Château des Brouillards

Le château des Brouillards est une folie du XVIIIe siècle située au 13, rue Girardon à Paris.

Situation et accès

La propriété est située à l'angle de la place Dalida et de l'allée des Brouillards, et s'étendait jusqu'à la place Constantin-Pecqueur.

Description

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Le bâtiment est composé de deux étages, avec un rez inférieur et supérieur. Sa superficie est de 300 m2. La totalité des niveaux est visible sur le versant ouest et au nord la façade ornée d'un fronton triangulaire, percé d'un œil-de-bœuf, ne laissant voir que trois niveaux et l'escalier desservant le premier niveau. L'allée centrale décrit un arc de cercle sous des arbres centenaires.[réf. nécessaire]

Historique

Saint Denis, premier évêque de Lutèce fut décapité vers 250-270 par les Romains en compagnie du prêtre Rustique et de l'archidiacre Éleuthère. Selon la légende, l'évêque aurait pris sa tête avec ses mains et la lava à la fontaine qui était située sur la parcelle où s'élèvera le château des Brouillards[1]. Cette fontaine serait celle que l'on voit dans le square Suzanne-Buisson, alors dans la parcelle de ce qui deviendra le château des Brouillards, où l'on peut voir une statue du saint homme.

Sur le plan de Paris d'Albert Jouvin de Rochefort (1672) représentant la butte Montmartre, serpente un sentier qui deviendra la rue des Brouillards[2], avant de prendre en 1867 son nom actuel de rue Girardon, en hommage au sculpteur François Girardon.

En 1772, soit 88 ans avant que Montmartre ne soit rattaché à Paris, Legrand-Ducamjean, avocat au Parlement de Paris, achète au 13, rue des Brouillards ce vaste terrain de 7 000 m2 sur lequel se trouvaient des vignes, une ferme et un moulin dit « Moulin des Brouillards », érigé un siècle plus tôt, mais alors en ruines, après avoir servi de pressoir. Ce nom provenait probablement des vapeurs d'eau provoquées par les sources avoisinantes au contact de l'air frais matinal, et des deux abreuvoirs avoisinants. Il fait raser le moulin pour y construire une folie dans le goût du siècle avec des communs. Il revend le tout à la veille de la Révolution en 1789.

La Révolution française de 1848 amène le club républicain à siéger au château sous la direction de Léon Chautard (né en 1812) qui vit à Montmartre avec son épouse Clémentine Colas. Il est comptable et rédacteur du journal La Révolution, président du club des républicains et membre de la Société des droits de l'homme, créateur d'un club anarchiste qu'il rebaptisa club des Montagnards après une première arrestation[3].

Gérard de Nerval, de passage à Montmartre de mars à novembre 1841 à la clinique psychiatrique du docteur Blanche (1796-1852), écrira quelques lignes sur le château[4].

En 1850, les communs furent détruits pour laisser la place à des pavillons qu'habitèrent les artistes Théophile Alexandre Steinlen, Kees Van Dongen et Amedeo Modigliani. En 1889, Auguste Renoir et son modèle préféré Aline Charigot (1859-1915), qu'il épouse le [5], s'installent au no 8 allée des Brouillards[6], dont l'entrée se fait alors par la grille du 13, rue Girardon. Leur second fils, le futur cinéaste Jean Renoir (1894-1979), y naquit le et y passa ses premières années. Il en gardera le souvenir des chèvres qui venaient brouter les herbes folles du jardin sauvage[7].

André-Joseph Salis (1848-1903), dit Bibi-la-Purée, un acteur français devenu une figure emblématique de la vie de bohème de Montmartre et de Pigalle, s'invite parfois à la table des Renoir. Jean Renoir écrit également comment sa famille est venue s'installer dans cet endroit[8]. Gabrielle, la nourrice de Jean Renoir, servit de modèle au peintre. Parmi les voisins et invités de la famille se trouvent Paul Alexis, écrivain naturaliste, un familier des soirées de Médan, dont la fille Paule apparaît dans quelques toiles d'Auguste Renoir. Georges Rouault et Jean Cocteau y passèrent comme beaucoup d'autres. En 1897, la famille Renoir quitte les lieux.

Le terrain est alors un maquis où les Parisiens sans-abri, les gens du spectacle, les faux-monnayeurs, petits truands, et autres bohémiens et anarchistes y construisent des baraques. En 1878, à l'emplacement de l'ancienne laiterie du domaine, Kirschbaum, fabricant de lampes, ouvre le bal de la Feuillée de Montmartre qui eut un certain succès auprès de la bourgeoisie et du milieu artistique, et qui fut fréquenté par quelques célébrités comme Victor Hugo, Léon Gambetta ou Joris-Karl Huysmans. L'établissement devint le Petit Moulin-Rouge, puis périclitant, il fut vendu en 1886[9].

Léon Bloy habita au pavillon no 3 de 1904 à 1905[10].

