut ajouter d’autre. »

Références

  1. Auguste Luchet, « Le confessional de la sœur Marie : X. L'hospice de la forêt », L'Esprit public, , p. 2 (lire en ligne , consulté le ) :
    « [...] quant au cimetière c'est un lieu d'élite, tout à fait distingué, où l'on n'enterre en général que des morts riches et de bonne famille. Car il convient, suivant la loi sociale, fort peu d'accord en ce point comme en bien d'autres, avec la loi divine, que ceux qui ont été séparés pendant la vie le soient aussi après la mort. »
  2. Ressources de geoportail.gouv.fr/carte, Géoportail de l'IGN.
  3. Ernest Bourges, Recherches sur Fontainebleau / Ernest Bourges ; précédées... d'un manuscrit inédit de M. de Fer, (1699) ; [publié par Maurice Bourges], 32 rue de l'Arbre-Sec, Fontainebleau, , 551 p. (lire en ligne), p. 105 :
    « En demandant en 1821 le terrain du cimetière du Mont-Pierreux, le maire insistait sur « l'indécence de la sépulture actuelle » qui était encore protégée par un simple treillage en mauvais état. »
  4. Alexandre Guérin, « Obsèques de M. Guérin », L'Abeille de Fontainebleau, no 33 de la 54e année, , p. 2 (lire en ligne ) :
    « (...) le cortège s'est mis en marche pour le cimetière du Mont-Pierreux. »
  5. André Billy, Fontainebleau: délices des poètes de la Renaissance à nos jours, Horizons de France, (lire en ligne), p. 128
  6. Eugène Plouchart, Le Cimetière des Mathurins : Premier Cimetière de Fontainebleau, Fontainebleau, Cuënot-Bourges, , 22 p. (lire sur Wikisource, lire en ligne [DjVu]), p. 6 :
    « 8o Créé par ordonnance royale du 9 août 1822, le cimetière actuel du Mont-Pierreux. Les habitants l’appellent familièrement les « Quatre Arpents », de sa superficie primitive. »
  7. Serge Ceruti, « Les cimetières de Fontainebleau », Fontainebleau, la revue d'histoire de la ville & de sa région, (ISSN 2119-6710)
  8. « Seine-et-Marne : des croix gammées taguées sur 67 tombes du cimetière de Fontainebleau » , sur lci.fr, LCI, (consulté le )
  9. « Fontainebleau : des croix gammées taguées sur 67 tombes » , sur francebleu.fr, France Bleu, (consulté le )
  10. « Seine-et-Marne : 67 tombes profanées à Fontainebleau, le maire dénonce un acte "abject" » , sur francetvinfo.fr, France Info, (consulté le )
  11. « Des croix gammées taguées au cimetière de Fontainebleau » , sur marianne.net, Marianne, (consulté le )
  12. Catherine Unac, « Des croix gammées taguées sur une soixantaine de tombes à Fontainebleau » , sur midilibre.fr, Midi libre, (consulté le )
  13. Frédéric Valletoux (@fredvalletoux), « Je suis scandalisé et écœuré par la découverte » [archive du ], sur Twitter, (consulté le )
  14. Sylvain Deleuze, « Soixante-sept tombes profanées par des croix gammées à Fontainebleau : «C’est écœurant» » , sur leparisien.fr, Le Parisien, (consulté le )
  15. Préfet de Seine-et-Marne (@Prefet77), « Le Préfet de Seine-et-Marne condamne vigoureusement la dégradation des 67 tombes du cimetière de Fontainebleau » [archive du ], sur Twitter, (consulté le )
  16. « Fontainebleau : 67 tombes profanées par des croix gammées » , sur lexpress.fr, L'Express, (consulté le )
  17. Gérald Darmanin (@GDarmanin), « Écœuré par la profanation du cimetière de #Fontainebleau » [archive du ], sur Twitter, (consulté le )
