Château d'Amfreville

Le château d'Amfreville est une ancienne demeure fortifiée, des XIV^e et XV^e siècles, remaniée aux XVI^e et XVIII^e siècles[1], construit à l'emplacement d'un château primitif fondé au XI^e siècle à l'époque de Guillaume le Conquérant, qui se dresse sur la commune déléguée d'Amfreville au sein de la commune nouvelle de Picauville dans le département de la Manche, en région Normandie. Il fut le centre de la seigneurie d'Amfreville, puis du comté, élevée en marquisat au XVII^e siècle en faveur de Charles-François Davy d'Amfreville.

Le château fait l’objet d’une inscription partielle au titre des monuments historiques par arrêté du 30 mars 1965. Seuls la poterne, la chapelle, le bâtiment attenant à la chapelle sont protégés[2]^,[3].

Localisation

Le château et son ancien domaine sont situés dans le Bauptois, petit pays marécageux du Clos du Cotentin, rue de la Rosière, à 800 mètres au nord-est de l'église Saint-Martin d'Amfreville. Il est implanté en bordure du marais, bénéficiant ainsi des crues annuelles de janvier-février pour remplir d'eau ses douves.

Le château se dresse au bout d'une avenue privée carrossable longue de presque 900 mètres avant d'arriver devant la porterie.

Historique

La fondation du château remonte visiblement au Moyen Âge. En 1089, le seigneur d'Amfreville était Richard de Reviers (mort en 1107), seigneur de Vernon et de Néhou, fondateur de l'abbaye de Montebourg toute proche. En 1226, « Amfrveille » appartenait à Guillaume de Reviers.

Selon Théodose du Moncel, s'appuyant sur Charles Duhérissier de Gerville, en 1329, le seigneur d'Amfreville est Guillaume Avenel des Biards[note 1]. Par mariage, le titre échoit à Jean de Tardes, baron de l'Angle-de-Néhou, qui épouse Françoise des Biards en 1503, puis à Nicolas, baron de Mouy, uni à Françoise de Tardes, dame d'Amfreville, de Néhou et des Biards, en 1533. Leurs fils et petit-fils en héritent[4].

Le fief devient ensuite la propriété de la famille du Poërier[note 2] seigneurs de Portbail, à la suite de l'achat de la seigneurie d'Amfreville, en 1604, par Jacques Poërier (mort en 1629 à Rouen et inhumé à Amfreville[note 3])[5]. En 1618, le fief d'Amfreville est érigé en baronnie[6]. En 1652, la famille Poërier vend le domaine à Pierre Davy, seigneur de Sortosville[6]^,[note 4]. La seigneurie d'Amfreville est élevée en marquisat au XVII^e siècle en faveur de Charles-François Davy d'Amfreville (1628-1692), lieutenant-général des armées de Louis XIV, et compagnon d'armes du comte de Tourville à la bataille de la Hougue le 29 mai 1692. Les Davy d'Amfreville donnèrent plusieurs marins, ainsi que deux cardinaux de la curie romaine et deux grands baillis du Cotentin. À la mort du commandeur d'Amfreville, en 1780, la famille du Mesnildot[note 5] hérite du domaine, qui est racheté au XIX^e siècle par les Sesmaisons[4].

Description

L'ensemble est formé de deux plateformes : l'une entourée de douves portant le château proprement dit et l'autre portant des petits bâtiments agricoles dont les douves ont été comblées.

L'enceinte « haute », faussement quadrangulaire, est actuellement entourée de douves partiellement sèches et épouse la forme en amande de la plateforme castrale. Il subsiste ici et là quelques vestiges médiévaux mais dans l'ensemble, les logis et dépendances ont été reconstruits ou remaniés au XVIII^e siècle.

On pénètre dans la propriété par une avenue plantée, longue de 900 mètres environ, donnant sur la porterie de l'enceinte castrale proprement dite. Ce châtelet d'entrée, tour-porte flanquée de deux hautes tours rondes coiffées d'un toit en poivrière, percées de meurtrières et de trous de fusil, est de la fin du XV^e siècle[8] ou du début du XVI^e siècle[9]. Il est percé d'une grande porte charretière à voûte en berceau à arc en anse de panier à triple ressaut et conserve les rainures servant à relever un ancien pont-levis à flèches remplacé depuis par un pont fixe. L'étage est occupé par une salle des gardes[10] qui s'éclaire par une seule mais large fenêtre à meneaux pleins sans moulures. Aucun mur d'enceinte ne fait suite actuellement à droite ni à gauche à cette poterne.

Dans la cour intérieur, on trouve :

Les logis

Il y a en fait deux logis, car on a construit au XVIII^e siècle[9], peut-être vers 1740[3], par l'architecte Louis Dacier, à gauche de la porterie, une maison rectangulaire à un étage, accolée à une tour ronde ancienne. Elle comprend un rez-de-chaussée et un étage à cinq jours chacun ; ses lignes d'arêtes sont renforcées de pilastres en pierres de taille régulières.

Le logis principal, un simple rez-de-chaussée, est situé au fond de la cour, côté est de la plateforme, bordé de douves en eaux. Il s'éclaire par de grandes fenêtres à croisée et, dans une toiture de pente moyenne, par trois importantes lucarnes de façades à fronton arrondi que surmontent trois petits clochetons terminés par des boules. La face de ces lucarnes est absolument plane et sans décors. À l'origine l'arrière, prévu pour la défense était aveugle. Une tour polygonale abritant un escalier est construit à la charnière de ce dernier et d'une ancienne chapelle de la fin du XIV^e siècle[3] dédiée jadis à Notre-Dame de la Coudre et aujourd'hui désaffectée.