Acheté en ruine en 1920 par Victor Perrot (1865-1963)[11], ce dernier obtint la modification du tracé de l'avenue Junot pour sauver le domaine. L'allée des Brouillards dessert ce site depuis 1929. Perrot mena la restauration du château de 1922 à 1926 et y fait également installer l'électricité. À la suite de difficultés financières, il doit vendre la moitié du domaine en 1928 au général Barthélémy Joseph Alexandre Piraud (1880-1958), tandis qu'il conserve la partie du no 13. Puis le château est acheté et de nouveau rénové par le violoniste Marius Casadesus (1892-1981). Cinq générations de la famille Casadesus vont s'y succéder[12]Le , la propriété est à vendre à 11 millions de francs mais ne trouve pas preneur[13]. En 2002, un industriel belge de jeans de luxe rachète la partie côté château, fait des travaux importants et le revend en 2012 pour la somme de 7 750 000 euros[13].

Le château des Brouillards vu par les artistes

Max Jacob, Château des Brouillards (1918), Paris, musée de Montmartre.

Notes et références

  1. Légende rapportée par Hilduin, abbé de l'Abbaye de Saint-Denis, dans La Passio sancti Dionysii, rédigé entre 835-840.
  2. « Rue Girardon », Index des voies de Paris, Mairie de Paris.
  3. Le Magazine de Gallargues le Montueux, n°3, janvier 2015, p.26. Il fut transféré en Guyane d'où il s'évada le . On ignore la date et le lieu de sa mort.
  4. « Il y a dix ans j'aurais pu l'acquérir au prix de trois mille francs. On m'en demande aujourd'hui trente mille […] Ce qui me séduisait dans ce petit espace abrité par de grands arbres du Château des Brouillards, c'était d’abord ce reste de vignoble lié au souvenir de saint Denis, qui au point de vue philosophique, était peut être le second Bacchus. C'était en suite le voisinage de l'abreuvoir, qui le soir, s'anime du spectacle de chevaux et de chiens que l'on y baigne […] admirable lieu de retraite, silencieux à ses heures […] il ne faut plus y penser, hélas, je ne serai jamais propriétaire. J'aurais fait faire dans cette vigne une construction si légère ! Une petite villa dans le goût de Pompéi avec un impluvium et une cella, quelque chose comme la maison du poète tragique. ». Source : « Repères biographiques », in Corinne Hubner-Bayle, Gérard de Nerval. La marche à l'étoile, Éditions Champ Vallon, 2001, p. 238-241 (ISBN 2-87673-330-7).
  5. André Roussard, Dictionnaire des peintres à Montmartre, 1999, p. 499 (ISBN 9782951360105).
  6. André Roussard, op. cit., p. 500.
  7. Jean Renoir, Renoir, Paris, Hachette, 1962 ; réédition sous le titre Pierre-Auguste Renoir, mon père, Gallimard, collection « Folio », 1981 (ISBN 9782070372928).
  8. « Ma mère alla rendre visite à la mère de Madame Camille dans son magasin de chaussures de la rue Lepic, un peu avant la place du Tertre. Cette amie lui avait parlé récemment d'une petite maison vacante, un coin de Montmartre resté comme "à la campagne". Renoir alerté revint à Paris, trouva l'idée excellente et c'est ainsi que ma famille s'installa dans le pavillon dont l'entrée était au 13 rue Girardon. La maison avait deux étages et le grenier fut transformé en atelier, le jardin était planté de rosiers et d'un arbre fruitier notre jardin avait 15 mètres de large et 25 mètres de long. Le perron avait quatre ou cinq marches d'un seul côté. La rampe était en fer, peinte en noir. A l'intérieur d'un vestibule se terminant sur un escalier, ouvrait à gauche sur le salon, à droite sur la salle à manger, au fond sur la cuisine et un office, l'escalier était rond comme une tour, ce qui donnait à la cuisine qui était de l'autre côté une forme bizarre. Il se rétrécissait pour descendre à la cave, mais était assez confortable dans la partie conduisant aux étages ».
  9. Cette guinguette était située au 15, rue Girardon.
  10. Montmartre secret.
  11. Historien des débuts du cinéma, membre de la commission des sites et de la commission du Vieux Paris, président de la Société du Vieux Montmartre.
  12. Franck Beaumont, « Un lieu romantique : l'allée des Brouillards », 18 novembre 2011, www.evous.fr.
  13. « Le château des brouillards est à vendre », Le Parisien, 16 novembre 2012 (en ligne).
  14. « Château des Brouillards, no 11 et no 11bis rue Girardon, 18e arrondissement », notice sur .parismuseescollections.paris.fr
  15. (en) « A Garden in Montmartre », notice sur ashmoleanprints.com.
  16. Connaissance des Arts, n°183, mai 1967, p. 8, photographie de l'œuvre.
  17. Reproduit dans Le Figaro, n°172, supplément littéraire, 23 juillet 1922.

Annexes

Bibliographie

  • Jean Renoir, Renoir, biographie, Paris, Hachette, 1962 ; réédition sous le titre Pierre-Auguste Renoir, mon père, Gallimard, collection « Folio », 1981 (ISBN 9782070372928).

Articles connexes

Liens externes

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