  18. « Une soixantaine de tombes profanées par des croix gammées à Fontainebleau » , sur paris-normandie.fr, Paris-Normandie, (consulté le )
  19. Valérie Pécresse (@vpecresse), « Profanation de 60 tombes à #Fontainebleau par des neo-nazis » [archive du ], sur Twitter, (consulté le )
  20. « À Fontainebleau, des dizaines de tombes profanées par des croix gammées » , sur ouest-france.fr, Ouest-France, (consulté le )
  21. Julien Van Caeyseele, « Tags et croix gammées en Seine-et-Marne. Un individu interpellé au Mée-sur-Seine » , sur actu.fr, La République de Seine-et-Marne, (consulté le )
  22. Thomas Segissement, « Fontainebleau : le tagueur présumé du cimetière trahi par la vidéosurveillance » , sur leparisien.fr, Le Parisien, (consulté le )
  23. Julien Van Caeyseele, « Tags et croix gammées en Seine-et-Marne. On connaît enfin l'explication du message Biobananas » , sur actu.fr, La République de Seine-et-Marne, (consulté le )
  24. Préfet de l'Île-de-France et Direction régionale interdépartementale, de l'alimentation, de l'argiculture et de la forêt (DRIAAF), « Gestion écologique des cimetières », Actualités phyto Ile-de-France, , p. 3 (lire en ligne )
  25. Yoann Vallier, « Fontainebleau. Toussaint : les stars de nos cimetières » , sur actu.fr, La République de Seine-et-Marne, (consulté le )
  26. André Billy, Fontainebleau: délices des poètes de la Renaissance à nos jours, Horizons de France, (lire en ligne), p. 195
  27. (en-GB) Patrick Siccoli, « Obsèques de René Lucet A Fontainebleau En 1982 », sur Getty Images (consulté le )
  28. L.G., « Une nouvelle autopsie a été décidée », Le Monde, (lire en ligne , consulté le )
  29. François Caviglioli, « Lucet : une balle de trop... », Le Nouvel Observateur, no 2228 « Les cadres ont-ils raison d'avoir peur ? - La contre-attaque de Mitterand », , p. 45-46 (ISSN 0029-4713, lire en ligne )
  30. [vidéo] INA Actu, 20h Antenne 2 du 18 mars 1982 - L'affaire René Lucet sur YouTube, (consulté le )
  31. René Alleau, Guide de Fontainebleau mystérieux, Tchou, (lire en ligne), p. 253
  32. César Daly, Revue générale de l'architecture et des travaux publics: journal des architectes, des ingénieurs, des archéologues des industriels et des propriétaires, vol. IV, 51 rue des Écoles, Paris, Paulin et Hetzel, , 288 p. (lire en ligne), p. 283
  33. Ernest Bourges, Recherches sur Fontainebleau / Ernest Bourges ; précédées... d'un manuscrit inédit de M. de Fer, (1699) ; [publié par Maurice Bourges], 32 rue de l'Arbre-Sec, Fontainebleau, , 551 p. (lire en ligne), p. 12 :
    « (...) au nom de M. Ferdinand-Élie Randon, baron d'Hanneucourt, ancien commandant de la vénerie royale, dont un carrefour de la forêt porte le nom, et qui est inhumé au cimetière de Fontainebleau. »
  34. « Nécrologie », L'Abeille de Fontainebleau, no 33 de la 48e année, , p. 2 (lire en ligne )
  35. Yoann Vallier, « Zéro phyto : comment Fontainebleau a montré l’exemple » , sur actu.fr, La République de Seine-et-Marne, (consulté le )
  36. EcoJardin, « Cimetière communal de Fontainebleau », sur label-ecojardin.fr (consulté le )
  37. Panneau sur l'allée est-ouest, devant la division G (48° 24′ 43″ N, 2° 41′ 41″ E ).
  38. Sophie Conrard, « L'Art de creuser un trou de Frédéric Gruet », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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