La chapelle

La façade de la chapelle dont les angles sont pourvus de contreforts de hauteur différents est percée d'une porte à accolade surmontée d'une baie gothique qui devait comporter jadis une verrière, tandis qu'à son côté droit, des contreforts plus épais alternent avec des baies gothiques longues. Au sommet de la porte un chaînage apparent se poursuit sur la tour de l'escalier polygonal qui en comporte seul, un autre, plus élevé à son dernier étage.

Un imposant colombier complète l'ensemble. Les communs ont été en partie reconstruits au XX^e siècle[3].

Possesseurs successifs

Liste non exhaustive.

Famille de Reviers
- Richard de Reviers (1089)
- Guillaume de Reviers (1226)
Guillaume Avenel des Biards (1329)
Jean de Tardes (1503), par mariage
Nicolas de Mouy (1533), par mariage
Famille Poërier de Portbail (Familles subsistantes de la noblesse française)
Famille Davy (17^e s.)
- Charles-François Davy d'Amfreville
Famille du Mesnildot (1780)
Famille de Sesmaisons (19^e s.)

Notes et références

Notes

Cette famille possédait également la baronnie des Biards, en Avranchin ; Amfreville et les Biards restèrent dans cette famille jusqu'en 1503.
Ils portaient : d'azur au chevron d'or, accompagné en chef de deux étoiles d'argent, et d'un croissant du même en pointe. Elles furent portées conjointement par toutes les branches de cette même famille, les "du Poërier d'Amfreville, du Poërier de Francqueville, du Poërier de Taillepied et du Poërier de Portbail". De nos jours, seule subsiste la branche de Portbail.
En 1610, il devient Président au Parlement de Rouen.
Les Davy étaient originaires de la région de Périers. Ils portaient : d'azur, au chevon d'or accompagné de trois harpes de même, celles du chef adossées.
En 1789, la seigneurie et le château appartenaient à la famille du Mesnildot[7].

Références

Charles-Laurent Salch, Dictionnaire des châteaux et des fortifications du Moyen Âge en France, Éditions Publitotal, 1987, 1304 p. (OCLC 1078727877), p. 30.
« Château d'Amfreville », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
« Château », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture, Inventaire général du patrimoine culturel.
Théodose du Moncel, « Châteaux de Nacqueville et d'Amfreville », Annuaire du Département de la Manche, volume 34, J. Elie, 1862, p. 47-49.
Collectif, Blasons armoriés du Clos du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, 1996, 214 p. (ISBN 2-85480-543-7), p. 15.
Blasons du Clos du Cotentin, 1996, p. 15.
Renault, « Notes historiques et archéologiques sur les communes de l'arrondissement de Valognes », Annuaire du département de la Manche, année 1873, p. 10-11.
Guy Le Hallé, Châteaux forts de Basse-Normandie, Louviers, Ysec Éditions, 2015, 160 p. (ISBN 978-2846732154), p. 78.
Barbaroux 1982, p. 11.
Norbert Girard et Maurice Lecœur, Trésors du Cotentin : Architecture civile & art religieux, Mayenne, Éditions Isoète, 2005, 296 p. (ISBN 978-2-9139-2038-5), p. 127.

Voir aussi

Bibliographie

Jean Barbaroux, 120 Châteaux et Manoirs en Cotentin, Bayeux, Éditions Heimdal, 1982, 112 p. (ISBN 978-2-9021-7157-6), p. 11.

Articles connexes

Liens externes

Ressource relative à l'architecture :
- Mérimée

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[4] Cette famille possédait également la baronnie des Biards, en Avranchin ; Amfreville et les Biards restèrent dans cette famille jusqu'en 1503.

[6] Ils portaient : d'azur au chevron d'or, accompagné en chef de deux étoiles d'argent, et d'un croissant du même en pointe. Elles furent portées conjointement par toutes les branches de cette même famille, les "du Poërier d'Amfreville, du Poërier de Francqueville, du Poërier de Taillepied et du Poërier de Portbail". De nos jours, seule subsiste la branche de Portbail.

[7] En 1610, il devient Président au Parlement de Rouen.

[10] Les Davy étaient originaires de la région de Périers. Ils portaient : d'azur, au chevon d'or accompagné de trois harpes de même, celles du chef adossées.

[12] En 1789, la seigneurie et le château appartenaient à la famille du Mesnildot[7].

[1] Charles-Laurent Salch, Dictionnaire des châteaux et des fortifications du Moyen Âge en France, Éditions Publitotal, 1987, 1304 p. (OCLC 1078727877), p. 30.

[2] « Château d'Amfreville », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.

[IA00001099-3] « Château », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture, Inventaire général du patrimoine culturel.

[dumoncel-5] Théodose du Moncel, « Châteaux de Nacqueville et d'Amfreville », Annuaire du Département de la Manche, volume 34, J. Elie, 1862, p. 47-49.

[8] Collectif, Blasons armoriés du Clos du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, 1996, 214 p. (ISBN 2-85480-543-7), p. 15.

[Blasons_du_Clos_du_Cotentin,_199615-9] Blasons du Clos du Cotentin, 1996, p. 15.

[11] Renault, « Notes historiques et archéologiques sur les communes de l'arrondissement de Valognes », Annuaire du département de la Manche, année 1873, p. 10-11.

[13] Guy Le Hallé, Châteaux forts de Basse-Normandie, Louviers, Ysec Éditions, 2015, 160 p. (ISBN 978-2846732154), p. 78.

[Barbaroux198211-14] Barbaroux 1982, p. 11.

[15] Norbert Girard et Maurice Lecœur, Trésors du Cotentin : Architecture civile & art religieux, Mayenne, Éditions Isoète, 2005, 296 p. (ISBN 978-2-9139-2038-5), p. 127.